Derniers mots d'un condamné



Mardi, jeudi ou vendredi, je n'en sais rien.
Tel est l'abominable destin d'un Classe-D.
Aller de son gré dans la gueule du requin,
Pour permettre à la science de progresser.


Ils ont commencé par me retirer mon nom
Pour me rendre oubliable aux yeux des scientifiques.
Cela fait donc de moi de la chair à canon
Libérée de toutes ces contraintes éthiques.


Ô cruelle destinée, sordide avenir.
Je compte chaque seconde depuis mon lit,
Et je fais profiter les gardes de mon rire
Pour chacune d'elles où je suis encore en vie.


J'observe désormais cette sombre lumière.
J'aimerais avoir le droit de jamais m'y rendre,
Mais ma liberté est captive de ces fers
Qui font de mon feu intérieur un tas de cendres.




J'ai cru un court instant que l'heure de ma mort
Était arrivée, mais j'ai dû faire une erreur.
Ils m'ont laissé, confronté à mon triste sort,
Tout de même débarrassé de mon honneur.


Être vivant ce jour-ci n'était pas prévu.
Cela fait longtemps que je n'arrive plus à croire
Les chances que s'étende à demain mon vécu.
Ma seule ambition est de vivre encore un soir.


L'heure approche et pour une fois je me sens prêt.
Je regarde ma mort venir, droit dans les yeux.
La voyant lever sa faux comme un couperet
Pour terminer ma vie comme l'on éteint un feu.


Me voici seul, pris dans une chute infini
Me faisant revoir ma vie comme un diorama
Qui malgré son auteur n'a pu être fini,
Comme abandonné, oublié, et laissé là.

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