Aujourd'hui, dîner dans ma cellule, le seul moment de la journée où je ne suis pas shooté avec du voilavieenrose ou d'autres trucs de ce genre ; je ne sais jamais ce que je mange, on me bande les yeux, et c'est bien mieux comme ça.
Avant cette mesure, je pouvais voir des gens affreusement brûlés continuer de bouger et de parler, des gens qui avaient des cous tordus dans des positions étranges continuer de rire, et des gens à qui il manquait la majorité du corps boire un café.
La nourriture, lorsque je la voyais, était de la merde, au sens propre ; vous avez déjà vu ça, vous ? De la merde avec un goût de framboise ?
Alors que je mangeais, je sentis qu'on m’interpellait derrière moi :
"Numéro un huit sept ?"
"Je ne cesse de vous répéter que ce n'est pas mon nom."
"Le protocole l'oblige. Mon nom est Gears, et nous allons devoir vous demander de nous suivre. Ne vous inquiétez pas ; il ne s'agit que d'un test pour nous permettre d'avancer dans la compréhension d'un objet."
"Comme vous voudrez, à quelle heure ?"
"Maintenant."
Je sentis alors plusieurs bras me prendre, et me soulever de ma chaise. Après environ 3 minutes de marche, on me retira le bandeau.
Devant moi se trouvait une immense porte ; à sa droite, une pancarte, un panneau jaune, avec un œil sur un cerveau et des poings fermés ; en haut de la pancarte, le numéro 173, en bas, le mot "Euclide" ; bien que je ne sache pas ce que veut dire Euclide, je savais qui était SCP-173 de réputation, et je ne pus retenir un frisson.
La porte s'ouvrit, révélant une chambre munie de deux portes, la première au fond, était visiblement beaucoup plus épaisse, et des grattements se faisaient entendre depuis l'intérieur ; la deuxième était située en haut d'un escalier. Juste avant que je ne puisse monter, le Dr Gears me demanda mon attention :
"Avant de rentrer dans cette salle, j'aimerai vous dire certaines choses ; la créature dans cette salle est une statue-"
"Oui, je le connais, j'entends très souvent parler du sort des gens qui ont le malheur d'entrer dans son antre."
"Laissez-moi finir, cet objet est capable de bouger, mais seulement lorsqu'il n'est pas regardé. En effet, si aucune paire d'yeux n'est fixée sur lui, il se déplacera jusqu'à la plus proche personne pour lui briser la nuque, ou dans des cas exceptionnels, l'étrangler."
"Vous n'allez pas me donner à cette chose tout de même ?"
"Non, en réalité, nous aimerions savoir autre chose."
Gears demanda aux gardes présents dans la salle de sortir durant 5 minutes. Une fois que la salle se refermât, il me dit :
"Nous savons tous que 173 ne peut se déplacer lorsqu'il est vu, mais ce que nous ignorons, c'est l'apparence qu'il prend lorsqu'il n'est pas regardé, il est impossible qu'une statue aussi rigide puisse se déplacer, il doit forcément prendre une autre forme pour se déplacer aussi vite, nous ne savons pas s'il se "dé-rigidifie", ou bien si sa forme change en réalité."
"Pourquoi ne pas placer des caméras dans sa salle ?"
Le chercheur baissa la tête, la secoua, puis repris :
"Inutile, même en ralentissant les images plus de mille fois, tout ce que nous arrivons à obtenir est une tâche floue ; nous avons donc pensé que vous, vous pourriez l'observer dans les deux états, observé et non observé."
À ce moment, les gardes revinrent dans la salle.
"Maintenant, montez ces escaliers, et un garde vous ouvrira la porte."
Je m'exécutai. On m'ouvrit la porte puis la referma. J'étais seule.
Je me retrouvai dans une pièce surélevée donnant sur la salle de cette statue, avec du verre épais comme protection. Au départ, il était totalement immobile, mais je le vis bouger lentement : il se retournait.
Puis il se volatilisa, je le vis juste en dessous de ma salle, mais il bougeait, je pouvais le voir bouger. Il tourna sa tête vers moi, fit une sorte de sourire, et disparut à nouveau.
Cette fois, il était juste devant moi, devant le mur de verre qui le séparait de moi ; je ne sais comment, mais il avait réussi à "marcher" sur le mur pour m'atteindre. Il frappa deux fois sur le verre, et cette fois je pus voir distinctement le sourire.
J'ai paniqué , j'ai hurlé plusieurs fois, et j'ai essayé d'ouvrir la porte, mais mes gants m'en ont empêchés ; je fis ensuite le tour de la salle pour essayer de trouver un moyen de sortir, mais je constatais en regardant nerveusement la salle que la statue n'y était plus.
Je me retournai lentement lorsque je sentis qu'on me toucha le dos. Sa tête était juste devant la mienne, mais il ne souriait pas cette fois. Il avait une expression atroce.
Je hurlai, m'évanouis tandis que les gardes entraient. Et ce fut tout.