SCP-600-FR : Sanglier

Objet no : SCP-600-FR

Niveau de Menace : Rouge

Classe : Keter

Procédures de Confinement Spéciales : SCP-600-FR doit être gardé dans un enclos de 5 m × 5 m en bordure du Site-Aleph, délimité par des murs en béton sans fenêtre et d’une hauteur de 2 m, afin d’empêcher les agents entrant dans l’enclos de voir l’entité plus que nécessaire. Les murs doivent s’enfoncer 1 m sous le sol pour éviter que SCP-600-FR ne creuse en-dessous. En dehors de l’entretien habituel, il est interdit de s’approcher de l’enclos à moins de 80 m, sous peine d’être interrogé et éventuellement neutralisé.

Une fois par jour, un agent suivant l’entrainement Erebos1 et ayant obtenu une note journalière d’au moins 7,5 sur 8 doit s’occuper de l’entretien de l’enclos et de l’entité. Il est autorisé à faire autant de pauses que souhaitées, tant qu’il termine avant la fin de la journée. Il peut également demander de l’aide à d’autres agents remplissant les mêmes conditions s’il juge cela nécessaire. Sa tâche consiste à nettoyer l’enclos, vérifier qu’il n’y a pas de trous trop profonds et les reboucher le cas échéant, et nourrir l’entité avec environ 2 kg des restes alimentaires du jour. Il doit rester dans l’enclos pendant l’entièreté du repas afin de signaler la présence de nourriture, mais peut se faire relayer. L’entité étant devenue particulièrement agressive suite à son confinement, il n’est plus possible d’utiliser d’autres animaux pour remplir cette tâche. En cas d’attaque physique, l’agent est autorisé à frapper SCP-600-FR avec une matraque. Sa présence a comme utilité secondaire de préserver la santé mentale de l’entité, en lui évitant une privation sensorielle prolongée. Tout agent ayant été en contact avec SCP-600-FR doit être interrogé sur ses nouvelles habitudes alimentaires et être neutralisé s’il évoque un régime végan ou similaire.

Étant donné que l’entité ne doit en aucun cas entendre parler du concept de "nourriture", il est fortement recommandé aux agents s’apprêtant à entrer dans l’enclos de manger une heure avant, pour éliminer toute tentation de penser à ce concept, ce qui pourrait causer un scénario de fin du monde de Classe AK.2 Si un agent échoue quand même, il est de son devoir de le signaler immédiatement. Il dispose alors du temps qui le sépare de l’heure du prochain repas pour aller voir ses proches s’il en a pour les prévenir de son changement d’affectation, et à organiser sa fin de vie anticipée.3 Si le temps manque, il doit être neutralisé.

Afin d’éviter à SCP-600-FR de se blesser ou de se tuer, aucun appareil électrique ne doit se trouver à moins de 80 m de l’enclos (cf. l’enregistrement vidéo de l’addendum).

Description : SCP-600-FR est un Sus Scrofa (sanglier d’Europe) mâle âgé de 6 ans au moment de sa récupération. Il pèse 141 kg. Il a la particularité d’être privé d’une partie de ses sens, à savoir la vue, l’ouïe, l’odorat et le gout. Ce manque est compensé par sa capacité à ressentir et traduire les signaux électriques dans les systèmes nerveux des animaux.

En interprétant ces signaux, il est capable de savoir notamment ce que les animaux à proximité voient, entendent, sentent et pensent. Il a donc accès à leurs sens, ce qui constitue son unique moyen de se repérer dans l’espace. Seul, il est incapable de percevoir son environnement ou de reconnaître de la nourriture. Ce sens est comparable à l’ouïe. En effet, l’entité n’a pas de limite en terme de nombre d’animaux ressentis mais peut se concentrer sur un en particulier, et la précision de cette capacité dépend de la distance. À moins de 50 m, l’entité a accès aux pensées de ses cibles, lui permettant de connaitre leurs mouvements au moment où ils sont pensés et donc de réagir un peu plus tôt. À moins de 80 m, il partage les sens de ses cibles. À moins de 1304 m, il ne peut que discerner le nombre d’animaux, leurs positions, ainsi que quelques informations biologiques comme l’espèce et l’état de santé général.

À l’état sauvage, il était à la fois dépendant de sa compagnie,5 et d’une grande aide pour elle. Sa capacité à ressentir les signaux électriques lui permettait de sentir les chasseurs à une plus longue distance et avec une plus grande efficacité. Pour cette raison, l’âge moyen des sangliers qui l’accompagnaient était sensiblement plus élevé que la norme.

L’effet anormal principal de SCP-600-FR réside dans sa capacité à rendre un animal intolérant à un concept précis. L’animal affecté reniera le concept en question, faisant tout pour ne plus y être associé. Il peut s’agir d’un concept simple, comme couper l’envie à un sanglier de manger des charognes, ou d’un plus complexe, comme pousser un écureuil à ne plus faire de réserves de nourriture, ou faire arrêter à un humain d’écouter son chanteur préféré.

L’intolérance est contagieuse, dans une certaine mesure. Tout individu remarquant l’éventuel changement de comportement de la victime devient lui aussi intolérant au même concept. Généralement, la contagion ne se propage pas, ou s’arrête aux proches qui connaissent les habitudes de l’animal ou humain infecté.

L’entité n’est pas soumise à son anomalie, son effet ne se déclenche pas indépendamment de sa volonté. C’est elle qui choisit le concept auquel deviendra intolérante sa cible, pour cela il faut qu’elle connaisse le concept et qu’elle sache qu’il fait sens pour l’espèce en question. Il peut s’agir soit d’un concept que l’entité connait, soit d’un concept auquel sa cible pense sur le moment. L’entité n’a pas besoin de comprendre le concept pour cela, cependant s’il ne fait pas sens pour elle, elle ne sera pas capable de le garder en mémoire. Sa méconnaissance de l’espèce humaine la limite principalement à rendre un humain intolérant à un concept auquel il est en train de penser.

Actuellement, le seul concept que SCP-600-FR semble avoir associé à l’espèce humaine est celui d’animal différent, qu’il a naturellement associé à la prédation. Il est donc capable de rendre n’importe quel humain intolérant à la consommation de produits issus d’animaux non humains, incluant les oeufs et le lait. Le changement de comportement associé étant facilement remarquable, la contagion, si non controlée, pourrait s’étendre dans tout le site et en dehors, rendant végan la population entière en un temps assez court. Les conséquences d’un changement aussi soudain et d’une telle ampleur étant largement inconnues, il a été décidé d’éviter à tout prix que cela se produise.

Addendum : Récupération de SCP-600-FR

Le 18 décembre 2022, un homme du nom de Bertrand Dascuse6 dépose une pétition au Syndicat des Chasseurs et Pêcheurs (SCP), se plaignant de la présence d’un animal mettant en péril l’activité des chasseurs de la région, et demandant au Syndicat de s’occuper du problème. Il avait déjà tenté de se faire entendre à plusieurs reprises au cours des mois précédents, mais le Syndicat lui a systématiquement répondu que ce n’était pas leur rôle de résoudre ce genre de problème. Suite à l’insistance de Bertrand Dascuse et au soutien qu’il a démontré avoir en déposant une pétition signée par 14 individus, le Syndicat des Chasseurs et Pêcheurs a décidé de faire remonter le signalement à la Fondation SCP. Un agent a donc été envoyé sur place pour interroger Bertrand Dascuse.

ENREGISTREMENT AUDIO


Date : 29 décembre 2022

Note : Retranscription de l’interrogatoire mené par l’agent Elliot Amber.


[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]

Agent Amber : Monsieur Dascuse ?

Bertrand Dascuse : Ah ! C’est vous ! Ravi de vous rencontrer, appelez-moi Bertrand.

Agent Amber : Très bien, appelez-moi Elliot dans ce cas.
L’agent Amber et Bertrand Dascuse échangent des banalités pendant quelques minutes.

Agent Amber : Oui, je vous comprends tout à fait. Venons en aux faits, vous avez affaire à une bête qui vous empêche de pratiquer vos activités de chasseurs, et vous ne pouvez pas vous en occuper. Qu’est-ce qui vous fait dire que le Syndicat est en mesure de vous aider ?

Bertrand Dascuse : Oh euh comment dire…Je crois que les chasseurs du coin ont simplement peur de la bête. En fait vous savez, d’ordinaire je ne chasse pas par ici, mais j’ai entendu des histoires en discutant avec un gars qui faisait le tour de la France en vélo je crois, apparemment ça faisait un an que des chasseurs d’ici racontaient de temps en temps avoir aperçu un sanglier fantôme, comme ils disent. D’après eux, à l’instant où tu posais ton regard sur lui, il se volatilisait.

Agent Amber : Il disparaissait ? Comme par magie ?

Bertrand Dascuse : Il semblerait. Moi j’y croyais pas trop évidemment, je me suis d’abord dit que par le hasard la bête bougeait pile dans la bonne direction au bon moment pour ne pas être vu, mais trop de gars racontaient la même chose. Du coup je suis venu voir.

Agent Amber : Et vous l’avez vue ?

Bertrand Dascuse : Plusieurs fois, oui. Un vieux sanglier bien armé, pour le reste c’est comme je vous ai dit, il disparaît trop vie.

Agent Amber : Donc vous me dites que ce sanglier effraye les chasseurs ?

Bertrand Dascuse : Croyez-le, croyez-le pas, mais à chaque fois qu’un chasseur armé l’apercevait, il décidait d’arrêter totalement et définitivement la chasse. Pire encore, leurs potes chasseurs les suivaient à chaque fois dans leur démarche, à croire que raconter leur expérience suffit à les terrifier aussi.

Agent Amber : Vous ne m’avez pas l’air terrifié, vous, pourtant vous dites l’avoir vu plusieurs fois.

Bertrand Dascuse : Oh je ne dirais pas que j’ai peur, mais je peux vous assurer que je ne toucherais plus jamais à un fusil, sauf pour l’accrocher au-dessus de ma cheminée.

Agent Amber : À l’instant, vous avez parlé de chasseurs armés, pourquoi ?

Bertrand Dascuse : Parce que seuls les chasseurs qui avaient leur arme ont par la suite décidé d’arrêter la chasse, ce qui est normal parce que… euh… je veux dire, quand on a son arme, c’est qu’on se met dans un état d’esprit de chasse, ça change beaucoup de choses vous savez, quand on pense chasse on ne réagit pas pareil à tout, donc ce n’est pas anormal que les autres ne soient pas… ne prennent pas peur en le voyant. Enfin, c’est logique quoi.

Agent Amber : Parfaitement logique, oui.

Bertrand Dascuse : C’est quand même dingue quand on y pense, il suffit de se pointer devant ce foutu sanglier avec une arme, et hop ça nous coupe l’envie de chasser. Quelle prestance il doit avoir pour les intimid- pour nous intimider, que prestance il a, je veux dire !

Agent Amber : Merci Bertrand, je vais voir comment on peut vous venir en aide. Passez une agréable fin de soirée.

[FIN DE L’ENREGISTREMENT]


Conclusions : Grâce aux informations obtenues à l’aide de Bertrand Dascuse, un profil de l’anomalie a été établi. Il s’agirait d’un sanglier qui, pour se défendre, supprime toute envie de chasser à quiconque le menace avec une arme, et ce définitivement. De plus, pour être affecté par l’anomalie, il faut être à une certaine distance du sanglier.7

Stratégie prévue pour la capture de l’entité : Déterminer sa position à l’aide d’un drone, puis l’endormir avec un tir à longue distance.


ENREGISTREMENT VIDÉO


Date : 5 janvier 2023

Note : Retranscription de la vidéo prise par la caméra embarquée du drone, et des communications des agents prenant part à la capture.


[DÉBUT DE L’ENREGISTREMENT]

Le drone vole au-dessus de la forêt, à une centaine de mètres des sangliers sont en déplacement.

Agent Gregg : J’ai un autre groupe de sanglier en visuel, je t’envoie les coordonnées.

Agent Mackenzie : Une compagnie.

L’agent Mackenzie s’approche du groupe de sanglier. À approximativement 115 m, un des sangliers bifurque brusquement avant même d’être vu par l’agent Mackenzie. Les autres sangliers le suivent avant de reprendre leurs places.

Agent Gregg : C’est bon, on l’a. C’est l’avant-avant-dernier sanglier dans la file.

Agent Mackenzie : Ok, je vais chercher mon arme. Donne moi ses caractéristiques physiques, pour que je puisse le reconnaître s’il change de place.

L’agent Gregg fait descendre le drone pour mieux voir le sanglier. Il commence soudain à agiter la tête comme s’il cherchait d’où venait un bruit, puis commence à courir à vive allure dans la direction opposée au drone. Les autres sangliers ne le suivent pas. Il continue de courir sur une quarantaine de mètres avant de percuter violemment un arbre. Il reprend sa course et trébuche quelques secondes après. Il se relève rapidement.

Agent Gregg : Merde, je crois bien qu’il a vu le drone, il le fuit comme si sa vie en dépendait. Il s’est mangé un arbre avec une telle violence, il faudra que je te montre l’enregistrement. Là il vient de se coincer dans un buisson.

Le sanglier se débat pour sortir du buisson. Il se blesse à plusieurs reprises en essayant de se dégager.

Agent Gregg : Je vais me rapprocher pour comprendre ce qui se passe.

Le drone s’approche. Les mouvements du sanglier deviennent plus violents et plus désorganisés. Il commence à se frapper la tête contre le sol, tout en essayant de reculer. Une branche s’enfonce profondément dans sa fesse droite mais il ne bronche pas et continue de pousser.

Agent Gregg : Je crois bien qu’il réagit mal à la présence du drone, je vais l’éloigner. Je pourrais plus le garder en visuel, mais il est seul et tu as ses coordonnées.

[FIN DE L’ENREGISTREMENT]


Résultats : Le sanglier a été récupéré avec succès. Il souffre d’une fracture légère à l’épaule droite et au nez ainsi que plusieurs entailles sur l’ensemble du corps.


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