Parce que certains d'entre nous aiment la structure:
I- Première lecture
A- Un spot pour les jeunes
La première impression que j'ai en lisant ce conte est la même sensation grinçante de démarche commerciale que laissent les spots publicitaires adressés aux jeune, type "Si t'as pas de Sam, t'as le seum" et autre.
Là j’ai pas compris, mais arrive la suite :
La même structure:
- D'abord, on lance des mots d'un vocabulaire spécifique, tiré de leur contexte et sans approfondissement réel, la technique simple du "Hé t'as vu ça pourrait être toi, regarde, c'est quelqu'un de cool et branché": seum, yo, trop cool mec, et ici, Raidcall, la liste SCP, wifi, sandbox…
Raidcall, la liste SCP, wifi… Tiré de leur contexte…
Leur contexte, c’est la Fondation. Le site sur lequel est posté le conte.
Les « mots techniques », welcome to the club, on les utilise tous, aussi bien sur site que sur RC.
Plot twist : nous sommes dans un spot pour jeunes.
- Ensuite, sans transition aucune sinon essayer de reproduire ce qu'on fait quotidiennement ("ça pourrait trop être toi maintenant"), BOOM, un choc terrible et imprévisible sans nous laisser le temps de nous acclimater, avec un "tear-jerker" quelconque : Tout le monde fait la fête -> BAM accident de voiture, tout va bien -> BAM un enfant cancéreux! (Je reviendrais là dessus)
Le choc terrible, il est justement amené comme tout sauf un choc terrible : l’atmosphère est calme, silencieuse, c’est plus un aveu tranquille qu’un choc. J’reviendrai sur le tear-jerker.
- Les conséquences: Famille triste, amis désorientés, ou ici, carrément les Bips de l'ECG (Comptez le nombre de spots pour les jeunes qui finissent sans musique par un bip d'ECG, c'est fou)
Et en un clin d'oeil, c'est fini.
Du coup ouais, ça sent un peu (attention abus de langage) la "démago", avec le ça-pourrait-être-toi -> ça-souffre qui ne marche plus après 10 ans de sur-usage.
« Famille triste » : elle n’est qu’évoquée rapidement, et jamais il n’y a mention d’un concept de tristesse, nulle part dans le récit. Cherche.
Ami désorientés : Non. Aucun n’est au courant, personne n’est désorienté.
Bips : Dans une chambre d’hopital calme, ça sert à amener une ambiance sonore, ou plutôt, ici, à la briser, et à montrer une déformation du temps que décrivent les gens ayant vécu des EMI.
Quant à le « ça pourrait être toi » : nope. C’est écrit à la troisième personne, pas à la première. La focalisation fait que le lecteur est spectateur, pas acteur.
B- "Tear-Jerker"
Au départ, je croyais que le conte était humoristique, quand j'ai lu l'enfant cancéreux. C'est horrible dit comme ça, mais essayer de faire de l'émotion avec un enfant cancéreux, c'est terriblement cliché, ça, la faim dans le monde et des chatons mourants. C'est un procédé courant de facebook, avec la petite fille chauve, et le "aime si tu veux pas qu'elle meure". C'est… C'est triste, oui, certes, mais c'est pas vraiment être subtil que de donner le cancer à un enfant pour attirer la sympathie, je ne sais pas combien de gens l'ont fait en posant à côté pour montrer leur humanité, que ce soit au cinéma ou en politique. Faire un conte triste avec un enfant cancéreux, c'est un peu comme se dire qu'on est bon en escrime parce qu'on vient de tirer au revolver sur quelqu'un. C'est techniquement une victoire, mais pas un beau match.
Ici, il n’est pas fait mention d’aucune sympathie, il n’y a pas mention de tristesse, les seules choses relatives au cancer ici sont : mort et isolement. Donc le conte triste, moyen. J’vais pas aller jusqu’à dire que c’est joyeux, mais la fin est limite optimiste.
C'est le même principe que quand je me retrouve devant un téléfilm qui me donne des explosions et des scènes de cul, j'ai l'impression qu'on me prends pour une tanche qui se satisfera d'émotions basiques et sans profondeur, et qui paiera sa place de ciné si on lui donne sa dose de "spectaculaire" dans le trailer. Un peu comme la démarche derrière expandables, le "C'est ce que les gens aiment, donnez leur ça, rien de plus".
Et pour moi, me faire m'identifier vaguement à un gosse puis le faire mourir, c'est la même démarche, avec cette caractéristique que de pas chercher plus loin. On sait rien sur le gosse, il est là pour mourir et que ce soit triste, point.
Ici le but n’est pas de jouer sur l’émotion. Y’a AUCUN mot rentrant dans le champ lexical de l’émotion. Si tu sais rien sur le gosse (qui d’ailleurs peu très bien ne pas en être un, m’enfin on est plus à une extrapolation près), c’est justement pour pas t’y attacher/t’y identifier, rentrer dans le pathos, retirer l’humain de la situation, et le replacer face au surnaturel alors que la situation est totalement normale.
II- Deuxième lecture
A- Le 4ème mur
Alors ce paragraphe n'a rien d'une critique, mais c'est parce que je tiens à dire que ça fait 4-5 mois que je pense à ce genre de conte, dans le sens où j'aurais adoré mettre en scène non pas un personnage mais un auteur du site, mais moi c'était pour montrer la dualité personne/personnage, le mec timide qui peut être dans ce monde le plus grand des directeurs, donc fondamentalement rien d'autre à voir avec ce monde que l'apparition du monde réel de la vérité véritable. Mais juste pour souligner que pour avoir abandonné laissé un projet aussi ambitieux, j'admire l'intention, c'est un exercice rudement difficile que j'ai carrément pas réussi du tout. Donc le point central de ce paragraphe: Putain de potentiel au saumon plaqué or pour ce genre d'idée, qui devrait pour moi être dans plus de contes. Mais plus poussé que dans celui là, où il n'est qu'évoqué, et pas le centre du conte. Et en disant cela, je me rends compte qu'il y a pas vraiment de "centre du conte" ici, je comprends pas l'idée que tu veux faire passer dedans. Mais du coup, ça, ça tient de ma compréhension, pas de la qualité du conte.
Soit, donc rien à redire sur le conte lui-même.
B- Mad Max
J'ai essayé de relire ce conte en mettant de coté tout ce que je viens de dire précédemment, pour la simple et bonne raison que si j'étais assez stupide pour dire "C'est le format classique non-revisité avec les clichés de bases", j'aurais raté un film qui est un format classique non-revisité avec les clichés de bases qui s'appelle Mad Max. C'est de la tésto, de l'apo, des grosses voitures, des explosions, et pourtant c'est juste un des putains de meilleur film de la décennie
Ok, donc là le conte est un cliché. A cause des raisons précédentes. Qui sont pas dénuées de sens, mais presque.
Breuf donc: seconde lecture en partant du principe que j'ai devant moi un auteur avec ses convictions, pas un commercial qui essaye de comprendre vaguement ce que je suis pour me lancer mes réferences pour m'appater. Et là, je me range du coté de D: déçu par la fin. Ca pourrait être super si cette mort n'était qu'un début, une passerelle vers le monde de SCP, comme dans Mr Nobody par exemple, où lorsqu'il tombe dans le coma, il décide d'aller vivre dans ce monde qu'il passait son temps à écrire. Pour moi, qu'il "s'endorme" dans la réalité pour ouvrir les yeux dans la Fondation, du genre devant quelqu'un qui lui reproche d'être tout le temps ailleurs, et là il se tourne vers lui pour lui dire un truc comme "Désolé, c'est bon, je ne repartirais plus jamais", là j'aurais tout simplement bandé en direction de l'upvote, avec une super superposition des deux réalités.
Alors, le coup de se réveiller d’une rêverie / coma pour justifier deux réalités superposées, ça c’est ce que j’appelle cliché. Inception, Fight Club, etc…
Mais là ce qui me gêne, c'est que ce conte, on peut le mettre à toutes les sauces. Il n'a pas grand chose à voir avec la Fondation, c'est un enfant qui meurt du cancer (donc c'est triste) ET il était membre de la Fondation (donc on doit se sentir proche de lui). Si tu enlèves les références à la Fondation, ça a encore tout son sens et sa structure.
Et le truc surnaturel à la fin, ça n’a également aucun rapport avec la Fondation ? Et si c’était inclus dans les références à la Fondation autant in-universe que IRL, on peut down la totalité (ou presque) des contes –FR.
Si tu enlèves les références à la Fondation, ça a encore tout son sens et sa structure.
C’est sûr. Pourquoi s’embêter à faire un conte tombant le quatrième mur si on peut directement faire un spectacle où le quatrième mur n’existe pas ?
En espérant avoir été clair, c'est donc down pour moi, et si le concept t'attires toujours je serais pour que tu en écrives un autre. Ne serais-ce que pour voir ce que j'arrives pas à faire prendre forme.
Je repartirai pas sur ces thématiques je pense. Les mélanges de réalités y’en a déjà quelques uns, et repartir là-dessus serait inutilement redondant.
Je résume donc tes raisons de down (même si je sais très bien que tu peux le conserver, tout down est valable et non explicable) :
Le conte est cliché, car :
- il utilise le système du spot de jeune en citant des termes utilisés régulièrement par les membres de la Fonda, et en dramatisant le cancer d’un jeune, sans utiliser aucun outil permettant une focalisation interne, un champs lexical de l’émotion, et en recentrant l’histoire sur le 4ème mur qui est sur le point d’être brisé.
- ce conte peut être mis à toute les sauces : en effet, ça n’aurait pu ne pas être la Fonda. Donc inutile de casser le 4ème mur, si ce n’est que c’est l’objectif principal du conte.
Bref, je suis pas sûr que t’aies bien compris le conte, je t’invite à le relire.
Autant je m'attendais à être critiqué sur la chute, prévisible, et même si le format me bloquait un peu j'acceptais ce genre de critiques. Mais sur des extrapolations à ressorts, mouef.