Coup d’Éclat

La zone résidentielle Est d’Aleph était généralement assez calme. En fait, elle était presque morte, non pas parce que les installations à proximité étaient les moins sujettes aux accidents, bien au contraire, mais bel et bien parce qu’elle était habitée par les morts. Le cimetière, réservé entre autres au personnel sans famille et aux cas qui avaient besoin de Procédures d’Enterrement Spéciales, pourrissait en bordure de la zone. Les installations à proximité contenaient Classe Keter et salles de tests en vrac, et les brèches de confinements venaient rythmer ici plus qu’ailleurs la passivité morbide du cimetière.

Hmm ? Pas de Keter au Site-Aleph ? Ben tiens. Encore une astuce pour garder le plus de membres du personnel et de familles sur le site. De toute façon, ceux-ci étaient suffisamment éloignés de la menace pour que cela revienne au même.

Et puis, entre la mort active et la mort passive, on avait bien évidement installé tout les retraités. Le personnel en fin de service était stocké dans ces petites maisons, copies conformes les unes des autres, entre l’abattoir et le repos éternel. Un agencement logique, finalement : la Fondation n’était pas cruelle, les familles devaient habiter au sein des zones les plus sécurisés et joyeuses, si l’on peut dire ainsi.

Pierre Alain se demandait si ce traitement ne relevait pas à la fois d’une volonté de garder les vétérans au frais en cas de besoin ainsi que d’une vengeance envers les survivants qui n’avaient pas été touché par les nombreux accidents de travail. Les Keter, les vieux, le cimetière. Un enchaînement qui coule de source.

On frappa à la porte et on ne fit pas prier pour ouvrir dans la foulée. Pierre grogna. Quel était l’intérêt de frapper s’il n’avait pas à donner son accord pour qu’un intrus rentre ? Il pouvait encore se lever et aller ouvrir la porte lui-même…

L’intrus rentra dans le salon de son pas feutré. Et voilà putain, un jeune, faut toujours que ça soit un jeune pour faire chier le vieux con. On dirait le début d’une mauvaise histoire, il va l’appeler “Monsieur Alain”, puis lui proposer un service que n’importe qui d’autre pourrait effectuer, puis il va être obligé d’accepter et il ne pourra retourner au repos que lorsque la grande faucheuse aura arrêté de se tourner les pouces, cette vieille truie.

- Monsieur Alain…

- Je ne vous ai pas donné l’autorisation d’entrer.

- …Vous aviez laissé la porte ouverte, Monsieur Alain.

- …Je sais, je ne suis pas sénile non plus ! Et appelez-moi Docteur, pour l’amour de Dieu…

- Dr Alain, je vous prie de rester coopératif.

- J’ai dit Docteur, pas Dr Alain. Ils étaient obligés de m’envoyer un jeune ?

- …Docteur, j’ai presque 74 ans.

- Et moi 87, cessez de me prendre de haut comme ça ! Et puis zut, vous semblez avoir réponse à tout de toute façon…

- …Dr Alain. Savez-vous au moins qui je suis ?

- Bien sûr que je le sais, sinon pourquoi est-ce que je serais autant sur les nerfs ?

O5-7 se dit que Bruce n’avait pas exagéré en disant que le vieux directeur du DCD était d’une mauvaise foi abrutissante et d’une humeur exécrable. Il avait beau avoir accepté le rendez-vous, il passait son humeur en proférant des bêtises aussi évidentes qu’agaçantes. Et la hiérarchie ne l’inquiétait pas outre mesure. Il garda le sourire et silence, regardant son interlocuteur dans les yeux avec un petit soupir, de façon à ce qu’il comprenne que le moment n’était pas aux plaisanteries belliqueuses.

- …Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

O5-7 resta imperturbable. Pierre finit par capituler, non sans grincer des dents.

- …Ça va, j’ai compris.

- Je préfère ça. Allons droit au but, avez-vous déjà entendu parler de SAPHIR ?

- Vous pensez que je n’ai rien à faire de mes journées ? Que je reste ici coupé du monde sans m’instruire des dernières affaires ?

Pierre Alain avait déjà eu affaire à SAPHIR, en 1991 en Irak. Sale affaire, quand on doit traiter avec cinquante pour cent de la population mondiale. Il y avait passé la journée, et Dieu savait qu’il haïssait les heures supplémentaires. Il avait gardé une dent contre eux, les négationnistes de l’anormal, les terroristes de la foi, les crétins de service qui réajusteraient tranquillement leurs lunettes avant de hausser les épaules devant une horreur cosmique. Cependant, ils restaient vainqueurs dans leur erreur.

L’ancien membre du Département de la Censure et de la Désinformation savait très bien pourquoi. Ce que les autres considéraient comme des prouesses de manipulation des masses, il les considérait comme de petits mensonges quotidiens. Il avait eu le temps de comprendre, durant sa carrière, que le grand public était prêt à avaler n’importe quoi pourvu que cela procure un tant soit peu de sens à la situation la plus invraisemblable.

SAPHIR rationalisait. SAPHIR rassurait. S’il n’avait pas été aussi radical et anti-religions, SAPHIR aurait sûrement pu rivaliser avec le Département de Censure et de Désinformation. "Tout va bien, laissez-moi vous prouver par A plus B que tout est normal". Efficaces. Insupportables. Dangereux. Pierre Alain ne voulait pas en entendre parler à nouveau.

- Et vous sollicitez mon aide alors que je ne sais même pas de quoi il est question.

- En fait, nous avons des raisons de penser que SAPHIR prépare quelque chose d’énorme, même en comparaison de leurs moyens.

- Quel genre de raisons ?

- Cela fait près de deux mois qu’ils ont cessés toute attaque auprès des institutions chrétiennes et des adeptes du christianisme, en redirigeant leurs forces vers d’autres objectifs.

- C’est tout ce que vous avez ?

- C’est suffisant pour que cela m’inquiète.

Pierre Alain fronça les sourcils. Quelque chose n’était pas net. Il réfléchit et mit les pièces du puzzle en place.

- Le décollage de Space-X.

- …Pardon ?

- Même moi je n’ai pas pu le louper. La fusée qui a explosé en test et a libéré trois tonne de nano-particules dans l’air, qui ont converti et amélioré lentement la matière vivante affectée. À priori… Anderson je dirais, peut-être dans l’espoir de coloniser Mars avec ses créations, pourquoi pas. Il se fait fournisseur de technologies anormales pour la firme, et un accident révèle l’une de ses options surprises fournies en prime. Ça demande un travail monstrueux au DCD, je me trompe ?

- En effet. Une importante partie de l’effectif est réquisitionné, il faut censurer les enregistrements et les rapports de livraisons, et désinformer quant à la catastrophe qui laisse encore un bon nombre de nano-robots volatiles un peu partout dans la région touchée. La médiatisation de l’événement leur donne du fil à retordre.

- Oui oui, soit, maintenant supposons que l’affaire que vous me proposez ait besoin d’une petite équipe, ce qui doit tout de même rester au DCD, je pense que vous êtes le seul O5 à accorder un minimum de crédit à cette menace anti-chrétienne. Ce qui expliquerait votre déplacement pour solliciter un retraité. Le reste du Conseil vous a demandé de mettre cette affaire de côté pour le moment, je me trompe ?

- …C’est le cas. Peu de mes confrères accordent du crédit à SAPHIR. J’ai intérêt à faire profil bas et à ne pas solliciter directement le DCD.

- C’est donc ça.

Le silence s’installa dans la pièce. O5-7 observa rapidement que celle-ci, et probablement le reste de la maison, n’avait pas été aménagée selon les goûts du résident et avait été laissée telle quelle. Pas le moindre signe distinctif de la personnalité de son occupant, à croire qu’il venait à peine d’emménager. Pierre ne disait plus rien.

- …Donc ?

- Non. Pourquoi je vous suivrais face à des athées extrémistes ?

- Que vous êtes toujours sous notre toit, blanchi et nourri ? Parce qu’un O5 vous le demande ?

- Il me suffit d’un appel et j’en ai 12 autres qui vous tombent dessus. Ou 11 ? Je sais plus. Vous n’êtes pas plus en position de force que moi. Je ne vois pas de raison valable de vous aider, sinon m’attirer des emmerdes.

- Parce que vous êtes de mauvaise foi ?

- Sortez de chez moi.

- J’essaie de détendre l’atmosphère. Vous êtes vraiment difficile, Dr Alain. Je vous laisse le choix, estimez-vous en heureux.

- Je suis très heureux de vous répondre avec mon plus grand sourire : « Non, sortez de chez moi ».

O5-7 soupira et se gratta la tête. Il ne dit rien de plus et sortit de la résidence du Docteur et ex-Directeur Pierre Alain, réfléchissant déjà à la façon dont il allait rebondir. Il avait déjà l’appui des Joaillers, il lui faudrait désormais prévoir comment réduire les dégâts et démêler l’affaire.

Tandis que l’O5 s’en allait chercher l’aide de Delta-0, Pierre Alain ruminait son égo bafoué. Il n’était pas de mauvaise foi, il testait juste ses interlocuteurs, voilà tout… Quelle bande d’ingrats, le taxer de mauvaise foi, après tout ce qu’il avait fait pour eux, c’en était révoltant.


6 jours plus tard, État du Vatican, Porte San Pellegrino, 11:54

- On ne sait pas à quoi on a affaire, bien sûr que la Division Croyante doit rester en réserve. C’est quand même pas rien.

- C’est bien ce qui m’inquiète.

Sheila Becker, chef de la division agnostique des Joailliers, commençait à en avoir assez des questions de l’Agent Tréhard. Au début, cela passait le temps, mais il commençait à lui courir. Comme si ça n’était pas suffisant, l’Agent Lestang prit elle aussi la parole.

- Si je peux me permettre, je peux comprendre pourquoi Fabien s’y perd avec les différentes divisions. C’est compliqué de savoir qui fait quoi.

- Enfin c’est pas un bleu non plus ! Le problème c’est qu’il a encore du mal à différencier athée et agnostique, pour ne citer que ça. C’est tout de même un comble, non, Tréhard ?

- Heu… Oui, enfin je ne suis pas tenu d’être un expert non plus, du moment que je sais ce que je suis censé faire…

- Et bien ne posez pas de question alors, ou informez-vous. C’est quand même le minimum que l’on vous demande, alors quand on aura terminé ça vous aurez intérêt à me réviser vos bases.

Fabien Tréhard grogna avec dépit. Sheila contacta alors la chef de la Division athée, Katerine Dubois, sentant qu’elle n’aurait malgré tout pas la patience d’attendre en faisant la conversation de Tréhard.

- Katerine ? Tout va bien de votre côté ?

- Oui, on est à cinquante mètres du casino. Et vous ?

- Nickel. J’ai envoyé Arthur et Bertrand vers la cible indiquée, ça ne devrait pas leur poser trop de soucis. C’est assez désert semblerait-il.

- Te connaissant tu dois t’ennuyer comme un rat mort.

- On peut dire ça, effectivement. C’est bien trop calme, trop simple en apparence. J’ai besoin de savoir ce qui se passe là-bas.

- Et oui ! Mais pas encore.

Sheila soupira, apparemment suffisamment longtemps pour que Dieu entende son appel, puisqu'un roulement de pas et un cliquetis métallique se firent entendre. Au vu de ce qui devait suivre, ce devait être un Dieu bien peu moral. Sheila s’alarma.

- Attend, faut que je coupe, j’ai du mouvement.

- Reçu, bonne chance.

Le roulement se faisait très proche, ça devait être à l’angle.

- Okay tout le monde, on reste à couvert, si c’est ce que je crois mieux vaut qu’on force le passage et qu’on se disperse ensuite.

À peine ces mots furent prononcés qu’une armée de curieux personnages déboulèrent de l’angle. Les gaillards étaient affublés de tenues bouffantes bariolées, striées de bandes rouge, jaune et bleu. Leurs bérets sombres étaient bien trop penchés pour leur donner un quelconque crédit, c’était limite s’ils ne réduisaient pas leur vision de moitié. Comble de la mascarade, ils n’étaient, et encore pas tous, qu’équipés de lances, hallebardes, épées et espadons.

Fabien en compta vingt-six. Vingt-six clowns moyenâgeux contre dix agents d’élites. Il ne manqua pas de faire cette remarque à toute l’équipe. Celle-ci ne daigna pas réagir, à l’exception de Sheila qui soupira, grogna et donna rapidement les instructions qui visaient à se réfugier à une trentaine de mètres du côté de la Banque du Vatican. Puis elle s’adressa à Fabien en lui montrant avec insistance leurs assaillants.

- Les briefings, Tréhard, les briefings. C’est plus les bases qu’il faut réviser là, on s’approche de la faute professionnelle.

Fabien comprit rapidement pourquoi sa plaisanterie n’avait pas fait mouche. En effet, ce que Fabien ne savait pas, c’est que la Garde Suisse Pontificale n’avait reçu ses ordres qu’à l’instant, dans le bâtiment adjacent, qui se trouvait être leur caserne (non pas par pur hasard, il est en effet bien plus simple de disposer la Garde près des entrées principales). Cela expliquait notamment qu’ils aient gardé leurs lames, ainsi que leur nombre restreint.

Seulement, si Fabien avait été attentif aux briefings, ils n’aurait pas été aussi surpris de voir ces "clowns" sortir tour à tour des pistolets Sig-Sauer P226, ainsi que plusieurs fusils d'assaut SIG-550 et même un ou deux pistolets mitrailleurs HK MP7, laissant peu à peu tomber leurs hallebardes et autres piques au sol.

C’est généralement grâce de ce genre de mission que les soldats sont si attentifs aux consignes. Cela sert souvent de leçon, psychologique ou létale, mais dans tous les cas il ne reste que les soldats consciencieux.

La Garde Suisse ouvrit le feu.


Terrasse extérieure de la coupole de la basilique Saint-Pierre du Vatican, 12:00

Le Pape contemplait ses fidèles depuis vingt bonnes minutes, empli d’une joie débordante qu’exprimait son sourire étiré par ses multiples rides. La place Saint-Pierre était bondée, et l'intérieur de la basilique était tout autant rempli de fidèles et pèlerins de toute la planète. Son invité n’allait pas tarder à arriver.

Un vieil homme se racla la gorge à sa gauche. Il se retourna vers lui, surpris.

- Vous êtes discret, dites-moi !

- C’est le métier qui veut ça.

L’homme en costume noir se rapprocha pour saluer le chef de l’Église catholique. Il ne semblait pas craindre outre mesure le soleil d’Italie, pour être vêtu ainsi. Le Pape reconnu le symbole bien particulier à son bouton de manchette, et repris soudainement conscience de la situation.

- J’avoue ne pas être certain de ce que vous annoncez. La situation me semble parfaitement sous contrôle du côté de l’Église.

- Au contraire, je pense que certaines choses sont à revoir, et vite.

- Le Vatican à toujours bien géré ses affaires intérieures, jusqu’à maintenant. Le Tout Puissant nous a donné la foi et le pouvoir de faire face à des menaces comme celle que vous nous décrivez.

- Il ne vous à rien donné du tout.

Le Pape, offusqué, mit un temps avant de répliquer à son interlocuteur.

- Je vous demande pardon ?

- Ce qui n’existe pas ne peut rien vous donner, je me trompe ?

Sa Sainteté sembla troublée par cet aveu athée. L’autre se mit à rire cyniquement, puis soupira en retroussant ses manchettes affublées d’un cercle noir percé de trois flèches.

- Il pouvait pas faire moins chaud, ici, franchement ? Le soleil d’Italie m'agace.

Pierre Alain regarda longuement le Pape qui était toujours incertain des intentions de son interlocuteur. Il se remit à rire.

- Hin hin hin, non, franchement, arrêtons la comédie, ça ne m’amuse plus. C’est une jolie navette qui est incrustée à votre bague. C’est quel genre de pierre, hmm ?


Cour de la pomme de pin, 12h03

Katerine Dubois et son équipe essuyaient un feu nourri. Leurs assaillants ne semblaient pas s’inquiéter outre mesure des collections artistiques et historiques qu’abritaient les pavillons qui entouraient la cour. Sans doute les murs étaient-ils suffisamment épais, et les avait-on entraînés à précautionneusement éviter les fenêtres.

Oui, même le Vatican pouvait accueillir de tels affrontements. La Trinité devait s’en mordre les angles. Et Katerine aurait bien aimé rentrer à la base.

Il fallait atteindre l’autre bout de la cour, la Bibliothèque Apostolique. En passant du côté de la Tour des Vents, cela leur laissait une chance. Mais pour le moment, c’était peine perdue : vingt, peut-être trente mercenaires de la Garde Suisse leur barraient le passage, en plein milieu de la Cour de la pomme de pin, et ils se rapprochaient, les bougres. Leur médecin, Mélanie, avait déjà à faire avec deux blessés, Kévin et Hannibal, incapables d’avancer.

S’ils voulaient tous s’en sortir, il fallait soit espérer que la Garde les laisserait en vie, soit trouver quelque chose d’autre et vite. Katerine ne comptait pas laisser deux de ses… ah, merde, trois de ses hommes en arrière, à la merci de ces clowns armés.

Une balle siffla plus fort que les autres et morcela la fenêtre. On entendît un déchirement et un fracas sourd, sans que le tir ne s'amenuise. Des chrétiens qui brisaient sans remord des œuvres saintes. Pas de doute, c’était bien du SAPHIR. Et le signe que la Garde Suisse Pontificale avait bien l’intention de les remettre au soin du Jugement Dernier.

Une idée. Vite. On est dans la merde jusqu’au cou.

Pas possible de transporter les blessés, il y avait facilement cent mètres à faire. Il fallait une diversion, une fenêtre de tir, rien qu’ils ne pouvaient espérer avoir à l’heure actuelle. Les gardes se succédaient les uns aux autres de sorte à ce qu’il n’y ait jamais de répit, les uns tirant pendant que les autres rechargeaient, par roulement de trois groupes. Un canon de tirs, un requiem fatal et cacophonique.

Une idée. Mais bien sûr, quelle conne, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt.

- Jean-Séb, Christian, Théo, vous me transportez les blessés à l'intérieur. Alma, tu les couvres. Les autres, on se replie dans le musée et on se sépare sur les côtés. Tout le monde se retrouve dans la Bibliothèque.

Les membres de la Division athée d’Oméga-5 obtempérèrent, non sans difficultés. Malheureusement, les gardes, bien qu’actuellement dépourvus de toute identité, narration oblige, n’était pas des imbéciles. Ils étaient humains bien qu’armés jusqu’aux dents, et ce dangereux mélange les poussa à prendre en chasse les intrus.

Quelques-uns d’entre-eux s’engouffrèrent à leur poursuite, fort heureusement du côté opposé à celui des blessés. Les Joailliers couraient à travers les collections, et quel gâchis de ne pouvoir s’arrêter pour les admirer, courir ainsi dans l’un des musées d’ordinaire les plus visités pour sauver sa peau.

Les Joailliers furent pris en tenaille. La seconde moitié des gardes étaient rentrés par le Sud et leur barraient la route, à gauche comme à droite, pour les deux groupes cette fois.

Les armes se relevèrent.

Il ne leur fallait plus une idée. Il leur fallait un miracle.


Terrasse extérieure de la coupole de la basilique Saint-Pierre du Vatican, 12:03

- Vous êtes un malin, vous.

- Non, vous êtes juste stupide de vous balader avec ça devant moi.

Le Pape arborait désormais un sourire assuré devant le Dr Alain, qui n’en démordait pas de son air acariâtre.

- Quoi que vous pensiez faire, il est déjà trop tard. La Garde suisse va anéantir vos troupes, tout du moins les retenir avant que tout se mette en place.

- Je ne suis pas venu avec ces clowns. Je suis là de mon plein gré.

Sa Sainteté ne fut plus assurée de la situation, tout autant qu’elle se moquait intérieurement de ce personnage insolent. Quand bien même il n’était pas une grande menace, il avait peur des variables inconnues. Il pointa du doigt la porte San Pellegrino, intrigué.

- Vous n’êtes pas…

- Non non. Enfin si, techniquement, mais là non, ils ne savent pas que je suis là. Je suis juste venu vérifier des hypothèses.

- C’est-à-dire ?

- Dévoiler votre plan, là, comme ça, en direct, pendant qu’ils attaquent. Je travaille toujours pour la Fondation, jusqu’à preuve du contraire. Pierre Alain, ex-directeur du Département de la Censure et de la Désinformation.

Le Pape regarda la main qui lui était tendue, incrédule, puis la serra et rentra dans le petit jeu de son invité.

- Pietro Giocondo Bozonni, Pape et membre de SAPHIR.

Le Docteur Alain gifla le Pape Bozonni.

- J’aime pas les mensonges. Si c’est ça moi je suis membre de l’Insurrection, non, franchement, vous comptiez me faire gober un mensonge aussi gros à moi, Bozonni ? Membre de SAPHIR et Pape, elle est bien bonne.

- Qu’est-ce qui vous prend !?

- Un membre de SAPHIR n’aurait jamais pu être élu par les Cardinaux du Conclave, quand bien même il serait un excellent acteur pendant des dizaines d'années, c’est tout à fait absurde. Question : comment une telle organisation aurait-elle pu accéder au pouvoir pontifical ? Réponse : en employant des religieux.

- C’est ridicule. Ce sont deux organismes qui n’ont rien à faire ensemble, SAPHIR et la religion, c’est comme…

- Comme si SAPHIR utilisait des Singularités, ça serait absurde, pas vrai ? J’ai bien peur que vous continuiez à me prendre pour un imbécile, mon autre main me démange.

- C’est stupide. Vous semblez mal comprendre le principe. Ces choses n’existent pas, les personnes qui sont affectées par elles sont des crédules et des imbéciles. La croyance, elle, est un fait.

- Alors vous êtes un faux religieux, de la même façon que ces singularités sont fausses, puisque vous vous limitez à le croire. J’imagine que votre navette en est aussi le signe. Tout d’un religieux sauf les convictions.

Bozonni s’avoua vaincu, et laissa son ennemi exposer sa théorie.

- J’ai donc fait des recherches avec l’objectif suivant : quelle organisation religieuse en rapport avec le Christianisme serait utile à SAPHIR ? C’est en explorant les hypothèses les plus absurdes que l’on trouve parfois la vérité. Je suis rapidement tombé sur le Prieuré de Sion, dont j’avais déjà un vague souvenir de mes cours d’histoire à la faculté. Un professeur passionnant, jamais à court d'anecdotes, toujours à court de temps. Une organisation mythologique, sous-produit des Templiers, gardienne d’un secret capable de faire s’écrouler l’Église Catholique. Quoi de plus approprié !

- Le Prieuré est une légende.

- Vous avez tort, et je déteste être interrompu. Cependant c’est une organisation encore trop religieuse pour être affiliée à SAPHIR. Donc j’ai creusé, pas de beaucoup, et j’ai trouvé un Prieuré de Sion bien réel, une association fondé par Pierre Plantard il y a plusieurs décennies. En plus de son nom original cette association portait un sous-titre, Chevalerie d'Institution et Règle Catholique d'Union Indépendante Traditionaliste. Ou CIRCUIT. C’est à dire un chemin long et compliqué pour arriver quelque part, comme, je ne sais pas, à tout hasard, la tête de l’Église Catholique. Ça commence à faire beaucoup, avec un tel acronyme. Un truc pareil, ça ne s’invente pas.

Bozonni était découvert. Pierre lui montra la Tour Saint-Jean du menton.

- Allez-y, ils sont encore loin de leur objectif. Expliquez-moi donc, ça m’intéresse.


Administration de Radio Vatican, extérieur, 12h03

C’était très chiant.

Il n’y avait pas d’autres expression qui décrivait la situation actuelle telle que l’Agent Arthur Mint la ressentait. À part peut-être "Mmph…", ou quelque chose dans le style.

Ils avaient tiré à la courte paille et c’est Bertrand qui avait hérité du bâtiment le plus proche. Lui, il devait fouiller le Centre Radiophonique Marconi, 200 mètres plus loin. Il n’aimait pas trop les fouilles, et n’avait pas la moindre idée de ce qu’il était censé trouver. "Quelque chose d’anormal, en évidence, un truc exclusif, exceptionnel". Ouah.

Bertrand avait intérêt à tout de suite le prévenir s’il avait trouvé le quelque chose en question, car il n’avait pas l’intention de le chercher pour rien.

Il passa devant la reproduction de la Grotte de Lourdes. Il n’avait jamais été à Lourdes, et se demanda si le moindre détail de la roche était fidèle à l’original. Probablement pas, mais ça serait impressionnant. Devant lui s’élevait la Tour Saint-Jean, imposante mais bien moins haute qu’il n’aurait cru. Dommage, avec cinquante mètres de plus elle aurait été terrible.

À la gauche de celle-ci, Radio Vatican. Arthur accéléra le pas, histoire de ne pas y passer la journée. Le bâtiment était bien moins imposant que celui qu’avait pris son collègue. La fouille prendrait sûrement moins longtemps, ce qui lui redonna du baume au cœur. Ils diffusaient actuellement la messe. Arthur se foutait pas mal de laquelle il s’agissait, il avait beau être curieux en temps normal, il avait autre chose à faire.

On se demande parfois comment commencer une fouille, alors qu’il s’agit souvent simplement de saccager un endroit comme si l’on voulait trouver la preuve que le propriétaire ne le connaissait pas assez. Arthur n’alla pas dans la dentelle. Sa fouille fut d’ailleurs plutôt brève.

Une liste. Différents noms, pour la diffusion suivante. Ce qui était important, c’était ce qui était marqué au-dessus. Arthur fut d’ailleurs très surpris et curieux. Dans la possibilité où de telles personnes existaient, quel était l’intérêt à les dévoiler au monde ?

L’Agent Arthur Mint n’avait pas le temps de réfléchir. Cette liste était quelque chose d’anormal, en évidence, un truc exclusif, exceptionnel, et ça lui suffisait amplement. Il entreprit donc, par prudence, de continuer sa "fouille" et d’interrompre la retransmission en plein milieu d’un psaume en latin.


Terrasse extérieure de la coupole de la basilique Saint-Pierre du Vatican, 12:05

- En effet. La CIRCUIT à été fondé comme étant la Loge de Saint-Julien-en-Genevois, à l’origine. Il s’agissait bien d’une scission avec le Prieuré de Sion originel, qui n’était plus que l’ombre de lui-même. SAPHIR est venue en trouver les fondateurs et les a convaincu des mensonges de la religion. Après cela, le CIRCUIT s’est consacré au projet qui se tient en ces lieux, en ce moment même. Nous avons infiltré progressivement les plus hautes sphères de l'Église pendant des décennies, pour en arriver à ce stade.

- Pour la suite, je sèche. J’ai bien compris que ce projet a un rapport avec votre soi-disant connaissance de la descendance du Christ, mais je vois mal comment cela pourrait vous aider.

- C’est un peu tard pour vous en inquiéter. Vous avez tout de même compris le lien avec Radio Vatican, non ? Vous n’avez pas montré Saint-Jean par hasard.

- Oui, j’imaginais bien qu’il y aurait un rapport quelconque avec le fait de communiquer des informations, peut-être la liste de cette descendance, mais pourquoi faire ? Pas pour SAPHIR, il vous ont vous et ces informations, alors aux fidèles, mais dans quel but ?

- La liste est courte, c’est une lignée maudite par le martyr et la souffrance, mais pas besoin de communiquer la liste, en vérité, juste dire qu’ils sont là.

- Qu’ils existent ? Juste ça ? Quel rapport avec SAPHIR ?

- Cessez de penser SAPHIR, nous sommes la CIRCUIT. Nous pensons plus religieux, et sommes moins réticents à proférer de petits mensonges, Mr Alain.

- Je vois. Alors je vais réfléchir comme je réfléchissais dans mon ancien métier, ça ne devrait pas être trop difficile.


Bibliothèque Apostolique, 12h08

Il y avait de quoi se poser des questions. La cinquantaine de personnes réunie au sein de la Vaticane commençait tout du moins à s’inquiéter. Ces hommes et ces femmes venus des quatre coins du monde avaient été réquisitionnés d’urgence au Vatican sans leur consentement, sans un mot. Leurs frais de voyage avaient été pris en charge, les congés pris auprès de leurs boulots respectifs, et les voilà maintenant dans une Bibliothèque exceptionnelle, parqués comme des bêtes.

Cela ne leur allait pas du tout. Les coups de feu étouffés venant de l’extérieur n’étaient pas là pour arranger les choses. Ils avaient commencé à chercher une sortie, mais ils avaient été enfermés dans la Bibliothèque, condamnés à errer d’une salle à l’autre jusqu’à ce qu’on vienne les chercher.

Petit à petit cependant, ils avaient commencé à sentir que quelque chose les unissait. Ils sentaient comme un étrange point commun. Mais quel point commun aurait pu unir ces femmes et ces hommes, pour quelle raison les aurait-on réuni en ces lieux ?

Qui tirait les ficelles de cet étrange événement, au final ?

Quoi qu’il en soit, le compte à rebours des bombes incendiaires disposées dans la Tour des Vents venait d'atteindre zéro.


Terrasse extérieure de la coupole de la basilique Saint-Pierre du Vatican, 12:07

- …Je pense qu’ils sont tous ici, au Vatican.

- C’est un bon début.

- Vous voudriez les tuer ?

- Pas tout à fait.

- Arrêtez de parler en énigme, on tue ou on ne tue pas, il n’y a pas d’entre-deux, et je vous interdis de me parler de cette expérience stupide avec le chat, là…

- Schrödinger ?

- Oui, c’est ça.

- Ce n’est qu’une expérience de pensée.

- Oui, et bien ça ne fonctionne pas dans les faits.

- …Enfin, ce n’est pas le but…

- Oui, bon, ça va ? Vous avez fini de vous croire supérieur à tout le monde ? Vous êtes le Pape, pas Albert Einstein, alors arrêtez de vouloir avoir le dernier mot.

Pietro Giovanni Bozonni en avait assez de laisser son ennemi parler. Il décida de continuer sans faire d’esprit, au cas où le grossier personnage trouverait de nouveau à se plaindre à tort.

- Pour être franc, nous n’avons pas besoin d’eux vivants, mais il faudrait qu’ils nous rendent un petit service auparavant.

- Je ne vois toujours pas com…

Une explosion se fit entendre depuis les Musées du Vatican. Pierre se retourna dans leur direction, par réflexe, et son visage s’illumina de stupeur.

- Notre-Dame !

Bozonni se retourna à son tour, pour constater qu’il n’y avait pas grand chose à voir.

- C’est… assez inhabituel comme juron. Qu’est-ce que v…

- Samaël !

- De mieux en mieux.

- Non.

- Quoi ?

- Presque, je n’ai pas d’exemple.

- Vous pourriez m’expliquer ce que vous…

- Je réfléchissais pendant que vous parasitiez la conversation, c’est à peine si quelqu’un arriverait à nous comprendre avec vos bêtises.

- Ah ! J’avoue avoir moi-même du mal, si vous voulez savoir.

- Non, je ne veux pas, je m’en fous, je suis votre ennemi, Bozonni, parce que votre plan est machiavélique.

- Ah ! Ah quoi vous attendiez-vous ?

- À quelque chose auquel j’aurais pu penser, mais je n’ai jamais trouvé une telle idée, et rien que pour ça vous me mettez en rogne Bozonni.

- Vous ne pouvez pas penser à t-

- Si ! C’est mon travail, imbécile, j’ai toujours plusieurs coups d’avance.

- Vous êtes orgueilleux et de mauvaise foi, il me semble.

Pierre Allain tiqua. La remarque avait fait mouche, et il grinçait un peu plus des dents, qui ne devait plus faire que la moitié de leur taille initiale à force d'érosion.

- Répétez ça encore une fois, pour voir…

- Vous êtes la personne la plus insupportable qu’il m’ait été donné de rencontrer, et comme tous les cons vous vous croyez plus malin, et ce peu importe ce que l’on vous dit.

Pierre Alain soupira profondément, et fit, chose aussi rare que visuellement inquiétante, un grand sourire au Pape.

- Très bien. Je viens donc de faire échouer soixante ans de travail. Vous auriez vraiment dû fermer votre gueule.

Un ange passa, ce qui arrivait assez couramment dans un tel lieu, en théorie. Pietro Giocondo Bozonni aurait bien plumé cet ange pour comprendre ce que diable se passait en haut de la Sainte Coupole.

- Qu’est-ce que vous racontez ?

- Votre plan a fait plouf.

- Je vois mal comment…

Pierre Alain montra la Bibliothèque du doigt. Le Pape suivit celui-ci et ce qu’il vit le laissa sans voix.

- Co- Mais c’est une immense blague !


Bibliothèque Apostolique, 12h10

Ce que l’on pourrait appeler la Bataille Invisible du Vatican avait été riche en rebondissements, et ceci pour plusieurs raisons.

Le premier, ou plus tôt les cinq premiers, ce furent les gardes suisses projetés par le souffle de l’explosion, sauvant au passage le sort de la moitié de la Division athée des Joailliers. La seconde moitié profita de la confusion, et aussi de quelques œuvres renversées au bon endroit par le choc, pour neutraliser ses assaillants.

Le second, ce fut la rencontre fortuite de l’Agent Mint avec un regroupement complet de membres de SAPHIR au sein du Centre Radiophonique Marconi. Ceux-ci le prirent en chasse, sûrement honteux d’avoir été découverts en pleine écoute forcée de la messe avant leur annonce. Il se retrouva à courir comme un dératé dans les jardins à l'italienne, maudissant son collègue (qui, notons-le, n’avait pas la moindre conscience des événements et cherchait toujours quelque chose d’anormal, en évidence, un truc exclusif, exceptionnel). Il trouva finalement refuge dans la Grotte de Lourdes, et pesta contre sa cachette. Reproduction fidèle ou pas, la roche était diablement inconfortable.

Le troisième, et non des moindres, est que les invités de la Vaticane ne s’étaient pas trompés quant à leur impression : leur point commun se révéla dès l’explosion de la Tour des Vents. La cinquantaine de pompiers se coordonna rapidement et le feu fut éteint avant même que l’on pu comprendre comment cela était possible.

Pour quelle raison cinquante pompiers seraient-ils plus efficaces que dix ? Peut-être étaient-ils d’excellents pompiers. Le fait est qu’il n’y eut aucun dégât important, à part peut-être la section enfant de la partie publique de la bibliothèque. La Division agnostique retrouva tout le monde intact, et se demanda bien ce qui avait pu se passer.

Le quatrième… Oh, et puis ce serait vexer Pierre Alain que de ne pas lui laisser la parole, lui qui s’est donné tant de mal.


Terrasse extérieure de la coupole de la basilique Saint-Pierre du Vatican, 12:11

Bozonni avait du mal à comprendre comment un tel prodige était possible, autant en ce qui concernait la Bibliothèque faiblement enfumée que le sourire de Pierre Alain. Quelque chose n’allait vraiment, vraiment pas. L’ancien directeur du DCD mit fin à ses balbutiements.

- Bon, j’avoue, je t’ai un peu baratiné, mon Pietro.

Bozonni ne comprenait pas.

- Ça fait longtemps que j’avais deviné, en fait. Je m’étais dit : qu’est-ce qui ferait le plus de mal au chrétiens au point de les déconvertir ? Réponse : un effondrement et une trahison. Pour l’effondrement, je n’ai découvert l’idée qu’avec Notre-Dame. Bon, j’imagine que c’était une aubaine pour vous, pour une fois vous n’aviez rien fait et rien à faire.

Bozonni ne pouvait pas comprendre.

- Ça a affaibli pendant un temps les chrétiens, cette affaire. Pouf ! Un si vieil héritage parti en fumée, ça serait dommage que ça soit arrivé dans les collections du Vatican, non ? Si un tel feu était parti de la Bibliothèque, rien n’aurait pu l'arrêter. Les Saintes Écritures partent plutôt rapidement en fumée, moins vite que les documents au DCD mais tout de même, un excellent combustible.

Bozonni ne pouvait vraiment pas comprendre.

- Mais ils se seraient immanquablement relevés, tous ces croyants, de peu mais tout de même. Les attentats finissent souvent par renforcer le sentiment d'appartenance. Mais si c’était Dieu lui-même qui détruisait le Vatican ? Ou bien, je ne sais pas, les saints descendants de son fils ? Ma foi, oui, plus qu’à les réunir dans la Bibliothèque, les révéler au monde entier et faire flamber l’endroit, puis les accuser avec regret, avec une petite démission du Pape en prime, histoire de bien marquer le coup.

Bozonni ne voulait pas comprendre.

- Ça en fait, des chrétiens qui renient leur religion, affaiblis, trahis et abandonnés. Ça m’en a fait, un paquet de noms à remplacer sur votre liste. Tous des pompiers expérimentés, et ce petit attentat incendiaire n’est plus qu’un lointain souvenir. En fait, même pas, puisque je m’en occupe.

- C’est… c’est…

- C’est mon travail. J’ai toujours plusieurs coups d’avance, vous vous souvenez ? Entre nous, je pense que je doit être à quelque chose comme… 41.

- Mais… Cette liste est plus vieille que vous ! Nous la… Je la connais sur le bout des doigts !

- Moi aussi je te connais sur le bout des doigts, Pietro, est-ce que ça m’empêche de faire quoi que ce soit ?

- Qu’est-ce que vous vou… Qu… Quoi ?

- Ça doit faire mal là-haut, tu dois faire un blocage. Ne t’en fais pas, j’ai réadapté la dernière partie de votre plan juste pour ça.


2 jours plus tard, Site-Aleph, Bureau du Directeur

- Ça ira pour cette fois, mais ne nous refaites plus le coup. Le Vatican est un lieu sensible, vous ne pouvez pas vous y introduire comme ça.

Pierre Alain était assis devant Bruce Garett, a écouter les sermons de son Directeur. Il n’aimait pas la décoration, trop de… choses personnelles à son goût. Autant ne pas s’y attarder et vite sortir d’ici. Bruce soupira.

- Bien… Allez-y, vous pouvez disposer.

L’ancien Directeur du DCD se leva et se dirigea vers la porte. Il pensa à sa résidence neutre et sans histoires qu’il allait retrouver et dont on n’avait plus intérêt à le faire sortir. Il pensa aussi que comme toute cette histoire avait débuté avec un "Monsieur Alain", elle devrait aussi terminer avec une phrase minable, du genre…

- Encore une chose.

Et voilà. Il se retourna, pas le moins du monde surpris et bien entendu agacé vers son Directeur, attendant sa question.

- Vous avez vu le Pape, juste par curiosité ?

Pierre Alain haussa le sourcil, un sourire amusé en coin qui lui donnait un air plutôt méprisant.

- Si j’ai vu le Pape ?

Bruce insista.

- Oui, le Pape. Le Pape François, vous l’avez vu, oui ou non ?

L’Ex-Directeur du Département de la Censure et de la Désinformation tourna les talons et son sourire s’allongea.

- Non, pas lui, malheureusement.

Sauf mention contraire, le contenu de cette page est protégé par la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.0 License