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Gazette d'Aleph
Mars 2021

L’Édithaumiel
par Mathilda Pataflex, fille de Josiane et suppôt de Satan
La Gazette d'Aleph est en guerre contre deux choses : le clan sécessioniste d'Augustin Millefeuille, établi près du distributeur automatique depuis le mois dernier, et les disparités homme-femme. Aussi, quand Josiane du service courrier nous a demandé si elle pouvait amener sa petite Mathilda au travail suite au mystérieux incendie ayant ravagé sa garderie, nous avons dit oui avec plaisir. Et comment refuser à une si charmante enfant la rédaction de l'Édito du mois tandis qu'elle nous fixe avec de grands yeux de chien battu, prélevés sur Pépé, le rottweiler du concierge ? Aidez-nous je vous en prie.
« Un concours de circonstance »
J'errais dans les conduits d'aération des bureaux de la Gazette, cherchant un moyen d'accéder au placard à balais où s'était enfermé le rédacteur en chef, lorsque la question m'a frappée comme une salve d'eau bénite : la notion même de compétitivité est-elle bien compatible avec la créativité ? Friedrich von Schiller (1759-1805) définissait la créativité comme le fruit du bon équilibre entre rationalité et sensibilité, dont le dialogue crée l'instinct de jeu, lequel annule les contraintes qu'elles exercent l'une sur l'autre. Cette émancipation intérieure de l'Homme ne se fait donc pas par la suppression de ses instincts primaires, mais par leur neutralisation mutuelle. Or, la compétitivité ajoute un élément nouveau à cette délicate équation sous la forme d'une pression extérieure, qui
Pardon je me suis interrompue, j'avais trouvé comment accéder aux toilettes des hommes et je me suis faite plein de nouveaux amis trop gentils. Pour m'accompagner dans mes réflexions, ils ont très aimablement proposé de s'entredéchirer à mains nues ! Le résultat est affligeant : aucune innovation, ou en tout cas rien que je n'ai pas déjà vu auparavant. Des coups de poing, de pied, des crânes fracassés sur la cuvette, une ou deux morsures. Ce qui tend à confirmer ce que je soupçonnais déjà : la compétitivité tend à favoriser l'efficience plutôt que l'élaboration de nouveaux schémas mentaux face à l'urgence. Le dernier survivant s'est bien ouvert le ventre à grands coups d'ongles pour en sortir ses intestins, mais j'avoue lui avoir soufflé l'idée. Alors que faire ? Bien sûr, le modèle logistique classique dN/dt = r x N(t) x (1-[N(t))/K]) nous dicte que compétitivité et croissance sont étroitement liées au défrichement des ressources, en l'occurrence le champ des possibles qu'explore la créativité. Mais, si toute idée déjà exploitée n'est plus nouvelle, ce champ des possibles est-il fini ou infini ? Le
Mince, j'ai mis du sang partout, le rédacteur en chef va avoir du mal à me relire quand il aura retrouvé la vue. Il y a un vilain pasteur dans le bâtiment, alors je me suis cachée dans le double plafond avec mon nouvel ami, mais je dois faire vite. À tous les coups ils vont essayer de me faire une Constantine avec l'alarme incendie. Où en étais-je ? Il est communément admis depuis Friedrich Hayek (1899-1992) que la concurrence génère l'innovation, théorie souvent critiquée mais jamais infirmée, si ce n'est peut-être abimée par le principe de destruction créatrice stipulé par Joseph Schumpeter (1883-1950), selon lequel l'innovation engendre la concurrence au détriment des innovateurs. Une opposition entre la nouveauté et le perfectionnement semble donc se dessiner, la nouveauté étant bien souvent le nom donné à un "perfectionnement atypique" plutôt qu'à une création véritablement origin
Ils ont bloqué les locaux avec un cercle de sel de Judée, impossible de m'enfuir. Et ils diffusent des chants grégoriens dans les haut-parleurs par dessus le marché. Je boirai leur moelle épinière avant qu'ils n'aient eu le temps d'appeler des renforts.
Bref, revenons à nos agneaux : le Concours des Sept Sceaux est désormais ouvert et, partout à travers le monde, les adeptes du Prince Noir ont été chargés d'ériger à Sa gloire un nouveau temple, tous selon, c'est la contrainte, une esthétique différente qui leur a été dictée en rêve. Déjà s'élèvent en Son nom des pagodes de crânes et d'os, de grotesques parodies du Parthénon, des tours d'ébène sans fin, des cathédrales purulentes. Le vainqueur, ignominieux architecte, aura le privilège de devenir Son vaisseau en ce monde. Mais cette mise en concurrence est-elle vraiment la clé pour aboutir à l'Ultime Basilique que le Dieu aux Pieds Cornus recherche ? Plus grande que le plus grand des palais ? Elle le sera certainement. Plus belle que la plus odieuse œuvre d'art ? Aussi. Mais je ne vois rien venir de réellement révolutionnaire, rien qui fasse réellement honneur à l'Ange Rebelle, Celui-Qui-Brise-Les-Règles. Qu'en penses-tu, mon nouvel ami ? Oh, tu as du mal à parler. Pourtant je t'ai rempli la bouche avec huit autres langues toutes fraiches, tu devrais parler huit fois mieux… Une preuve de plus s'il en fallait une que cumul n'est pas synonyme d'amélioration !
Concours des 9 ans de -FR
Le 21 mars, la Branche francophone a fêté ses 9 ans. Et quoi de mieux pour fêter un anniversaire qu'un nouveau concours ? Le thème choisi est celui des esthétiques et le défi consiste à écrire n'importe quel type d'article (SCP, conte, format GdI…) associant un Groupe, une Personne d'Intérêt ou un élément de lore avec une esthétique précise. Selon celui des trois niveaux de difficulté choisis, le sujet ou l'esthétique peuvent être choisis par les participants ou tirés au hasard. 71 sujets, 42 esthétiques et déjà un grand nombre de participants pour ce qui s'annonce être un concours riche en résultat !
Plus d'informations sur le hub du concours et bon courage à tous les participants !
Pendant ce temps, chez les Italiens…
Ces derniers mois, la Branche Italienne a été très occupée, c'est le moins qu'on puisse dire ! Tout d'abord, citons leur concours des 4 ans (lancé le 5 janvier et s'étant terminé le 5 mars). Ledit concours consistait à choisir un thème… sur lequel les membres inscrits ne pourraient pas écrire (les rapports SCP n'étaient pas non plus autorisés, uniquement les contes et les formats GdI). Le vainqueur du concours est Dr Zeno avec son conte "Espero". Félicitations à lui !
Et enfin, la Branche a annoncé l'ouverture de son propre subreddit : r/FondazioneSCP, créé depuis quelques mois et désormais en place. Souhaitons-lui une longue vie.
Et avec les Allemands, ça fait cinq !
Il fallait bien que ça arrive un jour… cinq ans après sa fondation, la Branche Allemande fête ses 5 ans ! Mais, vous les connaissez, nos amis teutons ne font rien comme les autres : exit l'idée d'un concours en guise de célébration, c'est un "événement communautaire" qui aura lieu cette année. Le principe ? Une Coupe des Quatre Maisons dans le plus pur style poudlaresque !
Pendant deux mois, quatre maisons seront au coude à coude pour enrichir le site : Critiquard, Rédactouffle, Traductaigle et Gryffanart (noms non-contractuels) ! Bien sûr, chacune de ces équipes gagne à collaborer avec les autres : les critiques aident à valider les écrits originaux, les traducteurs donnent matière aux fanartistes, et ainsi de suite. Espérons simplement qu'un Dumbledore ivre mort ne sabote pas tout au moment de la remise des médailles sous prétexte que "Le courage peut prendre de nombreuses formes." ou que sais-je encore.
Dans la grande famille des SCP, il y a deux types de lecture.
Les incontournables, adulés ou détestés, ces classiques auxquels on n'aura de cesse de faire référence.
Les nouveautés, celles qui défilent dans le fil des publications, que l'on suit pour rester à la page.
Et entre les deux, il n'y a
Aucun rapport
Une chronique sur les rapports de second plan.
Ce mois-ci :
"Inconvénient"
Les SCP sont-ils politiques ?
Bonjour, bonsoir et bienvenue chers lecteurs pour le dixième numéro d'"Aucun Rapport", la seule chronique au monde qui passe dans son alambic les SCP oubliés pour en distiller la sagesse universelle. Dix numéros, ça se célèbre, non ? Non. Ici, on ne compte pas en système décimal, alors rangez-moi ces sourires et n'escomptez pas manger à l'œil. Après tout, notre première édition spéciale était parue au sixième numéro, alors la prochaine pourra bien attendre le douzième. Eh oui. Ça marche comme ça, dans cette maison. On compte en base douze.
Toute la rédaction de la Gazette espère que vous n'y verrez aucun inconvénient, mais pour ce faire, il va falloir fermer votre onglet : la chronique de ce mois est consacrée à SCP-3158 - "Inconvénient" et, pour l'occasion, nous avons décidé d'interviewer en exclusivité son auteur, Communism will win :
Octavio Gémini : Tout d'abord, bienvenue ici, monsieur Communism, j'espère que vous n'avez pas eu trop de mal à trouver les locaux du journal.
Communism will win : Absolument pas. Je dois dire que lorsque vous m'avez demandé au téléphone si je pouvais traverser l'océan atlantique pour me rendre ici afin de brièvement résumer mon œuvre, j'ai été pour le moins désappointé - je ne sais pas si ça se dit en français ? - mais lorsque vous avez ensuite précisé qu'il s'agirait d'une interview fictive et que le vrai Communism will win ne serait impliqué dans aucune étape du processus, cela m'a considérablement simplifié la tâche.
OG : Parfait. Alors Communism will win, on ne vous présente plus, vous êtes également connu sous le nom de Scranton ou Akumeoy, et vous êtes l'auteur de petites pépites assez connues comme SCP-1422 ou 2020, dont on parlait justement dans notre numéro précédent. Mais si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour répondre à cette question qui nous brûle tous les lèvres ici à la Gazette : Qu'est-ce que SCP-3158 ?
CWW : Eh bien, voyez-vous, c'est très simple. Il s'agit d'une île non-identifiée.
OG : [Silence]
CWW : [Silence]
OG : Certes, mais si vous pouviez élaborer un peu…
CWW : Oh oui, bien sûr, pardon. Et bien, ce n'est pas qu'une simple île, voyez-vous. C'est également l'emplacement d'un ancien site inconnu.
OG : Hm hm. Mais encore ?
CWW : Là où y a le carré noir qui censure, juste là.
OG : Non mais ça d'accord, mais je crois que nos lecteurs sont surtout intrigués par ce qu'il s'y passe d'anormal.
CWW : Oh, ça ! [Rires]
OG : C'est à dire que la description de votre skip fait peut-être vingt lignes à tout casser, donc si l'interview pouvait ne pas trop s'éterniser non plus ça m'arrangerait. Alors en quelques mots : que se passe-t-il d'anormal autour de cette île ?
CWW : Eh bien, si vous y allez, elle vous fera pleurer du sang.
OG : Ah.
CWW : Mais attention, pas votre sang !
OG : Ah ?CWW : Du sang d'un ADN inconnu.
OG : Putain.
CWW : Ah, et elle vous donnera faim, aussi.
OG : [Silence]
CWW : [Silence]
OG : Et ?
CWW : Et c'est tout. [Il cligne de l'œil]
OG : Pourquoi vous me faites un clin d'œil ?
CWW : Pour rien ! [Il cligne de l'œil]
OG : Okay, donc c'est la dernière fois que je fais une interview pour cette chronique.

Sans doute pas la réception espérée.
Vous l'aurez compris, voilà qui partait mal et me laissait comme un mauvais pressentiment quant au rapport. Et pour cause : avec une description de 16 lignes ce n'est pas très étonnant que SCP-3158 se retrouve avec une note de -1 chez nous, de seulement +44 pour l'original, et d'autres résultats guère plus chaleureux sur les autres branches où il a été traduit.
Pour sa défense, il s'agit d'un rapport du Jam-Con, petit concours anglais où les tout aussi petites participations doivent faire moins de 500 mots — encore que cela excuse la forme mais pas le fond puisque, vous l'aurez compris, l'auteur consacre ces quelques lignes à tourner autour du pot.
Rassurez-vous néanmoins : SCP-3158 ne repose pas que sur ses larmes de sang. Il dispose d'un message caché, sous-entendu, qui empêche à bout de bras le rapport original de sombrer dans l'oubli collectif, la spirale des downvotes et la suppression : un message politique.
Comme le précise Communism will win — le vrai — dans les commentaires du rapport original, SCP-3158 fait en fait référence à la destruction par le Royaume-Uni de dossiers honteux concernant certains crimes commis durant la colonisation. Les lacunes omniprésentes du SCP prennent alors tout leur sens : il s'agit d'une dissimulation pseudo-accidentelle du passé colonial de l'anomalie, que ses effets anormaux font pourtant ressortir, à travers le sang et la faim, chez les sujets qui s'en approchent… À moins que ces lacunes soient elles-mêmes un effet anormal provoqué par l'anomalie, laquelle semble également empêcher les sujets d'évoquer la question ? Ou bien il s'agit de deux effets anormaux parallèles, l'un voulant révéler au grand jour le passé de l'île, l'autre au contraire voulant le faire oublier ? Et pourquoi la Fondation censurerait ça, elle a un passé colonial la Fondation ? C'est assez flou et, sans plus d'explications, il semble que le message que l'auteur souhaitait transmettre ait parasité la cohérence interne du SCP.
Ce qui se ressent dans son accueil plus que mitigé. Sans explication, le rapport est pour beaucoup trop subtil, dépeignant une anomalie aussi cryptique qu'insignifiante. Avec l'explication, il devient trop peu subtil, voire carrément rentre-dedans : toutes ces simagrées s'avèrent être là pour surligner son seul point, sans vraiment développer de propos… ni rendre le SCP en lui-même plus intéressant. Il semble que nous ayons là davantage affaire à un message politique qui essaye de se faire passer pour un SCP sans vraiment y parvenir, étant donné que la plupart des SCP sont apolitiques, et reposent sur un ton scientifique et une extériorité qui-
Ah ? Oui ? Qu'est-ce que vous dites ? J'en ai entendu un dans le fond, là. Oui, vous.
Vous dites que ? Que tout… ?
Ah, oui. Je vois.
Il faut qu'on parle.
Millenials ou zoomers, générations d'Internet, lecteurs de la Fondation SCP, vous n'avez pas pu traverser la décennie 2010-2020 sans avoir entendu au moins une fois cette sentence :
Tout est politique.
Et cette phrase est tout à fait vraie. Mais ce que vous pensez que cette phrase veut dire, par contre, est peut-être faux.
Qu'est-ce que la politique ? Il y a de fortes chances que ce mot vous évoque les épais sourcils de François Fillon, le barrage au FN ou la clameur lointaine des Gilets Jaunes. Il n'en est rien. La politique à son sens large désigne l'organisation institutionnelle, économique et sociale des êtres humains — à vrai dire, elle englobe plus ou moins tout ce qui touche à la vie humaine. C'est cette politique que vous retrouvez dans la phrase "Tout est politique", dans une acceptation si ridiculement large que, oui, tout est fatalement politique, vu que chaque protagoniste vit dans une société, que chaque événement se produit dans une société. Dire qu'une histoire est politique est presque par définition une redondance, puisque cela veut dire qu'une histoire parle de la relation entre au moins une personne et le reste de son monde.
Le problème, c'est que nombre de ceux qui prononcent ou qui entendent cette phrase entendent le mot "politique" dans un sens bien plus banal mais aussi plus restreint : pour eux, la politique, c'est une affaire de clivage et de camps. C'est la gauche contre la droite, le capitalisme contre le communisme, le centre contre les extrêmes, l'ordre contre l'anarchie ou l'oppression contre la liberté. Ça implique que toute histoire est porteuse d'un message orienté. Si le lecteur part avec ce principe en tête, il se sent obligé de prendre parti et, en fonction du message qu'il perçoit dans le texte, soit de l'accepter pleinement, soit de le rejeter totalement — et autant vous dire qu'à notre époque où l'on est à la fois noyés dans la popculture et constamment sommés de nous placer politiquement, nombreux sont ceux à se priver des récits de Lovecraft le Raciste ou des aventures de Batman le Fasciste par pure bigoterie. Bref, la première définition pose la politique comme une représentation du monde, objective ou non, tandis que l'autre implique un clivage et, surtout, l'engagement du lecteur. Et partir du principe que tout ce que vous lisez est une forme ou une autre de propagande, ça devient vite embêtant.
Prenons SCP-173, exemple parmi les exemples. En quelques lignes, SCP-173 nous présente une idée du monde spécifique : nous avons une créature — potentiellement vivante, sensible, mais surtout extrêmement dangereuse — qui est incarcérée clandestinement, mais que la Fondation refuse de laisser vivre dans ses excréments. Pour cela, on envoie des Classes-D, des criminels ayant perdu tout droit humain et considérés comme dispensables, pour la nettoyer au péril de leur vie. Cette présentation est politique au sens où elle nous décrit les valeurs et l'organisation d'un monde, mais il est apolitique au sens où on l'entend couramment : le rapport ne véhicule aucun message politique. Le sacrifice des Classes-D n'est pas présenté comme répréhensible, ni comme un mal nécessaire par lequel il faut passer, ni comme une revanche méritée sur des criminels passibles de la peine de mort. Il est présenté, point.
On pourra bien sûr toujours trouver moyen d'interpréter SCP-173 au crible de telle ou telle grille idéologique, s'amuser au jeu de la gôche et de la drouate à dire que la Fondation est fasciste, pragmatique ou responsable, mais il ne faudra pas oublier que la politique est dès lors dans l'œil du lecteur, pas dans la plume de l'auteur. Vous n'avez qu'à voir tous les mouvements contradictoires qui sont nés autour de la Bible pour vous en convaincre.
Mais alors…
SCP-3158 est-il vraiment politique ? Il semble établi qu'il l'est : il l'est de l'aveu de l'auteur, il a été entièrement construit autour de son message politique. Or, il est également établi qu'avant de connaître les intentions de l'auteur, d'avoir sa grille de lecture, beaucoup de lecteurs sont complètement passés à côté du message, et pour cause : le rapport a beau se prétendre orienté, il fait de son mieux pour désorienter le lecteur… et il y a fort à parier que sans les indications de l'auteur on pourrait l'interpréter de façons très diverses, et voir à la place de son message sur la culpabilité décoloniale une métaphore de la cancel culture ou une critique des écologistes qui empêchent la construction d'hôtels trois étoiles sur les îles vierges. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si je mets autant son auteur en avant depuis le début de cette chronique : un même rapport signé Communism will win, Colonialism will win ou Capitalism will win aurait eu de grandes chances de vous lancer sur des préjugés très différents… Avec des larmes de sang et un peu de mauvaise foi, tout devient possible.
En clair, même si ce rapport se voulait politique dans le sens "je-prends-mon-lectorat-en-otage" du terme, il semble qu'il ait déjà du mal à trouver son flingue et ait oublié sa ceinture explosive à la maison. Pour une raison simple : le lecteur ne devrait jamais avoir besoin des explications de l'auteur pour pouvoir apprécier son texte.
Le drame d'un message politique, c'est que trop frontal, il rebute, mais trop tangent, il passe inaperçu. Autant dire que dans ces conditions, un rapport de moins de 500 mots est le pire médium pour tenter de transmettre une idée sans tomber ni dans l'un ni dans l'autre. Alors mention honorable pour SCP-3158 : tenter de véhiculer un message sur un sujet épineux avec si peu de marge de manœuvre ne pouvait qu'échouer, mais il s'est débrouillé comme il a pu, et l'idée de se servir de l'absence de mots pour aborder la question du déni était particulièrement bonne.
Quant au reste, lecteur, n'oubliez pas : ce n'est pas parce que n'importe quel dessin d'enfant peut être lu comme un pamphlet qu'il n'en est pas moins un dessin d'enfant — et ne laissez pas les Zemmours de ce monde vous dire que "Tout est politique." pour essayer de vous convaincre que les enfants qui dessinent font autant de mal qu'eux, ou qu'ils ne font pas plus de mal qu'un enfant.
Car après tout, comme l'a dit un illustre vidéaste :
“Tout n'est pas politique, mais la politique, elle, s'intéresse à tout.” – Karim Debbache
Vous voyez comme un message parait plus vrai dès qu'il est dit par quelqu'un que vous aimez ? C'est de Machiavel en fait.
— Gémini
Et Maintenant On Analyse Des Trucs
Des fanarts et de leur importance dans l'univers de la Fondation.
Vous avez tort.
Vous avez tort de vous dire que la Fondation est complètement en dehors des questions d'argent. Et si j'ai utilisé la catchphrase de ce cher Cimmerian, c'est parce qu'il est un des exemples les plus voyants du fait que même sur un site où tout fonctionne de façon gratuite, bénévole et amateure, on vient à trouver des occurrences où il est malgré tout question de fric, de flouze, de blé, de pépettes, de monnaie, de trèfle, de maille, de pèze, d'oseille, de moula ou de cash.
Eh oui, la Fondation est la base d'une toute petite activité économique. Et la plus grande part de cette activité concerne les fanarts.
L'argent, le fanart et nous. Vaste sujet. On va l'aborder prudemment, de mon humble point de vue, en partant de ce qui ne dérange personne, avant d'explorer petit à petit des pratiques plus discutables, voire carrément crasses.
1. La commission.
J'ai une super idée, tu veux des sous pour la dessiner ?
Pratiquée dans de nombreux fandoms/cercles/sociétés depuis des temps immémoriaux, la commission a une place de choix dans le milieu des fanartistes SCP. Un commanditaire contacte un artiste et lui donne une certaine somme pour réaliser un dessin/une musique/[insérez n'importe quel type d'art].
C'est une activité très bien vue par les créateurs et les membres du wiki (que nous appellerons la communauté interne), qui en sont généralement les principaux clients. Ainsi (et même si ça n'est pas quelque chose que l'on retrouve ailleurs), il arrive régulièrement que les pages d'artistes de la branche anglophone incluent des tarifs de commission.
La commission est un système à très petite échelle : on commissionne un artiste dont on connaît bien le travail, parfois sur des sujets qu'il a déjà exploré en fanart. Il est même courant de se commissionner entre artistes, quand l'occasion se présente. La principale différence qu'a la commission au sein de l'univers SCP par rapport à d'autres fandoms, c'est qu'on la partage plus volontiers sans se soucier d'avoir la permission de la personne pour laquelle elle a été faite1. La licence encourageant la copie et la diffusion des produits dérivés, les commanditaires sont moins à cheval sur l'exclusivité habituellement associée à cette pratique. On est donc plus proche d'une forme de mécénat, dont la communauté bénéficie indirectement.

| Une commission que Niram a réalisée pour moi. Financée par une de mes commissions pour Pipon.
Dans de rares cas, certaines collaborations se font sur le long terme et permettent à l'artiste d'avoir un revenu plus un peu plus stable. Ainsi le Youtubeur hispanophone Jomosu fait-il appel régulièrement à Amai Ixchel pour illustrer ses vidéos. Cependant, la plupart des artistes ont des tarifs de commission très bas, très certainement dûs au milieu très amateur et à ce vieil ami qu'est le syndrome de l'imposteur2.
Il faut également noter que beaucoup des commissions réalisées pour des membres de la communauté interne ne sont pas liées à l'univers SCP. La Fondation joue alors le rôle d'un réseau d'influence, permettant à l'artiste de se faire connaître et donc de toucher de potentiels clients. Et comme la plupart des personnes de ce réseau sont elles-mêmes des créatifs, les situations du type "fais-le gratos, je te paie en visibilité" sont très largement évitées.
En somme, l'ouverture de commissions est une solution répandue et bien vue, mais personne ne se fait autre chose que de l'argent de poche avec, du moins à ma connaissance. C'est quelque chose de ponctuel, tout au plus. Pour les projets nécessitant une implication à plus long terme, on assiste au développement d'un autre modèle économique.
2. Les dons et projets plus longs.
Je veux que tu ailles au bout de ce que tu as commencé.
Il arrive parfois que certains fanartistes se lancent dans des aventures plus ambitieuses, dont la réalisation nécessite du temps et davantage d'investissement, à tel point qu'il faille un soutien financier pour les mener à bien. On a alors deux cas de figure.
Un : le projet a été lancé sans penser aux ressources ou au temps nécessaire à son accomplissement, puis s'est doté au fur et à mesure de financements. C'est le cas d'un certain nombre de comics, jeux et contenus audiovisuels. On peut citer Facility Manager qui s'est doté d'un Patreon plus d'un an après le début de son développement. Dans ce cas, il s'agit généralement surtout d'aider les créateurs à maintenir leurs efforts sur le long terme, afin d'en quelque sorte compenser le temps et les ressources personnelles engagées.
Deux : le projet est planifié et la question de son financement est posée dès le début. Un exemple récent a été la production du court-métrage sur SCP-096, qui a opté pour la méthode du crowdfunding avec un très grand succès.
Le crowdfunding a cependant ses limites : il nécessite à la fois une organisation sans faille, un projet à l'aspect plus "pro" et un sujet connu. Sans le premier et le deuxième point, la confiance nécessaire entre les financeurs et les créateurs est difficile à établir puisque les gens sont généralement assez intelligents pour éviter de donner des sous à quelque chose qui ressemble à une arnaque ou à un bateau à la dérive. Le dernier point est une limite liée au rapport que la Fondation a avec ses propres écrits. Qu'on le veuille ou non, l'imaginaire SCP est dominé par l'ombre étouffante de la même petite poignée de textes, et c'est d'autant plus vrai qu'on s'éloigne de son noyau dur de contributeurs directs. Ainsi, si je voulais financer une adaptation du Tesmini avec Gérard Depardieu dans tous les rôles, il faudrait qu'un nombre considérable de personnes aient assez envie de voir cette adaptation pour me donner un peu de leur argent. Or ça n'est pas avec les 71 pélos qui l'ont upvoté que je pourrais engager Gérard. On peut alors se dire que plus un projet est ambitieux, plus il devra rester mainstream pour trouver assez de soutiens. Les (relativement) grosses productions autour de notre univers sont donc logiquement destinées à être centrées autour de sa branche anglophone et de la série I.

| Photo promotionnelle pour le court-métrage 096
Ces projets sur le plus long terme restent assez peu éloignés de la communauté du site. Ils peuvent émaner de membres déjà installés en son sein comme de personnes extérieures que l'activité fanartistique prolongée finit par rapprocher. Cette proximité est importante et fait qu'en général, ce type d'activité est vue d'un bon œil. Cela veut aussi dire que quand, à l'inverse, il apparaît un projet de nulle part sans que ses initiateurs aient jamais réellement interagi avec la communauté, l'acceuil sera très tiède.
A contrario, dans d'autres domaines, cette question de la proximité ne semble pas être un problème.
3. Le merchandising.
Je veux avoir un bout de l'univers chez moi.
Le merchandising SCP est très divers. On y trouve en vrac, de façon assez commune, des pin's, des charms et porte-clés, des autocollants, des vêtements, des cartes diverses, des peluches, des prints, des marque-pages, des mugs, des jeux de plateau, des livres et des figurines3. Ses acteurs sont divers et vont des plus obscurs aux plus répandus.
Les plus méconnus, on ne les croise que par hasard, en convention ou sur les réseaux sociaux. Ce sont des artistes qui aiment la Fondation mais ne sont pas entrés en contact avec sa communauté ou très peu. Par exemple, en 2019, j'avais pu observer de très beaux prints au format marque-page sur un stand de la Japan Expo, perdus au milieu de fanarts d'univers très divers.
Plus proches de nous et plus faciles à trouver sont les productions des fanartistes de la communauté. On pourra citer SunnyClockwork, qui a vendu quelques sets de tarots ou Yanith avec ses peluches cousues main et figurines pop personnalisées.
Ces productions sont plus abondantes dans des pays où la Fondation est très ancrée et nous permettent de constater que le merch de fanartistes est généralement fabriqué à l'occasion d'événements, comme lors des conventions spéciales SCP organisées au Japon et en Russie. Le Comiket, grand événement japonais autour de l'auto-édition, semble également être un point névralgique où l'on trouve régulièrement des anthologies et autres éditions papier autour de l'univers de la Fondation. Autant dire que depuis que le Covid-19 est arrivé, ce type de merch événementiel a drastiquement diminué.

| Le stand d'@ishida_bon, début 2020
Restent ceux qui ont des boutiques en ligne. Grâce à des sites spécialisés dans l'impression de tout sur n'importe quoi, nombreux sont ceux qui peuvent se vanter de savoir déchiffrer les signaux d'urgence des FIM à l'aide de leur mug.

| Un exemple d'"impression de tout sur n'importe quoi"
Souvent les boutiques plus fournies et moins amateures proposent, en plus des classiques T-shirts, carnets et stickers, de grandes diversités de pin's ou badges et autres cartes d'accréditation en plastique. La présence de peluches, quant à elle, indique que la boutique a l'ambition de brasser pas mal d'argent, et vous pourrez souvent constater que le reste des produits manquent sérieusement d'originalité. Elles sont davantage destinées à un public extérieur.

| Pin's par Toadking Studios
Le contenu de ces boutiques est généralement bon marché et apprécié car il fournit à l'acheteur des marqueurs d'appartenance à la communauté SCP. Je suis certaine que quelques-uns des lecteurs de la Gazette ont déjà accroché un pin's avec le logo de la Fondation à leur sac dans l'espoir que quelqu'un le reconnaisse ou arboré avec fierté une carte d'accréditation sur un cosplay, à l'occasion.
De la même manière, les publications physiques ont du succès, mais pas exactement pour les mêmes raisons. Si on achète un T-shirt pour montrer son appartenance à une communauté, on achète un livre davantage pour posséder un bel objet. C'est une représentation concrète, physique, d'un univers aimé dont la forme première est par essence impossible à saisir. Le livre est ainsi un lien, et le fait qu'il soit souvent illustré et soigneusement réalisé en fait un beau cadeau. Ainsi des projets de livres comme ceux de Waning Publishing ont créé une vague d'enthousiasme, aidée par la transparence de l'éditeur sur l'affaire Duksin. Car si quelque chose a sérieusement refroidi la confiance de la communauté interne sur les belles publications, c'est bien le cas ArtSCP, car il a montré qu'on pouvait vendre des trucs cools et être profondément en contradiction avec le wiki à la fois.
Car oui, pour certains, l'argent devient prioritaire par rapport à l'univers, et c'est là que tout le monde commence à grincer des dents.
4. Les chaînes d'animation.
Pour tenir sur la longueur, l'important c'est un business model viable.
Il y a deux types de chaînes d'animation SCP : celles qui ont pour but de faire de l'argent et celles qui en font probablement perdre mais continuent par passion. Pour le deuxième type, je n'ai qu'un seul exemple, et c'est Lord Bung avec Confinement. Le seul fait que cette série soit toujours en cours est d'ailleurs une anomalie. Elle nous servira donc d'étalon pour comprendre que le fait de vouloir faire l'animation sur YouTube est en soi assez peu compatible avec un contenu de qualité.
Premièrement, l'animation ça coûte cher, et c'est le point de départ de tout le reste. Partons donc du principe que pour qu'une chaîne continue de vivre, il faut qu'elle soit économiquement viable. Comment donc gagner de l'argent à partir d'une chaîne YouTube ? En faisant des vues, premièrement, beaucoup de vues. Même en monétisant à outrance, la publicité n'est pas suffisante pour payer les animateurs, mais le fait qu'une vidéo soit vue permet d'avoir davantage de potentiels clients. Ainsi Tales from the Foundation a assez d'audience pour faire des placements de produits et possède une boutique avec des produits dérivés de la partie la plus connue de l'univers SCP. On peut supposer que les vidéos d'animation servent surtout de produits d'appel pour promouvoir des produits dérivés. Or pour maintenir un flux de clients régulier, il faut que la chaîne sorte régulièrement des vidéos, et des vidéos qui plaisent.

| La fréquence de publication très élevée est une constante. Ici un exemple extrême.
Et c'est là le deuxième point important : l'animation ça prend du temps. Ainsi entre chaque épisode de Confinement, il y a plusieurs mois de délai, parce que faire une belle animation c'est aussi dessiner 25 images multipliées par le nombre de secondes. Je vous laisse calculer sur un épisode de 20 minutes. Évidemment, pour une chaîne qui sort une vidéo par semaine, c'est impossible. Il faut donc utiliser d'autres méthodes, comme l'utilisation de pantins pour les mouvements des personnages, un nombre limité de décors, ou une narration qui élude des passages pour que la vidéo soit moins longue. Et, pour ne pas perdre de temps à être créatifs, tracer sans remords et souvent sans crédit des dessins prééxistants.
Ces problèmes, déjà très présents sur les grosses chaînes, le sont encore davantage sur les plus petites qui essaient de reproduire le même succès en ayant encore moins de budget.

| Un exemple flagrant de traçage (dessin de BrenZan). D'autres occurrences de ce problème ont été recensées dans ce fil.
La qualité médiocre et le fait que ces chaînes ressemblent à des entreprises peu scrupuleuses font que la communauté interne a tendance à ne pas trop les aimer, si ce n'est les mépriser vaguement. Pourtant, elles font partie des éléments les plus visibles de l'iceberg de la Fondation et sont extrêmement populaires chez une frange du fandom souvent jeune qui touve le format animé plus digeste que l'austère version textuelle. Et même si leur piètre qualité est compréhensible, je ne peux pas m'empêcher de trouver dommage qu'elles fassent partie des images de la Fondation pour un public plus large.
Car elles sont un exemple commun, si ce n'est banal, du sacrifice de la qualité chère à notre site sur l'autel d'un profit très relatif.
5. Les sangsues.
Chouette, une grosse communauté, je vais pouvoir me faire des couilles en or !
La Fondation est une réserve de créativité immense, à disposition de n'importe qui, avec une grosse communauté très active autour et en dehors du site, des exemples de fanworks à succès (on pense surtout à Containment Breach) et un grand enthousiasme autour des projets un peu ambitieux. Bref, pour certains, le domaine fanartistique SCP ressemble à une mine d'or qu'il suffirait d'exploiter pour se faire des thunes.
Problème : la mine d'or a des principes et elle mord. Démonstration avec un exemple récent. Récemment, une nouvelle mode est partie du monde des types louches qui vouent un culte à Elon Musk, pour envahir les réseaux sociaux et le grand public. Les NFT (ou Non Fungible Tokens) sont une méthode permettant de payer pour obtenir un certificat de propriété sur quelque chose sur Internet via la technologie de la blockchain. Les NFT ont eu un pic de popularité durant le mois de mars avec le monde de l'art comme vitrine, soulevant au passage de nombreux problèmes dont principalement l'empreinte environnementale et les vols de contenus. Parce qu'un NFT ça utilise souvent plus d'énergie que quelqu'un durant toute sa vie (eh oui, pour qu'une blockchain soit fiable et donc remplisse bien son rôle de preuve de propriété il faut des quantités astronomiques d'opérations, et pour la planète c'est bof) et qu'il est facile de "tokeniser" sauvagement un contenu sur les réseaux sociaux sans l'accord de la personne qui l'a créé, la pratique a été violemment rejetée par une partie du monde de l'art sur Internet. Une autre partie en a vendu sans scrupules, portés par la hype de l'exploration d'une nouvelle facette du marché de l'art4.
Et la Fondation dans tout ça ? La vague a fini par atteindre notre petit monde en mars, tel un écho de ce qui se passait à plus grande échelle. Quelques comptes ont fait leur apparition en essayant de monétiser des textes de la série I et des tweets du compte de la branche anglophone.

| Notez l'absence de pertinence.
Ces incursions ont immédiatement été l'objet de la plus grande méfiance, notamment chez les fanartistes.

| Sur ce serveur par exemple, la plupart des artistes ont systématiquement bloqué chaque compte ciblant les SCP pour éviter d'éventuelles tokenisations de leurs oeuvres.
Mais la tentative de crypto-bullshiter la Fondation qui a suscité le plus de réactions fut celle d'un dénommé Patrick Dugan. Et si la plus grande partie du thread incriminé décrit une idée de jeu vidéo, que l'on ne s'y trompe pas : Patoche est un homme d'affaire qui est dans la cryptomonnaie jusqu'au vocabulaire imbitable, et la partie la plus importante est celle où il décrit le modèle économique. Il y serait question de financer ce fameux jeu en vendant des NFT de SCP célèbres dédicacés.
En dehors du fait que ça ait l'air super bancal et que personne n'ait compris si la licence l'autoriserait ou non, il s'agit d'un schéma classique où le fanart est utilisé comme prétexte pour justifier la mise en place d'un système "profitable" parasitant le wiki. Mais qui se plaindrait que quelqu'un gagne de l'argent sur notre travail commun alors que tant d'autres le font déjà ? Après tout j'ai passé tout cet article à vous raconter en long, en large et en travers que le fanart brassait des sous et que c'était bien. Et puis si ça donne des oeuvres de meilleure qualité en résultat, c'est positif non ?

Car en dehors du fait que les NFT c'est nul (l'impact environnemental toi-même tu sais), l'intention de départ sent la spéculation et l'envie de faire de la Fondation un support de business à plein nez. Une mentalité qui répugne la plupart des personnes de la communauté, d'autant plus que son application est en désaccord profond avec l'idée d'une Fondation libre et commune sans réelle notion de propriété, si ça n'est celle parfois fluctuante d'un auteur sur ses créations.
Et le coup du super projet qui a besoin d'un modèle économique différent, on nous l'a déjà fait. Pour soi-disant financer un film, un certain Andrei Duksin a fait de la Fondation une marque déposée en Russie. Quelques années et un procès plus tard, on ne peut pas dire que ça nous ait vraiment réussi.
Alors oui, nous sommes une "communauté toxique"5 d'empêcheurs de spéculer en paix, qui limitons les fanarts SCP à des projets sans budget, à de petits marchés événementiels et à de l'argent de poche alors qu'on a de l'or entre les doigts. Mais est-ce vraiment un mal ?
La créativité des artistes SCP n'a pas eu besoin de grosses sommes d'argent pour naître, exister et prospérer. Je considère même que cette "faiblesse" financière est une des plus grandes forces de notre fandom. Elle nous permet d'être prompts à l'émerveillement : le fan de SCP est enthousiaste à l'idée de jouer à des jeux vidéos modestes, satisfait quand un épisode de série sort tous les 9 mois, hypé par un artbook et touché quand il repère quelqu'un qu'il ne connaît pas vendre un marque-page lié à l'univers.
L'identité des fanarts fondationnesques s'est créée autour de cet amateurisme reposant sur des clopinettes, et j'aime à croire qu'ils en tirent une partie non négligeable de leur charme.
| Caricature par Olbaum
Notice de lore mensuelle ; cette fois-ci, sous la loupe :
La CMO, entité politique occulte ou Michael Bay de l'anormal ?
La Coalition Mondiale Occulte. Une des organisations les plus puissantes de l'autre côté du Voile. Fonds extrêmement importants, ressources militaires et scientifiques presque illimitées, implantation dans la totalité des pays… C'est sûrement le plus sérieux concurrent à la Fondation SCP en termes de moyens et de puissance. L’exemple-type de l’organisation plus limitée par ses principes que par ses ressources, à la différence d’autres Groupes d’Intérêt plus modestes qui doivent faire avec ce qu’ils ont : on peut citer S.A.P.H.I.R., Némo ou encore la Meute d'Aberdeen. La question n’est pas comment ils y arrivent, puisque de toute façon ils y arrivent, mais pourquoi ils y arrivent. On peut ainsi plus s’étendre sur les raisons que les moyens employés.
Mais en termes d'écriture, à quoi sert la CMO ? Où la placer, dans quelles circonstances ? Face à quelle anomalie serait-il judicieux de la faire intervenir ? Quel contexte lui serait favorable pour développer son lore ? Et c'est là que deux visions principales s'opposent et se complètent.
Déjà, la CMO détruit les anomalies. Quelqu'un essaie de s'emparer d'un artéfact avant la Fondation afin de le réduire en poussière ? Besoin d'une force de frappe supplémentaire afin d'augmenter le danger d'une anomalie ? Ou d'un gêneur pour les opérations des braves FIM ? D'une excuse pour justifier une catastrophe causée par la destruction d'une entité ? Ne cherchez pas plus loin : la CMO est faite pour ça. C'en est la première définition que retiennent tous les nouveaux venus, simple et efficace : cette organisation détruit les anomalies, et elle peut faire mal. Un but particulièrement facile à retenir : c’est, par cet aspect, un groupe complètement contraire aux objectifs de la Fondation. Car en effet, celle-ci ne détruit pas (sauf en dernier recours), et voilà une bonne initiative que de montrer que le monopole des suppression d’anomalies appartient à une autre organisation.
Donc pour résumer, nous avons là un groupe qui entre en contradiction avec la mission-même de la Fondation, de quoi faire de beaux parallèles et faire réfléchir sur les besoins de détruire ou au contraire de confiner.
Mais pas que.
La CMO, c'est aussi et avant tout une organisation dirigée par de nombreuses sociétés secrètes de l'anormal. De là en dérivent des intrigues politiques à base de conseils, de corruption, de lourdes décisions… Bref, un terrain où peuvent s'épanouir des sujets complètement différents qui habituellement ne figurent pas dans les dossiers de la Fondation. Comment composer avec tous ces avis différents ? Quelles décisions avantageraient les uns au détriment des autres ? Où sont les complots internationaux que chacun redoute ? La théorie de la grande conspiration mondiale se révélerait-elle être vraie ? Même si c’est aspect-là fait un peu embouteillage avec la Fondation (encore une grosse organisation secrète, que reste-t-il de normal au final ?), on a ici de véritables intrigues qui se créent au niveau du commandement. En effet, pour la Fondation, c’est facile : joker « parce que O5 » et c’est réglé. Mais là, quand vous avez 108 groupes à faire avancer ensemble dans la bonne direction, quand chacun d’eux à des idéaux bien précis à suivre, quand la bureaucratie entre les états commence à prendre plus d’importance que prévu… Là il y a du terrain à explorer, des pactes à passer, des compromis à arranger entre membres et Groupes d’Intérêt, des sujets politiques à aborder…
Donc, pour résumer, nous avons là un groupe qui, par sa taille et son désir d’être la police de l’anormal, est obligé de faire de la politique pour à la fois mettre d’accord les organisations qui la constituent et négocier avec les autres Groupes d’Intérêt.
Deux visions différentes : à vous de faire votre petit mélange personnel !
Créations du mois
- Centre des Histoires Dimensionnelles par
Neremsa
- SCP-422-FR — On a tous notre petit secret par
macro_au_micro
- SCP-423-FR — Cœur d'inquisiteur par
AgentSculder
- Archives de l'Œil Du Corbeau (Partie 1) par 'Dr Sonitrok'
- SCP-463-FR — Bistouris anonymes par
Bob-Bob-Bob
Traductions du mois
- Centre de l'APCCA par
Alwaid et
Slow-out
- Dossier : Institut Progrès par
Pr Magma
- Les équipes de derby de Portlands par
Trank
- SCP-5321 — Le Spoiler par
Vaalxeny
- Sites de confinement italiens J par
Oreobanane
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Rédaction :
- Édito et Aucun Rapport par
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Seyph, caricature par
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- Bulletin par
Henry Von Kartoffen
- Actualités par
The Pighead
Administration :
-
Crédits
Titre original : Gazette d'Aleph : Numéro 38
Auteur : Dr Lekter
Date de publication : 8 avril 2021
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