Conférence d'Histoire Antique Anormale

La salle 4 du centre de conférence du Site-Aleph se remplissait peu à peu de personnes venues assister à une intervention du docteur Attano et de son assistant, le docteur Velasquez. Certains avaient été attirés par les quelques sobres affiches placardées sur le tableau des nouveautés, annonçant la tenue d'une conférence sur l'archéologie anormale antique. Quelques-uns semblaient de toute évidence s'être perdus et ne pas savoir exactement ce qu'ils faisaient là. D'autres étaient venus davantage pour l'intervenant que pour son discours : les apparitions publiques du docteur Attano étaient rares, et encore plus rares étaient celles où il prenait la parole. Cela avait suffi pour créer une sorte de flou autour du bougon historien, bien que celui-ci n'ait rien de spécial à cacher. Pour finir, certains étaient des amateurs de bons mots et de remarques mordantes, et ceux-là savaient qu'ils ne seraient pas en reste. Toutes ces personnes s'asseyaient petit à petit, continuant souvent de discuter à voix basse avec leur voisin en attendant les deux conférenciers.

Le docteur Velasquez jeta un coup d’œil par le hublot de la porte et regarda les spectateurs. Il se trouvait avec le docteur Attano dans le petit bureau derrière la salle et procédait aux derniers ajustements de leur intervention. La transpiration commençait à teinter la chemise blanche du jeune homme qui se rongeait machinalement les ongles, tandis que le docteur Attano, dans son éternel manteau noir de jais, était assis sur une chaise, les yeux fermés.

"Wow… ils sont nombreux."

"Vous avez survécu à une résurgence thaumaturgique à Haibei, vous survivrez à quelques regards inquisiteurs et à quelques ronflements," le rassura son mentor.

"Oui… je suppose."

À ces mots, un réveil sur la table sonna pour indiquer les dix-huit heures. Les deux hommes se lancèrent un dernier regard, puis Attano se leva, ouvrit la porte d'un geste énergique et se dirigea suivi de son assistant vers l'estrade. Cette dernière ne supportait à part eux qu'un bureau sur lequel étaient éparpillés quelques stylos et des feuilles distribuées lors d'anciennes conférences. Au mur se projetait l'image du vidéoprojecteur, qui n'affichait pour l'instant que le titre de la conférence : "ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE ANORMALE ANTIQUE : TECHNIQUES, DÉCOUVERTES ET ACCOMPLISSEMENTS".

À l'entrée des deux hommes, la salle se tut, et les regards suivirent les deux silhouettes qui s'installaient face à elle. Attano s'assit derrière le bureau, et Velasquez fit de même. Le docteur se racla la gorge, attrapa le micro et commença.

"Bien. J'espère que tout le monde est arrivé. Messieurs, Mesdames, il semblerait que cela soit mon tour obligatoire de conférence décidé par notre bon directeur Garrett. J'avais réussi à me soustraire à cette prérogative ces quatre dernières années, mais les choses se sont semble-t-il mal goupillées cette fois-ci. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Cornélius Attano, docteur en histoire anormale spécialisé dans les civilisations antiques, et voici mon assistant, le docteur Stéphane Velasquez. Pour les quelques illettrés ou ahuris qui traînent - oui, c'est vous que je vise jeune homme, pas la peine de me faire cette tête -, vous allez assister à une conférence sur l'archéologie et l'histoire anormale, plus précisément sur les civilisations antiques normales et anormales."

Attano s'arrêta quelques instants, puis ajouta :

"Je ne vous en voudrais pas si vous partez maintenant."

Quelques personnes gloussèrent parmi l'assemblée et Velasquez esquissa un sourire, tandis que le docteur commençait son exposé :

"Bien. Comme vous ne le savez peut-être pas, l'immense majorité des civilisations antiques connaissaient et avaient recours à l'anormal comme nous aujourd'hui, mais de manières différentes. C'est ce que j'exposerai brièvement pour commencer, puis je continuerai sur des exemples de grands chantiers et fouilles archéologiques que la Fondation a menés sur des restes de civilisations antiques. Je tenterai également de vous convaincre du bien-fondé et de l'intérêt de ses travaux, qui ne sont pas, comme je l'ai parfois entendu, un "immense gâchis d'argent et de personnel". Pour finir, le docteur Velasquez vous parlera plus précisément de civilisations antiques asiatiques, puisque c'est sur ce sujet qu'il a réalisé sa thèse. Ensuite, si vous êtes encore en vie et éveillé, vous pourrez nous poser quelques questions."

Attano reprit son souffle tandis que Velasquez attrapait la télécommande du vidéoprojecteur pour avancer dans les diapositives au fur et à mesure du discours de son collègue. Celui-ci lui adressa un signe de tête, et Velasquez passa à la diapositive suivante, une mosaïque représentant un homme tenant dans ses mains un pénis en érection.

"Non, le docteur Velasquez n'a pas confondu notre présentation avec son dossier de photos érotiques, bien que cette image s'y trouve probablement aussi. Ceci est un fragment d'une mosaïque représentant une scène du Satyricon de Pétrone. Pour les quelques-uns à la culture littéraire défaillante, ce livre considéré comme le premier roman non-anormal de l'histoire raconte les aventures et tribulations de deux compères bisexuels, l'un atteint d'impuissance, l'autre empreint d'une énergie sexuelle infatigable, dans un vaste amalgame de plans douteux, d'escroqueries et d'orgies. Ce qui nous intéresse particulièrement ici, c'est que nous disposons de plusieurs sources affirmant que Pétrone a réellement rencontré deux hommes dans ce cas, qui auraient été affectés par un artefact anormal. Des recherches approfondies ont par la suite supposé avec quasi-certitude que cet objet avait pour fonction de transmettre l'énergie sexuelle d'une personne à une autre, bien qu'il n'ait jamais été retrouvé pour confirmer cette hypothèse."

"Tout ça pour vous dire que les individus de l'Antiquité étaient en quelque sorte bien plus familiers avec l'anormal que la population actuelle ; seulement, il passait par des divinités et des créatures instaurés institutionnellement : dans le Satyricon, c'est le dieu Priape qui a décidé du destin des deux compères. Nous arrivons là à la première différence importante entre l'Antiquité et l'époque moderne : l'anormal n'est pas caché aux yeux du grand public, mais instrumentalisé pour le contrôler, lui et la population. Ainsi, même si à la base, les panthéons sont fondés sur des croyances et idéologies non-anormales, de nombreuses civilisations ont agrandi ceux-ci grâce à des artefacts et événements anormaux, soit pour y ajouter de nouvelles divinités, soit pour développer leurs pouvoirs."

Attano s'arrêta un instant pour regarder en biais son assistant. Celui-ci lui adressa un petit sourire. La salle semblait se prendre au jeu : la plupart des spectateurs suivaient attentivement la conférence, ce dont se réjouit Attano intérieurement. Velasquez passa à la diapositive suivante, une image du temple de Delphes reconstitué.

"L'un des exemples les plus connus est le mythe de la Pythie de Delphes. Vous connaissez sûrement cette femme qui faisait le lien entre Apollon et les hommes dans le temple de Delphes via des propos la plupart du temps incompréhensibles et toujours sibyllins. Encore une fois, des textes confidentiels de l'époque ainsi que des fouilles au XIXe siècle ont permis de découvrir la source de ces prédictions. Il s'agissait en fait d'une fente dans un rocher, qui laissait exhaler un mince filet de fumée. En collant son oreille à la fente et en laissant pénétrer la fumée dans son oreille interne, la Pythie pouvait entendre faiblement une voix désincarnée."

"En vérité, la voix ne parlait guère en grec ancien, et la pauvre Pythie ne comprenait rien de ce qu'elle racontait. On suppose donc qu'elle essayait tant bien que mal de traduire pour pouvoir offrir des prédictions. D'ailleurs, lorsque la supercherie fut découverte par les autorités grecques, loin de s'en émouvoir, elle encouragèrent simplement la Pythie à continuer ses divagations pour le bon peuple."

"Pour ceux qui se demandent ce qui produisait cette voix, il y avait tout simplement quelques dizaines de mètres plus bas, dans une petite grotte, un homme squelettique qui fredonnait des chants de partisans allemands de la fin du XVIIIe siècle. Ne me demandez pas ce qu'il faisait là, je n'en ai aucune foutue idée. Tout ça pour vous dire que les institutions de l'époque préférait utiliser l'anormal pour leurs propres fins. D'une part, car elles servaient pour la plupart leurs propres intérêts : gouvernements, religions, sectes ou autres joyeusetés étaient donc débarrassés des questions éthiques et morales qui touchent la Fondation. D'autre part, leur faible compréhension de l'anormal ne leur permettait tout simplement pas de garder sans danger certaines objets. Ils étaient donc la plupart du temps laissés sur place, et utilisés si possible. Le docteur Velasquez va maintenant vous expliquer la seconde principale différence entre l'anormal antique et moderne."

Attano donna le micro à son assistant, qui s'en saisit et qui commença à parler après un instant d'hésitation :

"Merci. Comme le disait le docteur Attano, la grande majorité des objets anormaux étaient détenus par des organisations privés ou des institutions étatiques. Cependant, leur nombre était nettement supérieur à la quantités d'organisations anormales contemporaines. Aujourd'hui, si l'on comptabilise les principales organisations anormales, Fondation, CMO, BRAI et j'en passe, ainsi que toutes les divisions anormales des gouvernements existants, on arrive à environ 300 entités. Si l'on rajoute à ce nombre les sectes anormales connues et autres organisations plus petites, on arrive à environ un millier d'entités distinctes. Dans le premier siècle avant Jésus Christ, considéré par beaucoup comme l'âge d'or de l'anormal antique, on estime le nombre d'organisations au moins en partie anormales à plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers."

"Cette fragmentation entraîne inéluctablement deux effets : d'une part, la faible puissance de feu anormale de ces organisations, et d'autre part des luttes très fréquentes entre elles. Deux facteurs qui entraînent une conséquence qui rejoint le constat de mon collègue : l'anormal était bien plus présent auprès de la population, pour laquelle il n'était pas rare d'être témoin de bagarres, voire de batailles impliquant de l'anormal. C'est aussi à cette époque que de nombreux artefacts utilisant comme carburant le sang, la colère ou la haine ont été grandement contentés par leurs détenteurs, ce qui nous oblige aujourd'hui à devoir nous occuper d'objets autrefois inoffensifs."

Attano reprit le micro à son assistant, puis continua sur sa lancée. Son assistant passa à la diapositive suivante, l'image d'un livre ancien.

"Mais cette presque omniprésence de l'anormal dans la vie quotidienne antique n'a pas que des mauvais côtés pour la Fondation, et notamment pour nous historiens : elle permet d'obtenir une somme d'informations bien plus importante sur ledit anormal que pour d'autres périodes de l'histoire, et par-dessus tout des traces écrites nombreuses. Phédon, récit de Platon restitué par Socrate, contient par exemple, dans sa version non-expurgée, de nombreux descriptifs d'artefacts avec lesquels Platon aurait été en contact grâce à ses contacts dans la cité."

"En conclusion de cette première partie, nous retiendrons donc deux choses : premièrement, la familiarité du monde antique avec l'anormal, deuxièmement, l'éclatement de celui-ci en de très nombreux groupes soumis à de constantes luttes."

Attano but un peu de thé vert pour s'hydrater la gorge, puis entama derechef la deuxième partie.

"Bien, maintenant que nous avons vu les principales caractéristiques de l'anormal antique occidental, nous allons pouvoir passer à la suite. Il est entendu que ces informations ne sont qu'une introduction à ce sujet complexe qu'est la question. Si elle vous intéresse, je vous enjoins à consulter des livres s'y consacrant. De l'Occulte antique, publié en 1836 par l'italien Marco Vanare, fondateur de l'histoire anormale antique, et Agora Agonisante de Eudes Farmilly sont deux bons départs, et sont accessibles au personnel de Niveau 2. Pour des écrits un peu plus… confidentiels, n'hésitez pas à me demander à la fin de notre intervention."

"Nous allons maintenant aborder la question de l'archéologie anormale en elle-même. Je crains devoir moins en dire sur le sujet, puisque de nombreuses informations sont classifiées, mais je peux tout de même vous exposer rapidement de quoi il en retourne. Mais d'abord, il faut revenir aux fondamentaux. Qui connaît dans cette salle les fouilles Alexandrie-Rome ?"

Un silence tomba sur la salle alors qu'aucune main ne se levait pour rassurer le vieux professeur. Ce dernier soupira, et se murmura à lui-même "La jeunesse…". Velasquez sourit imperceptiblement devant l'expression consternée de son mentor, puis passa à la diapositive suivante, la photographie de ruines anciennes.

"Bien, je vais tenter de faire simple," reprit Attano. "Les fouilles Alexandrie-Rome sont une série de fouilles archéologiques ayant eu lieu entre 1926 et 1935 à la fois à l'emplacement de la Bibliothèque d'Alexandrie, et dans les vestiges de la Domus Augustana, le palais des empereurs, à Rome. Les deux monuments, ou plutôt ce qu'il en restait, étaient à l'époque reliés entre eux par des galeries anormales dont le fonctionnement m'est pour le moins obscur. Toujours est-il que les trois fouilles successives de ces lieux, Alexandrie-Rome I (1926-1928), Alexandrie-Rome II (1928-1929), et Alexandrie-Rome III (1932-1935), sont les premiers grands travaux archéologiques décidés par la Fondation pour enrichir sa compréhension des artefacts anormaux antiques qui commençaient à crouler dans les caisses à bric-à-brac. C'est aussi le moment où les premières techniques archéologiques anormales modernes ont été expérimentées en conditions réelles, conduisant à de grandes avancées dans leur efficacité et à quelques malheureux accidents."

"Pour vous remettre rapidement dans le contexte, dans les années 20, la Fondation est à la fois dans une dynamique de retour à la normale après les événements de la Première Guerre Mondiale, et sujette à un fort renouvellement des instances dirigeantes, qui se montrent globalement plus enclines à la recherche sur les artefacts anormaux, bien entendu dans un but non avoué de savoir comment les utiliser si besoin était. Les fouilles Alexandrie-Rome lancèrent cette dynamique en mettant au jour de nombreux artefacts et écrits les concernant. Les plus importants sont rédigés par un cabinet secret directement supervisé par Jules César, dont nous savons encore très peu de choses aujourd'hui, si ce n'est son nom, "Cŭbĭcŭlum Lătens". On y apprend notamment que le lien entre Rome et Alexandrie fut créé sous l’initiative de César et Cléopâtre, quelques mois seulement avant l'assassinat du premier."

"Mais on y apprend aussi la fonction et le mode d'usage de nombreux artefacts trouvés au même moment ou déjà en la possession de la Fondation, que le cabinet avait soit rassemblé, notamment de sources grecques, soit créé de lui-même. Après la mort de César, on perd trace de ce cabinet, sûrement déménagé autre part par son successeur."

"Le côté égyptien n'est pas moins fructueux, avec de nombreuses découvertes sur les pratiques anormales de l'époque dans le royaume, encore mal connues avant Alexandrie-Rome. Les pratiques et rites funéraires anormaux sont également pour nombre d'entre eux élucidés, notamment la question de la momification, sur laquelle je ne peux m'étendre davantage. Enfin, ces fouilles permettent aussi l'exhumation de nombreuses curiosités non-anormales, qui furent par la suite "découvertes" par des archéologues européens et offertes à l'étude et à la recherche."

"Alexandrie-Rome I fut l'introduction des équipes de la Fondation sur les sites. Après des débuts compliqués, elles finirent par faire des découvertes encourageantes, qui poussèrent les instances dirigeantes de la région à organiser une expédition plus grande et à leur fournir les dernières trouvailles en termes de technologies archéologiques anormales. Ainsi, l'ancêtre de la Truelle Antithaumique Montou est introduite dans l'équipement standard des équipes en mai 1928, entre autres nouveautés permettant une plus grande efficacité et sûreté pendant les fouilles. Après des résultats spectaculaires, Alexandrie-Rome II est stoppée en février 1929 après un accident impliquant une statue anormale explosive qui a entraîné la mort de cinq scientifiques, deux agents et un professeur français renommé dans le milieu de l'archéologie de l'époque. Les équipes sont renvoyées chez elles, et les fouilles suspendues jusqu'en 1932."

"Le bilan de ces 9 années de fouilles est tout de même plus de 9000 documents récupérés ainsi que plusieurs centaines d'objets anormaux, mais surtout un changement de posture vis-à-vis de l'archéologie et de l'histoire anormale en général de la part des hauts gradés, forcés de constater qu'il ne s'agit pas que d'une simple lubie de vieillards intellos. Elles ont également mené à la création du sous-département Archéologique dans les années 30, sous la direction en France du célébrissime Jean-Marc de la Toureuse. Les fouilles menées entre Alexandrie-Rome et aujourd'hui n'ont été qu'une confirmation de cette importance dans le fonctionnement de la Fondation et son amélioration. On peut citer comme autres grandes expéditions les Quintuplées de Birmingham, les fouilles Pékin-Beijing et Memphis III. Encore une fois, je ne peux que vous enjoindre à vous documenter si le sujet vous intéresse, en commençant par L'Archéologie Anormale Pour Les Nuls, dirigé par Adrien Tolbiac, et la revue bi-mensuelle de la Fondation sur le sujet, Revue d'Archéologie Parallèle de la Fondation.

Le professeur s'arrêta un instant, puis ajouta, l'air malicieux :

"Et puis, si vous souhaitez soutenir un pauvre vieillard sans le sou, vous pouvez aussi acheter Études des Portraits Funéraires de Memphis : Vers une Compréhension des Rites Antiques Anormaux, d'un certain Cornélius Attano."

Quelques gloussements se firent entendre dans la salle, ce qui rassura Attano sur la santé physique et mentale de ses interlocuteurs. Il était temps de passer à la dernière partie, et de laisser parler son assistant.

"Cette deuxième partie terminée, je vous laisse désormais avec mon collègue, qui va vous parler plus en détails des civilisations antiques asiatiques."

Les deux conférenciers échangèrent le micro et la télécommande, puis Velasquez commença à parler, tandis que son collègue passait à la dernière diapositive, une fresque à moitié reconstituée sur un mur de brique.

"Merci. Je vais désormais vous parler en quelques mots des spécificités qui animent les civilisations antiques asiatiques dans leurs rapports avec l'anormal. La première est la plus faible quantité d'objets anormaux dont disposent ces civilisations par rapport à leurs cousines occidentales. Les plus grands empires de l'époque ne possèdent au maximum que quelques dizaines d'artefacts anormaux, et seuls quelques-uns pèsent réellement dans le pouvoir des cours asiatiques. Cette répartition bien moins généreuse pour l'Asie n'est pas encore expliquée, bien que de nombreux hypothèses aient été formulées, notamment dans Pékin et le désert anormal asiatique de Jean-Pierre Roc. En vérité, personne n'est vraiment en capacité de répondre avec certitude à la question, et personne ne le sera probablement jamais. Toujours est-il que cette situation conduit de fait l'Asie à une infériorité face aux puissances occidentales. Un symbole de cette infériorité est la conquête par Alexandre le Grand d'une grande partie de l'Asie Mineure et sa percée jusqu'aux Indes. Diodore de Sicile nous rapporte notamment la destruction de Persépolis par les armées du conquérant, malgré les tentatives de défense anormale de la cité. Le destin de la région se dessine en étroite collaboration avec celui du bassin méditerranéen, et il en est de même pour le domaine de l'anormal."

"La deuxième grande spécificité, qui est un corollaire de la première, et que les civilisations antiques, en contrepied des civilisations occidentales, ont un rapport bien plus secret avec l'anormal, plus proche de l'attitude moderne de la Fondation. En effet, l'anormal n'est que peu ou pas montré au public, et les traditions ne sont que très peu impactées par celui-ci. En plus de l'explication de la rareté des artefacts, c'est aussi une volonté qui s'est déclarée chez plusieurs dirigeants de la région, sans que l'on puisse faire de réel rapprochement entre chaque, de préserver la population de l'anormal. Certains SCP nous ont permis de faire de nombreuses découvertes sur l'anormal à cette époque, comme SCP-4242 et ses dossiers sur le roi Rama de Kosala, qui ont permis de mieux comprendre certains ressorts à l'oeuvre dans la région."

"Enfin, nous sommes forcés de constater en conclusion des nombreuses études menées que l'anormal semblait être bien moins maîtrisé par les pouvoirs asiatiques que par leurs rivaux occidentaux. On dénombre des dizaines de cas où des objets anormaux sont utilisés de manière accidentelle ou manipulés grossièrement, des cas aboutissant le plus souvent à des catastrophes et des drames de plus ou moins grande intensité, mais qui dénote toujours d'un certain amateurisme de la part des classes dirigeantes."

Velasquez reprit son souffle, satisfait d'être arrivé à la fin de son exposé sans se perdre dans ses explications. Il regarda son mentor, qui lança la suite.

"Merci beaucoup pour cet exposé clair et concis, Velasquez. Notre présentation étant finie, il est désormais l'heure de passer aux questions. Qui se lance ?"

Suite à cette présentation, c'est désormais à vous de jouer. Il me semble plus intéressant, à la place d'une séance de questions-réponses entièrement scriptée, de vous laisser vous exprimer. Posez votre question en commentaires de ce conte, et j'y répondrai dans les plus brefs délais.

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