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Crédits
Titre : SCP-536-FR - Amalgame des marais
Auteur : Oreobanane
Date : 5 novembre 2022
Objet no : SCP-536-FR
Niveau de menace : Indéterminé ●
Classe de l’objet : Euclide
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-536-FR étant actuellement impossible à confiner, les étangs autour de l’épicentre du phénomène sont surveillés par des agents de la Gendastrerie Française. Il est conseillé aux habitants des villages alentours de ne pas sortir de chez eux la nuit, moment où apparaît SCP-536-FR, et de confiner leurs animaux (bétail ou de compagnie) et leurs véhicules afin qu’ils ne soient pas blessés ou tués. Une horde d'animaux non identifiés Une bande de cambrioleurs rôdant dans la région a été prétextée pour rendre ces consignes crédibles.
Toute personne ayant assisté à une manifestation de SCP-536-FR est priée de le signaler à la gendarmerie de Florac. Les morceaux de métal retrouvés après une apparition de l’entité ne doivent pas être ramassés par les civils : ceux-ci doivent les rapporter à la gendarmerie susmentionnée.
Mise à jour du 9/10/2018 : Les animaux des genres Rana (grenouilles) et Bufo (crapauds) vivants ou morts retrouvés dans les étangs où s’est produit SCP-536-FR doivent également être rapportés à la gendarmerie de Florac, leur capture étant de la plus haute importance pour la Fondation SCP.
Description: SCP-536-FR est une balle de métal en lévitation à environ deux mètres du sol, dont le diamètre varie de 20 à 80 centimètres. Cette sphère est entièrement constituée de morceaux de métal de formes, natures et dimensions très variables, en mouvement à l’intérieur de l’entité. Le type de métal est variable (acier, fer, zinc), et semble provenir des alentours des lieux des manifestations (clôtures, fils barbelés, fer à cheval, câbles électriques, carrosseries d’engins agricoles). Cette entité n’est pas accrochée aux arbres ou suspendue par une grue.
Les apparitions sont toujours accompagnées de bruits de câbles et de cris que les témoins décrivent comme "inhumains" sans parvenir à mieux les décrire. Lorsque ces cris s’arrêtent, SCP-536-FR explose dans l’air et projette ses composants à plus de 5 mètres de distance. Ces projectiles peuvent provoquer de sérieuses blessures s'ils touchent un animal ou un humain. Le volume moyen enregistré est de 90 décibels (voix hurlante). Le volume maximum enregistré est de 120 décibels (avion au décollage), ce qui provoque des dégâts auditifs irréversibles. Plus le volume de l'explosion est fort, plus les projections sont violentes.
Selon les analyses auditives, le bruit accompagnant les apparitions de SCP-536-FR est un mélange de plusieurs cris d’animaux, parmi lesquels en majorité des grenouilles et des crapauds, et divers bruits de métal entrechoqué ou frotté. Le lieu de ces manifestations varie mais se concentrent toujours autour des étangs du village du Pompidou, en Lozère. Les tentatives de capturer des grenouilles et des crapauds pour analyses se sont toujours révélées vaines, puisqu’à chaque fois, l’étang où était visible SCP-536-FR est toujours vidé de sa faune après l'apparition. Les analyses des morceaux de métal composant SCP-536-FR ont démontré qu’ils ne comportent aucune propriété anormale.
Découverte : SCP-536-FR a été découvert en 2018, lorsque le village du Pompidou, en Lozère, a été le théâtre de bruits étranges, décrits comme des rugissements "inhumains" et non identifiables. Soupçonnant un phénomène anormal, la Gendastrerie Française a envoyé sur place le colonel Nadine Bovin, native de la région, pour enquêter. Elle a été obligée de faire équipe avec le colonel Philippe Bicherel, de la Gendastrerie de Clermont-Ferrand.
On est arrivés au Pompidou. C’est typique de la Lozère, il ne se passe rien. C’est désert, il fait nuit et il n’y a personne. La place est vide, le bar est vide, il n’y a aucun jeune délinquant, même pas de chat qui traverse la rue. C’est le silence total, un silence de mort, alors qu’il n’est que 21 heures et que même en octobre il devrait y avoir du monde au moins dans un bar.
Il fait froid, j’ai envie de rentrer, Clermont me manque. Et c’est pas ma collègue, Nadine Bovin, qui va essayer de me comprendre. Elle me prend de haut depuis le début et croit qu’elle sait tout mieux que moi parce qu’elle est du coin, à tel point qu’elle parle de "la grande ville". On va dormir chez son frère, qui tient un genre d’hôtel, j’ai déjà envie de me pendre.
Au moment d'entrer dans l’hôtel, nous avons entendu un cri. Un cri horrible, comme venu des profondeurs de la terre. Comme un monstre qui hurlait, je ne saurais pas décrire à quoi ça ressemblait. Ça n’a pas eu l’air de faire peur à Bovin, qui n’avait d’yeux que pour son frère, un vrai bœuf avec un cou de taureau et un air à la Depardieu.
Dans quoi je me suis embarqué…
J’ai enfin réussi à ramener la conversation à la raison pour laquelle je me suis enterré dans ce trou perdu. Bovin parle avec Didier, son frère, et sa belle sœur à propos de gamins partis étudier loin d’ici et qui ont réussi. En même temps, je comprends pourquoi ils sont partis : c’est pas uniquement parce qu’il n’y a pas d’université en Lozère : c’est parce qu’il n’y a rien pour la jeunesse ici. La nièce du colonel est partie pour étudier la médecine, tous sont partis et je comprends pourquoi ils ne reviennent pas. Cette région est d’un ennui total et ces gens-là sont tout aussi ennuyeux. Et ils semblent éviter la question des cris, des bruits étranges, du matériel détruit, volé, et ces chevaux blessés. Ils ne veulent pas en parler, c’est tout juste si j’ai pas dû élever la voix pour avoir des informations, que Géraldine, la belle-sœur de Bovin, m’a lâchées du bout des lèvres. Ils pensent à des gitans ou des arabes, mais ça n’explique pas ces cris, que Géraldine Bovin qualifie de "terrifiants". Je pense aussi à des gitans ou des arabes, je ne vois que ce genre de populations pour faire ça.
Bovin apparaît comme leur sauveuse, mais je pense qu’elle n’est pas plus compétente que moi sur cette affaire. La preuve : elle a apporté une bouteille de vin pour faire parler "Lulu", le maire du village, comme si ça marchait comme ça.
Ces gens-là sont décidément bloqués dans une époque qui n’existe plus.
Je l’ai vu. J’ai vu ce que c’était. C’est impossible et personne ne me croira, mais j’ai vu ce que j’ai vu. Incapable de dormir, principalement à cause des ronflements de Bovin, je suis sorti pour aller aux WC. Et là, j’ai entendu de nouveau ce cri. Bovin a ouvert la fenêtre et on a vu l'anomalie.
Des morceaux de métal, en lévitation dans les airs, au dessus d’une haie. Au milieu des rugissements entendus quand on est entrés dans cet hôtel. Ça ressemblait à un rugissement, mêlé à un bruit de câbles tirés à l’extrême. Le bruit était assourdissant. Les morceaux de métal s’assemblaient en une énorme balle, comme attirés par un gigantesque aimant. La balle grouillait d’activité, les morceaux entraient dans la balle, en ressortaient, retombaient, pour remonter et se réassembler… Comme si c’était vivant. Je ne pouvais pas en détacher mes yeux. Magnifique et terrifiant à la fois. Je devais aller voir.
Mais bien sûr, cette imbécile de Bovin a juste lâché un "impressionnant". Comme si ce n’était rien ! Et elle m’a empêché d’aller voir, sous prétexte qu’on pourrait se faire agresser. Et quand j‘ai voulu sortir, je suis tombé sur son frère qui m’a lui aussi empêché d'aller plus loin. Il a peur, je l’ai vu dans ses yeux. Il dit qu’il n’y a aucune balle de métal qui vole au dessus d’une haie, alors qu’il l’a vu !
Il est dans le coup, je suis sûr qu’il est dans le coup.
Le vent est très fort aujourd’hui, ça caille pas mal. J’aimerais chercher mon écharpe dans la voiture, mais dans la voiture, il y a cet imbécile de Bicherel et il a beau être gendastre lui aussi, moins je le vois, mieux je me porte. Je m’en passerai.
Je suis contente d’être revenue au pays. Les chefs de la Gendastrerie m’ont envoyée sur place parce que selon eux, les habitants du Pompidou et alentours ont confiance en moi et seront plus enclins à me parler à moi plutôt qu’à une personne qui n’est pas du coin, comme Bicherel. Et ils veulent que ce soit vite résolu, le remaniement à l’Intérieur occasionne pas mal de soucis et on m’a dit que ça serait pas mal que cette affaire soit réglée avant que le nouveau ministre, pas encore nommé, ne prenne ses nouvelles fonctions.
Il y a du métal de partout autour de cet étang. Des bouts de fils barbelés, des pièces de voitures, ou de machines agricoles, des bouts de carrosserie, et même un fer à cheval. Géraldine avait raison. Je n’ose imaginer la douleur qu’a pu ressentir le cheval qui a perdu son fer. Et tous les gendarmes qui sont dans le pré à collecter des indices sont pendus à mes lèvres comme si ce qui sortait de ma bouche était la Sainte Parole de Dieu, comme si la simple petite standardiste devenue colonel allait forcément trouver LA solution à tout ça. Car je ne sais pas s’il y en a une, j’ai vu des cas compliqués, certains qui ne sont même pas encore résolus parce que les rancunes sont trop solidement ancrées. Mais j’ai aussi vu une entraide merveilleuse, des gens toujours prêts à donner un coup de main, des gens qui m’ont aidée, encouragée à monter les échelons. Ils m’ont aidée et je dois leur rendre ce qu’ils m’ont donné. Et c’est pas à Bicherel qu’ils vont aller parler.
Lulu est arrivé. Le maire du village et aussi propriétaire du garage du village. 72 ans et toujours aussi en forme. Avec l’âge, il ressemble de plus en plus à Georges Brassens, avec ses cheveux grisonnants frisés et sa grosse moustache. Je me demande s’il fait toujours passer les contrôles techniques contre une bouteille de vin. Enfin, je peux toujours lui demander de me mettre le cadastre à disposition, contre un bon bourguignon il ne refusera pas.
J’ai envoyé Bicherel faire le tour des propriétaires des étangs, ça lui donnera une occupation pour les trois prochaines heures et je pourrai réfléchir en paix. Cette balle de métal volante ne quitte pas mes esprits et je ne sais pas à quoi c’est dû. Des aimants géants ? Des voleurs ?
Quand je vois de telles manifestations ayant lien avec du métal, je pense en particulier à l’Église du Dieu Brisé, qui cherche à reconstituer leur divinité grâce à des technologies anormales et des morceaux de métal ou de bois, de tout matériau existant. C’est la seule hypothèse plausible que j’ai, et si c‘est vraiment ça, alors mon enquête prend un tout autre sens. J’ai envoyé un message à mes supérieurs pour leur en parler, même si je me demande vraiment ce que des adeptes du Dieu Brisé feraient dans ce trou perdu. Je me demande quel genre de technologie anormale ils ont développé pour arriver à former ces balles de métal, et ce qu’ils en font ensuite. Elles explosent, ça veut dire que leur technologie n’est pas au point ? Ou bien c’est un aimant géant qui attire à lui tout le métal de la zone pour que les adeptes le récupèrent afin de reconstituer leur dieu ?
Christine, ma copine de la MFR, est venue me voir. On a passé notre diplôme de secrétaire ensemble, mais elle est entrée à la mairie, Lulu cherchait une standardiste. Elle ne sait pas d’où viennent les bruits, mais elle vient de me raconter que sa fille, Margot, qui est à l’école vétérinaire à Lyon, a vu des "trucs qui volaient dans le ciel" quand elle est rentrée d’une soirée il y a deux semaines. Selon Tine, elle était complètement bourrée et donc elle ne la croit pas une seconde, mais j’irai lui parler quand même, je ne veux pas laisser passer cette piste même si c’est "une gamine bourrée qui délirait".
Interrogateur : Colonel Nadine Bovin, Gendastrerie Française
Interrogée : Margot Souillhac, habitante du Pompidou
Avant-propos : Margot Souillhac est la fille d’une amie du colonel Bovin. Témoin d’une manifestation anormale, elle a essayé d’en parler autour d’elle, mais les autres habitants du village ont mis son témoignage sur le compte de l’ivresse.
Col. Bovin : Margot, je ne suis pas là pour t’engueuler.
Margot : Maman m’a dit que tu voulais me parler parce que je racontais des conneries et que j’étais rentrée bourrée, et vu que t’es gendarme…
Col. Bovin : Je veux que tu me racontes ce que tu as vu dans le pré en rentrant ce soir-là.
Margot : A quoi ça sert, tu vas me prendre pour une conne. Tu vas me dire que j’étais bourrée, comme tout le monde me l’a dit.
Col. Bovin : Écoute, Margot : évidemment que rentrer bourré, c’était pas une bonne idée. Mais même si tu étais raide morte, tu as vu des trucs et je veux que tu me racontes.
(Margot Souillhac semble se détendre)
Margot : Tu me croirais ?
Col Bovin : Je veux écouter ta version. Christine m’a dit que tu étais bourrée, mais que tu le sois ou pas, tu as vu des éléments qui pourraient m’aider à résoudre cette enquête.
Margot : Putain, merci, Nadine, t’es la seule à me croire. Bon. Je rentrais de l’anniversaire de Samuel et j’étais sur mon scooter, parce que ma voiture est chez Lulu, ce connard de Yohann a pété le pare-chocs en tapant un chevreuil y a deux semaines. Toujours autant un bon à rien, celui-là.
Col. Bovin : Et tu es passée le long du pré du Gégé ?
Margot : Ouais. Je longeais le pré, ouais, là où il y a des chevaux et l’étang, et j’ai vu du métal voler. [DONNEES REDONDANTES, VOIR DESCRIPTION].
Col Bovin : Tu es allée voir ?
Margot : Non, j’ai eu peur, je voulais pas qu’elles me tombent dessus ou qu’elles fassent… autre chose. Je sais, c’est con, mais j’avais l’impression que si j’approchais, elle allaient me foncer dessus. Tu crois que j’aurais du aller voir ?
Col. Bovin : Non. Tu as bien fait de rester en retrait. Elles faisaient quoi, ces balles ?
Margot : [VOIR DESCRIPTION]. Je sais, Nadine, c’est con, mais je te jure que j’invente rien.
Col Bovin : Je te crois, Margot. Tu as entendu des bruits, des voix ?
Margot : Ah ça pour les bruits tout le monde m’a crue, tout le monde les entend.
Col Bovin : Tu peux me les décrire ?
Margot : Ben… je sais pas trop, c’était comme des cris d’animaux en rut. Des batraciens en rut, tu sais, l’été on en entend vers les étangs. Des crapauds en rut, sauf que c’est pas la saison et que le bruit était beaucoup trop fort pour que ce soit des crapauds. Mais en même temps j’entendais des cheveux qui hennissaient et ça par contre c’était des cris de douleur.
Col Bovin : La balle métallique ne leur a pas fait peur ?
Margot : Aux crapauds ? Je sais pas, j’ai pas vu les crapauds, je les ai juste entendus. Si c’était bien ça.
Col Bovin : Tu es restée combien de temps à observer ce phénomène ?
Margot : Je sais pas, mais je suis repartie quand ça s’est arrêté.
Col Bovin : Ça s’est arrêté de quelle manière ?
Margot : Les cris se sont arrêtés et les balles ont genre… éclaté. Ça projetait du métal de partout et j’ai plongé dans le fossé pour éviter de m’en prendre dans le visage. J’ai attendu que ça finisse de retomber, et j’ai relevé la tête. Et là j’ai vu un type entrer dans le pré. Il ramassait les bouts de métal. Il en remplissait des pleins sacs. Puis il est reparti.
Col Bovin : Tu saurais me décrire cette personne ?
Margot : Non, Nadine, je suis désolée. Je sais juste que c’était un homme, pas tout jeune, avec un peu de ventre. Il faisait noir, j’ai pas vu son visage, et quand il est passé pas loin de moi je me suis cachée, je voulais pas qu’il me voie. Si c’était un manouche ou un cambrioleur et que je l’avais surpris à faire des trucs bizarres, il aurait pu me faire la fête. Alors je me suis aplatie dans le fossé.
Col Bovin : Je comprends, tu as bien fait.
Margot : Encore une fois je t’assure que j’étais pas bourrée !
Col Bovin : Je te crois, Margot. J’ai noté ton témoignage et si jamais d’autres choses te reviennent, tu as mon numéro.
Margot : Merci, Nadine. Au moins quelqu’un qui me prend pas pour une conne dans cette histoire.
J’ai prétexté vouloir aller pisser dehors cette nuit. Il faisait presque beau, c’était le clair de lune, j’ai dit au frère de Bovin que je voulais profiter de la vue. Il ne l’a clairement pas cru, au vu de l’expression qui est passée dans ses petits yeux ternes, mais il m’a tout de même laissé faire. Je veux aller voir ce que sont ces balles qui volent, je veux voir de quoi elles sont faites, comment elles lévitent, et surtout, qui est derrière tout ça. Car ce n’est pas Bovin qui ira voir. Je suis sûr qu’elle sait mais qu’elle couvre le coupable parce qu’elle le connaît. Elle me cache quelque chose, je le sais, je la ferai tomber pour obstruction à enquête et faux témoignage.
J’ai vu. La balle de métal est encore là. Encore plus grosse. Elle a de léger soubresauts, parfois elle s’élève, d’autres fois elle descend. Et tout ça au milieu d’un chant continu, mélange de sons que je ne saurais identifier. Comme si cette balle bougeait au rythme de ces vocalisations. C’est un mélange entre des cris d’animaux, des frottements de métal et un chœur sur un ton grave, comme des moines chantant dans un monastère.
J’ai voulu aller voir, pour savoir de quoi il en retournait. Mais au moment où je m’engageais dans la rue, j’ai senti qu’on me tirait par le bras. C’était le frère de Bovin. Cette fois, le scepticisme avait laissé la place à la peur et la colère dans ses yeux. Comme si j’étais son petit garçon qui avait échappé à sa surveillance pendant des heures. Je ne pouvais pas me dégager, il était bien trop fort pour moi. Il m’a ramené dans l’hôtel et a fermé la porte de ma chambre en emmenant la clé avec lui, me disant "Vous n’irez pas voir".
Mais j’irai voir quand même la nuit prochaine. Je sortirai par la fenêtre.
Interrogateur : Colonel Nadine Bovin
Interrogé : Colonel Philippe Bicherel
Avant-propos : Suite au témoignage de Margot Souillhac, le colonel Bicherel s’est rendu sur les lieux du phénomène et a été agressé par l’homme qui ramassait des éléments métalliques de SCP-536-FR. Il a été transporté au centre hospitalier de Florac (Lozère). Il souffre d’une fracture du nez, de deux côtes et du bras droit.
Col Bicherel : Si vous aviez pris des décisions un peu plus vite, on aurait pu arrêter ce criminel bien plus vite !
Col Bovin : Vous ne l’avez pas arrêté non plus.
Col Bicherel : Si vous aviez accepté d’envoyer des renforts, peut-être qu’on l’aurait arrêté. Si ça s’était passé à Clermont, je…
Col Bovin : On n’est pas à la ville, ici, faut que je vous le dise combien de fois ? Vous pensez qu’en claquant des doigts on fait venir 115 000 gendarmes ? Vous savez aussi bien que moi qu’on manque de moyens !
Col Bicherel : On peut en parler, aussi, de votre frère qui fait obstruction à mon enquête et vous qui le laissez faire ?
Col Bovin : Votre enquête ? Vous avez rien fait du tout à part râler parce que vous aviez de la bouse sur les bottes ! Bienvenue à la campagne, Bicherel !
Col Bicherel : Quand j’ai voulu sortir pour voir, l’autre nuit, votre frère m’a littéralement empêché de sortir ! C’est pas de l’obstruction à enquête, ça, Bovin ?
Col Bovin : J’ai pas envie de me battre avec vous. Votre déposition, vous voulez la faire, ou pas ?
Col Bicherel : Vous avez intérêt à bien la prendre, sinon je fais un rapport au ministère des armées.
Col Bovin : Mais oui, bien sûr. Commencez. Vous êtes allé à l’étang indiqué par notre unique témoin. Et ensuite ?
Col Bicherel : J’ai vu ces gigantesques balles de métal voler au dessus de l’étang, et toujours ces espèces de rugissements.
Col Bovin : Oui, continuez.
Col Bicherel : Il y avait des mouvements à l’intérieur même de la balle. Des bouts qui semblaient repoussés, qui se déplaçaient. Ça faisait un peu comme un modèle d’atome ou de molécule, c’était visuellement assez fascinant, je dois dire.
Col Bovin : Donc plus impressionnant que ce qu’on a vu le soir de notre arrivée.
Col Bicherel : Bien plus, oui, car la balle était beaucoup plus grosse. J’ai une théorie, si c’est vraiment une théorie…
Col Bovin : Développez.
Col Bicherel : Vous allez encore me prendre pour un con parce que depuis le début vous me prenez pour un con, mais je pense que c’est les grenouilles.
Col Bovin : … Développez encore.
Col Bicherel : En fait j’en ai deux. Soit elles émettent un genre de réaction qui attirent le métal et comme elles sont beaucoup, elle créent des balles de métal qui lévitent. Soit leur chant fait vibrer le métal, vous savez, comme la Castafiore qui casse des verres en cristal dans Tintin.
Col Bovin : C’est une hypothèse. J’ai pas les connaissances scientifiques nécessaires pour vous répondre.
Col Bicherel : En tout cas je pense que c’est lié à ces grenouilles, ou crapauds, je sais pas. Parce que ça s’est arrêté quand les grenouilles ont arrêté de chanter.
Col Bovin : Comment ça s’est passé quand ça s’est arrêté ? La balle a explosé ?
Col Bicherel : Ouais. Du métal de partout. Moi aussi je me suis caché.
Col Bovin : Et le type est arrivé ?
(Le colonel Bicherel hoche la tête)
Col Bovin : C’était le même que décrit par notre témoin ?
Col Bicherel : Je ne sais pas, vu qu’elle ne nous a pas fourni de description exacte. Mais d’un certain âge et bedonnant, oui.
Col Bovin : Et vous avez été frappé par un vieux ?
Col Bicherel : Il m’a attaqué par surprise ! Je l’ai vu arriver, je l’ai vu remplir ses sacs de bouts de métal, j’ai voulu le maîtriser par derrière mais il n’a vu.
Col Bovin : Donc il ne vous a pas attaqué par surprise, c’est vous qui vous y êtes mal pris.
Col Bicherel : Ne jouez pas sur les mots !
Col Bovin : On va pas recommencer. Il ressemblait à quoi, votre agresseur ? Vous avez vu son visage ?
Col Bicherel : Euh, ouais, il avait des cheveux gris frisés un peu en bataille, et une moustache bien fournie, je lui aurais donné 70 ans. Il… De ce que j’ai vu il ressemblait énormément à Georges Brassens.
Col Bovin : Oh merde…
Note finale : La personne ayant agressé le colonel a été retrouvée. Il s’agit de L█████ M████, 72 ans, qui a avoué utiliser le métal constituant SCP-536-FR comme pièces détachées ou tôles de carrosserie pour réparer les véhicules qui lui étaient confiés. Il ne semble pas lié au GDI L’Église du Dieu Brisé, mais la Gendastrerie Française a décidé d’ouvrir une enquête complémentaire. N'ayant pas les moyens de mener une enquête plus poussée, la Gendastrerie Française a fait appel à la Fondation SCP pour vérifier l'hypothèse du colonel Bicherel. Les investigations sont toujours en cours pour capturer des crapauds et des grenouilles. Le Département de Censure et Désinformation a mis en place une histoire de couverture afin de rassurer les habitants du Pompidou et des alentours, faisant croire à des cambrioleurs d’origine étrangère volant le métal pour le revendre. Cette histoire de couverture n’a pas éveillé de soupçons.
Mise à jour du 21/10/2018 : Deux rana arvalis (grenouille des champs) décédées et un bufo bufo (crapaud commun) vivant ont été capturés par des agents de la Gendastrerie Française à proximité d'un puits relié à une nappe phréatique utilisée par les agriculteurs du Pompidou à des fins d'irrigation. Des morceaux de métal étaient aimantés au crapaud. Les autres exemplaires présents se sont enfuis à l'arrivée des agents. Les trois spécimens capturés ainsi que des échantillons d'eau de la nappe phréatique ont été emportés au Site Aleph pour analyses et autopsie.