Alain vérifia s'il était bien à l'adresse qu'on lui avait donnée et, après avoir essuyé la sueur qui suintait sur son front, s'approcha du comptoir du bar de plage. Un serveur bronzé et torse nu s'approcha de lui au moment où il posait son simili-chapeau de paille.
"Qu'est-ce que vous désirez ?
— Vous auriez quelque chose de frais ?
— Vous venez d'arriver sur l'île hein ? Un Mai Tai bien frais pour vous mettre dans l'ambiance."
Alain hocha la tête et regarda les clients. La plus grande partie d'entre eux semblait avoir préféré rester sous le soleil de Papeete, soit assis à des tables en train de regarder les vagues s'écraser sur la plage, soit sur des transats à bronzer au soleil matinal avec un plateau pour poser leurs consommations. Et parmi les clients restés à l'ombre, l'un d'entre eux semblait le regarder et leva la demi-noix de coco qui lui servait de verre quand il croisa son regard. Alain remarqua tout de suite sa tenue : la chemise de type hawaïenne de couleurs criardes de fort mauvais goût et des motifs bigarrés mêlant les traditionnelles fleurs à d'atypiques rouages était suffisamment unique et notable pour confirmer son identité à celui qui le cherchait. Le serveur choisit ce moment pour poser le verre demandé, rempli de sa boisson fruitée dans laquelle s'entrechoquait trois glaçons.
"Et voilà monsieur."
Alain posa de suite quelques pièces pour payer à la fois le verre et le pourboire et s'installa avec sa commande et son chapeau à la table de son contact.
"Plutôt voyante votre tenue.
— Allons, allons, je ne suis qu'un excentrique venu passer du bon temps ici. Rien de bien surprenant et toujours plus local que votre montre."
L’intéressé remua le poignet et la montre susnommée.
"Vous savez bien que je ne peux m'en séparer.
— Oh, vous pourriez, mais au moins les gens détournent le regard. Ils doivent juste se demander comment vous arrivez à dormir avec une montre aussi bruyante.
— Si c'est là tout ce que vous avez à me dire, Brisé, je crois que notre entente prendra fin avant même d'avoir commencé, fit l'arrivant en commençant à se relever.
— Très bien, je m'excuse. Après tout, même si nos méthodes diffèrent, nous cherchons tous à Le revoir."
L'arrivant hésita une seconde avant de reprendre place et de boire une gorgée rafraichissante. Il savoura le goût du mélange avant de reprendre.
"Pourquoi tant de paroles ? Les vôtres n'ont jamais eu le moindre geste, sinon vindicatif, envers notre doctrine."
Son interlocuteur aspira une nouvelle rasade de son propre cocktail.
"Soyez assurés que ce n'est pas de gaîté de cœur que le Bâtisseur ait fait appel aux vôtres pour ceci. Mais la situation est un peu complexe. Il serait plus raisonnable que nous en parlions à l'hôtel. Une chambre vous a été réservée au Little Home, au nom de la société EOE, pour montrer notre bonne foi. Je vous y retrouverai ce soir. Je m'appelle Xavier. En attendant, profitez un peu du monde extérieur avant que vous ne puissiez plus en être.
— Frère Alain. Et sachez bien que nous n'avons besoin du monde extérieur que le temps pour nous d'enfin Le rejoindre, dans ce plan ou un autre. Que pensez-vous du trajet jusqu'ici ?
— Rien de bien passionnant. Les transports deviennent d'une affligeante banalité…"
Ils restèrent à converser, pendant près d'une heure, à échanger des banalités sans intérêts, ni pour l'un ni pour l'autre. Alain observa les clients aller et venir, remettre leur crème solaire avant de retourner sur les transats ou simplement se sécher au soleil. Cela ne lui était plus permis, mais cette vie de loisirs vacanciers n'allait pas lui manquer. Le soleil approchait de son zénith quand ils se séparèrent et ils partirent chacun de leur côté.
La nuit était tombée sur l'archipel, et la relative fraicheur tropicale avec. Alain se tenait dans sa chambre d'hôtel, écoutant par la fenêtre le bruit des vagues qui s’écrasaient sur la plage proche. Il se gratta le coude, à l'endroit où la peau synthétique de sa prothèse mécanique s'accrochait à sa peau naturelle. Il regrettait de devoir ainsi ôter à sa vue l'élégance des engrenages parfaitement agencés qui renforçaient son avant-bras de cœur. La retraite de son ordre lui manquait et il aurait payé cher pour y être à cet instant. Mais la volonté des Patriarches ne se discutait pas et si cette mission était son épreuve de noviciat, alors il la relèverait la tête digne, même si cela devait signifier faire équipe avec un des ces passéistes de Brisés.
Quelqu'un frappa à sa porte et une voix se fit entendre juste après.
"C'est Xavier. Puis-je ?"
D'un geste parfaitement réglé, Alain se dirigea vers la porte et l'ouvrit juste assez pour laisser passer son invité et son porte-document, dans la même tenue que lors de leur rencontre matinale et il referma le panneau derrière lui.
"Alors, avez-vous pu profiter un peu de l'île durant l'après-midi ?
— Plus vite je rentrerai, mieux je me sentirai, ne vous en déplaise. Les miens me manquent, peut-être pouvez-vous comprendre cela ?"
L'interpellé sembla tiquer légèrement mais ne releva pas la remarque. Au lieu de cela, il ouvrit son porte-document et en sortit plusieurs papiers qu'il présenta au frère mekhanisé.
"Malgré nos différences, nous servons tous le même Dieu. Et je pense que même vous êtes d'accord avec le fait que quelque chose qui Lui soit lié ne doit pas rester entre les mains de profanes."
Xavier acquiesça silencieusement en observant les documents. C'était pour la plupart des photos d'une large propriété et certains systèmes de sécurité attenants. Malgré leur sophistication, c'était du système de surveillance parfaitement normal.
"Nous avons retrouvé la trace d'un de ces objets sur une île voisine inhabitée. Malheureusement, ces traces provenaient d'un groupe de locaux qui ont revendu leurs trouvailles à un collectionneur local.
— Qu'est-ce qui vous permettrait d'affirmer qu'il s'agit bien d'un morceau de ce que vous cherchez ?
— L'un des touristes avait une prothèse sur une de ses mains. Une simple babiole technologique, sans intérêt. Mais il racontait à ses compagnons de voyages incrédules, et à ceux qui pouvaient prêter attention aux dires de quelqu'un d'ivre, qu'il lui était à présent impossible de l'enlever. Ses attaches étaient enlevées, mais elle lui tenait complètement le poignet."
Alain leva les yeux vers le Brisé. Le sujet commençait enfin à être intéressant.
"Un objet d'apparence ancienne qui semble avoir un effet particulier sur les prothèses, même les pales copies que ces barbares nomment 'modernes'. Même si évidemment, personne n'a cru ce pauvre hère, j'ai pu constater par moi-même que sa prothèse avait été Marquée. Rien de grandement notable et il est probable que ça disparaisse dans quelques jours, Sa trace étant faible, mais suffisante pour ne pas laisser son origine dans des mains étrangères à notre Église.
— Et vous avez pensé à notre Ordre pour en prendre soin ? Quelle sollicitude inhabituelle de votre part."
Xavier ne tint pas compte du sarcasme évident dans les propos de son interlocuteur et reprit.
"Il semble que cet artéfact soit pour le moment dans une des salles à l'arrière de la propriété, en attendant d'être expertisé, puis exposé lors de soirées mondaines comme de vulgaires curiosités antiques. Et il ne semble pas vouloir s'en séparer de son plein gré.
— Si vous savez où il est, pourquoi vous êtes-vous retrouvés contraints de faire appel à notre Ordre ?
— Vous autres orthodoxes avez quelque chose que nous n'avons pas aussi aisément : un attachement viscéral à notre Dieu. Nous savons que l'artéfact est à cet endroit, nous ne savons cependant pas exactement à quoi il ressemble et comment nous pourrions l'identifier, ni même s'il n'y en aurait pas plusieurs. Cependant, s'il a un effet sur des prothèses aussi banales que celles faites par ces ignorants qui se disent modernes, quel pourrait être l'effet sur une de vos… améliorations.
— Sans tourner autour du pot, vous avez besoin de mon bras pour retrouver ce que vous cherchez."
Le visiteur acquiesça.
"J'ai aussi ouï dire que ce genre de travail ne vous était pas entièrement étranger."
L'interpellé resta coi, mais son regard se durcit brièvement et sembla parler pour lui.
"Voilà donc qui est parfait. Nous avons naturellement quelques artifices pour vous faciliter le travail, notamment neutraliser discrètement alarmes et caméras. Mais il faudra agir vite, nous ne savons pas exactement combien de temps nos renseignements seront valides. Il ne faudrait surtout pas qu'un groupe d'infidèles n'ait vent de cette relique.
— Je vois. J'imagine que je devrai entrer seul récupérer cette merveille ?
— Oh, non non non. Veuillez m'excuser, mais il nous est impossible de vous faire confiance. Je vous accompagnerai dans la tanière. Rassurez-vous, je possède d'autres tenues plus adaptées à ces circonstances, précisa immédiatement Xavier en voyant le sourcil relevé d'incrédulité de son interlocuteur.
— Sur ce, je vous laisse avec tous ces papiers. Vous pourrez me retrouver quand vous estimerez être prêt, soit dans la chambre voisine soit au bar où je vous ai accueilli. Je vous souhaite une bonne soirée.
— De même, fit le novice en reportant son attention sur les documents fournis."
Le Brisé referma son porte-document et sortit de la pièce. Alain la rouvrit brièvement pour accrocher la pancarte "Ne pas déranger" à la poignée extérieure puis verrouilla la porte. Seul le bruit des vagues venant de la fenêtre venait perturber le tic-tac qui résonnait dans la pièce. Il s'assura de la bonne mise en place du verrou de la porte, puis il entreprit d'enlever la peau synthétique recouvrant son avant-bras mekhanisé. Il laissa son regard parcourir les subtils engrenages perfectionnant les mouvements limités de la chair. Il n'avait rejoint l'Ordre que depuis peu et cette amélioration lui avait été offerte quelques semaines auparavant. Pour ça, il serait reconnaissant jusqu'à la mort aux Patriarches et à ceux qui l'ont accepté, malgré son passé tumultueux. Et si son passé pouvait leur servir, alors qu'il en soit ainsi. Il devait se montrer digne, pour les Patriarches et pour Lui. Le peu de matériel qu'il conservait comme porte-bonheur, malgré les demandes du frère supérieur, lui serait utile.
Laissant la fenêtre ouverte mais toujours protégée par la moustiquaire, l'ancien voleur se rendit au comptoir de sa chambre et se prépara un Bora Bora frais avant de s'asseoir pour analyser les documents et plans, afin de préparer un plan d'action. Il sera toujours temps de s'arranger après pour conserver la relique pour leur propre Ordre.
Deux nuits plus tard, les deux adeptes se retrouvèrent à l'arrière de la villa ciblée, un peu à l'écart de Taiarapu-Ouest. Cachés parmi les cocotiers, ils attendaient calmement un signal en ignorant les reflets des étoiles sur la mer derrière leur cible. Les deux complices avaient revêtu des tenues sombres fournies par Xavier, qui s'avéraient également pouvoir les camoufler aux yeux des éventuels détecteurs thermiques. Une vague pensée s'égara dans l'esprit d'Alain sur ce qu'il aurait pu faire s'il avait eu ce genre de tenue pendant sa période d'activités illicites, mais il s'efforça de la rejeter. Sitôt cette affaire réglée, il retournerai à la retraite de son Ordre et tout ceci sera terminé.
Le Brisé sorti une flasque et but une gorgée avant de la tendre à son complice d'un soir. Ce dernier la regarda brièvement avant de relever son regard vers son détenteur.
"Rangiroa. Rhum local."
Alain secoua la tête et la flasque fut rebouchée et retournée à sa poche initiale. Quelques minutes plus tard, plusieurs flashs lumineux sur la mer entrainèrent l'apparition de lueurs de lampes torches se dirigeant vers la plage privée.
"Le signal."
Xavier sortit un appareil de type télécommande et l'activa.
"Les systèmes de sécurité sont inactifs. Nous avons dix-huit minutes avant que l'appareil ne surchauffe et ne se coupe."
Alain ne posa pas de question et fit confiance à son acolyte. Ils s'approchèrent du mur d'enceinte, placèrent un grappin et l'escaladèrent rapidement. Profitant du fait que les gardes avaient leur attention principalement dirigée côté plage, ils arrivèrent rapidement jusqu'au mur de la villa. L'ancien voleur indiqua du regard une caméra sur le coin du bâtiment et son comparse lui répondit en pointant la poche de son appareil.
Ils passèrent dans le champ de vision de la caméra pour se diriger vers des portes vitrées. Ils décrochèrent une moustiquaire et Alain sortit un jeu de rossignols pour s'attaquer à la serrure de la porte associée. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus pratiqué, mais le savoir lui revint rapidement au bout des doigts. Il lui fallut quelques minutes cependant pour ouvrir le loquet. Ils entrèrent dans le salon vide, replacèrent grossièrement la moustiquaire et refermèrent la porte après que le Brisé ait placé un petit appareil sur l'attache du rideau de mailles fines avant de la verrouiller.
"Cinq, indiqua Xavier dans un souffle."
Le cambrioleur se remémora le plan. La salle dans laquelle ils devaient se rendre a priori était située à quelques mètres, avec la porte d'accès au milieu d'un couloir menant aux chambres. Il indiqua à son compagnon de le suivre et il se dirigèrent vers la gauche du bâtiment. Arrivé devant la porte proprement dite, Alain testa rapidement le loquet avant de se remettre au travail avec la serrure tandis que l'autre membre du duo monta la garde, le doigt prêt à appuyer sur un dispositif.
La serrure se révéla plus complexe à forcer que la précédente. Seul le tic-tac mécanique de son bras et le bruit des outils de travail brisaient le silence soudain pesant. Toutes les quelques secondes, le crocheteur se tournait vers son acolyte pour vérifier l'absence de problèmes. Jusqu'à ce que ce dernier lève le doigt : il avait entendu quelque chose. Alain s'immobilisa, attendant et guettant à son tour. Un bruit de pas feutré s'approchait. Sans doute pas un garde, mais quelqu'un de la maison. Xavier déclencha son dispositif. Aussitôt, un claquement se fit entendre.
"Encore cette moustiquaire…"
Les pas s'éloignèrent vers le salon par lequel ils étaient entrés. Alain redoubla ses efforts et, quelques secondes plus tard, le clac du loquet résonna dans le couloir. Aussitôt, les deux complices rentrèrent dans la pièce et la refermèrent.
"Huit minutes."
Ils allumèrent des petites lampes à lumière rouge pour dévoiler le contenu de la pièce : des étagères sur lesquelles étaient posés divers objets étiquetés.
"Les renseignements semblent toujours bon. Ne perdons pas de temps."
Toujours à l'affut d'une moindre alerte sonore, les deux voleurs se séparèrent, lisant rapidement chaque étiquette pour s'épargner le temps de recherche en faisant attention à la direction des reflets. Des cristaux aux formes particulières, de somptueux coquillages et des échantillons de sable sombre se mélangeaient à diverses pointes de flèches, harpons et masques Tiki. Des curiosités qui pouvaient probablement émerveiller les badauds mais qui ne présentaient aucun intérêt aux deux cultistes.
"Ici."
Alain rejoignit son compère vers une caisse d'objets avec pour seule étiquette 'À trier'. Le novice y plongea son bras gauche mekhanisé et commença à fouiller. Il ne fallut que quelques secondes avant qu'il ne sente quelque chose d'anormal au niveau de son poignet. Attrapant l'objet à ce moment en contact, il en sortit une sorte de statuette Tiki avec des incrustations métalliques. D'un hochement de tête, il confirma qu'il s'agissait bien de la relique convoitée. Il pouvait sentir les engrenages s'agiter, principalement là où la prothèse se joignait à la chair. Une sensation étrange qui semblait partir de son coude pour vouloir gagner l'épaule. Xavier sortit brièvement l'appareil qui les protégeait.
"Il nous reste cinq minutes pour sortir."
Ils éteignirent leur lampe et retournèrent à la porte. Ils tendirent l'oreille pour n'entendre que le silence. Doucement, Xavier tourna la poignée et observa le couloir par l’entrebâillement de la porte. Ne voyant ni n'entendant aucun bruit suspect, il sortit dans le couloir immédiatement suivi par son comparse qui referma derrière lui. De retour dans le salon vitré, ils déverrouillèrent puis ouvrirent la porte par laquelle ils étaient entrés, décrochèrent la moustiquaire et sortirent. La porte fut refermée mais non verrouillée, la moustiquaire grossièrement remise en place et ils coururent vers le mur. Repasser derrière ne fut qu'une formalité malgré les tressaillements qui avaient atteint l'épaule du novice, et ils retrouvèrent leur place près des cocotiers pour pouvoir souffler un peu. Xavier ressortit l'appareil et le désactiva.
"Quatre-vingts secondes restantes."
Le Brisé sortit à nouveau sa flasque pour en prendre une rasade et à nouveau la proposa à son complice, qui cette fois-ci l'accepta. Le rhum échauffa sa gorge et la sensation de chaleur sembla vouloir rivaliser avec l'effet de la relique dans sa poitrine. Alain referma la flasque et la tendit à son propriétaire.
"Ce fut une collaboration fructueuse. Quel dommage que ça doive s'arrêter maint… Alain ?"
L'orthodoxe venait de porter sa main au cœur. Les sensations dues à l'artéfact venaient d'atteindre son muscle vital et étaient devenues douloureuses. Il s'adossa à un cocotier, avant de se laisser tomber au sol. Avant de pouvoir dire un autre mot, il s'écroula sur le côté, et des pointes métalliques ensanglantées sortirent de sa poitrine. Xavier s'approcha précautionneusement et chercha le pouls du novice, sans le trouver.
"Wouah… Voilà un dénouement imprévu."
Le survivant força sur les doigts mekhaniques pour récupérer la relique puis se releva et sortit un téléphone.
"Boss ? Mission accomplie, la relique est à nous… Ouais, pas découvert. Une petite alerte, mais rien de grave… Le produit s'est réglé de lui-même de ça… Si je dois analyser le truc, je dirais que ça a été conçu comme une arme contre les mekhanites… Semblerait que ça utilise les matériaux de la prothèse pour aller détruire le cœur… Bien sûr que je récupère le corps, mais faudra prévenir Carter… Si on négocie bien, ça doit pouvoir rentrer dans les faux-frais ouais… Je rappelle dès que c'est réglé. Terminé."
Il rangea son téléphone et regarda non sans une once de pitié le novice.
"Désolé pour toi. Je crois que ton dieu ne voulait pas de toi finalement."