Soit. Je connais très bien Nietzsche, et à dire vrai, je l'ai lu en allemand. Le "en retour" pour lequel j'optais me semble au contraire capital, et il ressemble beaucoup au "lui aussi" que suggère Henry Albert… Mais qu'aurait donc cet autre que je n'ai ?. Je trouve que c'est plutôt son incise à lui, avec ses deux virgules, qui casse le rythme.
Und wenn du lange in einen Abgrund blickst, blickt der Abgrund auch in dich hinein.
Ma traduction ne me semble pas être un outrage à son travail (d'ailleurs c'est pas Nietzsche qui parle dans le texte, attention à ça quand même). En gros, le type qui a tapé le rapport a tout à fait pu paraphraser la citation, de la même manière que toutes les expressions ne sont pas "figées" (ceux qui étudient la linguistique voient de quoi je parle). Puisque ce n'est pas Nietzsche qui parle ici, mais le chercheur qui tape le document, il peut tout à fait ne pas le citer mot pour mot ou employer le même style que lui (ce qui n'a de toute façon aucun sens, puisque la citation d'origine est allemande).
Il existe une quantité de traductions phénoménale rien que pour cette simple citation, et je ne vois pas vraiment ce que tu reproches à la mienne. Je ne suis pas d'accord avec l'idée de pléonasme que tu tentes de pointer. Pour la détermination "un abîme" à la place de "l'abîme", je peux t'entendre, même si j'ai mes raisons. J'apprécie que tu aies fait l'effort de me fournir la traduction de quelqu'un d'autre, mais j'ai quelques reproches à lui faire, notamment que cette option semble trop littéraire pour un -J. Mais soit. Je verrai ce que j'en ferai.
Le but était de retranscrire un texte anglais en français, en conservant un maximum l'aspect culturel anglais, pas de traduire une citation d'origine allemande le plus littérairement (=/= littéralement) possible.
Mais sérieusement, je ne vois pas en quoi la tournure est redondante. Tu parles aussi de sonorités, mais sans le contexte de la prose Nietzschéenne (ou du reste de la traduction d'Henry Albert) je ne vois pas l'intérêt de reprendre le travail de traduction de quelqu'un d'autre. Alors certes, ma Polyptote "regard" et "regarde" te semble moins belle que la répétition de "pénétrer", mais ça n'efface pas le chiasme, et ça ne fait pas de ma tournure un pléonasme.
Je vais pas faire de blague sur Freud, mais je suis vraiment pas fan de la répétition de "pénétration" Prétérition.
car lorsque vous plongez votre regard dans l'abîme, l'abîme vous regarde en retour.
J'avais choisi la détermination "l'abîme" plutôt que "un abîme" pour entamer dès le départ la personnification de l'abîme (et le fléchant, à la manière d'un nom propre, mais sans ajouter de majuscule pour éviter une exagération non désirée qui aurait mené à une allégorie qui n'était pas dans le propos du -J). Une fois que l'abîme est caractérisé, je souhaitais montrer la relation qui l'unit à l'observateur. Si on enlevait "en retour", la relation perdrait très clairement en mutualité. Les deux événements se détacheraient complètement autrement, à la manière de deux points détachés dans le temps. Si Acte A, X regarde Y, Alors Acte B, Y regarde X, mais d'ici-là, X détourne peut-être les yeux. "En retour" montre la réciprocité du contact visuel, ajoute de l'intensité au moment (et du poids à l'implication philosophique sous-jacente).
…
Après si ça te fait plaisir je change ça, mais j'ai plutôt l'impression que c'est faiblement justifié ici, c'est surtout une affaire de goût.