Les indéboulonnables

On dit souvent que ce sont les meilleurs qui partent les premiers.
Le sergent instructeur Duvald en était convaincu.
Hier encore, des agents étaient tombés.
Il les avait tous connus.

La FIM Delta-3 ("Les Dragons") avait essuyé de lourdes pertes. Bien sûr, à une exception près, tous étaient des vétérans endurcis. Mais même le meilleur entraînement, du matériel performant, une volonté de fer et une planification approfondie se révèlent parfois insuffisants face à l'imprévu. Il est toujours possible de limiter les risques mais pas de les supprimer.

Certains noient leur deuil dans l'alcool. Le sergent instructeur Duvald le noyait dans la paperasse. En effet, il séjournait rarement plus de quelques minutes dans le placard à balais qui lui servait de bureau, et quand cela se produisait, les brigadiers savaient qu'ils ne le verraient sans doute pas de la journée. Ceux-ci procédaient alors en autonomie aux entraînements standards avec leur équipe respective.

Comment cela était-il arrivé ? À quel moment tout avait commencé à déraper ? Fallait-il remettre en question des pratiques de la formation initiale ? Quels nouveaux entraînements pouvait-il mettre en place pour préparer les nouvelles recrues ?
Toutes ces questions le hantaient incessamment à chaque fois que de mauvaises nouvelles lui parvenaient. À ce titre, il aurait parfois souhaité être considéré de la même façon que les autres membres du personnel par le Département de Censure et de Désinformation.

Mais voilà. Le directeur le considérait malgré lui comme un atout indispensable et avait une totale confiance en ses capacités pour évaluer les recrues et leur transmettre un entraînement de base approprié. Il avait même été officiellement reconnu que la quasi-totalité des recrues qui lui étaient confiées affichaient statistiquement de meilleurs résultats sur les missions et des progressions de carrières plus rapides que la moyenne.

Cette reconnaissance lui avait valu de recevoir un bout de métal et quelques broderies supplémentaires à ajouter à son uniforme, mais aussi de ne pas être épargné par l'arrivée de mauvaises nouvelles concernant les pertes humaines.
Bien entendu, son niveau d'accréditation n'était pas assez élevé pour recevoir des rapports non censurés, et bien qu'il ne connaisse pas forcément plus en détail la nature des anomalies rencontrées par les malheureux, le peu qui en transparaissait suffisait parfois à lui retourner l'estomac.

Le sergent instructeur Duvald rassembla ses notes et analyses sur les derniers événements puis, respectant le protocole B-75, passa au broyeur les copies des rapports qui lui avaient été confiées. Il passa ensuite plusieurs heures à élaborer et consigner dans son journal de bord ses plans pour un nouvel exercice lié au protocole de déplacement tactique en milieu urbain.

Se redressant sur sa chaise, il rangea méthodiquement les documents avec le sens du devoir accompli. En un sens, il honorait le sacrifice de ses frères d'armes en utilisant leur expérience pour faire progresser les futures générations d'agents et augmenter leurs chances de survie.

De façon générale, ses entraînements avaient un niveau de difficulté et d'exigence très élevés, même pour les standards de la plupart des forces spéciales, et savaient pousser au paroxysme (voire même à la limite du sadisme) la maxime "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort".

Il avait la réputation d'être sévère, mais juste, et de désamorcer les problèmes par une approche verbale brutale et crue, utilisant des phrases brèves aux mots bien choisis pour mettre ses interlocuteurs face à la dure réalité des choses. Par son franc-parler, l'homme à la volonté de fer pouvait briser les gaillards les plus robustes avant de leur jeter une pelle et une balayette pour ramasser eux-mêmes les morceaux de leur fierté détruite. Dans sa bouche, les compliments étaient rares, mais presque aussi précieux pour les recrues que la fameuse "étoile de la Fondation", tant il fallait trimer dur pour en être gratifié.
Sur le terrain d'entraînement, la journée était rythmée par des variantes de l'expression "t'es mort !" beuglées par l'instructeur aux poumons d'acier, et souvent associée avec un surnom ridicule qu'il donnait à chacun des "apprenants". Autant à des fins statistiques que pour profiter d'un esprit compétitif farouche, l'association des Parieurs Anonymes tenait évidemment un compte détaillé du nombre de "morts" quotidiennes de chacun des malheureux ayant la "chance" de passer par sa caserne.

Dans son dos, le surnom "sergent Darksouls" lui était parfois associé. Si les nouveaux pensaient toujours au départ qu'il s'agissait d'une référence à l'expression favorite du sergent, le doute était vite levé lorsque l'un d'entre eux ouvrait par mégarde une caisse de matériel piégée.
Nul ne savait comment le sergent avait pu mettre la main sur un agent mémétique visuel persuadant la victime qu'elle subissait une attaque de SCP-181-FR. La direction ne semblait pas pressée d'empêcher l'utilisation abusive de celui-ci, au grand dam du psychologue de service, qui aurait bien voulu réduire un tant soit peu le nombre de consultations obligatoires après exposition à ce genre d'anomalie.

Le sergent s'étira, puis récupéra quelques feuilles de papier dans un tiroir du bureau. Il devait à présent se consacrer à une autre facette de son travail et rédiger quelques lettres de recommandation.
La machine administrative était en marche. Le service des ressources humaines affecterait diverses mutations parmi les FIM pour reconstituer une escouade d'élite composée majoritairement de vétérans. Par effet domino, une grosse partie des effectifs seraient mutés et il faudrait rapidement injecter dans le système de nouveaux agents certifiés aptes aux missions de terrain.

Le sergent avait, au fil de sa carrière, développé diverses méthodes pour évaluer le caractère des agents qu'on lui confiait, connaître leurs limites et diagnostiquer les problèmes sous-jacents. Sa capacité à mettre à l'épreuve ses interlocuteurs et à décrypter leur comportement lui avait entre autres permis de débusquer plusieurs tentatives d'infiltration dans les rangs de la Fondation.
Le sergent avait pris la mauvaise habitude de ne jamais lire les dossiers du personnel qui lui était affecté. Était-ce plus par fierté ou par respect pour ces gens qu'il ne s'intéressait pas à leur passé ? Un peu des deux peut-être. Toujours est-il qu'il ne manquait pas de leur faire passer le message suivant : "Je me fiche de savoir d'où vous venez et ce que vous avez vécu. Je suis là pour vous former et dire si vous êtes capables de survivre suffisamment longtemps pour faire votre boulot".
De toute façon, avec son niveau d'accréditation, si quelque chose d'important était à prendre en compte pour la formation, il était mis personnellement au courant de l'affaire par un supérieur muni d'une dérogation. C'était arrivé à plusieurs reprises, notamment lorsque le chef de la sécurité avait délégué une partie de la formation du personnel "anormal" du site pour les entraînements les plus basiques. Ce fut un sacré numéro de cirque avec toutes ces "blouses-blanches" qui faisaient parfois mieux que les agents les plus endurcis. La femme-lézard répondant au nom de Dr Cendres s'était même fait remarquer en restant pendant plus de trois mois en première place du tableau des scores au traditionnel "parcours du combattant".

Mais aujourd'hui, et pour la première fois depuis plusieurs années, le sergent instructeur Duvald allait consulter en profondeur les dossiers personnels de ses hommes avant d'écrire les habituelles lettres de recommandation.

En effet, il voulait vérifier quelque chose qui l'intriguait depuis un bon moment.
Cela concernait des agents peu gradés et de faible accréditation. Pas des petits nouveaux fraîchement recrutés qu'il fallait entraîner. Non, c'étaient des hommes expérimentés ayant sans doute la trentaine ou la quarantaine, souvent associés à des missions aussi basiques que faire la patrouille dans les couloirs ou aussi ennuyeuses que de rester en faction devant une porte.

En fouillant dans un vieux classeur poussiéreux récupéré dans son armoire, il finit par trouver ce qu'il cherchait : quatre dossiers un peu jaunis et constellés de tâches de gras et de café. Maudissant son prédécesseur dont le vice était sans doute de festoyer au bureau, il étudia en détail les dossiers concernant les seuls agents déjà en poste lors son affectation et qui n'avaient pas été mutés depuis. Il s'agissait des agents Jean, Jacques, Claude et Roger.

Le sergent Duvald n'aurait pas vraiment su les décrire. Il avait déjà épuisé tout son répertoire d'insultes et s'était mis à tester différentes langues pour ajouter de la couleur et de la diversité à son vocabulaire. Même la grande variété d'insultes Alsaciennes n'avait pas suffie, malgré sa capacité, souvent associée aux langues germanophones, à créer des néologismes en encastrant des mots les uns dans les autres à grands coups de masse.

L'instructeur les redoutait.
Il fallait dire aussi qu'à choisir des agents pour une équipe de terrain, ce serait son dernier choix. Ils passaient à chaque fois de justesse les tests hebdomadaires, étaient du style "moins j'en fous, mieux j'me porte" et faisaient parfois preuve d'une stupidité sans nom lorsqu'il s'agissait de faire les quatre-cents coups pour rigoler. En choisissant un bleu dans une équipe de terrain, n'importe quel soldat avec un peu d'expérience saurait à l'avance les erreurs que l'aspirant risquait de commettre, à quel moment il risquait de perdre son calme et comment le garder en vie. Mais, ces gars-là étaient de véritables boulets imprévisibles faisant frôler la crise de nerfs à n'importe quel brigadier. En effet, non seulement ils étaient de véritables catastrophes ambulantes, mais en plus, toutes les retombées négatives étaient systématiquement affectées à leur supérieur hiérarchique direct.

Le sergent en avait déjà fait l'amère expérience. Chaque fois qu'il avait affaire à eux, sa consommation de café et d'aspirine décuplait. Il les nommait intérieurement les "quatre cavaliers de l'apocalypse".
Leur dernière bourde en date ?
Ils avaient été capables de se perdre lors d'un entrainement de type "course d'orientation". Après plusieurs heures sans nouvelles, des équipes de recherche avaient été envoyées, une alerte globale lancée, on craignait alors une attaque réalisée par un groupe d'intérêt. Lorsque les équipes de recherche étaient rentrées bredouilles, on les avait trouvés dans la cafétéria en train de jouer au tarot avec le Dr Michel. D'après leurs témoignages confus et pas très clairs, ils s'étaient trompés dans la lecture de la carte, avaient cassé leur boussole en glissant sur une flaque de boue, avaient noyé leur radio en traversant une rivière et auraient retrouvé leur chemin en suivant "l'odeur de friture de la cantine" (du moins, c'est ce que prétendait l'agent Roger).

Le pire, c'était que la plupart des sanctions étaient tombées sur le sergent instructeur. En effet, ces zigotos avaient chacun rempli un rapport complet de la mission, avaient posé le tout sur le bureau du sergent, parti à leur recherche, avant de prendre leur pause puisque "personne n'était là pour donner d'autres instructions".

À cette pensée, le sergent Duvald soupira.
"Si seulement c'était leur seule et unique connerie !" pensa le sergent. "Non, pour des missions complexes, ces gars-là ne sont pas fiables du tout. Ce sont de vrais boulets. Des boulets obéissants et facilement manipulables, mais de vrais boulets quand même."
Il se souvint que leur seule motivation dans la vie (outre l'apéritif et les digestifs) semblait être le tarot, et que la simple menace de confisquer leur paquet de cartes suffisait à les remettre au pas. En effet, ils y jouaient à chaque fois qu'ils étaient en pause. L'Association des Parieurs Anonymes s'intéressait même à eux, au point qu'ils étaient tous dans le top 5 des types les plus cotés dans cette discipline. Le cinquième étant le Dr Michel qui les rejoignait souvent en fin de journée pour faire "l'appel au roi". De peur qu'ils n'influencent négativement d'autres recrues, on préférait ne pas compléter le dortoir à 6 places qu'ils occupaient. La cinquième couchette, constamment recouverte de jetons colorés leur servait donc de table de jeu et la sixième couchette qu'ils avaient bizarrement surnommé "la place du fantôme" restait vide, mais le lit était fait au carré par tradition.

Le sergent Duvald rassembla alors ses esprits et survola les dossiers. Il n'en croyait pas ses yeux. D'après ces archives, ces gars en étaient à leurs 25ème année de service à la Fondation et n'avaient jamais été promus. Ils avaient toujours fait partie des effectifs de garde dans les couloirs ou pour compléter les quotas de garde en faction devant des SCP d'intérêt mineur (du moins, ceux qui ne sont pas liés de près ou de loin à des groupes d'intérêt). Malgré les nombreuses brèches de confinement sur le Site-Aleph, leurs dossiers étaient vides de tout rapport d'hospitalisation ou de quelconque arrêt de travail. Ils avaient en outre le record de la plus faible consommation d'amnésiques de tout le site. Pas de fautes graves enregistrées, des rapports d'inspection corrects, des résultats moyens aux évaluations. Du point de vue des ressources humaines, ils étaient des agents assez peu coûteux, remplissant correctement les tâches les plus basiques.

"Et si c'était ça l'astuce ?" se demanda le sergent. "Ces types ne se font pas trop remarquer, sinon par une certaine incompétence uniquement pour les tâches les plus complexes. De ce fait, ils n'ont pas de promotions et on n'ose pas leur coller du keter-duty de peur qu'ils ne créent une brèche de confinement. En outre, leur poste est tout de même nécessaire et les rendre à la vie civile serait un gâchis de moyens si on prend en considération toutes les dépenses déjà effectuées pour les former… Ils sont donc techniquement indéboulonnables. Mais qui se contenterait d'un tel manque d'action et d'un tel salaire ? A moins qu'ils n'arrondissent leurs fins de mois par le jeu et les paris clandestins. Si c'est le cas, ce sont de sacrés roublards."

Le sergent Duvald sentit monter en lui une envie de contrecarrer les plans de ceux qui voulaient se jouer de lui, ceux qui étaient arrivés à le tromper depuis si longtemps. Était-ce par jalousie ? Ou par dégoût de se souvenir qu'on lui avait définitivement retiré ce qu'il chérissait le plus ? Jamais plus il ne partirait en mission sur le terrain, au cœur de l'action. Non, il resterait à jamais cloué au rang de sergent instructeur, depuis qu'un éclat d'obus s'était égaré dans son genou l'empêchant désormais de courir ou de transporter les habituels 25 kg d'équipement.

Plusieurs idées lui vinrent à l'esprit. Forcer leur mutation par une lettre de recommandation ? Non, trop dangereux. Sa responsabilité en prendrait un sacré coup. Les supporter quelques heures par semaine était certes un calvaire, mais il ne devait pas se laisser emporter pour autant. Tenter de leur rendre une vie infernale pour les faire démissionner ? Non plus. Les recrues qu'il côtoyait savaient déjà que si sa caserne était aux enchères, le diable s'en porterait acquéreur. Quant à entrer en guerre ouverte, il s'y refusait. C'était une méthode stupide qui comportait beaucoup trop de risques tout en discréditant sa pédagogie.
Il n'avait jamais osé se plaindre d'eux ouvertement. Il devait absolument garder son image d'instructeur inébranlable. Avec un peu de chance, il trouverait suffisamment de matière pour se débarrasser d'eux.

Justement, certains documents avaient été mal triés et semblaient avoir été placés rapidement à la fin de chaque dossier. Le plus souvent, il s'agissait de notes ou de mémos laissés par son prédécesseur. Celui-ci était assez méfiant envers le département des amnésiques. Il n'avait pas eu le temps d'épurer sa paperasse lors de son départ. Aussi quelques notes informelles restaient parfois dans les dossiers. Certaines ressemblaient plus à des fragments de journal de bord.

5 novembre : Crise de nerf du brigadier Domont. L'agent Claude et l'agent Jacques avaient passé près de deux heures à discuter du bien-fondé de mettre le cirage sur la brosse avant d'étaler sur la chaussure plutôt que de le mettre sur la chaussure avant de l'étaler avec la brosse [Sic]. Dans un accès de colère, le brigadier leur a lancé une paire de chaussures de sécurité. Personnellement, je pense que je leur aurais fait manger l'intégralité du tube de cirage. L'un des projectiles, évité de justesse, a assommé un gars. Les membres du DSI ont confirmé que le blessé était un infiltré. Domont a été promu.

21 novembre : Attaque du site par des mercenaires de l'anormal venus pour récupérer des artéfacts récemment acquis par une de nos FIM. Un plieur de réalité était soutenu par deux experts informatiques qui ont piraté nos réseaux avec des logiciels anormaux. Le type a été retrouvé assommé dans la salle de pause du bâtiment C, le crâne fracassé par un seau d'eau probablement mis en équilibre au-dessus de la porte. Il ne m'a pas fallu longtemps pour découvrir que l'agent Jean était sans doute responsable de cette "farce", destinée à un collègue. Il semblait ignorer que le récipient pouvait tomber sans se renverser immédiatement. .

3 décembre : Tentative d'évasion de 5 Classes-D pendant un test. Tous ont été retrouvés grièvement blessés dans l'escalier de secours du bâtiment C. La chute semble avoir été provoquée par des bouteilles de bière laissées en haut de l'escalier. De l'alcool de la même marque a été confisqué dans le dortoir du quatuor lors d'une inspection la semaine précédente.

12 décembre : Brèche de confinement dans le secteur B-3. L'entité était en transfert temporaire sur le site et son confinement n'était pas adapté. Elle a fait 11 victimes avant d'arriver jusqu'au secteur C. Je ne sais pas comment il s'est débrouillé mais l'agent Roger a réussi à calmer ce truc en lui proposant de boire l'apéro. Que la bestiole soit ou non capable de le comprendre, elle a été distraite pendant suffisamment longtemps pour que le sergent Courneuve vienne lui sauver les miches. Je ne sais pas quel numéro ils ont donné à ce SCP, mais apparemment il a été envoyé au Site-Yod.

23 janvier 19██
Bureau 54, DSI, Site-██


Sergent instructeur Gondain,
Caserne d'entraînement,
Secteur 34 du Site-Aleph.

Retour de signalement

Bonjour,

Conformément à votre demande du ██/██/19██ nos services ont porté une attention toute particulière sur les agents de matricule FR34Al-404-025, FR34Al-404-026, FR34Al-404-027 et FR34Al-404-028.
Notre enquête n'a cependant relevé aucun élément confirmant les inquiétudes soulevées dans votre dernier signalement.

L'inspection du ██/██/19██ a cependant permis de souligner plusieurs manquements, qui semblent directement liés à une application laxiste de la discipline dans votre caserne. Les détails seront joints à votre rapport d'évaluation annuel.

Respectueuses salutations,
Inspecteur Fergas, Département de Sécurité Interne

██ janvier 19██
Bureau 01, Direction du Site-Aleph.


Sergent instructeur Gondain,
Caserne d'entraînement,
Secteur 34 du Site-Aleph.

Retour de proposition.

Sergent instructeur Gondain,

J'ai bien pris connaissance de vos recommandations concernant certains agents affectés à votre caserne. Cependant, en tant que directeur du site, je me dois de mettre un véto à votre proposition concernant la création de la Force d'Intervention Mobile Bêta 0 ("Imbéciles heureux").

Cordialement,

Directeur ██████.


6 février : Je n'ai pas de souvenirs de cette journée. Il paraît néanmoins que j'ai joué un rôle important pour endiguer un problème majeur et que j'aurais une prime. Les rapports sont censurés bien évidemment, mais apparemment une grande partie du Site était concernée. Les seuls membres du Site à ne pas avoir pris d'amnésiques sont le personnel de Niveau 4 et les membres du personnel se trouvant dans l'aile ouest du bâtiment C entre 12h et 14h. Une chance que l'annuel "tournoi de jeux de cartes" organisé dans la salle de pause ait eu autant de succès. Le département des amnésiques aurait eu du mal avec ses stocks actuels dans le cas contraire.

24 mars : Brèche de confinement de SCP-052-FR. Lors de sa récupération, SCP-052-FR était immobile en présence d'un téléphone. L'objet, utilisé par le chercheur ayant prévenu la sécurité, diffusait en boucle une vidéo de l'agent Roger en train de ronfler (le protocole a été par la suite changé pour s'assurer que les programmes diffusés pour l'entité n'incluent plus de personnages s'échappant d'une cellule à l'aide d'objets aussi insolites qu'un crayon et un morceau de trombone).

1er avril : Le brigadier Faber vient de me contacter. Poser ce jour de congé a été une excellente idée.


J'ai l'impression que le directeur évalue ma capacité à garder mon sang-froid. Vivement cette promotion.

Le visage atteint par un rictus nerveux, le sergent instructeur Duvald reprit son propre journal de bord. Une nouvelle idée machiavélique venait de germer dans son esprit las et fatigué. L’œil brillant d'un éclat sadique, il commença à mettre en forme un nouveau programme d'entraînement : "Commander pour les des Nuls".

Sauf mention contraire, le contenu de cette page est protégé par la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.0 License