Ces êtres misérables ! Comment osaient-t-ils l’enfermer ? Lui qui leur était supérieur. Lui qui avait eu la bonté de se pencher sur leur triste sort. Lui qui avait eu la pitié de leur accorder le don divin de la parole afin qu’ils puissent éventuellement devenir des futurs membres de l’Alliance Intergalactique.
Cette race égoïste tellement inférieure à lui-même, à peine capable de vivre ensemble, qui n’en était encore qu’à ses premiers pas en tant que civilisation, qui n’avait même pas encore su quitter sa propre planète mais qui en pillait déjà les ressources et qui osait le tenir, lui, enfermé, dans cette cage exiguë.
Ces êtres pathétiques, qu’il avait sorti de la boue de la médiocrité et de la guerre, pour les élever vers les cieux de la culture et de la compréhension, qu’il était allé voir, un à un, afin de leur faire don de la voix et du langage, autre que celui primitif qu’ils utilisaient avant en "écrivant".
Ces insectes répugnants faisaient maintenant mine que ce cadeau(x) leur avait toujours appartenu. Qu'ils étaient nés avec et le possédaient depuis toujours, reniant sa venue et sa générosité, le faisant disparaître de leur pitoyable "histoire" d'à peine quelques millénaires et dont il avait été la plus grande providence, à l'origine de leur naissance en tant qu'êtres civilisés.
Ces vers ingrats ! Certains avaient bien commencé à se montrer reconnaissants, le considérant comme un être supérieur bienfaiteur (ce qu’il était par ailleurs), lui vouant même un culte. Ce qui était tout de même bien mérité après tous les efforts qu’il avait déployé pour eux.
Mais non contents de le défier, de l’ignorer, ces stupides êtres ont donné la chasse à ceux des leurs qui l’adoraient et qui essayaient de leur faire ouvrir les yeux sur sa grandeur et sa bonté.
Il avait bien essayé de leur faire ouvrir les yeux sur l’immensité de son présent en le reprenant à certains d’entre eux puisqu’ils ne savaient pas s’en montrer dignes et reconnaissants mais cela avait été une erreur. La plus grosse erreur qu’il avait commise depuis qu’il avait daigné porter un intérêt à cette planète grouillante de ces êtres abjects.
Maintenant, c’est lui qu’ils avaient pris pour cible, le traquant pour finalement le cloîtrer ici, essayant de le "comprendre". Tsss. Comme si ces fourmis béotiennes à peine nées étaient capables de saisir la complexité d'un être de sa puissance. Comme si ils pouvaient le contenir.
Cette lâche vermine qui lui envoyait ceux qu’elle considérait comme inutiles, sacrifiables, "débarrassables", elle qui n’avait pas encore compris qu’il n’était encore là que parce qu’il le voulait bien.
Ces cloportes exécrables allaient apprendre à leurs dépens qu’il n’était pas aussi primitif qu’eux. Qu’il fallait bien plus qu’un simple cube de métal pour le maintenir emprisonné contre son grè(s). Qu’il existait mille et une façons de s’échapper.
Ces moins-que-rien superficiels allaient voir ce qu’il en coûtait de s’en prendre à un être supérieur de son acabit. Il lui suffisait simplement de se débarrasser de cette enveloppe encombrante et d’en prendre une autre, une nouvelle qui leur plairait plus.
Et un jour, quand ils s’y attendraient le moins, il reviendrait satisfaire sa vengeance sur ces êtres méprisables.
Tiens … Méprisables …
Misérables.
Égoïstes.
Pathétique
Répugnants.
Ingrats.
Stupides.
Abjects.
Béotiens.
Lâches.
Exécrables.
Superficiels.
Voilà un mot qui les définissait bien.