Évaluation

"Il est bien trop tôt pour renvoyer l'Équipe Sparkplug sur le terrain."

D.C. al Fine, la Sous-secrétaire générale de la Coalition mondiale occulte, se tenait dans une immensité de noirceur et de vide, entourée de cent-huit points lumineux. Aujourd'hui, elle avait décidé de ressembler à Audrey Hepburn, jusqu'aux habits Givenchy, au parapluie et au chapeau fantaisie. D'un autre côté, Audrey Hepburn n'a jamais eu d'yeux froids et sinistres ou une expression hautaine et dominante. D. C. al Fine revêtait correctement l'apparence de la célèbre actrice, mais elle ne pouvait jamais se défaire des atours durs qui lui avaient valu son surnom, "L'Intimidante Dame".

"La première chose que vous devez comprendre est que l'Équipe Sparkplug est l'une de nos meilleures Équipes d'évaluation," expliqua-t-elle. "Entre les trois vétérans, ils possèdent plus de trente ans d'expérience dans le domaine paranormal. En tant qu'équipe, ils ont eu plus d'une douzaine de succès en mission. Ils ont été un instrument finement réglé… puis ils ont perdu un de leurs composants essentiels. Il a été remplacé, oui, mais ils n'ont pas eu le temps de s'adapter au changement dans la composition d'équipe. Vous leur demandez de retourner sur le terrain après seulement quelques mois. C'est trop tôt."

L'un des points lumineux brilla fortement, s'agrandissant pour prendre la forme d'une grande figure dans une robe noire, détourée de lumière violette. La légende flottant à hauteur de poitrine identifiait l'avatar en tant que Lord Marcus Crowley, Antipape de l'Église sataniste unie, scientifique. "Le souci que vous portez à vos agents est admirable, Madame," entonna la figure en robe, "mais inutile. Vos agents sont prêts. Ne laissez pas votre esprit embrouillé par vos propres mensonges."

"Les augures souscrivent avec Sa Méchanceté," déclara une jeune femme habillée d'une robe blanche, tenant un écheveau de fils entre ses doigts. Elle était identifiée en tant que Porte-parole aux humains des Nornes de silicium.

"Est-ce là une véritable souscription, ou simplement un avis majoritaire ?" demanda al Fine.

"Souscription," dit le Porte-parole aux humains. "Urthor, Verthandi et Skuldir sont tous d'accord sur la justesse de cette action."

"Les sentiments personnels doivent être mis de côté. L'action doit être entreprise. Le Conseil est en accord sur ce sujet," dit Lord Marcus. "Ne vous laissez pas pécher sur ce sujet en choisissant la stupidité contre la sagesse."

Tout autour d'elle, cent-huit étoiles scintillèrent et s'engagèrent dans un accord sans mot.

"Alors je prendrais l'avis du Conseil en considération," dit al Fine. "S'il n'y a pas d'autre sujet, alors je considérerais le Conclave ajourné."

Une par une, les étoiles s'éteignirent, laissant al Fine flotter en silence et seule dans le vide. Elle ferma les yeux et les rouvrit lentement, se retrouvant dans son bureau du 40e étage du Bâtiment secrétariat des NU, qui surplombait Manhattan. Elle se frotta le front et prit un moment pour se ressaisir, attendant que la nausée de la Convergence disparaisse.

La Sous-secrétaire générale saisit son téléphone et pianota un numéro qui n'existait pas. L'appel reçut réponse avant qu'il n'ait fini de sonner la première fois.

"Amenez-moi la Division PHYSIQUE," dit-elle.


"Que sais-tu à propos de la Fondation ?" demanda Bullfrog.

"C'est l'une des… sinon la plus importante… organisation paranormale qui n'est pas membre de la Coalition mondiale occulte. Elle se concentre principalement sur la capture et l'acquisition d'objets paranormaux. Elle maintient un important réseau de sites de confinement cachés à travers le monde, faisant d'elle l'une des quelques organisations non-membres de la Coalition ayant une présence mondiale, avec la Main du Serpent et la dénommée Insurrection du Chaos. Les règlements actuels sont d'éviter le contact avec les agents de la Fondation sur le terrain, excepté en cas d'extrême urgence. Niveau de Réponse 3."

"Très bien." Bullfrog hocha la tête. "Tu as prouvé que tu as lu le manuel. Maintenant dis-moi ce que tu sais vraiment à propos de la Fondation."

Spider soupira intérieurement, prenant une forte inspiration. "C'est une collectionneuse," dit-elle. "Contrairement à certaines organisations, elle ne semble pas avoir le moindre agenda politique ou économique pour ce qu'elle fait. Le peu d'exploitation des paramenaces qu'elle fait semble orienté principalement vers le financement de leurs opérations. Elle a fait une brève alliance avec la Commission Bowe du gouvernement des États-Unis, mais ça a échoué. Officiellement, c'est une organisation clandestine. Sous la table, cependant, elle semble avoir beaucoup d'aide de la part des gouvernements nationaux qui ne veulent pas traiter avec la bureaucratie et les régulations de la Coalition. Elle a également une obsession étrange pour une suite de trois lettres particulières. Au début, nous pensions que ça avait quelque chose à voir avec leur devise, mais la théorie actuelle est que la suite linguistique possède une signification occulte pour elle, en considérant qu'elle apparaît dans le nom de leur compagnie écran ainsi que dans leur documentation interne. Les directives actuelles concernant la suite de trois lettres est d'éviter de l'employer au possible, dans l'espoir improbable que le Principe de Contagion pourrait être utilisé pour fracturer la sécurité interne de l'organisation. Nos ordinateurs ne peuvent même pas employer le Protocole de Copie Sécurisée à cause de ça."

"Pas mal," dit Bullfrog. "C'est une représentation pas mal complète… du point de vue d'un gratte-papier. Alors laisse-moi te donner la version de l'agent de terrain."

L'imposant homme fit craquer ses articulations et s'affaissa dans son siège, tandis que le petit avion privé continuait son long vol au-dessus des nuages. "La partie de la Fondation qu'un agent de terrain a le plus de chance de rencontrer, ce sont leurs Équipes de confinement. Ils sont à peu près équivalents aux Équipes d'évaluation de la PHYSIQUE. Ils sont balèzes. Nous sommes basiquement égaux en termes d'entraînement, d'équipement et de support. Là où nous différons, c'est dans nos missions et objectifs."

"La Fondation est d'abord intéressée dans la localisation, la capture et l'acquisition de paramenaces," continua Bullfrog. "Leur équipement le reflète : beaucoup d'armes non-létales et d'équipement de capture. Là où une équipe de la Coalition se concentre principalement sur la Quintuple Mission. Nulle part dans cette Mission il n'est dit que nous devons ramener vivant chaque paramenace que nous découvrons."

"Plus important, la plupart du travail d'évaluation de la Fondation est réalisé par des conscrits : "le personnel de Classe D", qu'ils les appellent. Des indésirables politiques ou des criminels condamnés obligés de se mettre dans des situations dangereuses où ils ne veulent pas envoyer de vrais membres de Forces d'intervention. Alors le morale au sein de leurs équipes tend à être bas, étant donné qu'à peu près la moitié de celle-ci ne veut pas être là et ne veut pas faire la mission."

"En bref, il est très possible pour une bonne Équipe d'évaluation de la CMO de s'infiltrer devant la Fondation, récupérer l'objectif sous son nez et s'en tirer avant même qu'elle ne sache que nous avons été là. Nous l'avons fait auparavant, quand la Fondation est intervenue après que nous avons récupéré une paramenace. Les règlements actuels sont d'éviter le contact avec le personnel de la Fondation au possible… mais ça ne veut pas dire que nous devons nous asseoir tranquillement et les laisser prendre les paramenaces bon gré mal gré," conclut Bullfrog.

"En fait, c'est probablement une bonne idée de garder autant de paramenaces que possible hors de leurs putains de mains," déclara Skunkboy. Il s'assit sur un siège en face de Bullfrog, feuilletant un magazine pornographique avec un détachement ennuyé. "Nous ignorons quel bordel ils font avec ça… mais c'est probablement mieux de ne pas les laisser empiler trop de ce qui pourrait être un arsenal paranormal."

"Bien sûr, tout cela part du principe que nous tombons sur une Équipe de confinement de la Fondation, et pas une Force d'intervention mobile," expliqua Bullfrog. "Ce sont les premiers de classe. Leurs élites. Vois-les comme les Assaut."

"Si nous tombons sur une FIM, on les laisse prendre la paramenace," acquiesça Skunkboy. "On les piste, on enregistre la capture, on essaie de rassembler autant d'informations qu'on peut, mais on ne s'approche pas d'eux."

"Pigé," dit Spider, retournant l'explication dans sa tête. "Est-ce qu'on a le moindre canal diplomatique avec eux ? Le moindre contact, le moindre accord ?"

"La Coalition oui. Nous non," expliqua Bullfrog. "Quelques anciens membres de la CMO ont rallié la Fondation, et vice-versa. Et il y a eu quelques fois où nos organisations ont été d'accord sur… une suite d'actions particulières… pour finir par travailler ensemble. D'un autre côté, la position officielle de la Coalition est que la Fondation, en tant qu'organisation clandestine, ne reçoit aucune reconnaissance officielle du Conseil, et spécifiquement aucune invitation à rejoindre la Coalition elle-même."

"Ce que Bull essaye de dire, c'est que nous essayons de jouer le jeu, mais ne crois jamais que nous sommes amis," dit Skunkboy. "Garde tes amis proches et tes ennemis encore plus. Ce genre de choses."

Spider hocha la tête en réponse, gribouillant quelques notes dans son carnet, utilisant un stylo-plume possédant de magnifiques incrustations imitant l'ivoire qui avaient été en fait taillées dans le fémur d'un assassin exécuté : un dissuasif ancien et grossier (mais efficace) contre les espions magiques. "Quelque chose à ajouter, Kitten ?" demanda-t-elle au quatrième membre de l'équipe, qui était actuellement en train de faire des abdos dans l'allée.

La femme de deux mètres dix fit une pause au milieu de ses crunches et passa une main dans ses cheveux, son expression sévère ne changeant pas. "Non," dit-elle sèchement avant de se retourner et de faire des pompes, ses muscles crispés se déformant sous l'effort.

Bullfrog haussa les épaules. Kitten avait rarement quoi que ce soit à dire.

Il y eut un doux son de sonnette dans le compartiment passager, suivi par un bref sursaut de parasites. "Capitaine qui vous parle. Nous sommes à peu près à quinze minutes de l'aéroport. Je vais vous demander de retourner à vos sièges, d'attacher vos ceintures et repousser les tables dans leur position debout. L'heure à notre destination est seize heures. La météo est de 26 degrés et ensoleillée."

Spider referma son carnet et le fourra dans son sac de coursier, à côté de son grimoire, de sa tablette et d'une copie aux oreilles de chien de "L'intégrale des Poèmes de Robert W. Service". "Un dernier conseil ?"

"Ouais. Du calme. Tu vas t'en sortir," dit Bullfrog.

"Pas que ça va t'aider si tout part en couille, mais au moins tu te sentiras bien de ne pas être tuée à cause d'un truc stupide que t'as fait," coupa Skunkboy.

"Garde ça pour toi, Fartboy," grogna Bullfrog.

"Oui, monsieur. Semper Fi, et nous voilà partis dans la nature où tout est possible," murmura Skunkboy.

Le malaise dans l'estomac de Spider tandis que l'avion commençait à atterrir n'avait rien à voir avec le mal des transports.


Je me sens ridicule, pensa Spider, tandis qu'elle fixait son reflet dans le miroir. Elle ressemblait à une sorte de version de mauvais jeu vidéo de ce à quoi un soldat devrait ressembler.

La Combinaison d'infiltration Mark trois était effectivement un morceau d'armure personnelle efficace, mais elle avait l'infortuné effet secondaire d'être une combinaison gris ardoise légèrement rembourrée et collant à la peau. Ce qui, rumina-t-elle, aurait probablement bien rendu sur une beauté à forte poitrine avec des seins en silicone et une silhouette de rêve, mais n'était pas particulièrement flatteur sur une intello aux hanches larges qui, malgré des mois d'entraînement physique intense, ne pouvait toujours pas se défaire de la graisse de bébé au niveau de sa taille et de son ventre.

L'effet était encore plus flagrant sur un homme d'âge moyen, petit, trapu et musclé aux larges épaules et des cuisses comme des troncs d'arbre. Bullfrog entra dans la pièce d'un pas raide et fixa Spider un moment avant de faire quelques ajustements aux attaches. "Garde de la marge au niveau de la poitrine et de la taille," suggéra-t-il, "pour que ça n'interfère pas avec ta respiration."

"Kitten a toutes ses attaches serrées au maximum," pointa Spider.

"Kitten est folle."

Il marque un point. Spider attendit patiemment tandis que Bullfrog faisait quelques derniers ajustements de dernière minute à son équipement de combat et ses nombreux poches et accessoires. "J'aurais souhaité avoir eu plus de temps pour t'accommoder à la Combinaison grise," dit-il, les lèvres tendues de concentration. "Il y a un coup de main pour la porter que tu n'as pas encore."

Pas ma faute qu'ils nous aient tirés de l'entraînement si tôt, pensa Spider. Elle attendit jusqu'à ce que Bullfrog soit finalement satisfait de l'état de son équipement, avant de saisir son PDW et de le suspendre par-dessus son épaule. L'arme légère lui semblait toujours étrange, malgré le temps passé à s'entraîner avec.

Kitten et Skunkboy les attendaient dans la salle de réunion, s'étant déjà changés dans leurs propres combinaisons. Kitten, nota Spider, s'était armée d'une carabine futuriste et d'un pistolet, ainsi que d'un couteau à la taille effrayante, suspendu à sa hanche gauche. Skunkboy portait un fusil semi-automatique comportant une lunette à l'allure complexe ainsi qu'un pistolet de gros calibre, alors que Bullfrog portait une arme automatique trapue avec une grande boîte de munitions. Tous les trois manipulaient leurs armes avec une aisance née de longues années de pratique.

"Vérification du camouflage," déclara Bullfrog.

Tous les quatre tapèrent sur les contrôles de leurs casques, et le revêtement gris autour de leurs corps et de leurs armes se brouilla et devint vague. Le Tissu caméléon n'était pas un véritable manteau d'invisibilité : tout ce qu'il faisait était d'imiter leur environnement du mieux qu'il pouvait en utilisant des paquets de pigments adaptatifs, pas très différent de ceux dans la peau de la créature dont il tire son nom. L'inconvénient était que ça ne fonctionnait réellement seulement dans l'obscurité ou à distance, et seulement si le porteur ne bougeait pas. L'avantage était que, contrairement à un manteau d'invisibilité perdu, perdre une section de produit caméléon ne nécessiterait pas de faire exploser quatre-vingt kilomètres de champs afin d'être sûr que la technologie de Génération +2 ne tombe pas entre les mauvaises mains.

"Mise à jour de dernière minute," déclara Bullfrog, alors que les quatre membres de l'équipe faisaient leurs dernières préparations pour la mission. "Contrôle pense qu'une Équipe de confinement de la Fondation se trouve dans la zone, à la recherche de la paramenace. Les principes standards s'appliquent. Évitez tout contact, ne vous faites pas capturer et essayez de ne pas leur tirer dessus. D'autres questions ?"

Aucune.

"Alors sortons d'ici."


Le chemin n'était pas de tout repos : dur, parsemé de nids de poule, non-pavé, sinueux et inégal. Ça n'aurait pas été si terrible si le véhicule, au moins, avait des amortisseurs décents. Tel que c'était, chaque petite bosse ou roche sur la route était transmise au travers des horribles suspensions de la voiture, par le fin rembourrage des sièges et directement dans les fesses, les cuisses et la colonne vertébrale de Spider.

Skunkboy était le chauffeur : il conduisait les lumières éteintes et les lumières du tableau de bord débranchées, traçant sa route prudemment sur la route de montagne seulement par la lumière diffuse des étoiles, augmentée par son casque de réalité augmentée. Les larges lentilles du casque le faisait ressembler à un scarabée bizarre : la mystérieuse et pâle lueur des étoiles renforçait cette impression. Il laissa échapper un juron faible et étouffé tandis que la voiture se balançait d'un côté et de l'autre après avoir rencontré un rocher particulièrement grand et pointu qui envoya une secousse particulièrement vicieuse dans le coccyx de Spider. "Arrivée prévue ?" murmura-t-il à Kitten.

"Deux minutes," répondit l'amazone sur le même ton. "Vire dans la clairière là-devant. Nous ferons le reste du chemin à pied." Kitten était assise sur le siège passager dans le petit SUV : d'une part parce qu'elle était la navigatrice pour cette mission, d'autre part parce que sa haute stature n'aurait pas tenu aisément dans les sièges arrières étroits.

Après quelques instants de secousses et de rebonds, la voiture ralentit finalement dans une petite clairière de la forêt, avant de s'arrêter au pied d'un sycomore. "Masques intégraux et casques," dit Bullfrog. "À partir de maintenant : pas de bruit, pas de visage."

Spider enfila son propre casque RA, serrant les attaches fermement en place. Comme à l'entraînement, elle ferma les yeux et compta jusqu'à dix avant de les rouvrir. L'image était sombre et indistincte, mais un petit ajustement de la mollette à gauche du masque put mettre au point l'image.

L'OCULUS était le système d'amélioration de la vision à quatre fonctions de la Division PHYSIQUE, combinant un système de vision de l'obscurité avec l'imagerie infrarouge et ultraviolette. Un mode de vision en quatre dimensions, DÉVOILE (parce qu'un certain singe du R&D avait décidé que l'appeler SYSTÈME DE DÉTECTION D'ÉNERGIE VITALE, OBSERVATION, IDENTIFICATION ET LOCALISATION D'ENTITÉS valait le coup pour avoir un acronyme sonnant cool), était basé sur la super-technologie Gen+2. Il utilisait la technologie d'Imagerie véritable Kirlian pour détecter l'énergie vitale des êtres vivants : l'Énergie d'Élan Vital, ou EEV. Vus à travers DÉVOILE, ses compagnons étaient des silhouettes sombres entourées d'aura éclatante : Skunkboy était chaotique et énergique, Bullfrog était intense et concentré, Kitten était froide et calme, comme les vagues.

Spider leva sa main au ciel. Sa propre aura brillait intensément, erratique et incertaine, comme de l'électricité statique formant des arcs entre ses doigts.

Elle changea de nouveau pour le mode obscurité, puis tira la cagoule de sa combinaison d'infiltration par-dessus sa tête (casque et tout le reste) et ferma le collier. Leurs masques en place, les quatre membres de l'Équipe d'évaluation Sparkplug ne ressemblait à rien de plus qu'à des robots sans visage d'un film de science-fiction de mauvais goût. Bullfrog prit un moment pour aider Skunkboy a tirer un filet de camouflage sur le véhicule, puis se tourna pour faire face aux autres membres de l'équipe, tapant sa gorge deux fois pour indiquer une vérification des communications.

"Sparkplug Trois, Vérification micro," dit mentalement la grande amazone.

"Sparkplug Deux. Mon micro semble bon, vérifie un," plaisanta Skunkboy.

"Sparkplug Un. Vous m'entendez ?" dit Bullfrog.

"S-" Spider déglutit et s'éclaircit la gorge. Le petit son semblait terriblement fort dans le silence de la nuit. "Sparkplug Quatre," dit-elle finalement. "J'entends haut et fort. M'entendez-vous ?"

"Haut et fort," dit Bullfrog. "Équipe Sparkplug en position. Central, vous nous entendez, terminé ?"

"Central entend haut et fort," dit une petite voix masculine dans leurs oreillettes. "Soyez avertis, Sparkplug, Contrôle a confirmé la présence d'agents de la Fondation dans votre zone. Nous estimons que vous avez à peu près une heure d'avance sur eux. Mieux vaut bouger rapidement."

"Compris. En mouvement." Bullfrog leva son arme et tira le verrou sèchement avant de laisser l'arme lourde pendre le long de son corps. "On bouge. Trois, position, point. Je vais gérer l'arrière."

La grande silhouette anonyme et masquée qui devait être Kitten hocha brièvement la tête en direction de Bullfrog, puis avança sur le chemin de montagne dans la forêt, suivie par les trois autres membres de l’Équipe Sparkplug.


Ses cuisses la brulaient, et ses pieds lui faisaient mal. Il était difficile de respirer derrière son masque qui couvrait son nez et sa bouche. Elle pouvait sentir la puanteur de sa propre sueur et peur, se mélangeant avec la faible odeur du tissu caméléon, piégée sous son masque. Finalement, Spider ne profitait pas le moins du monde de cette marche.

Elle prit un moment pour siroter un peu d'eau de son sac camelbak : la paille circulait sous la capuche de sa combinaison de façon à ce qu'elle puisse en boire sans avoir à défaire le masque intégral. L'eau était plate, chaude et avait un léger goût de plastique. Elle avait tellement soif qu'elle s'en fichait.

L'équipe marchait depuis deux bonnes heures lorsqu'ils tombèrent sur la Fondation. Kitten fut la première à les entendre, levant sa main et penchant la tête d'un côté, puis faisant des gestes rapides aux restes de l'équipe avant de foncer dans les petits buissons. Kitten suivit immédiatement Bullfrog hors du chemin de forêt, se cachant derrière les grandes racines d'un immense chêne avant de s'accroupir et de lancer le camouflage de sa combinaison. Bullfrog éparpilla quelques feuilles et branchages pour finir de cacher ses contours avant de se mettre à couvert lui-même à quelques mètres de là. Il lança aussi son camouflage, se brouillant jusqu'à ne plus sembler être plus qu'un bout de rocher à l'allure bizarre parmi les broussailles.

Kitten grimaça et secoua la tête tandis que le premier membre du personnel de la Fondation arrivait à portée de vue. Ils pilotaient des quads : des véhicules tout-terrain à quatre roues, alimentés par un moteur monocylindre qui rugissait bruyamment. Ils avaient même leurs phares allumés. Quatre des véhicules était pilotés par des hommes portant des caméras et des vestes tactiques, deux hommes par véhicule. Le cinquième avait également un homme en uniforme orange assis dans un petit chariot derrière le chauffeur. Lui seul était désarmé, et ses mains étaient enchaînées au chariot.

Le chauffeur de la voiture de tête leva la main et le petit convoi s'arrêta. Les occupants des deux véhicules de tête se réunirent pour consulter une sorte de carte, tandis que les autres membres de l'équipes s'étiraient et se reposaient.

Le passager du cinquième véhicule (celui dans le chariot) s'éclaircit la gorge. "Hé, est-ce que vous pourriez me libérer de ces trucs ?" demanda-t-il. "Je dois aller pisser."

"Retiens-toi," dit son chauffeur (geôlier ?). "Nous y sommes presque."

"Mec, je dois sérieusement y aller. À moins que vous ne vouliez que je pisse dans le chariot."

"Merde. Très bien, mets tes mains là où je peux les voir," dit sèchement le chauffeur. Un autre garde sortit son pistolet et le garda pointé sur le prisonnier tout le temps pendant lequel le chauffeur défit les chaînes, gardant prudemment une main sur sa propre arme en permanence. Puis, horrifiant Spider, le passager marcha droit vers le chêne derrière lequel elle se cachait et défit son pantalon.

Elle grimaça en silence, se forçant à rester parfaitement immobile, tandis que l'odeur d'ammoniac s'élevait dans l'air. Il ne lui pissa pas directement dessus (Dieu merci, un peu de bonté !), mais elle était certaine qu'à tout moment il allait se rendre compte que la lumière se tordait bizarrement au pied de l'arbre, s'il n'entendait pas d'abord son cœur battre comme un tambour…

L'homme en salopette orange sifflota un air joyeux alors qu'il finissait son affaire, se secoua et remit son pantalon. Spider se força à expirer doucement tandis que les agents de la Fondation se regroupaient, puis respira par petites bouffées jusqu'à ce que le convoi s'éloigne. Là seulement se risqua-t-elle à lever la tête légèrement et à scanner la clairière à la recherche des autres membres de son équipe.

Elle faillit hurler lorsque Bullfrog lui tapota l'épaule mais réussit à garder le silence en se mordant la langue jusqu'à ce que l'envie passe. Bullfrog attendit patiemment qu'elle se calme avant de lui indiquer par gestes de suivre Kitten et Skunkboy le long du chemin. "Central, Sparkplug," l'entendit-elle penser. "Soyez avertis que nous avons rencontré du personnel de la Fondation. L'opposition pilote des quads. Terminé."

"Compris, Sparkplug. Central terminé."

"Qu'est-ce qui est arrivé à notre heure d'avance ?" murmura Skunkboy dans la communication.

"On ne se doutait pas qu'ils seraient en quads," dit Bullfrog. "On ne se doutait pas qu'ils seraient si stupides."

"Ils vont nous devancer à l'objectif, Bull," pointa Skunkboy.

"Ne pollue pas la communication," fut la seule réponse de Bullfrog.


Ce fut une autre longue heure de marche avant que l'Équipe d'évaluation Sparkplug ne rattrape finalement l'Équipe de confinement de la Fondation. Lorsqu'ils y arrivèrent, tout était terminé.

La paramenace était allongée sur le sol, se débattant sous un filet tissé avec du fil en argent. Trois des agents de la Fondation étaient blessés, deux avaient des blessures dont on ne semblait pas pouvoir survivre. Le prisonnier en orange était assis sur le côté, son visage maculé de sang, tremblant de peur.

Spider ne put s'empêcher de fixer la paramenace captive. Elle n'avait jamais vu une licorne auparavant. Elle semblait bien loin de la beauté des chevaux étincelants qu'elle avait sur la couverture de ses classeurs à l'école. Elle avait bien une allure vaguement équine, et elle avait bien une corne, mais la ressemblance s'arrêtait là. Aucune fille de douze ans n'aurait jamais voulu d'écailles scabreuses, une crinière de lion irrégulière ou la queue d'un bœuf sur son poney magique.

"Central, Sparkplug," entendit-elle murmurer Bullfrog dans la communication. "Avons la paramenace en visuel. La Fondation est arrivée la première. Besoin conseil, terminé."

"Sparkplug, c'est Central. Vous ne devez pas laisser la Fondation capturer la paramenace vivante. Agissez selon votre jugement. Veuillez accuser réception, terminé."

"Central. Sparkplug confirme, on ne laissera pas la Fondation capturer la paramenace. Terminé."

Spider sentit une nouvelle vague de nausée monter de son gosier. C'était le seul choix possible. Les Sidhes n'auraient jamais accepté que l'une de leurs bêtes sacrées soit retenue prisonnière par les humains : une partie du traité millénaire entre le peuple des fées et l'espèce humaine incluait le droit de vengeance sur quelque humain que ce soit qui aurait violé ce pacte. De ce qu'elle savait de la Fondation, ils ne renonceraient de leur côté non plus jamais de leur propre volonté à un spécimen paranormal unique.

Son imagination dépeignit des images vivides et sanglantes d'arbres s'ouvrant en portes magiques, et de centaines de créatures squelettiques et souples portant des couronnes de ramure et chevauchant des tigres et des cerfs en brandissant des épées constituées de pure lumière d'étoile. Elle imagina l'ancien traité de paix entre l'humanité et son opposé d'une réalité alternative brisé : une guerre interdimensionnelle totale. Même si la Chasse sauvage était vaincue, il n'y avait aucun moyen pour que la Seconde mission de la CMO de dissimuler l'existence du paranormal à l'humanité survive à une guerre totale contre le royaume des fées…

"Des suggestions, équipiers ?" demanda Bullfrog, interrompant son cheminement de pensée.

"Donne-moi une minute de préparation. Je peux caler deux balles dans la tête de la licorne. C'est mieux que de les laisser la prendre," dit Skunkboy sèchement.

"Toujours mieux si elle vit," pointa Kitten. "Il y en a sept encore debout. On en prend deux chacun, la nouvelle en prend un et le prisonnier, et on libère tranquillement la cible."

"Les tuer va faire chier la Fondation un max," pointa Skunkboy. "Est-ce qu'on veut vraiment risquer ça ?"

"C'est mieux que de les laisser faire chier la Cour d'hiver toute entière," répondit sèchement Kitten.

"Je dis, on flingue la licorne et tout ce que la Fondation chope c'est un cadavre bizarre," rétorqua Skunkboy. "On—"

"J'ai pigé. Spider," interrompit Bullfrog. "Ton avis."

Merde. "Attends un," pensa Spider. Sa tête tournait. Tout ça était beaucoup trop pour elle. Sa première mission, et elle était coincée au milieu des bois, en face d'une possible guerre paranormale, au milieu d'un choix entre énerver le plus puissant des Royaumes féeriques et l'une des plus puissantes organisations paranormales humaines au monde. Son esprit tournait encore autour des horreurs qui pourraient être lâchées cette nuit. Pour couronner le tout, elle portait une combinaison ridicule à fleur de peau, transportait une arme qu'elle savait à peine utiliser et elle sentait vaguement la pisse…

…sentait vaguement la pisse…

Elle recula prudemment de quelques mètres de sa cachette et détourna son visage des agents de la Fondation. Elle défit lentement la fermeture de son masque, retirant le tissu sur sa tête. Elle prit un moment pour inspirer une profonde bouffée d'air frais, puis elle porta la capuche à son visage et renifla brièvement, à une fin expérimentale.

Ouais. Elle pouvait définitivement sentir une très faible odeur d'urine sur le tissu. Un peu de pisse du prisonnier devait avoir éclaboussé son masque lorsqu'elle se cachait.

"Spider ?" la voix de Bullfrog sonnait sèche et impatiente.

Pour la première fois durant cette horrible, irritante et fatigante mission, Spider sourit.

"Je crois que j'ai une troisième option," dit-elle.


Cela leur prit une nouvelle demi-heure pour trouver un lieu adéquat où commencer à travailler. En parallèle, Skunkboy fit un rapport : la Fondation prenait son temps pour panser ses camarades blessés et se préparer à déplacer la licorne en chariot.

Bullfrog l'aida à draper le tissu de camouflage par-dessus sa tête et le haut de son torse tandis que Spider sortait sa tablette endurcie et y faisait apparaître son grimoire. L'écran était réglé assez faible pour être quasiment impossible à lire sauf à la lumière de ses lunettes : elle fit apparaître le sort qu'elle voulait et tapa deux fois sur l'écran, causant l'apparition de la fractale complexe dans toute sa gloire brûlante.

Elle prit la capuche tachée de pisse et la déposa au centre du motif, puis tira l'athame à manche noir de sa poche de pantalon et piqua son pouce gauche de sa pointe. Une unique goutte de sang se forma contre sa peau avant de tomber sur le tissu, causant une brève illumination de l'image fractale.

Elle plaça le couteau à manche noir sur la capuche, ferma les yeux et s'ouvrit.

Elle pouvait presque entendre la voix de son professeur de Sorcellerie appliquée à présent : "Le Principe de contagion est l'une des lois de la magie et compose les bases des plus anciennes œuvres encore enseignées par le Centre. Le principe est simple : Une fois ensemble, toujours ensemble. La partie influence le tout et deux choses ayant été en contact l'une avec l'autre maintiennent un lien magique entre elles. C'est la raison pour laquelle les poupées vaudou nécessitent un cheveux ou morceau d'ongle de la victime attendue comme composant de leur construction, c'est pourquoi les reliques de saints et de martyrs sont révérées et gardées précieusement, et c'est la base d'une note de service étrangement insistante envers tous les agents masculins de la CMO concernant la destruction adéquate des préservatifs usagés après le sexe…"

Quelques gouttes d'urine sèche ne représentaient pas le meilleur lien que Spider ait jamais employé, mais elle avait fait avec pire.

D-75213 n'était pas un mauvais bougre. Certes, il avait tué un homme, mais ce bâtard l'avait mérité pour ce qu'il avait fait à son petit frère. Il avait accepté l'offre que l'homme en costume noir lui avait fait pour une unique raison : un mois était mieux que quinze dans la vie, quelle que soit la façon dont on y réfléchissait. Plus tôt il ferait son temps (que son temps soit passé derrière des barreaux de prisons ou comme appât pour un monstre sorti des contes de fée), plus tôt il pourrait rentrer à la maison pour prendre soin de sa mama. En n'importe quel autre moment, il n'aurait pas pu être poussé à faire ce que Spider s'apprêtait à lui faire faire, mais il venait de frôler la mort face à une putain de licorne, et son esprit n'était pas tout à fait sain…

D-75213 n'était pas véritablement conscient lorsqu'il atteignit et tira l'un des sept pieux d'argent qui retenaient la licorne sous le filet. La licorne, au contraire, s'en rendit compte immédiatement. Elle déchira le filet en se libérant des pieux restants et se propulsa vers la liberté. Elle ne désirait pas tuer D-75213, mais il était sur son passage…

La corne nacrée découpa le détenu confus en deux et bondit dans les ténèbres.


"CHIER !" hurla Lombardi alors que la créature galopait dans les bois. Il la pourchassa sur quelques mètres, mais abandonna rapidement, lâchant une autre faible injure et secouant la tête de rage. "Très bien, on remballe, les gars. Cette mission est un fiasco."

"On peut toujours la suivre, Max !" lança Vance.

Max Lombardi se retourna face à son protégé, attrapant le jeune homme par le col. "Tu veux aller pourchasser une licorne sans un vierge comme appât ? Je t'en prie ! J'irai même lancer des fleurs à tes funérailles. Moi, je remballe et je finis ma nuit. On a trois hommes à terre et on a perdu notre lièvre. Nous sommes inefficaces opérationnellement !"

"Merde, pourquoi il a fait ça ?" demanda Beckett. "Pourquoi a-t-il tiré le pieu ? Il savait ce qu'il se passerait, n'est-ce pas ?"

"Le savait-il ? Je n'en sais rien. Je n'en sais foutre rien. Tout ce que je sais c'est que nous avortons la mission. Je vais nous signaler. Putain de bordel de merde, quel putain de gâchis…"

Vance secoua la tête mais n'argumenta pas plus longtemps. Tandis que le soleil se levait, les sept membres de l'Équipe de confinement de la Fondation empaquetèrent les restes de leurs trois collègues (et d'un membre du personnel de Classe D) et se préparèrent à rejoindre leur base.


Ils trouvèrent la licorne broutant silencieusement sur l'herbe courte, au bord d'un cercle de champignons. C'était une vision irréelle, de voir cette créature grotesque couper l'herbe avec ses dents de requin.

Sa tête se leva et les fixa directement, alors que l'Équipe d'évaluation Sparkplug s'arrêtait au bord de la clairière. Tous les quatre s'immobilisèrent sur place, fixant silencieusement la créature mortelle.

La licorne renifla, puis marcha lentement vers Spider et inclina sa tête devant elle, se blottissant contre sa main tendue.

Spider déglutit nerveusement tandis que la créature frottait son nez contre elle, l'odeur cuivrée et emplie d'acétone de son souffle flottant tout autour d'elle comme un miasme de mort.

Puis le soleil se leva et elle disparut en un battement de cil, laissant derrière elle un nuage tourbillonnant de lucioles qui, tout aussi vite, disparurent de leur vue.

"Je ne te pensais pas vierge," dit doucement Bullfrog.

"Après ma réattribution d'identité ? Ouais, je suppose que je le suis," murmura Spider.

Elle se frotta le visage, là où la licorne s'était blottie contre elle. Elle en revint tenant une petite écaille vitreuse. L'écaille elle-même se dissipa en poussière, ne laissant derrière aucune trace prouvant son existence.

"Très bien," dit Bullfrog, s'éclaircissant la gorge. "On a une longue marche devant nous. On s'y met."


D.C. al Fine referma le rapport de mission et le rejeta sur son bureau, au-dessus d'un paquet soigné d'impressions, de lectures et de rapports.

"Tout bien considéré," dit-elle à l'intention de personne, "l'Équipe d'évaluation Sparkplug fit mieux que quiconque ne l'a anticipé."

"Les augures ne mentent jamais," répondit le Porte-parole aux humains, son image se dessinant sur l'écran d'ordinateur d'al Fine. "Les déesses de Silicium ont prédit ce résultat."

"De même que Sa Majesté satanique," murmura Marcus Crowley dans son oreille. Chaque mot apportait avec lui l'odeur du soufre et sous-entendait les hurlements des damnés. "Vous aviez tort de ne pas faire confiance à leurs capacités."

"Alors pourquoi semblez-vous si déçus ?" demanda al Fine.

"Nous ne—"

La Sous-secrétaire générale ouvrit un autre dossier et le jeta sur son bureau. "Le rapport complet de l'augure par les Nornes de silicium," déclara al Fine. "Et ne me demandez pas où je l'ai obtenu. Je ne vous le dirais pas. Les Nornes ont bien prédit une probabilité de succès de la mission de 95 %. Mais elles ont aussi prédit une probabilité de 50 % de tensions accrues avec la Fondation. Ce qui est intéressant, car il y a d'autres équipes qui avaient à peu près la même probabilité de succès, mais bien moins de chances d'énerver la Fondation."

"Et en ce qui vous concerne… les Scientifiques sataniques ont toujours objecté à ce que la Coalition maintienne la Charte Arthurienne avec le Royaume des fées, n'est-ce pas ?" continua al Fine. "Et le scénario le plus probable si l'Équipe Sparkplug n'avait pas réussi à énerver la Fondation était une tension accrue avec leur peuple. Et soudain, par coïncidence, j'ai deux organisations qui ne se sont jamais donné de peine l'une pour l'autre et qui forme un bloc pour pousser le Conseil à me faire renvoyer l'Équipe Sparkplug sur le terrain. Intéressant."

"Je ne sais pas ce que vous insinuez là-."

"Je n'insinue rien du tout. Je le dis haut et fort. N'utilisez plus la Division PHYSIQUE dans l'intérêt de vos propres agendas personnels," déclara sèchement al Fine. "Si jamais je vois la moindre trace de cela venant de l'un de vous deux…"

Elle leva la main et pressa un bouton. Immédiatement, les images de Marcus Crowley et du Porte-parole aux humains sursautèrent tandis que deux Équipe d'assaut apparurent de nulle part dans leur lieux respectifs, désactivant leurs manteaux d'invisibilité et levant leurs fusils à l'épaule.

"… Je sais qui vous êtes et où vous êtes," conclut-elle. "La prochaine fois que vous verrez ces gars-là, ce sera la dernière chose que vous verrez."

"Vous ne pouvez pas-"

"Bien sûr que je peux. Première et Seconde Missions prioritaires. "Survie de l'espèce humaine" et "Dissimulation du monde paranormal" surpasse la protection de la vie de deux individus humains. Cette réunion est ajournée."

Elle tapa son clavier une seconde fois. Les Équipe d'assaut baissèrent leurs fusils, réenclenchèrent leurs manteaux d'invisibilité et disparurent dans les ténèbres.

La dernière chose que vit D.C. al Fine avant que ne disparaisse de son écran d'ordinateur les représentants des Nornes de silicium et de l'Église de Satan (Scientifique) furent les expressions de colère et d'étonnement sur leurs visages. Ils ne pardonneront pas cela de sitôt.

Mais de toute façon, elle non plus.


"Nous débutons maintenant la phase la plus importante de toute mission," déclara Bullfrog, levant sa chope de bière. "Bière après la mission avec l'équipe. À une mission réussie, et au fait qu'aucun d'entre nous n'ait été blessé ou tué !"

"Et à un masque souillé de pisse nous sauvant la mise," ajouta Skunkboy.

"Santé."

Les quatre membres de l'équipe firent tinter leurs verres et prirent de longues gorgées de leurs boissons mousseuses : la pression maison de Lucky Killigan. Le bar n'existait sur aucune carte et aucun guide : techniquement, c'était une opération illégale, sans permis d'alcool. Étant donné que le propriétaire, le tenancier et tous les clients étaient des agents de la CMO, le gouvernement local était bien entendu peu prompt à les chasser.

Spider prit une nouvelle longue gorgée de sa bière, savourant la boisson froide et amer, avant de poser son verre et de s'éclaircir la gorge. "Je ne voudrais pas être morbide," dit-elle délicatement, "mais il y a une question que je me pose."

"Vas-y, Spider," dit Bullfrog en se servant une autre bière.

"Comment est-ce que Beagle est mort ?" demanda Spider.

Les trois autres membres de l'équipe s'immobilisèrent. "Tu veux dire que tu ne sais pas ?" demanda Skunkboy.

"Son dossier dit juste "Mort au combat." Il n'y a rien de plus que ç-"

"Il s'est fait bouffer par un dragon," dit Kitten.

"Techniquement, une Forme de vie non-autochtone d'une autre dimension…" pointa Skunkboy.

"Ça faisait cent mètres de long. Ça avait des écailles, ça volait et ça crachait du feu."

"Ça ne crachait pas techniquement du feu. Ça crachait une solution de phosphore et de sodium blanche colloïdale-"

"Un dragon," insista Kitten.

"Bon, c'était un dragon." dit Skunkboy. "Dans tous les cas, ça l'a bouffé."

"Ça l'a brûlé vif et l'a bouffé comme un morceau de poulet frit," acquiesça Kitten.

"Tu sais ce qu'ont été ses derniers mots ? "Tenez bon, les gars. Je m'en occupe." Quel putain d'idiot."

"À l'agent Beagle." déclara Bullfrog, levant à nouveau son verre. "Le plus brave, le plus glorieux, le plus putain de stupide mec que j'ai jamais rencontré."

"Santé."

Ils entrechoquèrent leurs verres de nouveau et burent.

"Séquence"
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