Machine Complexe
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    Third Law Canon Theme
    [2016 Wikidot Theme]
    Created by GreenWolf, with technical assistance from Randomini and aesthetic assistance from Dr Kens and tawny.
    Based on SCP Sigma 9 Theme created by Aelanna and Dr Devan.
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PRÉCÉDENT : Extasy et Exorcisme

DÉBUT : Les Rares Élus


Le monde est noir. La seule chose qui me dit que je suis en vie et éveillée est la douleur aigüe dans mon crâne. Je ne peux ni voir ni sentir la moindre chose. Pendant je ne sais combien de temps, la seule chose que je puisse faire est m'attarder sur les souvenirs qui refont surface et pour la suppression desquels j'ai payé quelques centaines de dollars.

Puis je sens un léger bourdonnement. Les sensations reviennent dans mon cou, d'abord une légère résistance — et puis une pression aigüe sur les os du cou. Je tournoie. Ma nuque se fait écraser. Ma trachée commence à fonctionner, mais je ne peux rien dire. Je ne suis même pas sûre que je respire. Puis j'entends un cliquement, et la pression sur mon cou s'évanouit.

Je soupire silencieusement de soulagement.

Les ténèbres détonnent en une explosion audiovisuelle, martelant mon cerveau de beats pulsant et de flashs épileptiques. Je peux entendre le rugissement d'une foule excitée. J'essaie de cligner des yeux, et le monde s'affine, comme un appareil photo qui se focalise. Tout a l'air dentelé et sursaturé.

Puis mes yeux s'ajustent, balançant tout dans une résolution 16K acérée. Je peux repérer les poils un par un sur le corps des gens, et les gouttes de sueur sur ces poils et les pores desquelles elles sortent. Des réticules et des symboles et des flash lumineux parcourent mes yeux. Les fermer ne fait rien pour les stopper.

Je peux sentir mon cerveau s'éteindre pour protester. Les informations engloutissent mon cerveau, mais il y a une sensation derrière mes yeux comme si elles tombaient dans un trou. Mon subconscient fraichement calibré commence à filtrer, compartimenter, et éliminer les informations en moins de temps qu'il n'en faut à un junkie pour acheter des cartes à gratter. Une fois de plus, mes yeux s'ajustent. Le monde se règle de lui-même : suffisamment précis pour faire en sorte que le 8K aie l'air lisse sans fracasser complètement mon cerveau par surcharge sensorielle.

Je baisse les yeux sur mon nouveau corps de cyborg. Mes membres sont brun clair ; une torsion de mes mains me dit qu'elles sont recouvertes de peau synthétique caoutchouteuse, avec des électrodes juste sous la surface pour me donner la sensation du toucher. Je n'ai plus de pieds, juste des jambes brunes qui finissent en bottes argentées. Plus de peinture argentée indique là où les habits devraient se trouver normalement. Des lignes noires précises sur le dos de ma main séparent chaque articulation et jointure. Mes seins sont étonnamment sobres pour DieuMachine.

Je regarde mes mains de plus près et vois que je suis attachée à une croix en métal, suspendue en face du podium de DieuMachine. Puis les attaches de métal autour de mes membres me relâchent et je tombe au sol.

"Lève-toi, mon champion !" La voix de DieuMachine tonne du sommet du podium.

Je peine à me remettre sur pied. Des ouvertures sifflent au niveau de mes genoux alors que je fais quelques pas hésitants. Mon corps a l'air plus lourd. Plus prémédité. Plus puissant. Il est étranger et familier en même temps. Comme porter le sweat à capuche de ta petite amie.

Je palpe mon menton d'une main et mon visage de l'autre. Il y a une gaine de néoprène couvrant la connexion entre la tête et le cou ; dessous, je peux sentir le début d'une arrête hélicoïdale qui disparaît dans mon cou. Cela explique la douleur dans la nuque : ma tête a littéralement été vissée. Si je devais parier, je dirais que DieuMachine a probablement sectionné ma colonne vertébrale et installé une déclinaison des remplacements vertébraux d'Anderson.

"Bizarre," dis-je tout haut et le regretté-je immédiatement. Ma voix sonne métallique ; je passa la main sur ma bouche et réalise que je n'en ai pas. Il y a des petits hauts-parleurs pour la remplacer. Je peux sentir des vibrations remonter le long de ma gorge, heurter le début de ma langue, et puis s'arrêter. Ma langue semble bizarre : quand je la bouge, il y a de la résistance et une sensation comme des clous qui rayent un tableau en ardoise. C'est logique — les cyborgs n'ont pas besoin de dents. Ou de bouches. Mais les nerfs sont toujours ici, et la sensation de clous contre un tableau en ardoise s'est répandue dans tout mon corps.

Je ne veux même pas imaginer ce qu'il a fait à mon entrejambe.

Pour penser à autre chose que ces effroyables considérations, je continue de palper mon visage. Ma main se referme autour d'un demi-cône métallique saillant du côté de mon crâne, et un rapide examen en révèle un second de l'autre côté de ma tête.

J'ai des oreilles de chat.

Ceci est un développement particulièrement fâcheux.

DieuMachine ne me donne pas la chance d'y réfléchir plus avant. "J'ai placé en toi mes bénédictions. Ton corps, taillé en une machine de guerre à partir d'un ange déchu. Ton esprit, béni par mon ophanim."

"Et les oreilles de chat ?" demandé-je.

Le coin de sa bouche se retrousse. "Un bonus."

Je suis sur le point de lui dire ce qu'il peut faire avec ses bonus quand il claque des doigts. La foule se retire, et ses apôtres glissent du trône pour m'encercler. Des katanas glissent hors de leurs bras.

"C'est pour quoi ?" dis-je.

"Penses-tu que je t'aurais laissée partir sans contempler le travail de mon ophanim de mes propres yeux ?" dit DieuMachine faussement indigné. "Je te ferai attester ses prouesses — et les tiennes. Mes apôtres éprouveront ton acier."

Il se penche par-dessus sa platine et presse un bouton. Une voix éraillée se fait entendre. "Fight !"

Le beat se lance. Les apôtres fondent sur moi.

Des informations jaillissent dans mes yeux. Je vois la composition des katanas de mes adversaires et une surimpression montrant leurs mouvements anticipés. J'esquive l'attaque du premier apôtre et écrase ma paume sur le plat de sa lame, la faisant voler en éclat. Puis je lui envoie mon coude dans le visage. Elle tombe en arrière et un autre apôtre saute par-dessus elle.

Je sens ma langue vibrer de cette horrible manière encore, mais aucun son ne sort. Des informations explosent dans mon visage et sont immédiatement siphonnées. Mon subconscient me dit qu'une analyse acoustique de l'apôtre a détecté une faiblesse structurelle dans son épée d'épaule. Je fais un pas dans sa garde et donne un coup en croix. Son épée bras se sépare immédiatement de son corps.

L'apôtre ne bronche même pas avant de me lancer une mandale. Je l'esquive aisément en me baissant. Contrairement au reste de son corps, son cou est fait de néoprène pour plus de flexibilité. Il est aussi plus vulnérable. Je pourrais facilement arracher les tuyaux de refroidissement à l'intérieur. Avec le genre de puissance que DieuMachine lui a mis sous le capot, il va bouillir vivant en quelques instants. Tout ce que j'ai à faire est de le planter.

Deux heures plus tôt, j'aurai simplement fait ça. Au lieu de cela, j'enroule mes mains autour de sa taille et lui fait un suplex qui l'amène au sol dans un CLANK. Puis je me jette par-dessus lui dans un saut périlleux arrière et me laisse porter vers un autre apôtre. La totalité de mon bassin pivote dans un sifflement hydraulique, envoyant quatre coups de pied tournoyant dans sa face en un quart de seconde.

Elle touche le sol avant moi.

Huit apôtres supplémentaires se précipitent vers moi en même temps. Leurs mouvements sont parfaitement synchonisés ; chaque mouvement de leurs lames occupe un arc dans l'espace qui ensemble me bloquent tout lieu où esquiver. Si j'en pare un, trois de plus vont m'embrocher comme un kebab.

Mais le rush que je ressens est différent des démonarcotiques. Quand je suis sous leur influence, tout ce qui se passe autour de moi va plus lentement. Mais en tant que Cyber-Rukmini, je suis simplement plus rapide. Suffisamment rapide pour détecter les minuscules défauts dans leur fabrication, prédire les trajectoire de leurs taillades parfaites, et déterminer le point optimal où me déchainer pour compromettre leur offensive.

Une énergie nerveuse inonde ce qui reste de mon système nerveux. La voix dans ma tête devient une araignée, grattant au somment de mon cerveau et demandant à sortir. Donc je la laissse faire.

Les ouvertures autour de ma taille rugissent. La totalité du haut de mon corps se dévisse. L'araignée contrôle mes membres comme une marionnettiste, les manœuvrant en des coups et des bonds précis qui dévient les attaques parfaites des apôtres et me laisse esquiver à l'abri. En un instant, une tenaille parfaite devient un trampoline : les apôtres ont logé leurs épées dans leurs épaules respectives, créant une toile d'acier sur laquelle je peux m'abattre.

Huit bras sont déboités de leurs supports. Huit androïdes démembrés font un pas surpris en arrière. Les huit pattes invisibles de l'araignée se délogent de mes membres. Je récupère une épée et un bras au sol et la brandis dans les airs.

Je verrouille DieuMachine du regard. Il dresse la tête. Puis, deux bras parfaits s'étendent. Un pouce pointe vers le haut, l'autre vers le bas. La foule attend en retenant son souffle.

"Ta miséricorde est vaine envers mes apôtres — et déshonore l'art de mon ophanim," dit-il.

"Ce que je fais, avec mon nouveau corps, ne te regarde pas," rétorqué-je.

DieuMachine raille. "Ainsi soit-il." Il claque des doigts, et une silhouette émerge de derrière son trône. C'est moi.

Ou au moins, mon corps. La chose qui était moi est vêtue d'un simple bikini slim blanc et de talons hauts. Ses membres sont les miens — DieuMachine a l'air de les avoir découpés au niveau des jointures et désossés — mais mes nouveaux yeux peuvent discerner les boules sur la poitrine qui trahissent l'endosquelette à l'intérieur, et voir les marques de brûlures où DieuMachine a décollé ma peau pour atteindre mes bits de chair.

Je sens une nausée fantôme quand je réalise qu'il a probablement cousu mes parties à ce putain de truc.

"Tes composés organiques et tes souvenirs me seront fort utiles."

La gynoïde se plante sur l'accoudoir du trône de DieuMachine. Elle pose sa tête sur son épaule et me regarde froidement. Ses yeux et ses cheveux sont bien trop réels — je réalise avec dégoût que ce sont les miens.

Je plisse les yeux. "Bien," dis-je. "Je n'en ai plus besoin à présent."

DieuMachine a un léger rire. "Alors retire-toi."

La foule se sépare en deux pour me laisser passer. Alliott me retrouve à l'entrée, et nous sortons dans la lumière.

La videuse ferme la porte derrière nous. Alors que nous montons l'escalier vers la société normale, Alliott me lance un regard narquois. "Tu crois pas que tu aurais pu lui demander comment utiliser ton nouveau corps ?"

Je hausse les épaules. "Ouais, eh bien… c'est pour ça que je t'ai."

Elle souffle par le nez. "Tu ferais mieux d'espérer être livrée avec une notice. On te ramène à la maison et on s'assure que DieuMachine n'a pas installé un mineur de cryptomonnaie dans ta tête."

Nous montons encore quelques marches jusqu'aux monorails magnétiques. Je glisse une carte prépayée dans le tourniquet.

"En parlant de corps, bon dieu," dit Alliott. "Je croyais qu'il allait vendre quelques-uns de tes morceaux ou quelque chose, c'est ce qu'il a fait avec le mien — pas construire une putain de poupée RealDoll."

"Putain, ne m'en parle pas." Je frémis. "C'était mes membres, et mes putain d'yeux — bordel, je vais devoir revenir là-bas plus tard et la détruire. Lui aussi."

"Compte sur moi," dit Alliott.

"Changeons de sujet," dis-je. "À quoi ça a ressemblé en fait ? Quand il m'a démontée ?"

"Oh, euh…" Aliott marque une pause. "Je ne sais pas."

"Attends, je croyais qu'il m'avait démembrée face à tout ce tas de cinglés."

"Eh bien oui, il a fait cette partie, mais après toute la plateforme chirurgicale s'est retournée sous son trône," dit Alliott. "Il ne voulait pas voir comment la saucisse était faite, je suppose."

"Donc quoi, vous avez juste tous dansé autour tandis qu'il me cybernétisait ?"

"Eh bien… en quelque sorte ?"

"En quelque sorte ? Que veux-tu dire par en quelque sorte ?"

Le monorail magnétique s'arrête dans un léger souffle d'air. Nous entrons à l'intérieur et prenons deux sièges vides à côté des portes. Quelques personnes lancent un ou deux mauvais regards au cyborg, mais nous les ignorons. Mon masque de rave party a été remplacé par une plaque frontale et mes écouteurs à oreilles de chat par de véritables oreilles de chat, mais nous sommes toujours juste un duo de barjos dans une ville de plusieurs centaines.

"Que veux-tu dire par en quelque sorte ?" demandé-je encore.

Alliott mâchonne sa lèvre un moment. "Il a diffusé tes souvenirs à la place. Sur les écrans. À propos de toi et Natasha et Diya et tout ça. Ce qui s'est passé entre vous."

Ma poitrine se resserre. "Oh." Une mémoire fantôme refait surface et soudainement la seule chose qui m'empêche de pleurer est l'absence de conduits lacrymaux.

"Écoute, Alliott — Je ne, je ne sais pas quoi dire, okay ?" murmuré-je.

"Hey," dit Alliott doucement. "Ça ne fait rien. Ça ne fait rien. Tu vois, c'était merdique. Je ne vais pas dire le contraire."

Elle enserre ma main entre les siennes.

"Mais quoi que tu aies fait, Natasha a fait pire. À toi, à moi… à Alex."

J'enlève ma main de son étreinte.

"Tu vois," dis-je. "Natasha et moi… je veux la détester. Mais je me déteste encore plus. Je déteste ce que j'ai fait et je déteste ce que — ce que j'ai laissé se produire et c'est juste entièrement ma putain de faute."

"Non, ça ne l'est pas," dit Alliott. Elle attrape ma main à nouveau. "Écoute. Tu ne l'as pas faite t'arracher ton cœur. Tu ne l'as pas faite travailler pour Oneiroi. Tu ne l'as pas faite tuer ma meilleure amie. Elle a fait tout ça. Tu ne peux pas être ton pire ennemi. Si quelqu'un sait cela, c'est moi."

Je ne mentionne pas qu'Alex a tiré la première.

"Tu ne dois pas avoir de doutes, d'accord ?" dit Alliott avec fermeté. "C'est ce qu'elle veut. Elle veut que tu trébuches ou que tu dérapes ou que tu retournes vers elle tu vaux mieux que ça. D'accord ?"

"D'acord," dis-je.

Alliott me donne un baiser sur la joue. "On va trouver cette salope et l'envoyer sous terre."

Le train atteint notre arrêt.

"Accroche-toi à cette haine, Ruku," dit Alliott lorsque nous sortons sur le quai. "C'est ce qu'elle mérite."

Nous retournons à KMS en marchant la main dans la main. L'Homme du Milieu nous attend dans le hall d'accueil. La première chose qu'il dit quand il nous voit est : "où est mon corset ?"

Je m'arrête avec étonnement. "Ah, merde."

"Oh aller, j'aimais ce corset !" se plaint l'Homme.

"Tu allais le vendre !" dis-je alors que nous rentrions dans l'ascenseur. Mais je suis quand même un peu navrée de le voir parti. J'ai porté ce truc pendant tellement de semaines qu'il avait commencé à se fondre dans ma peau. Maintenant il est tout simplement parti, comme le reste de mon corps.

Mais j'ai quelque chose de bien mieux qu'un corset de combat pour faire mes preuves, et ce quelque chose est la raison pour laquelle nous sommes à KMZ. Au moment où nous pénétrons dans la chambre d'Alliott, nous commençons à trifouiller mon nouveau corps. L'Homme du Milieu découvre un éventail de ports sous mon aisselle. Alliott part à la recherche d'un câble adéquat à insérer dans son ordinateur portable. Elle le trouve sous son lit, enlève la poussière en soufflant, et le branche à mon bras. "Très bien, maintenant voyons quels programmes tu contiens."

Elle tapote sur le clavier pendant quelques instants.

"Okay, hmmm. On dirait que DieuMachine t'a installé Arcvile. C'est une distrib Arch, celle qu'il utilise pour ses apôtres. Super rapide. Donne moi une minute pour lancer un antivirus."

Alors qu'elle regarde l'écran, l'Homme donne une pichenette expérimentale sur mon oreille. Involontairement, un miaulement sonore sort du haut-parleur sur mon visage.

Je mets immédiatement la main dessus. Alliott et l'Homme me fixent tous les deux comme si j'avais un bras qui me sortait du crâne. Puis l'Homme du Milieu donne à nouveau une pichenette sur mon oreille. À nouveau je miaule comme un chat en chaleur et ils explosent de rire pendant les vingts secondes les plus longues de ma vie.

"Bordel, c'est tellement génial," glousse l'Homme, tapotant mes deux oreilles. Alliott repose l'ordinateur portable et se rapproche de moi. Je suis assise là, mon visage en feu alors que les deux tapotent mes oreilles et partent en fou rire toutes les vingt secondes pendant les cinq minutes suivantes. Finalement, Alliott arrête de rire suffisamment longtemps pour vérifier l'antivirus.

"On dirait — on dirait que," dit-elle, pouffant, "que t'es — hehehehe — clean."

Je frappe mes oreilles. "Tu peux faire, je sais pas, un truc pour ça ?"

Son sourire s'étend d'une oreille à l'autre. "Non, je ne — pfffftt — je n'peux pas."

Je ne la crois pas un instant.

"Ça aurait pu être bien pire," dit-elle en connaissance de cause. "DieuMachine est un connard, mais c'en est un d'honnête. Toutes tes entrailles sont à l'intérieur, il n'y a pas de logiciel malveillant, tout ce qu'il a prit était ton ancien corps. Maintenant voyons s'il a laissé un README quelque part…"

Il se trouve qu'il a laissé un paquet de README. Mon nouveau corps est apparemment la mise à jour d'un cadavre cybernétique qui a effectivement survécu à une chute sans protection depuis l'orbite. DieuMachine a ajouté un nouveau revêtement, remplacé le squelette par de la céramique, et —

"Foutu une bombe nucléaire dans ta poitrine ?" dit Alliott. "Okay, non, une batterie nucléaire. Bon sang, qui utilise de l'énergie nucléaire. C'est 2019 — attends, on est en 2019, pas vrai ?"

"Oui."

"Merci. Ouais, c'est deux-mille putain de dix-neuf, il a jamais entendu parler de l'effet thaumelectirque ?"

L'Homme du Milieu fronce les sourcils. "Je n'ai aucune idée de ce dont vous parlez."

"Ouais, désolé, mon mécano thaumique interne. Bref, euh, voyons voir… batterie nucléaire, oooh, propulseurs inductifs pulsés dans les coudes, amortisseurs frictionnels, un moteur de combat prédictif, oh ouais, bras-armes intégrées… Oh ! Tire ton pouce gauche en arrière. Très fort. Pouce gauche !"

J'attrape et maintiens mon pouce gauche, ferme les yeux, et tire. Au lieu d'arracher mon pouce comme je le soupçonnais à moitié, j'entends un mécanisme cliqueter à côté. J'ouvre les yeux .

Mon bras s'est remodelé de lui-même en un gros canon trapu. Mes doigts se sont évasés le long des bords en panneaux incurvés, entrelaçant un canon en argent. Des ailettes se sont ouvertes le long de mon bras, et la partie inférieure de mon bras s'est regroupé en un bloc. Mon pouce a coulissé jusqu’à la moitié de mon bras au niveau du coude. Quinze centimètres d'acier noir foncé sortent du bout — sans doute ces bras-armes qu'Alliott a mentionné. C'est à moitié un mousquet, à moitié une baïonnette.

"Ohhhhh je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça du tout," dis-je.

L'Homme du Milieu a l'air presque vert.

"Ne t'inquiète pas," dit Alliott. "Pousse ton pouce et remets-le en place."

J'enroule ma main autour de mon pouce et pousse. Il y a une résistance au début, et je suis terrorisée à l'idée que mon pouce se casse net. Mais il coulisse alors proprement et se remet en place. En faisant ça, mon bras se remodèle de lui-même : les joints de ventilations se sont refermés, le bloc s'est étendu, et mes doigts glissent le long des rails et se remettent en position.

Je fléchis la main prudemment. Elle fonctionne bien.

"Dieu merci. Okay," dis-je. "Voyons comment ces bras-armes fonctionnent."

Je fléchis mes poignets à titre d'essai. Une paire de tantos intégrés glissent de mes poignets et empalent les coussins du sofa.

"Ah, 'chier," dis-je. "Il fallait que ce soit des tantos."

"Qu'est-ce qui ne va pas avec les tantos ?" dit Alliott.

"Le Geist de Chicago adore les tantos."

"Ohhh," dit Alliott pensivement. "Les weebs Nazis."

"Ouais."

"Je peux arranger ça," dit-elle. Elle fouille dans les corbeilles et revient avec une paire de larges lames d'argent à la pointe aplatie. "Ces trucs s'appellent des khandas. Ce sont en gros des glaives d'Inde. Là, jette un coup d’œil."

Je tends la main et attrape la lame dans ses mains. Elle a un poids satisfaisant, et j'aime pas mal l'idée de remplacer mes lames de weeb par de l'acier indien.

"Tu peux les adapter pour moi ?" demandé-je.

Elle acquiesce. "Donne-moi une minute pour trouver mes outils."

"Oh, merci !"

Alliott me fait un clin d'oeil. "C'est pour moi." Elle récupère une perceuse et un ensemble de tournevis et se met au travail, dévissant les plaques protectrices sur mes poignets pour exposer le câblage en-dessous. Directement sous les fils, on peut voir les étroits boitiers translucides contenant les tantes.

"Les logements sont trop petits," dit Alliott. "Aller, on doit en faire de plus gros."

Quelques minutes plus tard, nous sortons de l'ascenseur dans le laboratoire ouvert au quatrième étage. Deux personnes rentrent derrière nous, transportant une combinaison MJOLNIR grandeur nature. Il y a une fille avec ce qui est presque certainement de véritables oreilles de renard qui papillonne entre quelques découpeurs laser dans le coin. Sur les tables centrales, quelques personnes cousent du Nomex dans la doublure de leurs habits de skater. Il y a un cyborg assis dans une chaise de dentiste contre le mur, surcadençant son propre cerveau positronique. Quelques personnes trainent à côté d'une borne Pac-Man, buvant de la bière brassée maison.

C'est sympa de voir que certaines choses ne changent jamais.

Alliott me guide jusqu’à la section cosplay de l'étage. Elle me fait m'asseoir en face d'une longue table et reposer mon bras dessus. Elle prend plusieurs mesures de mon bras exposé, griffonne des nombres sur un bloc-notes, puis glisse vers un ordinateur à proximité et ouvre un logiciel de CAO. Je la regarde modéliser une grosse boite en plastique avec un ressort chargé au fond, puis envoie cette donnée à l'imprimante 3D. En quelques minutes, il crache une paire de boitiers translucides de la taille de khandas avec des vis qui s'alignent parfaitement avec les trous de mon bras.

Alliott lâche les deux boitiers sur la table et se lance dans de la chirurgie électronique sur mon poignet. Alors qu'elle débranche les câbles et les regroupe ensemble pour accéder aux tantos, un froncement se forme sur son visage. "Hmm… La fixation du boitier est connectée à ton câblage sensoriel. Ça va faire mal, mais on ne peut rien y faire. Je vais faire aussi doucement que je peux cependant, d'accord ?"

Je fais un bruit d'expiration. "Fait juste ce que tu dois faire."

"C'est toi qui l'a dit, pas moi," réplique-t-elle. Elle prend un tournevis et commence à dévisser les coins du boitier. Je sens mon bras se défaire et inspire profondément. Alliott marque une pause et serre ma bonne main de manière rassurante.

"Pourquoi est-ce que je ressens des trucs tellement bizarres ?" dis-je.

Alliott hausse les épaules. "DieuMachine ne pense pas vraiment comme nous - son numéro d'empereur romain est juste un enrobage de personnalité. Je ne pourrais pas te dire à quoi il pensait quand il a conçu les parties les plus bizarres de ce corps."

Alliott prend un tournevis et force le boitier à s'ouvrir. Il s'entrouvre vers l'extérieur. Surprenamment, mon bras va bien mieux quand c'est fait. J'expire de satisfaction. "La baise maintenant !"

Elle renifle. "Tiens-moi ça, veux-tu ?"

"Hein ?"

"Les khandas. On doit les foutre dans les boitiers."

"Oh !" De ma bonne main, je plante la large lame sur la table. Alliott glisse délicatement le boitier en place autour, s'arrêtant une fois qu'on entend un click. Puis elle pousse le khanda dans mon poignet et le rabat vers le bas. Ça fait un mal de fils de pute.

"Ppputain !" sifflé-je.

"Désolée !" s'exclame Alliott. "Désolée - désolée !"

"Ça… ça va," dis-je faiblement. "Ne te préoccupe pas de ça." Je ne savais pas que les cyborgs pouvaient avoir des douleurs palpitantes.

Alliott visse précautionneusement le boitier en place, reconnecte les câbles dans mon bras, et glisse mes plaques de protection de poignet en place. "Tu veux essayer ?" dit-elle.

Je me lève délicatement et donne un coup de poignet. Un glaive d'un demi-mètre glisse hors de mon bras. Je l'agite à titre d'essai. L'arme a l'air bien plus lourde que les tantos ; c'est satisfaisant sans être encombrant. Cinquante centimètres d'acier hindou contre trente de japonais ? L'acier hindou gagne.

"Ça valait le coup," dis-je.

Nous répétons le processus avec mon autre main. C'est un peu plus compliqué, à cause du bras canon à l'intérieur, mais Alliott est bonne à ce qu'elle fait. Je me suis même habituée à la douleur.

Alliott approuve d'un acquiescement en m'observant m'exercer avec mon armement de corps à corps. Au moment où je rétracte les lames, elle tend le bras et donne une pichenette à mon oreille. Je fait la moue, ou fait ma meilleure imitation d'une.

"Tu es mignonne quand tu croises les bras," dit-elle.

"Oh bon sang, prenez une chambre," dit l'Homme du Milieu. Je n'avais même pas réalisé qu'il était monté avec nous.

Alliott lui jette un regard. "Je l'ai fait."

"Eh bien, allez l'utiliser."

Elle ricane vers lui et attrape mon bras. "Bien. Viens. C'est de DieuMachine qu'on parle — il doit avoir installé des augmentations pour le pieu. Je veux voir de quel type."

"Hein ?!" dis-je, surprise. "On ne devrait pas — je veux dire, on va — on ne devrait pas planifier comment entrer par effraction sur la Lune ?"

"Si c'est égal pour toi," dit Alliott, me tirant vers l'ascenseur, "je préférerais passer directement à la baise."


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