Une équipe anonyme

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Équipe 4 : D-2108, Johannes, Mortarion et Sonitrok

Mortarion

Jour 1 après la chute d'Aleph

-Le Renouveau ?
-Non.
-Le Gang du Dernier Espoir ?
-Non.
-Les Cavaliers du Post-Aleph ?
-Non.
-Je sais ! La Glorieuse Compagnie de…
Mortarion stoppa brusquement la voiture, détacha sa ceinture et se retourna, braquant d'un geste leste Traque-doute sur le front du Classe-D, son masque sifflant à mesure que sa patience s'étiolait.
-CETTE. ÉQUIPE. N'AURA. PAS. DE. NOM. Alors sortez-moi encore un seul de vos pathétiques titres et je jure sur les O5 que j’arrêterai d'économiser les balles.

Le silence retomba dans l'habitacle aussi violemment que Sonitrok était entré dans le panneau de bord passager. Le réveil lui parut pourtant moins violent que la scène auquel il assista en ouvrant les yeux, aussi il préféra garder le silence sur son sommeil perdu. Qu'une idée de se plaindre lui traverse la tête ne le dérangea pas tant qu'une balle ne faisait pas de même.

Le Kommissaer soupira et se rassit, rengainant son arme avant de rattacher sa ceinture de sécurité, geste immédiatement imité par les 2 autres "Mousquetaires de l'Apocalypse". Inutile de survivre à une brèche de confinement pour mourir d'une embardée nerveuse. Le rugissement du moteur du 4x4 tranchait avec le silence assourdissant du lieu, berçant les trois passagers de son emprise doucereuse. Seuls s'y ajoutaient les grognements de D-2108, dont l'élan créateur frustré était désormais employé à imaginer de nouveaux surnoms affectueux pour le conducteur. Sonitrok était resté silencieux depuis le départ, semblant quant à lui accepter avec résignation la possibilité d'une extinction complète de la race humaine. Seul le regard du Kommissaer semblait encore animé d'autant d’énervement que d'espoir. Et pourtant, lui aussi se perdait dans le souvenir de cette inoubliable journée où tout avait basculé.

L'alarme retentit. Merde. Interminable, aiguë, insupportable, l'alarme fend les airs, égalée seulement par les cris de panique et d'incompréhension des blousards. Quand il s'agit d'écrire les rapports et les procédures, y a du monde, mais pour les appliquer… J'appuie sur le vox-amplificateur de mon masque. C'est la vie ou les tympans, les gars, fallait bouger :
"PROTOCOLE 023 ! POSSIBLE SCÉNARIO DE CLASSE XK ! VEUILLEZ GAGNER IMMÉDIATEMENT LE BUNKER !"

Lentement, des années d'exercices d'évacuation refont surface sur leurs gueules de cons. Des regards se tournent vers moi, soulagés de pouvoir suivre quelqu'un qui aura l’amabilité de penser à leur place. Et pourtant, pas un mouvement. Je saisis le plus proche par le col et le jette vers la sortie de la cafétéria, en tirant en l'air pour briser l'état de choc. Ils sont pas méchants, les blousards. Il travaillent bien, mais faut un peu les orienter de temps en temps, subtilement…

"ÇA VEUT DIRE : BOUGEZ VOS CULS, LES PIGNOUFS ! TOUS AU BUNKER ! LE DERNIER SORTI SE PREND UNE BALLE DANS LE CUL ! EXÉCUTION !"

Le déclic atteint soudainement la fine fleur des intellectuels de notre beau pays. Des hurlements, des bousculades, tous se dirigent en courant vers le couloir, suivant les flèches vertes froidement apposées sur les murs, insensibles au bordel ambiant. Bon, tant pis pour le dernier sorti, je cours dans l'autre direction. Faut que je trouve un maximum de ces pleurnichards avant que les portes ne se… Je passe devant les cellules des Classes-D. Le protocole stipule qu'il faut en emmener au moins un, histoire de le pousser dehors en premier après coup, voir si l'air est toujours respirable. J'ai mon petit préféré, et ça m'étonnerait qu'il ait bougé.

J'entre en volée dans la cellule du matricule 2108, m’arrêtant devant le lit vide. Sans surprise, mais je m'attendais à le trouver immédiatement, blotti en-dessus. Peut être qu'il aura eu un accès de cour… Des pleurs retentissent. Ah. Oui. Sous la table. Suis-je bête.
Je me retourne, et soulève notre héros avant de le pousser vers la sortie, mais celui-ci me regarde avec panique, et bondit vers une armoire près de la porte, avant d'en sortir une blouse impeccablement repassée, l'enrouler prestement autour de son bras et me regarder avec cette volonté dans le regard qui m'avait fait le choisir. Le seul D qui admirait la Fondation. Bref. Utile s'il s'avère que l'air est respirable quoi. Je l'attrape par la nuque et court vers le bunker. Mon regard croise celui du balafré et de sa nourrice, l'agent Neremsa. Parfait. Aux moins, on aura quelques hommes d'action pour repeupler le monde. Ils semblent avoir eux aussi ramené leur quota de binoclards geignards, je jette donc ma modeste contribution orange dans le tas, et scelle la porte blindée. À partir de maintenant, c'est la loi martiale. Heureusement que quelqu'un a stocké double ration d'armes, de nourriture, renforcé les bunkers, formé le personnel à la survie dans des stages "coûteux et peu productifs". De rien, les blousards. Tout le plaisir est pour "le paranoïaque".

D-2108 regarda du coin de l’œil "le paranoïaque" ricaner dans son masque, les yeux fixés sur la route. N’empêche, ils formaient une super bonne équipe. Les Ultimes Gradés de la Fondation étaient en route, et rien ne pourrait les arrêter !

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