Et maintenant je suis mort III (VF)

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Bienvenue à tous pour une troisième édition d'EMJSM

Mieux connu sous son nom complet :

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Qu'est-ce que c'est donc que ces simagrées ?

Et Maintenant Je Suis Mort c'est un jeu fantastique qui vous permet à la fois d'exercer vos talents d'écrivain et de mettre à l'épreuve votre connaissance de l'univers SCP.

Les règles sont simples : Tour à tour, les participants vont écrire sur cette page des petits contes portant sur l'anomalie de leur choix, le récit se terminant toujours par la mort du personnage principal. À chaque fois que quelqu'un fini d'écrire un conte, il le signale dans la discussion de cette page et les membres du site qui le désirent pourront essayer de deviner à quel rapport SCP fait référence l'histoire. Le premier à deviner gagne le droit d'écrire le conte suivant. Le jeu se déroule sur vingt rounds.

C'est simple non ?

Alors voici quelques précisions…

  • Vous pouvez utiliser un rapport provenant de la liste principale, française ou internationale. Il est cependant nécessaire qu'il soit en français sur le site.
  • Ne postez pas vos participations sur d'autres pages, éditez directement celle-ci en écrivant en dessous de la participation précédente.
  • Ne faites pas d'entrées trop longues, limitez-vous à un maximum de 800 mots.
  • Ne faites pas non plus d'entrées trop cryptiques, dans l'intérêt du jeu, il faut que quelqu'un qui ait déjà lu le rapport auquel vous faites référence puisse reconnaître l'anomalie.
  • Proposez vos réponses dans la discussion de cette page, en dessous de l'annonce du joueur.
  • Les récits doivent être écrit à la première personne du singulier, avec un point de vue interne.
  • Et bien entendu, la règle la plus importante : Votre conte doit se terminer par le décès du narrateur, avec toujours ces mêmes mots «Et maintenant je suis mort(e).»

Attention

  • Si vous postez un message de réponse, c'est que vous comptez écrire l'entrée suivante. Ne participez pas si vous n'avez pas envie d'écrire.
  • Dans le même ordre d'idée, le nombre de participation est limité à un maximum de trois par personne afin que tout le monde puisse tenter sa chance. Il serait dommage de ne voir que quelques personnes monopoliser le jeu.
  • Lisez bien toutes les entrées. Ne réutilisez pas un rapport qui a déjà été deviné.
  • Les récits font partie intégrante du jeu et ne sont pas comptés comme des créations, ils ne vous permettront pas de vous créer une page d'auteur.
  • Ne seront prises en compte que les réponses faites sur cette page.
  • Ne créez pas plusieurs messages pour proposer différentes réponses à une même entrée, éditez le message que vous avez déjà posté avec votre nouvelle proposition.
  • Une fois votre conte posté et annoncé sur le forum, merci de vérifier régulièrement1 les réponses afin de ne pas laisser le jeu en pause trop longtemps.

Et surtout, amusez-vous !















Et maintenant c'est à votre tour de mourir !




Premier round : Agent Shadowwalkers

Je ne suis qu'un humble chercheur qui, un jour, a voulu visiter un lieu sans pareil et difficile d'accès.
On m'a prévenu qu'il y avait des règles à respecter mais il est désormais trop tard pour reculer.
Sur le chemin de l'aventure, je ne puis qu'avancer.

Je fis d'étonnantes rencontres, entretenant des échanges polis avec des créatures dont le nom m'est inconnu.
On m'offrit de nombreux présents, mais je ne suis qu'un humble explorateur qui ne puis accumuler de richesses en cet endroit méconnu.

Dans ce décor onirique, il y eu bien des choses à observer. Des fusions grotesques, des visions fantastiques, des étrangetés… mais je ne suis qu'un humble aventurier qui ne puis s'attarder sur la route qui lui est toute tracée.

Me voici bientôt à la fin du chemin en compagnie d'un habitant de cet endroit méconnu. Il pris congé poliment me rappelant que je suis toujours le bienvenu. Il me demanda quand il me sera possible de lui rendre visite à l'avenir. Mais je suis un humble chercheur qui, distrait, vient de faire deux erreurs et ne peut plus partir.

Il est désormais inutile de me chercher, ces notes sur mon voyage vous sont destinées.
Mais je sais qu'en ces lieux d'autres viendront encore…

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Deuxième round : Henry Von Kartoffen

Comme tous les jours, je descends de chez moi, un sac à la main.

Je la cherche du regard, et je me rends compte qu'il y en a plus que d'habitude. Ça surprend aussi Ginette, ma voisine, juste à côté de moi. Elle s'approche pour vérifier qu'il n'y a pas d'adresse écrite, au cas où.

Et puis plus de Ginette.

Je lâche mon sac et me mets à courir dans la rue. Mais elles me poursuivent, je les entends juste derrière moi. Elles sont plus rapides, et bientôt une langue gluante, enfin je crois que c'est ça, vient s'enrouler autour de moi.

Je suis brutalement tiré en arrière, et le couvercle se referme sur moi.

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Troisième round : Aloices

Je suis épuisé, traqué depuis des jours. Il est là, il m'observe. Qu'est-ce qu'il attend ? Je fuis, encore et encore.
Soudain, l'argent. Je le sens. Juste là. Et là. Puis sous moi. Tout autour de moi, maintenant. Ça brûle, j'ai mal ! Puis, plus rien.

Je ne suis pas mort. Pourquoi ? Je suis faible, fragile. Pas pratique.
Qui suis-je ? Je vais vous dire. Je suis ça, cette chose inerte. Le Dernier. Un témoignage du Passé, une lueur dans le Futur. J'étais. Maintenant, je ne suis que Lui. L'Humain. Chasseur.

Où suis-je ? Je sens l'argent. Partout, plein de morceaux.
Puis, dans mon corps. On me tire, m'arrache, de l'Humain. J'ai mal. Morceau par morceau. J'essaye de hurler. Ce corps, pas pratique, faible.

J'étais le Dernier.
Et maintenant je suis mort.

Résolu

Quatrième round : Gabitoon

Ils se promènent dans leur enclos, vocalisant tranquillement, je les regarde en souriant. Je suis tout de même un peu inquiet, ils ont pourtant tué ce pauvre bougre.

Je joue avec l'un d'entre eux, tout en grignotant mon sandwich, j'ai un peu plus confiance maintenant.

Tout à coup, geste brusque, je panique, le repousse il tombe au sol. J'entends un craquement, il se met à crier.

Ils se jettent sur moi, leurs pattes de fer forgé me déchirent, leurs cris stridents me vrillent les tympans, leurs corps durs me cognent.

Ma dernière vision, du rose partout.
Et maintenant je suis mort.

Résolu

Cinquième round : Charles Magne

PANPANPANPANPAN !

L'archer s’écroule criblé de balles. Avec celui-là ça me fait quatre brigands. Si j’en crois ce que m’a dit le vieux il ne devrait plus en rester qu’un ou deux et ça sera une affaire pliée. Ce petit raid s’avère être une vraie balade au final, ça valait le coup de prendre un peu l'initiative. Hâte de voir la tronche que vont tirer les copains lorsqu’ils vont me voir débarquer avec ce putain de bosquet bien nettoyé comme il faut. Sûr que ça va me faire ma promotion !

J’attrape le cadavre de l'homme par les aisselles, le traîne derrière un fourré et réamorce mon appât : un bon gros portefeuille bourré de billets au milieu du sentier. Ceci fait je retourne me cacher derrière ce gros rocher. Il n’y a plus qu’à attendre.

Bon Dieu ce qu’il fait froid ! Saleté de pays, voilà qu’il commence à neiger maintenant. Le dernier brigand s’est fait un peu désirer, ça fait bien deux ou trois heures que j’attends et il fait tout à fait nuit désormais. Il s’est montré il y a une minute à peine et je le vois qui s’approche. Il est juste-là, à une dizaine de mètres de ma cachette. Il a remarqué le portefeuille et il se frotte déjà les mains, le bandit ! Il se penche, le ramasse, compte les billets… Il est en plein dans ma ligne de mire. Je pose le doigt sur la détente et retiens mon souffle. Une cible immanquable. Je vais tirer.

Une brindille craque soudain derrière moi. Le coup part tout seul et je manque ma cible de deux bons mètres. Je me retourne et aperçoit juste derrière moi l’ombre d’une colossale silhouette que la pleine lune éclaire de dos. La silhouette brandit un genre d’énorme massue – presque un petit tronc d’arbre – hérissée de clous. J’ai juste le temps de remarquer ses yeux qui me fixent et son sourire goguenard qui lui monte jusqu’aux oreilles.

"Petit futé…"

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Sixième round : DrJohannes

C'est pas une bonne idée. C'est vraiment, vraiment pas une bonne idée. Mais les résultats du dernier sondage sont plus que clairs, alors qu'est-ce que j'y peux ?

Le live dure déjà depuis un moment, mais il faut savoir faire monter la tension pour un résultat maximal. On en est à plus d'une heure. Ça fait déjà deux fois que je sors de la pièce sur un prétexte plus ou moins débile juste pour voir comment ils vont réagir face à une chaise vide. Les deux fois, le nombre de spectateurs a augmenté au lieu de diminuer. La première fois, je suis revenu avec un granité à la framboise dans un gobelet avec un smiley dessus et je me suis fait huer pendant dix bonnes minutes. Ces dix minutes ont été principalement utilisées à siroter le truc avec une paille en faisant des bruits débiles en répondant aux commentaires. Mes deux préférés étaient :

  1. quelqu'un qui a instantanément lancé une shitstorm sur les pailles en plastique qui détruisent l'environnement, ce à quoi j'ai immédiatement répondu par un long "sluuuuuurp" super bruyant, ce qui évidemment a déchaîné une pluie de hate instantanée,
  2. et quelqu'un d'autre qui a fait un don juste pour pouvoir hurler "PLANTE-TOI LA PAILLE DANS L’ŒIL SALE ENCULÉ DE TA RACE".

Je l'ai fait, évidemment.
Ça picote. Je ne le recommande à personne.

La deuxième fois que je suis sorti de la pièce, j'ai fait exprès d'attendre un peu pour voir, en douce, si le nombre de spectateurs augmentait, et quand on a dépassé les deux mille, je suis revenu avec la perceuse. Les commentaires se sont déchaînés. Mais comme je voulais faire monter la sauce, j'ai testé plusieurs tailles de forets avant de lancer un vote, et évidemment, évidemment, c'est le foret le plus mastoc qui a gagné, à 69% (ce qui a évidemment lancé une pluie de "NICE" en commentaires).

Je le teste sur mon sternum et je me fais engueuler par un fan qui hurle en all caps "LE CŒUR C'EST À GAUCHE ENTRE LES CÔTES GROS MONGOL".

Ok ok. C'est parti.

Fuck. FUCK. Ça fait mal, sa mère. Ça fait mal. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ses fans, putain. Il y a du sang partout sur mon clavier. J'vais sûrement devoir le nettoyer. Comment on nettoie du sang sur un clav- FUUUUCK. Akh.

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Septième round : Dr Lake

« La Mort n’est rien pour nous. »

Durant mes jeunes années, il m’est arrivé de parcourir des volumes entiers dédiés à la philosophie, notamment des traductions de l’œuvre d’Épicure. J’admirais la simplicité théorique de son discours, l’aisance avec laquelle il réussit à m’atteindre en dépit des siècles qui nous séparaient. Il parvint à m’émerveiller grâce à une idée en particulier : la mort ne devrait rien représenter pour nous. Malgré ses démonstrations, ma propre conception de la mort m’interdisait d’y être indifférent.

C’était il y a une vie de cela, bien sûr.

Depuis, j’ai sans cesse cheminé, dans tous les sens du terme. J’arpentais le monde avec mon journal, que je chérissais plus que tout. J’y documentais mes voyages, et c’est vers un sanctuaire Indien que je me dirigeais lorsque je l’aperçu.

Benjamin, était un petit phénomène. Il était magnifique, la première fois que je l’ai vu voleter au-dessus de mon épaule tel un cerf-volant. J’ai fini par le surnommer Ben, même si techniquement j’étais Benjamin d’après l’analogie que j’avais en tête. Au début tout allait bien. Je le voyais comme une espèce d’ange gardien, avec ses ailes irisées. Les mêmes qui ont affadi ma vue et ma vie lorsque j’ai baissé ma garde. Il m’a suivi jusque sur le lieu de mon bivouac, à quelques kilomètres du sanctuaire que je comptais visiter pour marquer la dernière étape de mon voyage.

« T’es encore là Ben ? Va rejoindre tes amis, ce sera plus amusant que d’attendre ici avec moi. »

C’est pas toujours aussi monotone d’habitude, espérons qu’il se passe quelque chose demain.

L’animal ne semblait pas s’ennuyer, au moins. Comme pour me redonner du courage, il s’est empressé de m’embrasser le nez. Je crois que la chatouille de ses petites pattes sur mon visage a été la dernière chose digne d’intérêt du périple. C’est alors que je sentis quelque chose se briser en moi, en jetant coup d’oeil rapide vers mon journal. Quelque chose clochait. Le fait de le parcourir ne suscitait plus rien en moi désormais. J’avais jusque là pour habitude de consigner entre ses pages les événements importants de la journée, à dix heures sans faute. Pendant de longues années, j’ai couché sur le papier mes secrets les plus intimes, mais aussi quantité d’autres anecdotes frivoles pour peu qu’elles me donnent du baume au cœur.

Petit, j’avais très mauvaise mémoire et des soucis de concentration. Voilà pourquoi ma mère m’avait offert mon premier carnet. Ce souvenir avait toujours été très particulier, mais je ne saurais décrire avec précision ce qu’il m’inspirait désormais. Je savais que j’étais censé accorder à mon journal une importance certaine, pourtant… c’était fini. Et plus j’y pensais, plus la lassitude s’emparait de moi. La simple tentative de soulever un stylo suffit à m’ôter l’envie de m’en servir, et rapidement, le seul fait de penser à l’écriture est devenu pénible. Voilà pourquoi je n’ai pas écrit ce soir, ni les soirs qui ont suivi. Plus tard, dans un sursaut d’énergie, j’ai tenté de retrouver dans le pli de ses pages la chaleur familière de mes souvenirs les plus précieux. En vain.

« Ah, c’est toi. Coucou Ben. »

Je me suis réveillé dans la même position que la veille, et mes yeux se sont ouverts sur les ailes de Benji. Elles semblaient plus ternes. Même ce surnom sonnait bizarrement dans ma tête, sans doute parce que j’avais passé la nuit à le grommeler, pendant que l’animal m’embêtait. Toute la nuit j’ai grincé des dents en le voyant revenir à la charge pendant que j’essayais de dormir, pour récupérer et peut-être terminer mon voyage, ainsi que l’histoire que je voulais écrire sur le fameux sanctuaire.

« Prions pour que j’achève un jour cette histoire, ou c’est elle qui devra m’achever. »

Mais Ben n’était pas seul ce matin. Lorsque je me suis enfin décidé à sortir la tête de ma tente, sa famille avait retrouvé sa trace. Une voix en moi me hurlait désespérément quelque chose à propos de bouger. Elle s’assourdissait, s’étouffait un peu plus à chaque seconde.

Je finis par comprendre que leur réunion accentuait mon mal-être. Réfléchir devenait laborieux, les souvenirs perdaient leurs couleurs. J’ai compris que je ne me relèverai pas. Et puis je m’y suis fait, et la peine a rapidement disparu. J’avais cessé de prêter attention à l’agitation des insectes. De toute façon ils seraient morts dans quelques heures, ça ne vit pas si longtemps. Et ça faisait déjà un bon moment que Ben me faisait chier.

« Oust, Ben. Je ne te laisserai pas ma place dans ce sanctuaire tant que j’aurai pas fini mon entrée dans ce putain de journal, et tu ne fais que m’ennuyer, ça ne m’aide pas. Qu’est-ce que tu fous debout à deux heures du matin d’ailleurs ? »

Au bout du compte, j'ai fini par réaliser que cette histoire était vouée à être chiante et in-ter-minable. Minable, et épuisante.

Il y a quelques jours, je considérais Ben comme une source d’inspiration pour mes écrits.

Hier, j’aurais peut-être encore voulu pester face à l’invasion de Ben et ses congénères qui m’empêchaient de bosser pile au moment où je sentais l’inspiration surgir.

Aujourd’hui, la mort n'est plus rien pour moi.

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Huitième round : Reyas

Nous y sommes. La mission que toute la FIM, qui s'y prépare depuis des jours, attend avec impatience et redoute terriblement. Une démonstration parfaite du métier d'un agent de la Fondation, digne des plus grands trompe-la-mort ; une confrontation avec le danger.

Mais je dois avouer que je m'attendais à pire. Il faut reconnaître que je me tiens dans un bâtiment plutôt coquet et fleuri, par un beau jour d'été sans un seul petit nuage. Pendant que les gars inspectent les étagères où sont posés des livres, je me dirige vers l'ancien bureau de la responsable. J'y vois de la paperasse, du matériel de bureau et un petit gnôme des forêts… bref, rien de bien surprenant pour un petit commerce désaffecté.

Un de mes hommes traverse l'allée de cristaux scintillants pour me rejoindre.

"- Z'êtes sûr qu'on est au bon endroit, chef ? Y'a pas grand chose d'inhabituel dans l'coin.

J'enjambe le cadavre à mes pieds et lui réponds :

- Ben, oui. Les coordonnées ne mentent pas, et pourtant, rien de suspect… je demanderai des éclaircissements au QG."

C'est désormais indéniable : la mission que nous effectuons en ce moment même au sein de ce centre de documentation abandonné, par ailleurs très joliment décoré, est inutile. Je prends tout de même la peine d'inspecter les toilettes situées entre le dragon et la fosse ensanglantée, histoire de ne rien râter, mais encore une fois, rien qui ne sorte de l'ordinaire pour un lieu d'instruction désaffecté.

Un autre de mes agents m'appelle :

"- Chef ! CHEF ! Il… il y a un fantôme, dans cette ancienne bibliothèque !"

- Et ?

- Oh, rien. Il a des jolies formes, si vous voyez ce que je veux dire…

- Vous êtes trop bêtes, les gars. Allez, reprenez les recherches."

Puisque mes hommes ne trouvent rien non plus, je commence à me demander si nous faisons bien de rester dans cette bibliothèque fermée. Même le jardin, qui est assez joli comme c'est souvent le cas dans les anciennes bibliothèques, ne comporte rien d'anormal. L'un des désavantages de travailler dans une bibliothèque hors-d'usage, c'est que la magie noire rend l'endroit plutôt sombre. Je chausse mes lunettes (étrangement assorties aux couleurs de cette bibliothèque abandonnée).

L'équipe partie explorer l'étage de la bibliothèque délabrée revient me faire son compte-rendu :

"- Y'a pas à dire, il n'y a rien d'anormal dans cette bibliothèque déserte.

- Et en plus, il fait humide, dans cette bibliothèque vide !

- Ça, c'est bien parce que c'est une bibliothèque qui n'est plus fréquentée.

- Pour sûr.

Suite à ces informations d'une importance littéraire, je prends ma décision :

- Bien. Nous allons donc quitter cette archive bibliographique condamnée et faire un rapport sur cette bibliothèque non-exploitée."

- Euh, chef…

- Oui ?

- C'est normal, les murs de l'ancienne bibliothèque qui se referment sur nous ?

- Ben oui.

Quelle question ! Il n'est jamais allé dans un centre de documentation inutilisé, ce gars là ?

- Non parce qu'ils se rapprochent quand même assez vite, et je ne suis plus sûr qu'on ait encore un moyen de sortir de ce bâtiment à visée éducative délaissé."

Maintenant que je pense au sort qui nous attend au sein de cette bibliothèque inoccupée, je me demande si l'ancienne bibliothèque ne nous menace pas avec ses pouvoirs d'ancienne bibliothèque. Mes hommes, dans cette bibliothèque, me regardent d'une manière toute digne d'une ancienne bibliothèque, trahissant cependant une certaine inquiétude envers l'ancienne bibliothèque. Les murs de l'ancienne bibliothèque se rapprochent de nous à une vitesse bibliographique. Il n'y a désormais plus d'espace respirable dans cette ancienne bibliothèque, et notre souffle est coupé tel celui d'un bibliothécaire essoufflé par son ancienne bibliothèque.

L'ancienne bibliothèque écrase désormais mon corps avec une force bibliothécaire. La douleur est littérairement incroyable. Alors que ma chair est broyée et que la bibliothèque dans la bibliothèque prend la bibliothèque pour une bibliothèque avec une bibliothèque, je m'exprime :

"- Finalement, je pense qu'il y a comme une légère anomalie dans cette bibliothèque."

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Neuvième round : Dr Benji

"Papa ! PAPA !"

Je lève le nez de mon livre, Jake court vers moi, apparement excité comme une puce.

"Papa, j’ai vu une main de géant dans le ciel !

- Allons bon, ils ont enfin décidé de passer à l’attaque ?" répondis-je avec tout le sérieux du monde.

Mon ton pince-sans-rire a apparement vexé mon fils.

"Mais je te jure ! Elle était tellement grande qu’on voyait à peine la paume, juste les doigts qui sortaient des nuages !"

Sourire cette fois. Jake a toujours eu une imagination débordante, mais depuis le déménagement, chaque sortie en forêt devient une aventure épique pour lui. Oui, je ne regrette pas d’avoir quitté la ville et son brouhaha permanent pour venir vivre dans cet endroit isolé. On a pas internet et la première supérette est à cinq kilomètres, mais l’air est pur et le ciel étoilé vaut tous les films du catalogue de Netflix.

Bon peut-être pas Les Évadés. J’aurais dû acheter le Blu-Ray.

"Une limonade pour le chasseur de géants ?"

Hannah sort de la maison, une limonade dans une main et une bière fraîche dans l’autre. Nom de Dieu ce que j’aime ma femme.

"Mais c’est vrai m’man. J’raconte pas d’histoires ! Des doigts hauts comme des immeubles ! Ils sont apparus en plongeant hors du ciel et ils ont disparus super vite en remontant dans les nuages !

- Il cherchait peut-être ses clés ?"

Fou rire de ma part. Protestations agacées de mon fils.

Puis un grand bruit, alors que le ciel s’ouvre en deux et que les cimes des pins explosent sous le poids de la gargantuesque créature verte qui vient d’apparaître.

Les cris de mon fils se mêlent aux miens. Hannah semble trop estomaquée pour crier, je n’entendrai qu’une seule chose de sa part :

"Est-ce que c’est une mante religieuse ?"

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Dixième round : Skoda

Je me suis aligné avec les autres voitures
J’ai vérifié mes rétros. J’ai débrayé.
J’ai retiré la vitesse. J’ai coupé le contact.
J’ai laissé ma tête retomber sur le volant.
J’ai soupiré.

D'habitude, je fais ma routine sans trop y penser. Parce que quand j’y pense, je finis toujours comme ça, déçu et déprimé.

J’avais toujours su que je ne finirai pas astronaute mais j’aurai espéré quelque chose de mieux qu’homme d’entretien dans un hôpital. Quelque chose d’un peu plus excitant. Le moteur coupé, le silence s’installe dans l’habitacle. Je passe de longues minutes dans la voiture à ressasser ce que j’aurai pu faire d’autre et qui m’aurai rendu plus enthousiaste à aller bosser : cuisinier, même si je n’étais pas très doué, mécanicien, j’avais toujours aimé bricoler, médecin, mais pas un de ceux où ça saigne de partout, ou même agent secret pourquoi pas. Les minutes s’égrainent et peu à peu je me ressaisis. Comme toujours, cela ne me sert à rien de m’appesantir sur le passé, autant essayer d’aller de l’avant. Ce qui importait c’était le ici et maintenant, et comment faire pour améliorer ma situation. Ce qui impliquait évidemment de me lever et d’aller bosser. Allez, j’y vais.

Je ferme ma portière et essaie de me concentrer sur des pensées motivantes tandis que je traverse le parking. Je n’ai que 23 ans, je suis encore jeune, j’ai encore la vie devant moi. Des phrases de vieux mais ça m’aide. J’aperçois une voiture neuve garée non loin, une belle Peugeot, appartenant sans doute à un des chirurgiens. Décidément, il n’aura pas fallu deux ans pour que le capitalisme ne revienne en force. La vue de la voiture ravive légèrement les braises de mon désarroi, mais je me motive en me disant qu’un jour, moi aussi je pourrais m’en acheter une comme ça.

Profitant de l’air frais d’automne, je prends de longues inspirations et laisse mes poumons s’emplir de vase. Vase ? Qu’est-ce que. Mes yeux se sont fermés d’eux même, j’ai de la terre ou du sable dedans. J’essaye de cracher mais j’ai un poids sur la poitrine, sur le dos, sur la tête, je suis comprimé de partout. J’essaye de m’agiter mais j’ai l’impression de nager dans de la mélasse. Suis-je sous l’eau ? Je bats violemment des bras en espérant remonter à une hypothétique surface. Je n’y arrive pas. Le sol a toujours la même consistance sous mes pieds. J’essaye de me propulser. Ça ne marche pas. Je suis trop lourd. Je n’ai plus beaucoup d’air, mes muscles peinent. Je m’enfonce lentement dans les profondeurs boueuses. Réflexe d’inspiration. La vase descend dans mes poumons. Je m’effondre au ralenti. Mon cerveau va lâcher. La bourbe me laisse sa place au fond. Tout s’éteint.

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Onzième round : Goupil

Ils prennent nos compagnons, nos frères.
Ils les enferment, les affaiblissent, les empoisonnent, les traitent en parias. Persistants dans les mensonges pour la seule raison qu'eux même s'empoisonnent.

… Et ils prennent aussi nos enfants.
PIRE ! À ceux qui n'ont pas encore pu apprendre à se nourrir ils refusent le droit le plus juste qui est de pouvoir profiter de la chair ! Ils tentent d'imposer en eux les faiblesses desquels ils se nourrissent ! Mais ils ne savent rien. Rien de la valeur qui traverse nos os, rien de la force qu'elle nous donne, rien de notre fierté d'être enfin devenus libres de cette atroce dépendance imposée à notre existence par ceux qui ne nous laissent que des déchets comme seule subsistance !

EST-CE DONC AINSI QU'ILS PRÉTENDENT VIVRE ? SE NOURRISSANT À MÊME LA FANGE DANS LAQUELLE ILS SE PLONGENT ! AVEUGLE AUX BIENS DE LA CHAIR IMPUTRÉFIÉE, QUI N'A PAS ÉTÉ SALIE PAR CELLE SI FAIBLE ! ILS NE SAVENT PAS SE NOURRIR ! ILS NE SAVENT PAS ENTENDRE LA VÉRITÉ !

MAIS ILS SAVENT QUE SANS NOUS ILS POURRIRONT ! ILS SE DOIVENT DE LE SAVOIR ! CAR ILS NOUS ONT CHASSÉS ! ILS NOUS ONT AFFAMÉS ! Ils nous ont détruits.

Il arrive, j'entends ses pas, j'entends le sang mauvais qui coule dans les corps désarticulés ; je ne ressens plus la force de ma propre chair.

Et aujourd'hui, et tout comme vous, et tout comme eux désormais…

Tout comme ma prière…

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Douzième round : DrJohannes

Ça fait vingt-deux jours que je suis complètement paumée. Mako rigole avec toutes ses dents dehors.

En même temps, Terry l'Ancien m'avait prévenue. Enfin bon, pour être exacte, tout le monde à Trouvaille m'avait prévenue, mais vous savez comment c'est : on donne souvent plus de valeur au jugement de ceux qui ont vécu les choses plutôt à celui des gens qui se contentent de répéter les légendes locales sans les remettre en question. Et un type qui pointe du doigt une cicatrice énorme sur son visage en murmurant "Ils finissent toujours par te trouver après la tombée de la nuit. Tu peux courir, tu peux te cacher, mais inévitablement, tu vas te perdre, et Ils seront là. Il seront toujours là. Et Ils essaieront toujours de te tuer", forcément, ça a un peu plus d'impact que des contes qu'on raconte à la veillée.

J'y suis allée quand même.

Mako est en train de me dire que je suis une pauvre conne, que tout ça est de ma faute, et que si j'avais deux sous de jugeote je planterais mon cutter dans ma carotide avant qu'Ils me trouvent.

Je lui réponds ta gueule, Mako, t'es un requin en peluche.

Au début, tout allait bien, et je m'orientais à l'aide des marquages indiquant la direction du village de Trouvaille aux nouveaux arrivants (un symbole fluorescent en forme de point d'exclamation, sur les troncs des palmiers aux alentours - une idée de Jess, d'après ce que j'avais compris, apparemment inspirée par Metal Gear, quelle grosse geekos). Ensuite, naïvement, j'ai suivi les flèches.

Une grosse erreur.

Après cinq jours à suivre les flèches, qui se sont avérées décrire une gigantesque spirale, impossible de m'orienter. Ils ne m'ont toujours pas trouvée, mais mes provisions vont bientôt s'épuiser, et le fait de n'avoir personne à qui parler joue drôlement sur mes nerfs. Il y a un bail, j'ai dormi dans un gigantesque tas de peluches, et j'ai trouvé Mako le requin. Il aide un peu, enfin pour autant qu'on puisse parler "d'aide" pour un truc qui te dit d'en finir avec ta propre existence. Il paraît que se parler à soi-même est le premier symptôme de la folie. Est-ce que ça compte si c'est un requin en peluche ? Est-ce que j'en ai quelque chose à foutre ?

Hier, quatre d'entre Eux patrouillaient dans le coin, et j'ai passé plusieurs heures en position fœtale en essayant de faire taire Mako qui gueulait "EH, ELLE EST ICI, RAMENEZ VOS MICHES".

Aujourd'hui, je suis perchée au sommet d'un escalier gigantesque, j'ai perdu mon sac, mon cutter, ma torche, mes provisions sont épuisées, et je vois plusieurs d'entre eux qui courent vers moi en me disant de quitter les lieux.

Ce requin de merde a raison. Il n'y a plus qu'une seule sortie possible, qu'une seule autre façon de "quitter les lieux" en mes propres termes, et elle implique un grand saut dans le vide depuis la rampe de l'escalier.

Mako sourit de toutes ses dents.

Et maintenant je suis morte.

Résolu

Treizième round : Aloices

Le pied droit. Le pied gauche. Le pied droit. Le pied g-
Je trébuche, et m'étale dans la neige.
Mes doigts sont rongés par le froid, de même que mes poumons : je peine à respirer.
Pourtant, je sais que mon objectif – la frontière – n'est pas loin.

"Une fois l'ascension terminée, tu marches environ 10 heures, et tu devrais la trouver."
Mon cul, Edouard, mon cul ! Ça fait six heures que j'ai plus d'eau chaude, et un jour que j'ai perdu Thomas. La frontière, je l'ai toujours pas vue…

Putain, Thomas…

J'aurais pas dû l'embarquer dans tout ça.
"Tu verras, une fois qu'on l'aura passée, tout sera mieux ! Bien sûr, ils ne nous accepteront pas aussi facilement, il faudra se fondre dans la masse et ne pas faire de vagues. Mais tu verras, je te promets qu'on y arrivera."
Il y a cru, le gamin, et je crois que j'y ai cru aussi.
Mais c'était qu'un gamin, j'aurais dû me douter que tout ça serait trop dur pour lui. J'aurais dû le laisser sur le bateau. L'ascension, ça l'a tué. Mentalement. En haut, il avait juste plus la force, plus le courage. Un blizzard, et c'était fini.
Putain, putain… Putain !
Il faut que je continue pour lui. Je peux pas mourir ici, sinon, c'est comme s'il avait jamais existé… Je ne peux pas…

Je ne sais pas combien de temps je suis resté inconscient, mais il fait un peu moins froid maintenant. Je ne sais pas comment j'ai survécu, mais je me redresse et reprend la route.
Je n'ai pas marché plus de dix minutes quand j'aperçois enfin mon objectif : la frontière.
Putain, dire que j'ai failli mourir si près !
Je ne sens plus la douleur dans mes doigts, ni dans mes poumons. Je dois la franchir, commencer une nouvelle vie ! Je fixe mon équipement au bord en imaginant la chaleur qui m'attend de l'autre côté, puis je cours vers elle. J'y suis presque, mon pied droit, mon pied g-

Soudain, le sol tremble. Je trébuche, et m'étale en arrière dans la neige, au bord de la frontière.
J'aperçois quelqu'un au loin, qui s'affaire au sol, puis la neige et la glace soulevées par les secousses posent un voile blanc sur ma vision. Je vois mon rêve de liberté chaleureuse m'être arraché avec le sol qui se soulève sous moi, partout autour.

Lorsque je me réveille, cette fois-ci, je sens que quelque chose cloche. La chaleur, que j'avais presque sentie de l'autre côté, a disparu.
Je tâtonne autour de moi, devant moi… Elle n'est plus là.
La frontière n'est plus là. Non non, non, elle doit être là. C'est… elle a toujours été là ! Putain
Comment est-ce possible ?

Je cherche des yeux les environs. Aucune trace de la personne que j'avais aperçue tout à l'heure. Plus rien, je suis seul.

J'y étais presque, j'allais passer de l'autre côté, puis… tout est parti en vrille si vite.

Il fait si froid… Je n'ai plus de forces…

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Quatorzième round : Holt le beau-gosse

(ben oui Benji t'as pas précisé dans les règles qu'il fallait mettre son vrai pseudo)

- Hé, les gamins, venez voir !

Je n'aime guère forcer sur ma voix dans l'effort, mais il faut bien crier un peu pour attirer leur attention depuis le rez-de-chaussée. En prenant garde à ne pas me coincer le dos, je pose les cartons, ému. Mais je ravale mon émotion, et les symptômes de toutes ces pénibles maladies chroniques, lorsque Enzo et Clarisse descendent les marches, suivis par leur grand frère, Matthis, qui traine les pieds comme à son habitude.
Je n'ai jamais osé le dire à sa mère, mais je n'ai jamais pu sentir ce garçon, et j'ai franchement du mal à croire qu'il soit de mon sang. Non seulement il répond à tous les clichés de l'ado amorphe, désagréable et dépendant comme un enfant de 6 ans, mais il a en lui une espèce d'aura austère, comme s'il était possédé, par instants, par quelque démon. Des élans d'agressivité, des tocs étranges… Qui ne sont qu'accessoires quand on constate ses cicatrices sur ses poignets.

- J'ai hérité des affaires de mon vieil ami Christophe, paix à son âme.

Je passe l'heure qui suit à leur montrer les possessions de cet homme qui a jadis accompagné ma vie avant que je rencontre leur grand-mère. Je leur montre les photos de nos multiples voyages dans les montagnes les plus inhospitalières, redécouvrant certains clichés. Je leur expose ses trésors mystérieux, dénichés dans des tombeaux oubliés, ou tout simplement achetés aux enchères, dont un crâne d'or et un sabre ayant appartenu à un haut fonctionnaire nazi.
Matthis, lui, s'est éclipsé au bout de dix minutes à peine, prétextant qu'il avait un "truc à faire" avant de sortir de la maison. Dans la rue, à cette heure ? Je n'ai rien osé dire, ce n'est pas à moi de l'élever, mais nul doute qu'il ne compte rien faire de légal.
Les heures filent avec mes petits-enfants préférés. Le plus jeune, Enzo, semble s'être entiché de l'épée, et lui parle dans un coin du salon, entouré de ses legos. Étrange, mais je suppose que c'est sa façon de s'amuser. Clarisse, elle, observe le crâne sous toutes ses coutures à la lumière de la lune, pendant que je continue de ranger mes nouvelles possessions. Toutes ces activités m'empêchent de remarquer l'état d'urgence national que crache ma télévision, dont j'ai baissé le volume il y a quelques minutes.
Soudain, des bruits d'explosions retentissent, très proches. Je crois d'abord qu'il s'agit de Matthis qui est revenu et a zappé sur un film d'action, mais non.
En une fraction de seconde, à ce ramdam s'ajoute des cris.
Les miens.
Ceux de mes petits-enfants.
Et un autre.

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Quinzième round : Dratenar

Aujourd'hui, deux agents sont venus à ma cellule en menaçant de me tuer si je ne sorts pas avec eux. Cool, j'ai justement envie de prendre l'air…

Après avoir un peu déambulé dans les couloirs du bâtiments, notre petit groupe sort à la lumière du jour, dans une zone plane au sol goudronné, entouré de trois bâtiments dont un juste derrière moi. Il y a également un côté dont l'horizon est parsemé de montagnes face à moi. Je suis bien tenté d'y aller, mais… quelque chose dans la présence de gardes armés me dissuade de le faire.

On me fait finalement marcher de l'avant pendant quelques dizaines de mètres avant de me faire faire volte-face. C'est alors que je fais face à un petit groupe de personnes situées à mon point d'origine. L'une d'elle enlève une partie de ses vêtements et se courbe tandis que les autres ont tendance à s'en éloigner. Je remarque qu'ils s'éloignent aussi de mon côté, tout en me conseillant gentiment avec des armes de poing de ne pas bouger.

Ah, malheureusement, si ils savaient
La tonne de tracas que j'endurais…
Rester ici immobile m'eut bien sied,
Si je n'avais pas envie de pisser.
Ah, j'ai tellement envie d'uriner,
Et l'autre devant commence à briller;
En un point seulement, mais je le dis,
Son point, il me semble bien qu'il grandit.
Il croît et s'illumine plus encor'
Que dire? Et maintenant je suis mort.

Résolu

Seizième round : Reyas

La vie d'un détective privé, c'est pas toujours facile. Entre les filatures pour les richards du coin qui se bouffent entre eux, les magouilles de la mafia et cette satanée police municipale qui me met des bâtons dans les roues, j'ai à peine le temps de m'arrêter chez Jim pour prendre un double scotch et acheter des bons cigares. Ils ont des stratagèmes d'enfer, les poulets… mais j'ai la peau dure. La Big Apple n'est pas assez grande pour nous deux, et j'compte bien leur faire comprendre. C'est ça, la vie d'un détective.

Lundi dernier, alors que j'comptais mon blé bien tranquillement, je l'ai aperçue par la fenêtre de mon bureau. Stacey est pas comme les autres ; cette femme a le don de se fourrer dans toutes les affaires à risque de Brooklyn. J'peux pas m'empêcher de mordiller mon cigare quand je la vois me tourner autour. Mais un jour, je lui montrerai que dans ce trou à rats, il n'y a pas d'place pour une jolie fille comme elle. C'est aussi ça, la vie d'un détective.

Quand elle est sortie dans la rue fringuée comme une danseuse de cabaret, un groupe de gangsters mal rasés a profité du butin gratuit. Je l'avais mise en garde, mais cette gonzesse est comme un bon alcool : elle peut pas s'empêcher d'attirer les gars les plus assoiffés d'Amérique. J'ai baissé mon chapeau et retroussé les manches de mon imper' ; il était temps de montrer à la racaille qui est le plus gros poisson dans le coin. Voilà la vie d'un détective.

Cette naïve de Stacey a sorti son téléphone portable, comme si ces trouillards de flics allaient faire quelque chose contre les pires loubards du quartier. C'est alors qu'il s'est passé quelque chose d'inédit dans ma carrière de détective ; et pourtant, j'peux vous dire que j'en ai visité, des coins malfamés. Dès qu'elle a machiné son bigo', dix loups sont apparus dans la rue, comme des ivrognes à une vente d'alcool au rabais. J'peux vous dire que les badauds qui admiraient le spectacle en ont eu plein les mirettes. Stacey était terrifiée, elle a couru vers moi, mais c'était trop tard. Une des bêtes l'a mordue en plein dans la cuisse. Aussitôt, des dizaines de machines sont apparues autour de nous. C'était des relais sans-fil, je l'ai vu tout de suite. Quand on passe des journées à siphonner la connexion des cyber-cafés pour espionner des dealers, j'peux vous dire qu'on sait reconnaître ces bébés.

Il y en a eu de plus en plus, jusqu'à ce qu'on puisse même plus voir le reste de la rue. Stacey était paniquée, et j'dois avouer que moi même, j'avais commencé à mâcher mon cigare. Mon flair de détective m'a poussé à enquêter : j'ai allumé mon ordi' portable et j'me suis branché sur un des relais. Il y avait des images de loups partout sur mon écran. À chaque fois que je cliquais, un loup apparaissait devant nous. J'dois dire que même l'affaire McCarter m'avait pas mis dans une telle merde. Stacey transpirait, les clébards commençaient à paniquer.

Tout était chaotique. Plus de logique, plus de rationalité. Ni ma force physique ni mon glock chéri n'allaient pouvoir m'aider ; désormais, tout n'était que loups et relais sans-fil. Il ne restait qu'une seule solution : combattre le chaos par le chaos. Je devais trouver quelque chose d'encore plus incontrôlable que la situation en cours, défiant toute logique et répandant l'incompréhension sur son passage. C'est là que l'illumination est venue. Je ne savais pas si ça allait marcher, et ça aurait pu tout arranger comme nous anéantir. Mais il n'y avait pas d'alternatives.

"Accroche-toi, Stacey, je vais démarrer Internet Explorer !"

C'est ça, la vie d'un détective : savoir prendre des risques.

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Dix-septième round : Emuwren Dmark

J'observais au loin la bataille qui avait lieu près de la tour.

L'Oiseau Doré lançait ses flammes contre Yi, mais les murs de la bâtisse semblaient résister aux assauts du volatile.

J'apercevais les gens s'agiter autour de moi. Des insouciants se rapprochaient de la scène de bataille pour admirer le combat.

Il est vrai que l'on ne pouvait pas rester l'esprit tranquille face au dénouement de siècles de guerre. Néanmoins, nous avons déjà remporté toutes les batailles, la victoire de ce dernier combat sera notre ! Cependant, le doute persistait en moi. Les érudits à mes côtés semblaient très inquiets.

À ce moment-là, de la tour émana une puissante onde de choc. On pouvait apercevoir Yu se briser, et la réalité se distordre. Quelle n'était pas ma déception lorsque je vis l'Oiseau s'enfuir au dernier moment. Mais Ciel et Terre furent pris de violentes perturbations, ce n'était pas normal. La foule s'effondra sous mes yeux et je sentis que mon corps se paralysait. Nous avons abusé des enseignements du Père et nous voilà comme des imbéciles au seuil des enfers à cause de nos propres actes, nous qui avons effrayé les Dieux. Tandis que le Soleil s'en allait au loin.

Yi a échoué, la mission des rois ne sera donc jamais accomplie.

Mon esprit s'évapore,
Mon corps tombe en poussière,
Ici, les dragons régnaient hier,
Et maintenant je suis mort.

Résolu

Dix-huitième round : Reyas

"- Hé Marc…

- Mmmmm ?

- Tu sais que si tu penses à ta respiration, t'es obligé de respirer consciemment ?

- …oh non…

- Si !"

J'adore embêter Marc. C'est une cible facile. Chaque jour, il pense que je serai incapable de lui sortir une connerie encore pire que la précédente. Chaque jour, je lui sors une connerie encore pire que la précédente. Je suis intarissable.

"- Hé Marc !

- Mouais ?

- Tu sais que normalement tu sens pas ta langue dans ta bouche, mais maintenant si ?

- Mais… arrête ça !"

C'est devenu une habitude, une sorte de passion. Chaque jour, je me réjouis un peu plus de sa réaction à la nouvelle ineptie que je lui profère.

"- Hé, Marc ?

- Quoi…

- T'as perdu.

- Euh… à quoi ?

- Au jeu où si t'y penses t'as perdu !

- Mais, tu me fais chier !"

C'est un passe-temps du tonnerre.

"- Hé… Georges ?"

Stupeur et comédie ; Marc aurait-il enfin trouvé lui-aussi une connerie à me soumettre ? Après si longtemps, ce grand rabat-joie aurait enfin développé un sens de l'humour ? Je suis fier. Fier et ému. Je me prépare à accueillir le trait d'humour avec hilarité et bienveillance.

"- Oui Marc ?

- Tu sais que si tu [DONNÉES SUPPRIMÉES], alors [DONNÉES SUPPRIMÉES] ?"

Je sens mon coeur s'arrêter. Mes muscles se relâcher. Mes yeux se défocaliser. C'est indéniable ; Marc n'a pas apprécié mes blagues.

Tout ce que je pouvais faire inconsciemment doit maintenant être commandé explicitement. Mais il y a trop de choses à faire, trop de variables à prendre en compte. J'arrive à ouvrir la bouche une dernière fois pour adresser à parole à Marc.

"- Elle est bonne, celle-là."

Et maintenant je suis mort.

Résolu

Dix-neuvième round : Aloices

Crr, crr, crr

Je me redresse en sursautant : quelque chose gratte dans le salon. Je jette un coup d'œil au pied de mon lit, et Fly me to the moon me renvoie mon regard en miaulant. Si ce n'est pas elle, c'est que quelqu'un s'est introduit chez moi.
Je sors de mes draps en essayant de faire le moins de bruit possible, et je glisse silencieusement sur le parquet jusqu'à ma commode. J'en sors un pistolet, et trois balles. J'aurais dû faire le plein, mais tant pis : je suis plutôt bonne tireuse.

Crr, crr, crr

Le grattement continue, un peu plus fort cette fois. J'entrouvre ma porte et me faufile prudemment dans l'entrebâillement, de peur qu'elle ne grince. Le salon est juste au coin du couloir, j'ai peut-être moyen de prendre l'intrus par surprise. Je m'arrête à couvert et me penche pour essayer d'apercevoir quelque chose…

Il est là. Debout dans le salon, tourné vers moi. Une forme sombre, indescriptible. Il me fixe. Il m'a vue. J'oublie tous mes réflexes : je hurle.

Crac

Mon cri est couvert par un craquement : c'est mon bras, qui prend soudain un angle impossible. Je lâche mon arme et tombe en arrière.
Je voudrais hurler à nouveau sous le coup de la douleur, mais je n'ai pas si mal : peut-être est-ce l'adrénaline. Ou peut-être que mon corps estime que ça serait inutile : tout ce que je veux, à cet instant, c'est m'enfuir. Je me relève et cours dans la direction opposée à l'intrus, en essayant d'attraper mon arme au passage.

Crac

Je m'étale à nouveau au sol. Cette fois, c'est ma jambe qui s'est fracturée.
Alors, je me relève.

Crac

Je me relève.

Crac

Je me relève.

Crac

Je rampe jusque dans la salle de bain. Difficilement.

Crac

J'essaye de fermer derrière-moi, mais mon bras est en travers, je n'arrive pas à saisir la poignée, et je ne suis même pas sûre que la porte soit encore une porte au vu de sa forme.

L'intrus m'a suivie, il se tient juste là, dans l'entrée, à me fixer.

Crac

Je ne sens plus mes jambes.

Crac

Je ne sens presque plus rien dans le bras gauche.

Crac

C'est frustrant : je sens le métal de mon arme sous ma main droite, qui va jusque dans le couloir. Impossible de la saisir. Ma main gauche, elle, est quelque part dans la douche. Mes jambes sont un peu partout dans la pièce.

Crac

Je sens mon genou droit directement appuyer sur mon dos.

Crac
Crac
Crac
Crac crac crac crac craccraccraccraccrac

J'étouffe. Mes membres emplissent toute la pièce, appuient sur mon dos, mon torse, mon crâne. Je n'ai plus d'espace, et je les sens encore craquer. S'allonger. Encore un peu et

Crac

Et maintenant je suis morte.

Résolu

Vingtième round : Henry Von Kartoffen

Tout le monde était très tendu sur le site. Les chercheurs se disputaient à la moindre remarque désobligeante, les gardes n'hésitaient pas à se montrer plus protocolaires et strictes afin d'énerver le reste du personnel, les Classes-D faisaient tous preuve d'une hypocrisie des plus indigestes… Même moi, je sentais que je m'énervais beaucoup plus facilement. En même temps, mes collègues n'arrêtaient pas de ressasser mes erreurs passées. Il y avait de quoi en devenir fou.

Petit à petit, tous nos liens ont commencé à se dégrader. Je m'entendais si bien avec les chercheurs, et voilà qu'ils n'arrêtaient de me reprocher chacune de mes minuscules erreurs, qu'ils n'auraient même pas relevées auparavant. En même temps, je n'avais rien à voir avec ces péteux. Ils pensent être les rois du monde avec leurs diplômes et leur science, alors que ce ne sont que des planqués. Et ça m'énerve.

Ça devait venir de ce SCP retrouvé loin de tout, que des gars avaient rapatrié jusqu'ici.

Mais ça, c'était avant.

Avant que tout le monde décide subitement que son voisin n'était qu'un emmerdeur de trop. Mais pour moi, c'est justifié bien entendu, ces connards méritent bien ça.

Et alors que je tente d'achever ce putain de docteur avec ses remarques si énervantes, je me rends compte que ceux que je pensais à peu près sains d'esprit comme moi ne sont en fait que des menaces envers la Fondation, des traîtres, des parasites.

Mais ils sont plus nombreux et rapides que moi.

Et maintenant je suis mort, pour de bon cette fois.

Résolu


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