Hurleuses Fêtes

24 décembre 2015
9 h 55

Noël à Sloth's Pit a toujours été chaotique, mais c'était quelque chose de différent. C'était obligé d'arriver tôt ou tard ; les cycles lunaires s'étaient alignés de manière à ce que la nuit de la pleine lune allait être à Noël. Enfin, le réveillon de Noël, mais tout de même.

Le Site-87 avait surveillé la population loup-garou durant des années. À la tête de ce programme se trouvait la directrice du Département des Maladies et de la Médecine Anormale, Virginia Bering. Elle aurait dû passer sa matinée avec un café, à emballer des cadeaux pour sa nièce, ou regarder le marathon de films de Noël sur ABC. Au lieu de ça, elle roulait dans la ville, à faire du porte à porte pour enregistrer les cas de lycanthropie.

"On commence par qui ?" demanda-t-elle en retirant quelques cheveux blonds de son visage. Elle conduisait une Sedan blindée et la personne à qui elle parlait était assise dans un siège à l'arrière, lisant une liste de noms.

Le Dr Jason Hendricks du département de cryptozoologie frottait sa tache de naissance en forme de poisson et regarda la liste. "Harold Albany, au 10 Maple. Il est avocat, il a une femme et un enfant qui sont au courant de son état. Faites attention à lui, il a été plutôt négligent avec ses médicaments."

"Quelle classe de lycanthropie ?"

"Classe… 3. Involontaire, à demi-conscient. Il sait ne pas manger quelque chose lui étant proche…"

"Mais le chien du voisin est une proie idéale. Ça aurait pu être pire," dit-elle.

"Ouais, je crois qu'on n'a pas eu de Classe-5 en ville depuis les années 80." Il indiqua le rapport. "C'étaitun sacré merdier apparemment."

"C'est une description bien loin de la réalité," Bering souffla du nez. "Tu ne t'es jamais demandé pourquoi Clark Avenue n'avait aucune maison ?"

Il chercha sur la tablette sur laquelle la liste était affichée. "… Tu ne vas pas me dire qu'un loup-garou a détruit toutes les maisons sur Clark Avenue."

"Je n'ai pas dit ça. Je dis que nous avons dû détruire toutes les maisons sur Clark Avenue après qu'il a réussi à répandre sa maladie dans toutes les maisons du quartier."

"… Je pensais que seules les morsures étaient infectieuses." Hendricks haussa les sourcils.

"C'est ce qu'ils pensent tous. Les morsures sont infectieuses pour les Classes 2, 3, et 4. Chez un Classe 5, tout son corps peut transporter la maladie. En plus, on doit détruire la totalité d'un Classe 5. En laissant ne serait-ce qu'un poil, qu'une griffe, quoi que ce soit de non-détruit, il se régénère la pleine lune suivante et en colère." Elle se retourna pour le regarder. "Tu viens de Cleverland, Hendricks, c'est ça ?"

"Oui," Hendrick se passa la langue sur les lèvres ; elles étaient sèches. Il avait besoin d'eau, de café, de quelque chose. "J'ai commencé à la Fondation au Site-99 à Chagrin Falls, d'ailleurs. Pourquoi ?"

"Cleveland a dû s'occuper de trois Classe 5 dans les années 80. C'est un miracle que la moitié de la ville n'ait pas été réduite en miettes."

"Bon Dieu," lança-t-il en regardant par la fenêtre alors qu'ils tournaient à l'angle de Maple Street. "C'est la première fois que j'en entends parler."

"On est arrivés," lit Bering en garant la voiture devant une grande maison blanche au porche recouvert de neige. Là, un homme vêtu d'une doudoune mauve était en train de le déblayer. Virginia arrêta le moteur et sortit dans la neige. "M. Albany ?"

"Hmm ?" L'homme leva les yeux vers Bering, qui recula. Ses yeux cachés derrière les verres de ses lunettes étaient ceux d'une bête ; jaunes, sauvages, l'air de pouvoir craquer à tout moment. "Vous voulez quoi ?"

"M. Albany, je suis le Dr Virginia Bering de S & C Plastiques," dit-elle. "Je suis là pour m'assurer que tout va bien. La pleine lune est ce soir et—"

"Mais bordel," lança-t-il, exaspéré. "Vous devez me regarder prendre mes médicaments ? Tous les mois j'ai cette discussion. J'ai oublié de les prendre une fois et maintenant votre bande de connards vient sonner chez moi tous les mois. Je peux pas vivre en paix ?"

"Monsieur, d'après notre accord passé avec la mairie, nous devons rendre visite à chaque citoyen touché par une maladie anormale comme la lycanthropie ou au syndrome de Stevenson-"

"Bah je prends mes foutus médocs. Je les prends tous les soirs et je double la dose à chaque putain de pleine lune." Il ouvrit légèrement sa doudoune et révéla un collier en métal autour de son cou. Il était discret, proche de la peau, mais un col roulé par-dessus aidait à le porter. "J'ai mis ça la nuit dernière."

"Hmm," Bering réfléchit, sortit son téléphone et s'avança du collier, faisant passer par-dessus un capteur dans son téléphone. "Le collier suppresseur fonctionne. C'est bon. Désolée de vous avoir dérangé."

"Ouais, ouais," grogna-t-il. "Et pendant que vous y êtes, demandez au comté c'est quoi le problème avec leurs saleuses."

"Leurs saleuses ?" Virginia fronça les sourcils et regarda la route. C'était imperceptible depuis la voiture qui avait des pneus de compétition, mais la route était gelée. "C'est bizarre. Je vais demander d'appeler l'administration à Superior."

M. Albany retourna au déblayage de son porche, tandis que Hendricks et Bering retournaient dans la voiture. "Maintenant que vous le dites," Hendricks réfléchit. "Je n'en ai pas vu une seule de toute la semaine."

"Peut-être qu'ils n'avaient plus de sel." Elle haussa les épaules. "Et puis ce n'est pas vraiment une priorité pour le moment. Les écoles sont fermées pour les vacances de Noël et la plupart des entreprises sont fermées pour les fêtes."

"Ils doivent passer par Baby Bone Wood, non ? Peut-être que l'Homme-Chèvre en a eu marre de se faire réveiller."

"Je vais demander à quelqu'un du site d'appeler l'administration du comté pour enquêter. Pour le moment… on a un boulot à terminer."


13 h 41

"Deux triples mochas, un à la chantilly sans lactose et à la cannelle, l'autre avec supplément crème et flocons en chocolat." Le barman un homme large et chauve nommé Rudy, souriait en tendant leur boisson aux docteurs. "Bonne dégustation."

"Merci Rudy," Hendricks hocha la tête avant de prendre une gorgée. Les deux collègues avaient décidé de prendre une pause après avoir fait la moitié de la liste. "On avance bien," songea-t-il à haute voix en essuyant la cannelle de ses joues. "À ce rythme on aura terminé d'ici 17 h. Largement en avance pour la soirée."

"Je n'aime pas trop les pauses," répondit Virginia en prenant une gorgée de sa boisson, "mais bordel ce que c'est bon. Qui est le prochain sur la liste ?"

"Heu," Hendricks regarda la liste. "Voyons… Ah ! Ian Kramer, il vit dans l'immeuble Crystal Lake. C'est un agent de voirie, il arrondit ses fins de mois en tant que Père-Noël aux soirées de Noël en ville. Il travaille en tant que… conducteur de saleuse." Il fronça les sourcils et se mit la tête dans les mains. "Oh merde, non."

"… C'est peut-être une coïncidence cette fois." Bering fit un sourire forcé. "Je veux dire, il y a plein de conducteurs de saleuses en ville."

"Avec tout mon respect, Dr Bering," Hendricks soupira, "Tu es assignée à cette ville depuis plus de cinq ans de plus que moi. On sait tous les deux que les coïncidences n'existent pas dans les limites de la ville."

"Et puis merde," elle bu cul-sec le reste de sa boisson, sans tenir compte de la sensation brûlure dans sa gorge. Elle reprit son souffle et, d'une voix enrouée, demanda : "Est-ce que ça dit au moins sa dernière position ?"

"Non, ce n'est pas précisé. Je suppose qu'on devrait aller voir sur son lieu de travail, qui se trouve…" Il fouilla la liste sur la tablette. "Qui se trouve au bureau de la voirie sur Bray Road, au nord de la ville, vers la route pour aller à Duluth. On y va." Il se leva.

"… Des sapins de Noël tueurs une année, des Pères Noël-garous la suivante." Virginia soupira. "Bon Dieu, au moins 2016 ne pourra pas être pire."


14 h 10

Ils n'avaient pas eu le temps d'arriver au centre technique de la voirie qu'ils voyaient déjà l'accident.

La salière était à peine visible depuis la route, mais Hendricks avait réussi à l'apercevoir, une petite crête rouge dépassant du fossé couvert de neige. On aurait dit qu'elle avait dévié de la route pour tomber dans la rivière gelée. Heureusement, il était plus bas que le réservoir et le sel ne semblait pas s'être échappé.

Le Dr Bering rapporta l'accident et s'avança pour inspecter le véhicule. "Alors, c'est un lycanthrope déclaré," dit-elle d'un air pensif. "Mais pourquoi il conduisait la nuit avant une pleine lune ? Il devrait savoir mieux que personne qu'il ne faut pas utiliser de machine à ce moment."

"Peut-être a-t-il oublié de prendre ses médocs." Hendricks haussa les épaules et descendit dans le fossé, remerciant ses habits chauds. "Dieu sait que l'aconit n'est pas facile à trouver en Amérique." Il jeta un coup d'œil vers la cabine du conducteur et grimaça. "Ouep."

"Quoi ?"

"C'est bien un corps. Il a l'air bloqué entre humain et… eh bien, tu vois. Bordel." Il se redressa et regarda Bering. "La colonne de direction est passée à travers son torse. Et.. viens."

"Une seconde." Virginia descendit prudemment le long de la pente et retrouva Hendricks. En effet, dans la cabine se trouvait le corps tordu d'un loup-garou, revêtu d'un bonnet de Père-Noël, une fausse barbe, et un manteau rouge. "Bordel de merde."

"Il devait être parti au boulot juste après son petit spectacle, pauvre gars." Hendricks soupira. "Mince. Un Papa-Noël-Garou. Ça c'est pour les archives."

"Je suis sûre que Pickman trouvera un moyen pour embellir cette histoire. Il avait de la famille ?"

Hendricks regarda le dossier de M. Kramer sur son téléphone et trouva la section sur les proches. "Heu, non. Il a une ex-femme mais c'est tout."

"Tant mieux, je suppose." Elle commença à remonter la pente en plantant ses pieds et se penchant en avant pour éviter de chuter.

Hendricks recula et commença à la suivre. "Ce sera tout de même fascinant de le disséquer. La transformation s'est arrêtée si brusquement qu'il n'a pas eu le temps de redevenir humain avant de mourir."

Les sourcils du Dr Bering rencontrèrent sa frange. "Tu sais, Jason, ça me surprendra toujours que tu sois terrifié par les insectes mais que ton estomac puisse supporter la dissection d'un loup-garou."

"Les loups-garous ne peuvent pas te rentrer dans le nez pour atteindre ton cerveau."

Virginia réfléchit à cette affirmation, essayant de trouver une objection avant de se décider. "Je… Je ne peux pas débattre là-dessus."

Cinq minutes plus tard, une unité de confinement de la Fondation était arrivée avec une dépanneuse industrielle et des piques à glace. Parmi eux se trouvait l'Agent Nicholas Ewell portant un bonnet de Noël sous son casque portant l'insigne Σ10— Les bras des Paresseux. L'attache du casque était visible et attira un regard dubitatif de la part de Hendricks et Bering. "Quoi ?" demanda-t-il. "Je n'ai pas le droit d'avoir l'esprit de Noël, aussi ?"

"Je me demandais juste pourquoi tu le portais sous le casque," répondit Bering. "Bref. Tu penses que tu gères ? On doit encore finir nos tours. Qui est notre prochain, Hendricks ?"

"Heu…" Il regarda le document. "Jacob Loman. 20 Elm Street, Classe-2. Puis six autres."

"Hmm." lança Virginia alors que l'unité commençait à sortir la saleuse du fossé. Elle vit une grande quantité de sang sortir de la cabine et un long bras poilu pendait. "Sacrée façon de partir."

"On va le sortir de là et le mettre dans l'un de tes labos pour ce soir, Dr Bering." Ewell roula des épaules. "Vous faites quelque chose de spécial pour Noël ?"

"Je vais probablement partir voir ma nièce," répondit Bering. "En espérant que rien ne m'arrive, je serai de retour d'ici demain matin."

"Personnellement je ferai comme d'habitude," dit-Ewell. "À la fête de Noël habituelle en essayant de faire en sorte que le site ne parte pas en sucette comme l'année dernière. On trouve encore du gui et de la myrrhe dans la ventilation. Le Poirier n'arrête pas de nous causer des soucis avec ça."

"Tu vas encore appeler le pauvre Dr Partridge comme ça ? Ça fait un an, bordel, cet homme est malade." Hendricks croisa les bras. "Il va toujours à l'infirmerie parce qu'il pisse du jus de poire."

"Désolé," Ewell balbutia en se tenant les mains. "Les habitudes ont la vie dure, ça veut dire que plus personne ne t'appelle Tue-Mouches maintenant."

Hendricks lui jeta un regard noir et retourna dans la Sedan.

Ewell se tourna vers le Dr Bering. "Toujours un sujet sensible ?"

"Un connard anonyme lui a offert une bombe de Raid pour son anniversaire. Donc, ouais." Elle fit une grimace et retourna dans la voiture.


17 h 30

"Et c'était le dernier, enfin," dit Hendricks, les yeux fatigués alors qu'il fermait la liste. "… Dr Bering ? Est-ce que les Classes 1 sont habituellement aussi… amicaux… lorsqu'ils sont transformés ?"

"Je ne sais pas et je ne veux pas savoir," répondit-elle en enlevant la fourrure de ses genoux. "Pourquoi quelqu'un voudrait devenir volontairement un loup-garou, j'en ai aucune idée."

"Tu devrais peut-être demander au Dr Sinclair," lança Hendricks alors que la voiture peinait à démarrer dans la froideur de l'hiver malgré les tentatives de Virginia. "Elle a quelques livres sur le sujet."

"Quoi, de vieux grimoires poussiéreux ?"

"Léché par l'Amoureux du Lupin par Bram Stroker. Pas Stoker. Stroker. Il est sur l'étagère dans son bureau et elle oublie de le cacher quand des gens entrent."

"… J'aurais aimé que ce site ait un accès libre aux amnésiques," Le Dr Bering se tut alors qu'elle démarrait la voiture et se dirigeait vers le complexe principal de S & C Plastiques.

Depuis l'extérieur, S & C Plastiques ressemblait à un bâtiment industriel lambda, quatre étages de pierre marron et de coins pragmatiques, sans décoration quelle qu'elles soient. Il avait un panneau lumineux avec un slogan passe-partout semblant changer tous les mois. Ce mois-ci, il disait "Mener le monde dans les technologies plastiques". Ils se garèrent dans le parking principal à l'avant du bâtiment et se dirigèrent dans ce dernier en scannant leur badge RFID en entrant.

À l'entrée, la réceptionniste leva les yeux dans leur direction. "Dr Bering, il y a un message pour vous de la part de l'Agent Ewell."

"Qu'est-ce que c'est ?"

La réceptionniste sortit une carte et lut d'une voix monotone : "Vous êtes où bordel, j'essaye de vous téléphoner depuis une heure et demie, le putain de corps dans la saleuse a disparu, on dirait qu'il s'est enfui, appelez-moi."

Le cœur de Virginia manqua un battement et elle jeta un œil à Hendricks avant de s'élancer vers l'ascenseur. Il lui emboîta le pas. "Le corps a disparu ?" demanda-t-il en appuyant sur le bouton dans la foulée. "Il s'est enfui ? S'il te plaît ne me dis pas qu'on doit s'occuper d'un Zombie-Loup-Garou-Père-Noël…"

"On doit s'occuper d'un Classe-5."

"Dieu merci," soupira Hendrick. "Zombie Papa-Noël était assez horrible comme ça."

"Hendricks, un Classe-5 c'est horrible. Il s'en est sorti avec une colonne de direction dans le torse ! Tout ce qu'il touche pourrait être infecté de lycanthropie. Ce site doit être mis en quarantaine. Il faudra mettre en place des procédures HAZMAT. Le site entier doit être couvert de cannelle—"

"Attends, de cannelle ? Sérieusement ?" demanda Hendricks d'un air étonné.

"La cannelle est hautement neurotoxique pour les canidés et peut neutraliser une infection secondaire de lycanthropie sans endommager les cellules humaines. C'est pas parfait, mais avec les fêtes on en a beaucoup sous la main."

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent à l'étage de traitement et ils tombèrent face à un spectacle atroce. Les chercheurs étaient tous effondrés, vomissant, se grattant la tête, marmonnant et grognant de faim. "Oh-oh."

"Où est la salle de pause ?" lança Virginia.

"Heu… Deuxième à gauche puis à droite," répondit Hendricks, courant devant ses collègues évanouis. "Mais sérieusement, de la cannelle ?"

"Oh, ta gueule !" lança-t-elle en courant avec lui. Ils entrèrent dans la pièce où ils trouvèrent une silhouette malheureusement familière affalée sur l'évier en vomissant. Les courts cheveux roux et les bras cicatrisés de Katherine Sinclair étaient visibles sur le comptoir, accompagnés de nausées. "… Bordel de merde c'est pas bon."

"Sinclair," lança Bering. "Écoute-moi. Où est le lait de poule ?"

Elle leva les yeux vers le docteur, ses yeux devenant légèrement jaunes. "… Lait… de poule ?.. Frigo ? Deuxième ét…" Elle vomit à nouveau dans l'évier. "Bordel, il se passe quoi, Virginia ?"

"Tu as été infectée par un pathogène lycanthropique. Si on agit maintenant, la cannelle là-dedans pourrait le soigner."

"Tiens," dit Hendricks en le sortant du frigo. "Bois directement dans la brique."

Sinclair s'appuya sur le comptoir et se laissa verser le lait de poule dans la bouche. Au moment où ce dernier toucha le fond de son estomac, son état commença à s'améliorer, la faisant haleter et s'essuyer les lèvres. "… D'accord, la cannelle. Merci à tous les deux."

"Il n'y a pas assez de briques pour l'étage là-dedans," lança Hendricks. "Merde."

"Il y en a dans mon labo au sous-sol 5. Il est derrière— vous savez quoi, je vais aller le chercher." Elle sortit de la salle de pause, esquivant les différents collègues malades autour d'elle.

"Quel dommage," soupira Henricks. "Certains auraient fait d'incroyables sujets de test."

"… Et ça ne t'aurait pas dérangé de voir le Dr Mattings grièvement blessé."

"Tu m'en veux ? Ce mec est un connard."

"C'est pas important. Maintenant on doit trouver où Kramer se dirige et comment on va pouvoir l'arrêter avant qu'il ne se change."

Hendricks se tapota la tête, écarquillant les yeux. Oh-oh."

"Quoi ?"

"… C'est le réveillon. Il arrondit ses fins de mois en tant que Père-Noël. Bordel de merde, il avait le costume."

"Certes, mais il ne se mettrait jamais quelque part où il serait un danger pour autrui. Les loups-garous ne sont pas intrinsèquement mauvais."

"Très bien, tu es un vrai docteur médical. Dis-moi, même avec les capacités régénératrices de ce truc, quels seraient les effets d'un accident de ce genre ?"

"Heu…" Virginia commença à faire les cent pas, se remuant les méninges. "Il se soignerait plutôt rapidement de tous les dégâts centraux une fois toute obstruction retirée… Les extrémités pourront prendre un peu plus de temps. Normalement, un accident de cette ampleur peut mener à de sévères commotions, résultant en une perte de mémoire, de la désorientation, et toutes sortes de saletés. Un être avec des capacités régénératrices similaires à un Lycanthrope de Classe-5 peut généralement se remettre de dégâts cérébraux de ce genre en 24 heures, supposant que le sang puisse circuler correctement."

"Et je dirais qu'une colonne de direction dans le torse pourrait fortement empêcher ça." Hendricks leva les yeux alors que l'odeur de cannelle commençait à sortir des bouches de ventilation ; Sinclair devait avoir commencé à en distribuer. Les gémissements du couloir commençaient déjà à s'atténuer. "Dans le meilleur des cas, il se balade non loin d'ici, complètement paumé et répandant sa connerie de loup-garou de toutes ses plaies encore ouvertes."

"Ouais, t'as raison. Vas chercher Ewell, Pryce, February… tous ceux de la force d'intervention que tu peux trouver et dis leur de nous retrouver à l'entrée, d'apporter de l'argent et de la cannelle. Beaucoup de cannelle. Je déteste devoir faire ça, mais si le pire devait arriver…"

"On va devoir l'achever," Hendricks hocha la tête. "J'ai un peu d'argent colloïdal dans mon labo que je peux aller prendre."

"Vas-y," dit Virginia en se dirigeant vers l'ascenseur. Sur la route, ils passèrent devant le Dr Sinclair. "Bon boulot avec la cannelle, Kat, on t'en doit une !"

Katherine Sinclair était paralysée, mystifiée. Elle était revenue pour leur dire qu'elle ne trouvait pas la cannelle, mais non seulement on la remerciait pour ça, l'étage entier sentait abondamment la cannelle.

La première réaction qu'elle eut lorsqu'elle vit les Dr Bering et Hendricks entrer dans l'ascenseur fut : "Oh-oh."


19 h 35

"Le soleil est couché depuis une heure," Ewell jura alors qu'il conduisait le 4x4 blindé. "Bordel, la Lune va bientôt être visible et on sait toujours pas où il est."

"Et bien on ferait bien de le trouver rapidement," grogna Seren Pryce en vérifiant son fusil pour la dixième fois depuis leur départ. "Sinon c'est la merde. Presque autant la merde qu'en 2008 !"

"Rien ne sera pire qu'en 2008," cria Raymond February. "On est sûr de ne pas pouvoir le traquer ?"

"Notre seul espoir actuellement c'est de le trouver et prier," dit Bering, regardant son petit pistolet à baril, chargé en balles d'argent. "D'ailleurs, la Lune ne sera pas entièrement visible avant 23 heures. On s'en sort bien."

"J'espère qu'on pourra l'arrêter sans faire trop de dégâts," marmonna Raymond, vérifiant le viseur de son fusil.

Serein éternua et se couvrit la bouche. "Fondation et "pas trop de dégâts" ne sont jamais utilisés dans la même phrase. Et toi, Tue-mouches ?" Elle lança un regard détestable à Hendricks. "Rien sur le radar ?"

Hendricks fusilla Pryce du regard et alluma le radar policier sur son téléphone. "Comme d'habitude ; des fêtes de Noël qui tournent mal, de l'ectoplasme dans les toilettes de l'école, un ou deux autres témoins de l'Homme-Chèvre—"

"Qu'est-ce qu'il fout ?" demanda Seren. "Je pensais que c'était Halloween son truc."

"… Il va apparemment au Jardin Noir pour acheter de la viande. Va savoir pourquoi." Il regardait les murs, instinctivement, s'attendant à une ouverture. Le radar bipa, récupérant son attention. "Attendez, taisez-vous."

« Unités vers Gore Road, on, heu, on a un signalement d'un homme dans la trentaine qui se balade dans le coin. Le sujet porte un costume de Père-Noël et est couvert de sang, on peut avoir une confirmation ? »

"Vous entendez ça ? Gore Road."

"On est parti." Ewell alluma sa sirène et fonça dans les rues de Sloth's Pit, ratant de peu un groupe de chanteurs de Noël. Ce n'est pas comme si l'inverse aurait dérangé qui que ce soit.

Ewell hocha la tête et regarda par la fenêtre côté conducteur alors qu'il tournait dans Gore Street. "Bordel, il est pas là !"

"… Et pour les soirées de réveillon ?" demanda Hendricks.

"Qu… Ouais, y'en a. Attends, merde, je le vois rentrer !" Il fit piler la voiture. "Putaindebordeldemerde il va contaminer toute la zone !"

"Bouge !" lança February, préparant son fusil. Pryce s'avança dans la rue, où elle envoya un grappin sur le balcon d'un modeste chalet. Elle s'installa dessus, attendant une fenêtre de tir si besoin de tirer il y avait.

"… Mon Dieu, vous saignez ?"

Ce n'était jamais une bonne chose à entendre dans une soirée de réveillon. Ewell, February et les deux docteurs s'avancèrent de la porte d'entrée, où ils virent Ian Kramer, le torse et la bouche couverts de sang, son costume de Père Noël en lambeaux, en train de discuter avec une femme dans la soixantaine, probablement la propriétaire.

"N… Non," répondit Ian. "C'est juste de la menthe poivrée."

"Vous êtes couvert de sang ! Bon Dieu, Ian !" Elle recula et leva les mains au ciel. "Je vous ai demandé de faire le Père Noël et vous revenez couvert de sang. Quel enfer ! Je…" Elle toussa, se raclant la gorge. "Je veux juste une soirée de réveillon, normale…" Elle toussa à nouveau, de la poudre noire sortant de la bouche. "Et agréable pour mes petits…" Elle s'écroula en convulsant.

"Heu," dit-il, l'air absent. "J'imagine que ça veut dire que je peux entrEEERRRRR." C'était le son qu'il fit après que February se soit faufilé derrière lui avec un taser. Il le rattrapa et prit une gorgée de lait de poule pour prévenir l'infection.

Hendricks, de son côté, versa un mélange d'eau et de cannelle dans la bouche de la femme et pencha sa tête en arrière. C'était l'idée de February en-cas d'allergie à l'œuf. Comme Pryce l'avait dit : "Tu sauves la ville de putain de loups-garous et tu te préoccupes de foutues allergies. Bordel."

"Bien," lança Ewell en aidant February à le porter dans une remorque à l'arrière de la camionnette de la force d'intervention, prévue pour le confinement de matière dangereuse. "Maintenant on le fout en confinement, on fait gaffe à pas choper la loup-garougeole, et on échange les cadeaux."

"Je préviens qu'on rentre," dit Hendricks en montant à l'avant. "Équipe 25 en retour vers le site, nous avons un individu dangereux demandant un confinement, pouvez-vous confirmer, terminé." Il n'y eut aucune réponse. "87, ici Sigma-10, équipe 25, on a attrapé un individu anormal dangereux, vous me recevez ? Terminé." Toujours pas de réponse. "… C'est pas bon signe."

"Ils sont peut-être sortis s'amuser." Le ton de Virigina était plein d'espoir.

"… Je ne pense pas, les gars," lança Pryce dans son oreillette. "À tous… Vous avez déjà joué à Silent Hill ?"

"Nan."

"Hu-uh."

"Pas du tout."

"Le deux était le meilleur," affirma February. "Pourquoi ?"

"Parce qu'il y a une grosse nappe de brouillard au QG. Je ne peux rien voir à travers. Et… Je ne suis pas sûr mais je pense que c'est rouge et vert."

"Bon," Bering soupira. "C'est juste génial. Tu sais, on pourrait se dire que cette ville bannirait toutes les fêtes à ce niveau, pas juste le 4 juillet."

"L'Oncle Sam n'a jamais volé l'âme de ceux n'ayant pas levé de drapeau américain à Pâques. Lady Liberty n'a jamais piétiné les vergers de pommes le jour de la Saint-Valentin. Et George Washington n'a jamais chevauché un cheval fait de cristal dans la rue en cherchant à manger le cerveau de ses opposants à Halloween." Ewell soupira et regarda Kramer alors qu'il était emmené dans la remorque. "… Et maintenant ?"

Pryce était maintenant descendue de son perchoir. "… On prend la caisse, on va au Jardin Noir et on attend que ça se tasse ?"

"Qu-" Hendricks se coupa. "Avec une unité de confinement sans surveillance ? T'es malade ?!"

"Je ne pense pas qu'on devrait boire en service non plus…" ajouta February.

"Ouais, maintenant que tu le dis… Mais bordel, j'ai faim et la soirée n'est plus une option. On ne peut pas combattre les horreurs de l'univers le ventre vide."

"Je suis d'accord avec elle sur ce coup," Ewell monta dans le véhicule. "Allez. On va le déposer au site auxiliaire et j'irai chercher des burgers."


22 h 00

Le site auxiliaire était plus un bunker qu'autre chose ; pouvant supporter une explosion d'une demi-mégatonne de l'intérieur et pouvait être totalement isolé de l'extérieur. Sa seule partie visible était un dôme de béton au milieu de la forêt, à un kilomètre du parc du Mémorial de Kamp Krakkow. Rien d'associé directement à l'histoire de la ville n'aimait s'aventurer ici ; Virginia avait déjà entendu Sinclair en parler comme d'une "cicatrice psychique".

Ils s'assirent en haut du dôme, dans le froid, mangeant leur repas respectif. Pryce avait fini depuis longtemps et observait le site à travers des jumelles. "Toujours aucun signe de levage," elle soupira. "Putain, la moitié de mon équipe est là-bas. Ils foutent quoi ?!"

"Je ne peux toujours pas joindre qui que ce soit au téléphone ou à la radio," dit Hendricks en posant son téléphone. "C'est jamais bon signe. La dernière fois que 87 a eu une coupure complète de communication c'était à Noël en 2008."

"Bon Dieu, j'espère que ce n'est pas un événement récurrent." Le corps de Virginia tremblait comme s'il y avait un tremblement de terre. "J'en fais encore des cauchemars. J'y vois les doigts en sucre d'orge au-dessus de moi…"

À ce moment, Pryce descendit de son perchoir sur un arbre à proximité. "Eh bien, si on est les seuls survivants, j'imagine qu'on sera par défaut à la tête de l'administration de 87."

"Ouais, mais ça voudrait aussi dire que tout le monde est mort, donc c'est un point négatif," rétorqua February en la fixant. "Hendricks, tu ne veux pas essayer de rappeler ?"

"D'accord. Merci à mon forfait illimité…" il appela le numéro d'un chercheur au hasard— et quelle ne fut pas sa surprise lorsque quelqu'un décrocha. "… Allo ?"

Un chant de Noël étouffé résonnait en fond. "Hendricks ? C'est quoi ce bordel ? Vous êtes où ?"

"Bailey !" Il activa le haut-parleur du téléphone. "Que se passe-t-il ? Le site tout entier est entouré de brouillard—"

"Brèche de confinement. Et une grosse. Sigma-10 essaye de reconfiner, mais on ne sait pas combien de temps ils tiendront."

"Putain !" lança Hendricks. "Qu'est-ce qui s'est échappé ?"

"C'était—" Il y eu un grand cognement sourd au bout du fil. "Oh merde, prends les guirlandes prends les guirlandes PRENDS LES GUI-"

La liaison se coupa avec un "HO, HO, HO" retentissant.

"… Est-ce que c'est le Père Noël qui a brisé son confinement ?" demanda Virginia, interloquée. "Est-ce qu'on l'a en confinement ? Ou un truc qui lui ressemble ?"

"… Tu demandes ça aux mauvaises personnes, Doc," Ewell déglutit, entrant dans la voiture. "La cellule de confinement peut retenir Kramer. On va au site pour récupérer les potes."

"On reste," lança Bering, tandis que Hendricks aurait souhaité qu'elle n'avait pas parlé pour lui. "On ne peut pas le laisser sans surveillance."

"Je vais rester là avec eux," dit Pryce. "Ils ne sont pas bien armés et, au cas où quelque chose sorte des bois, je ne pense pas qu'un revolver puisse l'arrêter."

"On reste en contact," acquiesça February en entrant dans le véhicule. Ce dernier accéléra, la sirène allumée.

Pryce s'agenouilla et s'équipa de ses lunettes à vision nocturne. "Pas d'inquiétude. Rien ne pourra m'échapper et quand ce sera fini, ils seront de retour pour nous. Je suis le juste Pryce."

Hendricks se frotta le visage. "Depuis… Depuis quand tu attends pour dire ça ?"

"… Trois ans," admit-elle. "Ça sonnait mieux dans ma tête."

Bering secoua la sienne, lorsqu'un mouvement interrompu par une bousculade se fit apercevoir en dessous. "Ah, merde. Je crois qu'il est dehors."

"La Lune est pleine," dit Pryce en regardant le ciel. "Donc c'est fort probable." Le métal dans le béton sous leurs pieds se déforma. "… On devrait s'inquiéter ?"

"Il ne pourra pas passer le-"

Elle fut coupée par la main de Hendricks. "T'es malade ?! Tu sais comment fonctionne cette ville ! Au moment où tu dis qu'il ne peut pas passer quelque chose, il le passera !"

"Il a raison, doc," ajouta Seren. "Je suggère que tu ignores toute question à propos de la sécurité de ce bunker."

Virginia acquiesça et s'assit à nouveau sur le dôme. "… Mais bon, il peut quand même supporter une demi-méga-"

"TA GUEULE !" hurlèrent-ils à l'unisson.

Sous leurs pieds, le métal grinçait, craquait et se déformait, mais tenait le coup. Les trois gens de Plastiques restaient silencieux, de peur que leurs mots déclenchent une action ironique dans l'univers et laissent sortir la bête.


23 h 30

Malheureusement, parfois, l'univers fait juste son œuvre.

Seren était la seule personne éveillée à ce moment, Hendricks dormant sur son épaule, probablement une vengeance karmique pour la bombonne de RAID qu'elle lui avait offert cette année. Lui et Bering furent réveillés par un cognement sous leurs pieds.

"… C'était quoi ça ?"

Un bourdonnement sourd se fit entendre peu de temps après. "… Ça… ressemble à l'alarme de confinement," murmura Virginia. "… Oh MERDE."

Elle se leva et scruta les alentours. Ils étaient au milieu des bois, à plus de trois kilomètres de la ville. Il faisait froid et sombre ; et ils allaient bientôt avoir un loup-garou à leurs trousses.

"On se tire ?" demanda Bering.

"On se tire," répondirent-t-ils.

Ils descendirent le long du dôme de béton et, au moment où ils quittèrent sa surface, ce dernier explosa de l'intérieur, révélant une sombre silhouette lupine avec un bonnet de Noël enfoncé sur la tête et la fourrure de son visage cachée par une petite barbe grise. Ce qui restait de la veste de Père-Noël avait été déchiré et les manches étaient en lambeau sur ses bras. Et il valait mieux ne rien dire sur le pantalon

"… Je ne pense pas que la cannelle fonctionnera sur ce truc," dit Seren, visant vers le haut. La chose mesurait au moins cinq mètres et il semblait que les balles ne pourraient rien contre lui, mais… qui ne tente rien n'a rien.

La balle perça sa chair mais lui arracha à peine un grognement de douleur ; Virginia pouvait voir qu'il avait toujours une plaie dans le torse. Il ne s'était pas entièrement remis de l'accident de voiture. Ce qui voulait dire…

"Ces capacités régénératrices ne sont pas encore complètement réveillées," lança Bering en commençant à courir. "On doit le toucher au même endroit. Ça pourrait causer une défaillance multiviscérale."

En acquiesçant, Seren fit le tour d'un arbre et tira dans son torse. Lorsque la balle toucha sa cible, ce n'était pas l'impact qu'elle espérait. "Ah, merde. J'aurais dû apporter mon fusil à pompe."

"Continue de tirer ! Ça pourrait le distraire !" cria Hendricks en direction de Bering. "C'est une idée vraiment dingue. Mais écoute— il y a quelque chose de très proche qui est à peu près de la même circonférence et du même volume que le volant d'un camion."

"Et c'est quoi ? Je prends toutes les idées !"

Un tir résonna et manqua de loin ; tout ce qu'il fit c'était d'arracher l'une de ses griffes, le doigt avec, alors qu'ils couraient dans les bois. Pryce se précipita à couvert alors que Hendricks conduisait Bering vers le parc du Mémorial de Kamp Krakkow.

Le mémorial en lui-même était un grand totem imitant celui que la Fondation avait confiné il y a des années. Le vrai était caché autre part afin d'éviter de futures occurrences anormales. "Le Site du Grand Bordel de 76," disait Hendricks, "Et il pourrait bien sauver nos vies." Il indiqua le totem ; bien qu'il était plus haut, il semblait avoir les mêmes dimensions qu'un volant.

"… Hendricks, c'est brillant."

"ATTENTION !" hurla Pryce, s'élançant dans un arbre avec une agilité certaine. La bête déboula à l'entrée du parc et percuta Hendricks de plein fouet, l'envoyant valser dans la neige. "NON !"

"Mmnrmg…" Hendrick grogna ; il était en vie, pour le moment.

"PRYCE !" s'exclama Bering. Tu vas devoir le faire sauter sur le totem !"

"Comment je suis censée faire ça ?!"

"Tire lui q-quelque part pour le faire sauter ! Le petit sur le dos a l'air de le surprendre, essaye de l'écorcher !"

C'était tout ce qu'elle pu dire avant que le loup ne l'attrape, laissant échapper un hurlement puissant et infernal alors qu'il se dirigeait vers Hendricks. Il se pencha sur la silhouette du pauvre docteur inconscient à la tête ensanglantée, la gueule grande ouverte. Il s'approcha et…

"Ian Kramer !"

Le loups-garou se tourna pour faire ça au docteur. "Ouais, toi ! Tu vas vraiment prendre un repas mourant à la place de chair bien chaude ?" (Elle réalisa qu'elle aurait pu bien mieux tourner la phrase.) "Viens chercher !"

Elle avait à présent attiré son attention et avait commencé à, selon le terme scientifique, se tailler loin de lui. Elle se faufila autour du totem afin d'être de l'autre côté du loup, penché au-dessus.

Un tir résonna. Il toucha le dos du loup, le faisant sursauter, puis retomber sur le totem.

Dire que ce n'était pas beau à voir aurait été un euphémisme, mais, finalement, il était mort et la Fondation avait un autre totem à remplacer. Virginia se retint de vomir alors qu'elle vit le sang couvrir le poteau. "… J'aurais préféré ne pas être allée jusque-là."

"Ouais…" Seren descendit. "Tuer un résident n'est jamais drôle. Ce n'est que ma troisième fois. Je vais aller voir Hendricks."

"Mmm," répondit Bering, vérifiant la main de la bête. "Agent Pryce ?"

"Ouais ?"

"Pourquoi il lui manque un doigt ?"

À ce moment, le Dr Hendricks avait pu les rejoindre, ricanant dans sa barbe. "… Le Père Noël est mort ?"

"Il est commotionné," dit Pryce, le mettant sur son dos. "Allez, on va devoir marcher jusqu'en ville."

"Le doigt, Pryce ! Ces trucs peuvent se régénérer à partir de n'importe quoi !"

"Ah, merde, je l'ai arraché à 200 mètres en dehors du périmètre. On pourra le chercher quand le soleil sera levé."

"Les griffes de la nuit… de Noël," marmonna Hendricks, délirant.

"Ouais c'est ça, le Père Noël est mort et il t'a offert un cadeau plein d'analgésiques et une visite à l'hôpital. Viens." Elle le souleva. "Bordel, ralentis sur le MacDo."

Hendricks fut transporté en dehors du parc, Virginia les suivant de près. À environ le quart du chemin de retour en ville, Hendricks glissa des bras de Pryce et fouilla dans le feuillage avant d'en sortir un objet long et pointu.

"… Est-ce que c'est…" Viriginia regarda par-dessus son épaule.

Hendricks tenait le doigt coupé du loup-garou. "Oui, Virigia," dit-il, "c'est la griffe de la nuit de Noël."

Virginia voulait rire, mais tout ce qu'elle pu faire c'était de crier d'impuissance.


25 décembre 2015
Minuit
Le chemin du retour au Site-87 était long, froid, et difficile. Seren et Virginia avaient finalement décidé de porter Hendricks à tour de rôle, mais le temps qu'elles atteignaient Main Steet, il semblait que la brume du site s'était levée.

En atteignant le périmètre du site, ils découvrirent qu'au moins cinq forces d'intervention différentes étaient venues en renforts pour l'urgence— Bêta-8, Gamma-20 et -40, Rho-16 et Omicron-94. Elles étaient toutes à l'extérieur du site, entourée par les membres du personnel. Quelques-uns étaient couverts de ce qui ne pouvait être décrit que comme de la canne à sucre solidifiée. D'autres avaient des guirlandes sortant de leur bouche. L'un d'entre-eux était avec le Dr Sinclair, essayant de lui sortir une menorah du corps.

"… Il s'est passé quoi ici ?" demanda Bering, regardant les trois étages du bâtiment de S & C Plastiques.

"Quelque chose me dit qu'on ne veut pas savoir et qu'on ne saura jamais la totalité de l'histoire. Comme en 2008."

"Il y a l'air d'y avoir moins de dégâts, en revanche…" Bering leva les yeux vers le bâtiment. "On n'avait pas quatre étages de visible depuis l'extérieur ?"

Pryce regarda le bâtiment de haut en bas en fronçant les sourcils. "… C'est un autre problème pour un autre jour. Je pense que nos cadeaux de Noël ne devraient pas s'inquiéter de ça."

"Merde," lança Virginia. "J'étais censée prendre l'avion pour aller chez ma sœur pour Noël et j'avais un cadeau pour ma nièce dans la chambre. Elle est probablement remplie de cidre à ce niveau."

"Est-ce que ce serait ça ?" demanda une joyeuse jeune femme rousse, aux yeux verts et au sourire trop grand, portant le plus moche de tous les pulls de Noël qu'ils aient pu voir sous sa blouse. Elle tenait une grosse boîte rectangulaire avec un papier cadeau aux motifs de bonshommes de neige, avec une étiquette sur laquelle était écrit :

Pour : Lily
De : Tata Virginia

"Oh mon Dieu," dit-elle en le regardant et le prenant de la femme. "Comment avez-vous sorti ça ?"

"Secret professionnel," la femme fit un clin d'œil et tapota son nez. "Tout le monde mérite un joyeux Noël, même la Fondation. Maintenant, j'en ai quelques autres dont je doit m'assurer de leur préservation, excusez-moi, pardonnez-moi, Emma suis-moi…"

Elle fut suivie par une femme à lunettes habillée de manière plus résonnable, aux cheveux bruns cuivrés enroulés en un chignon et au monopole sur le marché des tâches de rousseur. Elle portait un corgi d'une main et tirait un chariot rempli de cadeaux de l'autre.

"Est-ce qu'elles travaillent seulement ici ?" demanda Pryce à Bering.

"C'est Noël. Je pense qu'on peut leur faire le cadeau de ne pas les questionner pour une fois. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je dois réserver un vol, m'excuser profondément à ma sœur et ma nièce, et prier pour y arriver avant la tombée de la nuit. Joyeux Noël !" lança-t-elle en courant vers sa voiture de service, posant le cadeau sur la plage arrière et s'éloignant du site.

Pryce, pour sa part, reçu une tape à l'épaule de la part de l'assistante- Emma, c'est ça ? "Vous ne travaillez pas ici, n'est-ce pas ?" demanda Seren.

"Je dirais plutôt le contraire," dit-elle. "Notre entreprise a un profond dégoût de votre organisation. Mais Isabel faisait ses rondes, a vu ce qu'il se passait là, et a décidé de s'arrêter pour aider." Emma lui tendit un petit cadeau emballé. "Nous serions reconnaissants que vous ne déballiez pas ça au grand jour. Joyeux Noël."

Une fois qu'elles furent à bonne distance, Seren ouvrit son cadeau et découvrit une photo encadrée. C'était une photo qu'elle savait n'avoir jamais été prise d'elle-même, Ewell, February, Hendrick et Bering assis sur ce foutu dôme. Le dôme était décoré de lumières de Noël et, au lieu de manger des burgers, ils mangeaient un repas de Noël sur un tapis en peau de loup-garou. Tous souriaient à l'appareil photo et sous la photo était écrit :

Hurleuses Fêtes
De la part du Site-87

"Héhé," Seren sourit, plaçant la photo sous son bras alors qu'elle aperçut plusieurs de ses équipiers. Elle courut dans leur direction pour discuter de tout ce qui s'est passé.

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