Garder une pluie de douilles...

Alors c'est ça. C'est ça pour vous de défendre le monde contre les œuvres du mal. Envoyer des êtres humains à la mort pour vos "expériences". Et nous à côté, on se tait. On ne dit rien et on regarde, on se tait comme de vulgaires toutous. Si seulement cette pièce m'avait donné l'occasion avant.

Moi, c'est Elios, enfin, Elios c'est le foutu nom de code que vous m'avez donné en entrant dans cette putain d'installation. "356-E-690-N" le matricule qu'on doit jamais oublier… Il s'est ancré dans ma tête, me hante, me tire, me blesse. On est marqués comme de vulgaires chèvres dans un enclos. Et moi qui pensais qu'en acceptant ce contrat, je faisais vraiment quelque chose de reconnaissable, ayant de vraies responsabilités. J'ai été bête. Je gère plus de 95 personnes par jour et aucun de ceux-ci ne semble être écœuré par les horreurs qui se produisent chaque jour ici. Peut-être sont-ils comme moi après tout ? Cachant leur dégoût derrière leur gilet balistique avec placardé "sécurité" juste au-dessus de leur numéro d'appel. Malheureusement, je ne pourrais plus jamais le savoir.

Le Josh que mes parents ont connu, que mes instructeurs ont connu et que ma femme a connu est devenu un monstre qui, en disant une simple phrase dans un microphone, en tenant un fusil d'assaut à longueur de journée pensait qu'il faisait les choses bien. Le Josh que mes parents ont connu, que mes instructeurs ont connu et que ma femme a connu est devenu un monstre qui en disant une simple phrase dans un microphone, en tenant un fusil d'assaut à longueur de journée pensait qu'il faisait les choses bien. Peut-être que j'ai été fait pour ça après tout. Élevé auprès des canons, du bruit des douilles qui frappent fort le sol à répétition, le son accablant des détonations semi-automatique. Les mêmes qui me hantent chaque jour que je passe auprès de ces fils de pute.

Ça ne s'est passé qu'hier mais, pourtant je m'en rappellerai toujours, même dans les cieux enflammés, là où le sourire et le rire de cet homme sont redondants, le cri de ce salaud de mastodonte et les appels à l'aide des reptiles rouges raisonnent. Mon capitaine, le même qui m'avait formé à mon arrivée. Il s'est fait déchiqueter devant moi en tentant de me pousser vers le retranchement où cette chose ne pouvait pas passer. Celui-ci n'était pas un connard comme les autres. Celui-ci avait un cœur. C'est drôle quand même, un ange à la tête de centaines de monstres.

Pourquoi veulent-ils garder ces choses ? Pourquoi ne pas les détruire ? Dans tous les cas, je suis condamné ici. Jamais je ne pourrai sortir. Jamais je ne pourrai me séparer de mes armes, mes badges et mes responsabilités. Mais ces responsabilités ne servent à rien désormais. Un autre les reprendra aussitôt, un sergent n'est pas si rare en fin de compte.

Mon arme de service est dans ma main serrée, la sécurité désactivée et ma main tremble. Elle se demande si elle vaut vraiment cela. Elle était ma partenaire depuis le début, elle ne m'a jamais lâchée… Ma compagnie la plus fidèle s'apprête à terminer son service dans mes mains. Mais si je m'en vais, où iras-tu ? Envoyé à ma famille comme signe de reconnaissance sûrement. Une reconnaissance transparente, tout ce qu'ils disent ne sont que des symphonies, les symphonies du mensonge, ce même mensonge qui ronge tout notre misérable monde. Il suffit. Il est temps de terminer ce cirque et de rejoindre celui qui le dirigeait auparavant. Sera-t-il fier de moi ? Seul dieu le sait. Mon destin s'arrête ici.

Mon bras ne fait que trembler, il monte, monte jusqu'à ma tempe. Mon regard est froid et vide, je fixe ma plaque dorée que je ne verrais plus jamais quand soudain… Le vide…

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