>> Le Centre de la Saison 1 <<
Centre des Chrono-Challenge
Saison 2
Imaginés il y a des temps immémoriaux dans les tréfonds d'un forum oublié, et adaptés à la sauce Fondation par Aloices, les Chrono-Challenge sont des défis d'écriture chronométrés extrêmement courts, aux thèmes originaux, imaginés pour plonger les participants dans un état de pression et de stress propices aux productions les plus farfelues ! Qui peut participer à un Chrono-Challenge, et où ? Les Chrono-Challenge ne sont pas des contes, la participation est donc ouverte à tout membre inscrit sur le site, sans distinction d'ancienneté, de karma ou de nombre de travaux publiés. Vous n'avez donc pas à vous soucier d'avoir un quelconque statut pour y participer, en revanche une participation à un Chrono-Challenge ne peut compter comme un travail publié. Les Chrono-Challenge se déroulent sur le serveur Discord de la Branche Francophone de la Fondation, le Site-Aleph, dans un chan dédié. Le rôle "Participant Chrono Challenge" est nécessaire pour pouvoir utiliser le salon, mais il peut être donné à toute personne intéressée par les Chrono-Challenge, que ce soit pour écrire ou simplement recevoir les alertes. Les seules choses requises sont donc un compte Discord, une connexion Internet et un logiciel ou une application permettant l'écriture. Comment se déroule un Chrono-Challenge ? La tenue d'un Chrono-Challenge sera annoncée à l'avance en commentaires de cette page, ainsi que sur le Discord, et chaque personne souhaitant participer devra se manifester avant l'heure de démarrage. A l'heure indiquée, la personne portant le grade de "Gérant Chrono Challenge" (Aloices en général) postera un message sur le chan indiquant le Thème, la Durée (pouvant aller de 5 minutes à 1 heure), ainsi que d'autres contraintes supplémentaires éventuelles. Les participants auront alors le temps imparti pour produire un texte, relié de près ou de loin à l'univers de la Fondation, en s'inspirant du thème (il n'est pas nécessaire que le thème figure mot pour mot dans le texte) et en respectant les contraintes. /!\ Attention, les textes étant anonymes, essayez de ne pas aborder d'éléments ou d'utiliser de personnages ou de noms qui pourraient livrer des informations sur la personne à l'origine du texte /!\ Lorsque le temps imparti sera écoulé, les participants ne seront plus autorisés à écrire. Ils devront héberger leur texte en l'état sur TextUp et envoyer par Message Privé à la "Chrono Master" le lien fourni par le site. Toutes les participations seront ensuite publiées sur cette page, et le vote sera mis en place. Comment se déroule le vote ? L'intégralité des participations seront donc postées sur cette page, chacune recevant une lettre afin que le choix se base uniquement sur le texte et pas sur la personne à l'origine de celui-ci. Deux liens Strawpoll seront donnés, sur lesquelles les votes s'effectuent. Tout le monde peut voter, y compris les personnes ayant participé. Il vous est simplement demandé de faire preuve de fair-play en ne votant pas pour votre propre texte. De même, l'ordre dans lequel vous votez n'importe pas : chaque vote compte pour un point, peu importe si le texte l'a reçu sur le premier vote ou le deuxième vote. En revanche, soyez honnêtes et ne votez pas deux fois pour le même texte. Au bout de 72h, le texte ayant reçu le plus de votes sera désigné comme gagnant, et sera mis en avant avec le thème correspondant, et les autres participations seront présentées en-dessous. Si vous avez d'autres questions, pingez-moi sur Discord ou envoyez-moi un MP wikidot ! Bon Challenge ! |
Chrono-Challenge édition spéciale revival random (15/05/2022)
Le thème était : "Après notre promenade, j'ai enfin compris.", et la durée 30 minutes. Les participant.e.s n'avaient pas de contrainte supplémentaire.
Ci-dessous les participations, anonymes.
Les votes sont en cours !
Vous pouvez voter pour votre texte préféré sur ce lien !
Mon mari, alors que je lisais dans le salon de notre maison secondaire, me dit qu’il avait une surprise pour moi et notre fils, et que pour cela nous devions sortir. Lui qui n’avait jamais de temps à nous accorder et vouait la majeure partie de son existence à son art daignait enfin m’accorder un peu de son attention.
Pour savoir comment me changer, je lui demandais où nous allions. Il me parla des champs des villages alentours que j’aimais tant observer. Je mis une tenue que j’appréciais peu, une robe entièrement blanche, ainsi qu’un chapeau voilé pour couvrir mon visage, et je pris mon parasol vert et blanc pour me protéger de ce soleil cuisant. Je m’attelais aussi à préparer mon fils. Mon époux nous attendait sur le pas de notre porte et sans un mot nous partîmes.
Nous primes le chemin de terre qui longeait notre maison et qui s’élançait au loin vers les champs. J’humais à plein nez l’odeur de la végétation printanière. Ce mélange de parfums plus exaltants les uns que les autres me permettaient de m’évader. Mon fils demanda s’il pouvait courir derrière les oiseaux. Mon mari qui n’avait pas ouvert la bouche depuis son annonce ne dit rien, quant à moi je décidai de lui faire plaisir et je lui accordai ce jeu.
Au bout de quelques instants je senti l’impatience de mon partenaire et celui-ci s’éloigna dans les champs, en me laissant seul. Je continuai mon chemin sachant bien que nous nous retrouverions. Mon fils, soucieux de moi, vis que j’étais seul et commença à retourner vers le chemin.
Au moment où j’étais au sommet d’une pente, Claude me héla. Je l’aperçu et je le vis avec un crayon et un carnet en main. Il était encore à me croquer. Il dessina vite.
Et c’est en posant un dernier regard, sur mon mari que je fus bloqué. Je regardai pourtant dans sa direction mais ce n’était plus lui que je voyais. J’aperçus un défilement de personnes m’observer. Tout d’abord des bourgeois bien accoutrés, puis des ouvriers semblant se pencher et saisir le cadre de ma vision. Après avoir cligné des yeux, ce sont des hommes en blouse blanche que je vis, un symbole que j’avais du mal à discerner accroché sur leur poitrine gauche. Et le défilement continuait sans que je puisse me détacher de ces visions extraordinaires. Je ne pus me retourner une dernière fois pour voir mon fils.
Attention Trigger Warning : gore
— Mamie, tes dents !
— Ah ! Merci mon petit-fils.
Je poussais mamie le long du chemin aménagé autour du lac. On s'arrêta à côté du banc où je m'assis et ouvris le journal. En gros tire "Encore une disparition inquiétante d'un jeune membre du personnel de la mairie"
— Tu as vu mamie, il faudra faire attention et n'ouvrir à personne. C'est bien compris ?
— Tu sais, peu de gens me rendent visite. La dernière fois c'était une de ces personnes, tu sais, ces personnes qui font les recensements. En tout cas, ça me fait plaisir que tu me rendes visite.
— Oui, la dernière fois c'était maman qui était venue avant qu'elle aussi ne disparaisse. Tu te souviens ?
— Oh oui. Oui, elle m'avait dit qu'elle me donnerait à manger bientôt. Tu sais j'ai souvent faim.
— On fini le tour et je te donnerais un goûter mamie.
À mi-parcours, mamie s’était tue. Je ne la voyais que du dessus de son large chapeau.
— Ça va mamie ?
Elle ne répondit pas. Et pour cause. sa main était dans sa bouche. Elle mâchouillait.
— MAMIE ! Qu'est-ce que tu fais arrête !
Elle mâchait, mâchait. Les muscles atrophiés par l’âge se déchiquetaient dans sa bouche.
Je vomis lorsque son sang coula de ses avant-bras sans main à la chaire à nue.
J'ai tenté de l'empêcher et elle m’arrachait de ses dents mon pouce.
Je ne pouvais rien faire. Mamie se dévorait devant mes yeux. J'étais pétrifié.
Impuissant il ne resta plus que des os sur un fauteuil roulant et un dentier qui l'avait dévorée.
J'ai ramené ce qu'il restait de mamie dans la maison.
J'ai ainsi compris que mamie avait mangé des gens.
Journal de █████, le ██ ████ ██
Ma sœur, mon âme, mon réconfort,
Tu m'as emmené près de l'étang où on se baignait quand on était petits, avec Papa. Déjà, ton visage aurait dû vendre la mèche.
Mais je n'ai rien vu.
Le soleil qui se reflète sur l'eau trouble. Les libellules qui passent dans tes cheveux. Et moi, je rigole parce que je me suis encrassé avec de la boue et que les sandwichs de Maman y sont tombés.
Toute cette époque paraît si loin, et pourtant, à l'échelle de l'Histoire c'est très proche. C'est ce qu'on aurait pu se dire lorsqu'on séchait au soleil, et qu'on échangeait sur tout en parlant de n'importe quoi. Les dents de lait, la maîtresse qui a mis son pull à l'envers, Papa qui décidément part trop longtemps pour le travail.
Et dire que je n'ai rien vu.
Tu m'as emmené près de l'étang, et j'ai regardé l'autre bord. Par habitude, peut-être. Toi tu regardais le sol. Tu étais sombre, tu ressortais du paysage qui débordait de verdure, comme s'il voulait montrer à tout prix la belle saison qui revient.
J'ai pris l'habitude de regarder l'autre bord parce qu'on faisait souvent des courses à la nage pour l'atteindre. Tu t'en souviens, je suppose.
Maintenant que j'écris ce mot, je me rappelle d'un jour on s'était donné un défi. Il fallait rejoindre l'autre bord pour une bonne raison, cette fois-là. Le premier arrivé gagnait le droit de sauter dans le bras de Papa le premier. Il partait si longtemps, rien ne pouvait nous faire plus plaisir.
Ce jour-là, tu as gagné. Il faut croire que tu étais plus motivée que moi, ou que n'importe qui d'autre, à le rejoindre. Je ne sais pas si c'était ton cas, mais je le voyais presque au bout de la rive lorsque j'ai nagé.
Je regardais toujours l'autre bord, et tu as commencé à parler.
"Je sais pourquoi il est mort."
J'ai détourné mon regard pour le poser sur le tien, qui me fixait avec des larmes qui commençaient à poindre.
Tu n'as pas dit "comment". Tu as dit "pourquoi".
Je n'ai pas compris pourquoi, justement. Toute la famille voulait savoir comment, comment s'était-il retrouvé gisant dans un cercueil, comment s'était-il éteint, comment quelqu'un - ou quelque chose - avait pu le rendre méconnaissable à ce point ?
Tu as continué à parler.
"Il est mort parce qu'il croyait en ce qu'il faisait."
J'avais presque envie de m'énerver, je dois te l'avouer. Toi, toi, tu savais mieux que le reste l'amour que Papa portait à son travail, sa passion ? Il partait la moitié de l'année, sans rien nous dire, parfois pendant la nuit sans crier gare, et tu penses savoir mieux que moi, mieux que Maman qui s'est tuée à nous élever, ce qui ne pourrait pas être plus clair ?
"Tu sais pourquoi on ne se voit plus beaucoup ?"
Tu continuais à parler, et ce sont mes larmes qui commençaient à monter. Tu changeais le sujet, après m'avoir provoqué. Qu'est-ce que tu voulais détruire, notre relation, la seule qui compte, la seule qui ne se soit jamais tarie ?
"Je travaille là où il a travaillé. Il est mort en croyant à ce qu'il faisait."
.
..
…
… Je suis tombé à genoux. Tu es partie sur le chemin à côté de l'étang. J'y suis resté longtemps.
La Fondation. C'est le nom que tu m'as donné lorsque je suis revenu à la maison, le soir déjà tombé. Tu n'as pas voulu m'en dire plus, mis à part que tu y travailles depuis quelques années.
Ma sœur, mon âme, mon réconfort,
Après notre promenade, j'ai compris.
Comme notre père, tu n'a jamais voulu que mon bien. Et dire que je n'ai rien vu.
Grat grat grat grat
Comment décrire ça ?
Les gars ont trouvé une nouvelle saloperie l’autre jour. Un arbre géant sur lequel poussent des genres d’animaux hybrides. Avec mon équipe on est venus étudier ses propriétés, et c’est moi qu’on a collé pour rédiger son rapport. Le truc c’est que pour l’instant aucun des fruits-bêtes n’était le même, donc en attendant de savoir s’il y a une logique, je suis forcé de décrire chaque instance.
Un écureuil qui vole, un mélange entre un renard et un scarabée… au moins ils sont gérables.
Grat grat grat grat
J’ouvre la porte. Comme je le pensais, c’est Ed, le chien de Jeremy qui vient demander sa promenade. Cet idiot est toujours absorbé par le travail, je comprends pas qu’il amène son chien, bien que je puisse comprendre en quoi il serait utile à un agent de terrain.
Je prend sa laisse qu’il me tend gentiment et sors du bâtiment. Ed tire sur sa laisse. Déjà qu’il vient plusieurs heure avant l’heure de sa balade… Je pensais qu’il était dressé pour s’en passer d’ailleurs.
Je l’emmène dans la forêt. Ou plutôt, il me tire là-bas. Rapidement il se calme. Il marche calmement à mes côtés.
Je fais demi-tour. Ed pas, il tire à nouveau sur la laisse, me forçant à le suivre.
…
Bon sang, je suis pas sensé m’absenter plus de vingt minutes, moi. J’essaye de le forcer à rentrer, mais il insiste de plus belle. Et puis merde, je l’attache à un arbre, s’il veut pas revenir, il a qu’à rester là. Je reviendrai le chercher dans une heure. En m’éloignant il aboie. T’es pas content ? Bien fait pour toi, tiens. T’avais qu’à pas être aussi bizarre aujourd’hui.
J’arrive au bâtiment. À peine j’entre qu’un serpent géant me saute dessus et m’arrache la moitié basse du corps. En tombant, je vois les corps froids des agents en tenue de combat, des chercheurs en blanc.
Si seulement j’avais compris avant la fin de notre promenade.
Chrono-Challenge n°13 (30/11/2018)
Le thème était : "C'est la Fin de l'Histoire, et je suis… seul ?", et la durée 25 minutes. Les participant.e.s avaient comme contraintes de placer les mots "mélanger" et "réversible" (ou leurs dérivés). Ci-dessous les participations, anonymes.
Note : Les trois candidats n'ayant pas placé les mots (ou pas à temps) sont présentés en hors-catégorie.
Les votes sont terminés !
C'est le Texte B que la majorité des votants a désigné comme un de leurs deux textes préférés (avec 6 votes), le gagnant est donc Felter Finalis ! Les autres textes peuvent être retrouvés juste en-dessous, classés par ordre de popularité.
C'est la Fin de l'Histoire, et je suis… seul ?
Le chercheur junior Chesterton courait. Sans s’arrêter, il ne le devait surtout pas.
Ces dossiers n’allaient pas se livrer tout seuls.
Ce travail était épuisant. Peut-être à la fin pourrait-il espérer une augmentation, ou bien monter en grade. Chercheur de niveau 3, ça sonnait bien, non ? Il y avait tout un tas de rapports qui lui faisaient de l’œil, avec leurs gros textes d’accréditation qui cachaient tant de choses.
Le voilà arrivé au bureau. Il rentre, il n’y a personne. Les néons grésillent, pourquoi y a-t-il des néons ? C’est laid, ça ne donne pas envie d’y travailler. L’horloge tourne. Ou plutôt elle tique. Tic. Tic. Tic. Il n’y a que les pendules des bureaux du Comité d’Éthique qui font tic toc. Il porte son regard vers la plante qui fane dans son pot, seule.
Il s’ennuie.
Humm…
Ça n’est pas normal. Disons… C’est étrange. Il n’a jamais eu le temps de se reposer avant. Il devait toujours courir à gauche et à droite. Toujours à transporter quelque chose. Toujours… Des dossiers.
Il posa avec fracas son fardeau les dossiers sur la table. Il les ouvrit sans ménagement. Des feuilles blanches. Vides, sans consistance, le voilà qui les éparpille sur la table, les mélange, cherche un sens. Curieux. Inquiétant. Le chercheur junior Chesterton était angoissé maintenant. Quelque chose ne va pas. Il se précipite vers la plante. Pas de sensations. Plus l’horloge. Si. Il l’entend de nouveau.
TU AVAIS CESSÉ D’Y PENSER.
Qui a dit ça ? Qui donc…
Il sort de la pièce. Tout semble flou. Il se souvient… Il commence à se rappeler. Il fait partie d’un département, il en est sûr… Certain.
Pa… Pata…
Si. Non. NON. Ils ont oublié à quoi il servait. Lui est les autres. Leur action est réversible, il suffit qu’un autre l’imagine. Plus rien. Tout. S’efface.
C'est la Fin de l'Histoire, et je suis… seul ?
NON.
“… Et donc tu vois l’idée ? C’est le principe du Département de Pataphysiques, il s’occupait des anomalies narratives et imaginaires qui pouvaient affecter le réel par des procédés anormaux. Mais il n’existait pas en conséquence, parce que c’est ce que Pataphysique signifie, tu vois ? C’est pour ça qu’on a éliminé tous les Documents qui en parlaient. C’est une perte d’argent que de financer un département imaginaire…”
Les autres participations sont juste ici !
- D : Lekter (5 votes)
- A : Jacket (4 votes)
- C : Aryobarzane (3 votes)
- E : Seyph (1 vote)
- CretinusVox (hors-catégorie)
- JasonFox (hors-catégorie)
- Naomy (hors-catégorie)
Du coup il y avait des portes. Beaucoup de portes.
Qu'est-ce que je faisais là ?
Je venais de me poser la question au premier degré. Je m'observais et je voyais mon moi qui—
Caaalme. Où est-ce que j'étais ? Dans une salle fermée, semblait-il. Je pouvais même apercevoir des écrans éteints sur les murs, ça devait être la salle de contrôle. Mais comment est-ce que j'avais atterri là en pleine nuit ?
Je me suis avancé vers un écran et j'ai tâtonné à droite, là où devait se trouver le bouton, et j'ai fini par appuyer dessus sans l'avoir vraiment aperçu. L'écran s'est allumé et j'ai vu l'image fixe et tachée de neige du bureau du Grand Pugiliste Yon, vide.
Le Complexe avait sûrement été attaqué, mais aucune caméra n'a pu me renseigner sur le sort de mes confrères et consœurs. Une chose après l'autre, ne pas mélanger les objectifs, ne pas manquer aux priorités.
Je sors dans le couloir, complètement vide. Vais dans la salle d'entraînement, vide aussi. Sors dans la cour, pleine. Pleine des cadavres de mes compagnons d'armes. Bien sûr, ils ont été bouffés, et salement.
C'est la fin de l'histoire, et je suis… seul ? Non, il me faut juste rallier un complexe pas trop éloigné et revenir avec de l'aide, les trous du cul doivent encore se cacher dans les coins, la situation est parfaitement réversible et peut-être même que j'arriverai à en sauver quelques-uns…
J'ai couru, je sais pas trop ce qui s'est passé. À un moment, j'ai entendu un tigre et un marteau me prendre en chasse. Aucun doute, j'ai entendu le tapotement de leurs nageoires dégueulasses sur le bitume des rues désertes.
J'arrive au Complexe S6P6C6-NXS, je saute dans l'entrée secrète et je verrouille la double porte de titane renforcé à triple tour. Je cours comme si ma vie en dépendait, même s'il n'y a plus personne derrière. Mais devant ?
Devant la porte du bureau du Pugiliste E. E. Pickman, je m'arrête un instant en regardant mes mains larges comme des battoirs. Et si c'était vide, qu'est-ce- Je l'ouvre à la volée.
Vide.
C'est la Fin de l'Histoire, et je suis… Seul ?
J’aurais dû m’en douter. Quand ils m’ont proposé de m’occuper de ces skips-là, j’avais rigolé naïvement, innocemment. Après tout, vous auriez vu comment on les décrivait, vous auriez sûrement eu la même réaction.
J’ai commencé donc à les étudier. Un peu par-dessus la manche. Après tout, je me disais : pourquoi devrais-je les prendre au sérieux ? En y repensant, là, je me dis que cette démarche était tout sauf raisonnable. Même complètement irraisonnée. Et c’est justement là que ça a merdé. Parce qu’en les étudiant, chaque jour, ils ont commencé, de par leur existence même, à provoquer en moi de la fascination. Enfin, je veux dire, comment pouvaient-ils exister ? Et surtout, comment pouvaient-ils être à peu près pris au sérieux ? C’était à la fois cette question mais aussi mes sentiments de plus en plus perturbés, mélangés entre la consternation, la curiosité et l’envie de tout envoyer balader, qui entraient en jeu et se mêlaient à mon étude de ces skips.
Mon travail, les dossiers à constamment mettre à jour, très rapidement, je ne me mettais plus qu’à penser qu’à ça. Et ce n’est que là que je me suis rendu compte qu’en fait… tout ça était vain.
Un catalogue qui vendait des produits dérivés de toutes sortes, un rocher qui vous faisait tout remettre à plus tard, un formulaire qui changeait tout le temps, un skip dont on ne sait pas si c’est lui ou la procédure de confinement associée qui est le pire…
Maintenant, j’ai fini par abandonner. Tout ça m’a tellement fatigué. En plus, plus aucun de mes collègues n’a voulu m’écouter. Ils avaient probablement raison. Non, ils avaient raison sur toute la ligne. Tout ça n’a pas de sens. Alors, je vais poser ma tête sur ma table, fermer les yeux et prier pour que toute cette merde soit réversible dans le temps.
Ce soir, c’est la fin de l’histoire… et je suis seul. Et il faut dire, je l’ai bien mérité.
Le jour s'est levé. Mais pas sur une étrange idée. Plutôt sur un paysage d'apocalypse. Un soleil rouge. Un ciel rouge orangé, parsemé çà et là de nuages bleus.
Idyllique ? Non. Le corps de Sara gît à côté de moi. Du sang coule de sa bouche. Une tache colore son chemisier blanc. Mais la tache est aussi rouge que le soleil qui s'élève.
Je tombe à genoux et pousse un hurlement de rage et de désespoir. En colère contre moi-même. Je n'ai pas pu la sauver. J'aurais pu. J'aurais dû. J'aurais dû lui dire de ne pas y aller, j'aurais dû l'accompagner, la suivre plus étroitement. Dégainer mon arme peut-être un peu plus vite. Dès que j'ai entendu ce bruit. Faire feu sur cette chose et viser ce qui lui servait de tête. Si j'avais fait ça, Sara serait encore en vie.
Le soleil perce les nuages. J'adore regarder ça, regarder le paysage prendre des couleurs normales, l'herbe verdir, le ciel prendre une teinte azur.
Mais rien de tout ça ne m'arrache de sourire ou d'émotions positives. Ma vision se brouille et je fonds en larmes.
J'ai l'habitude des missions dangereuses. Et mentalement, je suis très résistant.
Mais c'était Sara. Des années qu'on bossait ensemble. Des années qu'on partageait les missions, qu'on était dépêchés sur terrain dangereux. On savait piloter des hélicos comme personne. On était réputés pour notre talent. Les agents Sara Soriano et Leonardo Restaldi. On était sortis majors de promotion à l'école militaire. Sara la première, moi derrière elle. Je savais tout d'elle, elle savait tout de moi. On a réussi à capturer des créatures monstrueuses, des Euclide, des Keter, on a attrapé des agents de l'IC, de la CMO, on avait tout réussi.
Jusqu'à maintenant.
Si je pouvais remonter le temps… Si l'Histoire était réversible…
Si j'avais pu la sauver…
Sara…
Je m'écroule sur son corps. Mes larmes se mélangent au sang sur sa poitrine. Tout est calme, désormais. On n'entend plus que mes pleurs. Je suis seul. Seul dans ma vie, sans ma meilleure amie, sans ma sœur.
Sara…
Je suis seul. Seul dans cette prairie, et seul dans ma vie.
C'est la fin.
La fin de tout.
Plus rien ne sera comme avant. Ce n'est pas réversible. Sara est morte, et je ne peux pas vivre sans elle.
Je ne peux pas. J'ai perdu ma raison de vivre.
Je sors mon arme. Prends Sara dans mes bras. La serre contre moi, et met le canon dans ma bouche.
La dernière chose que je verrai sera le soleil, brillant sur un monde auquel je n'appartiens plus depuis la mort de Sara, autour de laquelle tournait mon monde.
Détonation.
C'est la fin
La fin de tout.
Il y avait une sorte de frénésie dans l'air, ce matin. Comme une vibration prémonitoire. Comme si quelque chose d'irréversible allait se produire.
C'était un jour de boulot comme les autres. Vérification du matériel. Rien à signaler, à part une LED qui refusait de s'allumer. Je me demandais toujours pourquoi on devait réviser entièrement tout ce système toutes les semaines. Ça n'était qu'un simple ordinateur périphérique dans un labo un peu sensible. Mais de toutes façons j'avais arrêté de me poser de questions, sinon je serais devenu ou paranoïaque, ou complotiste, ou viré, ce qui me dérangeait plus. Je n'ai pas noté la LED manquante.
Et maintenant c'est la fin de l'histoire…et je suis seul. Mon sang lentement se mélange à celui de tant d'autres. Il n'y avait pas de tests de vaccins derrière ces murs blancs, ni de biologistes ennuyeux sous ces blouses anonymes. Il n'y avait que la peur scellée et ses gardiens.
Il n'y avait pas d'électricien, mais le futur cadavre d'un meurtrier anonyme.
Et une simple LED éteinte.
Je faisais lentement tourner le whisky dans son verre pour en dégager les arômes, et laisser le temps aux glaçons de se mélanger avec le reste. Un single malt de 20 ans, que j’aurai sans doute bien mieux apprécié sans le bruit des sirènes. Les pieds appuyés sur le cadavre de mon ex-collègue, je savoure, seul, ce dernier plaisir de la vie. Le tuer était une chose pour le moins désagréable, mais au combien nécessaire.
L’apocalypse était lancée, sur mon ordre, et personne n’y pouvait rien. La radio crachait des propos venimeux à mon égard, jusqu'à ce qu'un malheureux coup de révolver, le mien, la fasse taire. Ils me disaient fou, mais eux n’entendaient pas la voix. Elle me dictait ma destinée, et elle était grandiose : terminer l’Histoire. J’étais le protagoniste principal de ce monde, de cette Histoire, et je devais tenir le rôle. J'adorais cette voix, l'excitation, cette sensation à chaque dizaine de passées sur le compte à rebours.
Le brouhaha s’accentua, ils avaient visiblement sorti la scie électrique pour me déloger, mais ce serait trop tard. On me l’avait affirmé. Peu à peu la porte cédait, et le compte à rebours diminuait.
Plus que 10 secondes.
Soudain, les gonds de la porte sautèrent, et je n’eus pas le temps de faire quoi que ce soit qu’une balle me mit à terre. En plein dans les tripes. Je me vidai de mon sang, ma vue baissa, mais j'avais pour sûr déjà accompli mon œuvre C’était fini. C’était grandiose.
Non.
Un homme se précipita dans la brèche, se jeta sur les commandes, et stoppa le processus. J’étais trop faible pour résister, baignant dans mon sang.
Comment cela se peut-il ? Ce n’était pas censé être réversible !
Impossible !
Et alors… Mon destin ?
LA VOIX, bon sang, que dit-elle ? Il doit y avoir une erreur !
Pour la première fois depuis des heures, elle ne répondit pas.
Pas de mot doux, pas d’encouragement.
Pas de destin grandiose.
Ma vision se troublait, et je tentai désespérément de communiquer une dernière fois avec elle pour cacher la fatalité : Elle m’avait trahie, j’avais été berné.
Ma vision s'assombrit encore, et je vis l’homme s’approcher de moi, l’arme à la main, me mettant en joue.
Alors c’est ainsi ? Je mourrai donc abandonné par mon guide, et haï des miens… Seul… C’est une fin bien tragique à mon histoire…
Mes yeux se fermaient, et j'attendis le point final. Est-ce que j’allai entendre son doigt actionner la gach… ?
INCIDENT SITE ████████ CLOS. Mort du Dr ████████ ████ contaminé par ████████, abattu par l’agent ████████ ████████████ et mort de l’agent ████████ ████████████, abattu par le docteur.
Merci au personnel de rester vigilant.
Merdouille ! Ça devait pas se passer comme ça ! Une heure que j'attends, et au final, au lieu d'une viande saignante et dodue prête à être assaisonnée au thym et accompagnée de petites tranches de mimolettes, c'est un grand costaud de 1m87 tout en noir avec un étrange fusil qui vient de pénétrer dans la chaumière.
- C'est bon j'ai l'entité en joue. Tenez-vous prêt à…
- Qui ça ?
- Pas vous ! Ne bougez pas ou je fais feu !
- Écoutez, vous venez de casser ma partie préférée de l'histoire ! Et j'ai rendez-vous juste après, vous ne pensez pas que…
- Silence !
Il tire en l'air, faisant siffler une cocotte-minute dans mes oreilles. Pourquoi a-t-il fallu que ces dernières soient si sensibles ?
Je me tais néanmoins, réprimant deux grondements. Un de mécontentement, et un venant de mon estomac. Le type louche papote avec son oreille, sertie d'une boucle noire étonnante. Ça va cependant comme un gant avec ses vêtements de gendarme du futur, et sa carrure d'armoire à glace Louis XIII. J'hésite à essayer de lui sauter dessus. Avec de la chance, je pourrais peut-être lui croquer une épaule avant qu'il ne me zigouille.
Mais les regards en coin qu'il me jette me fichent la chair de poule, ce qui est un comble, vu qu'on parle quand même de moi. Ce ne serait tout de même pas le chasseur ? Il n'a pas du tout la tête de l'emploi, à moins qu'on ne soit dans une version alternative. Fichues réécritures.
Je me gratte derrière l'oreille, et renifle un bon coup, tentant d'attirer son attention, et de me donner une contenance.
- Dites mon bon monsieur, si vous avez l'intention de me tuer, ou de me remplir le bide avec des pierres, je ne vous en tiendrais pas rigueur, mais je vous prierais de ne pas traîner. D'ailleurs, vous mélangez tout, normalement vous arrivez après la petite. Et puis, c'est pas tout ça mais, j'ai deux petits porcidés qui attendent de se faire dévorer. Et je dois être de retour dans ma loge d'ici un quart d'heure, alors que ce soit pour ranger une fillette rougeaude ou un tas de caillasse, il faut que je fasse ça vite. En plus la mémé me…
- D'accord. Je procède…
- Ah ! Parfait ! Si ça vous dérange pas je préfère quand vous vous contentez de me faire fuir, en me tirant dans le postérieur. Et puis pensez aux enfants d'aujourd'hui, habitués à des versions plus édulcorées…
- Je l'anesthésie.
- Je vous demande pard…
Aïe ! Il vient de me tirer une aiguille dans le front. Bon j'ai connu pire maaaais… bon, ça peut pas faire de mal de faire un petit somme avant d’enchaîner avec les trois petits connarzzzzzzz…
…
Et beh, ça ne se finit jamais comme ça d'habitude. Une pièce sombre, avec des murs en béton. Plus solide que de la brique cette saleté, et je sais de quoi je parle.
Bon, en tout cas, j'espère qu'ils vont vite me laisser partir. Je suis pas fan de cette version. C'est la première fois qu'à la fin de l'histoire, je suis tout seul…
C’est la fin…de l’histoire ? Et je suis seule ?
Personne ne sait me répondre évidemment…
J’étais dans mon Audi, Queen à fond en direction de la Fondation. J’arrive. Je vois quelques personnes me fixant, sans plus. Pas de voiture dans ma direction. Aucune dans l’autre direction. Louche, d’habitude y a beaucoup de gens, ça bouchonne dans tous les coins. Quelque chose cloche. Les gens insistent. Leur regard est lourd, digne d’un fusil me tuant plusieurs fois. Ils sortent leurs téléphones. Ils me filment.
J’arrive enfin à la Fonda. Je me gare en sentant une drôle d’odeur chatouiller mes narines. Une odeur de… cramé. Peut-être un type louche qui a fait un feu dans son jardin ou un incendie proche, je n’en sais rien. Une chose me perturbe : je vois peu de choses bouger dans la Fonda… mais ces gens me suivent. J’ai l’impression d’avoir dormi des jours et d’être trop observée. Je rentre doucement dans la Fonda. Un pas après l’autre. Tout doucement. Je reste sur mes gardes. Le danger n’est peut-être pas loin. Je n’entends rien d’anormal, je ne vois rien d’anormal. Les tables, chaises, tout est mélangé dans cette pièce. Perturbant. Je m’arrête. Je sens des respirations. Je les entends. Je les vois presque. Ils me filment.
-Quelqu’un ?
Ils ne me répondent pas. Ils me filment. C’est tout. Ils arrivent à m’entourer. Je suis au milieu d’eux. Au milieu d’une foule. Des agents arrivent et me choppent. Je ne peux pas fuir. Trop tard. Ils me prennent, m’asseyent sur une chaise, m’attachent. Je suis à moitié consciente. Ils me portent. Une foule est devant moi. Ils filment et rigolent de moi. Je suis bloquée, je ne peux rien faire. C’est la fin… Ils me reposent. Ils mettent quelque chose sur ma tête.
-Pour oublier, m’a-t-on dit.
Oublier quoi ? Ils activent l’électricité. Je me sens partir… j’ai mal, mais je ne me sens plus. J’ai mal, ça me tue. Je ne ressens plus rien maintenant. Je veux dormir…
Je me réveille. Pièce blanche. Dehors, il fait beau. Belle plage, grand soleil. Seulement… aucune porte pour sortir. J’ai envie de sortir, profiter de cette magnifique plage. Il y a une tonne de personnes dehors. Étrange. Une présence de l’au-delà se fait ressentir. Je me sens léviter. La gravité a disparu ? Je ne sais pas. Je crie. Aucun son ne sort de ma voix. Je vois les gens s’amuser. Je ne peux pas sortir ! Je suis bloquée ! La seule fenêtre de cette pièce est incassable… au secours…
C’est la fin de l’histoire et… je suis seule… à tout jamais… sans savoir ce que j’ai fait…
Chrono-Challenge n°12 (16/07/2018)
Le thème était : "Après ça, nous serons des héros", et la durée 20 minutes.
Les participant.e.s avaient comme contraintes de faire une référence à un super-héros existant.
Les votes sont terminés !
C'est le Texte K que la majorité des votants a désigné comme un de leurs deux textes préférés (avec 6 votes), le gagnant est donc Archiviste Judas ! Les autres textes peuvent être retrouvés juste en-dessous, classés par ordre de popularité.
Après ça, nous serons des héros
Un poster. Il a fallu un seul poster pour que l’un des sites les plus grands, les plus sérieux et les plus respectés de la fondation devienne un des plus gros capharnaüm du globe.
Après les premiers tests, le stagiaire est allé nettoyer le casier contenant l’objet. On ne sait toujours pas comment il a passé les gardes, et quand on lui a demandé, il nous a juste répondu :
- J’sais pas moi, on m’avait dit de nettoyer, je suis parti nettoyer.
- Mais qui vous a demandé de nettoyer ce casier sous haute surveillance ?! QUI ?!
- Beuh, j’en sais rien, un type…
Qu’importe le commanditaire de cet acte aussi stupide que… stupide, les conséquences restent les mêmes. On s’est retrouvé avec un stagiaire qui peut contrôler la météorologie rien qu’avec sa pensée.
Et le pire, c’est qu’il est allé en parler à tout le monde. Tous ses potes, les collègues à la cafétéria, tout le monde est parti tester l’objet pour obtenir des pouvoirs.
Les gardes étaient dépassés, et les pouvoirs étaient des plus variés :
Un belge qui pouvait devenir vert quand il s’énerve (si la fréquence de ce genre d’état était déjà très grande avec la bière, là elle l’était encore plus), un immortel qui l’est encore plus, un androïde qui peut changer sa constitution en sable, on n’en finit plus…
Mais c’est alors qu’est arrivé l’enfant chercheur.
Rictus au coin du visage, marchant avec détermination, il s’est exposé aux effet de 251-FR.
Même cachés dans ce bunker, nous n’avons plus beaucoup de temps avant que ces “super-héros” ne nous retrouvent.
Il le faut donc.
Nous devons nous exposer aux effets de SCP-251-FR.
Après cela, nous serons des héros.
Les autres participations sont juste ici !
- A : Jacket (5 votes)
- E : Cretinus Vox (4 votes)
- C : Macro (3 votes)
- J : Aryobarzane (2 votes)
- H : Hinault (2 votes)
- G : Lusus Naturae (2 votes)
- D : Felter Finalis (1 vote)
- B : Gadra (1 vote)
- L : Tara Lucy (1 vote)
- I : Lefouin (0 vote)
- M : Goupil (0 vote)
- F : Naomy (0 vote)
- Participation "hors-thème" de Monsieur Chinchilla
Non, ce n’était pas agréable. Non, ce n’était pas plaisant. Non, ce n’était pas quelque chose qui était destiné à tout le monde. Et non, ce ne serait pas quelque chose que tout le monde approuverait. Mais il fallait le faire. Il fallait qu’il le fasse.
Après tout, quand il s’était retrouvé là, il avait bien accepté de faire ce qu’il devait maintenant faire, non ? Et ce n’était qu’un petit truc. Un tout petit truc. Ce n’était pas comme s’il était présenté en tant que cobaye d’expérimentations scientifiques ultra-secrètes et ultra-pas légales du tout dans une contrée canadienne random.
Non, là, ce qu’il devait maintenant faire, c’était du pipi de chat. Et pourtant… il avait toujours cette petite peur, cette petite boule au ventre. A cet instant, il se trouva ridicule d’avoir si peur pour une si petite chose. Enfin, petite… beaucoup de personnes considéraient presque ça comme une mission à haut risque, encore plus qu’une mission dans cette série de films avec cet acteur scientologue dont il avait oublié le nom.
Peut-être qu’après ça, il sera considéré comme un héros. Peut-être qu’après ça, il sera considéré comme un fou. Peut-être qu’après ça, il sera pas plus considéré qu’avant. Il ne savait pas. La seule chose qu’il savait, c’est qu’il avait le matériel pour ça et que s’il ne le faisait pas, on allait sûrement être moins patients envers lui.
Soufflant un grand coup pour se donner une dernière dose de courage, D-3456 prit donc son balai et son seau d’eau et rentra dans le bureau du Dr. Grym.
Parfois, il est bon de prendre du recul. De se demander ce que l’on fout là. Ce qui nous a conduit là.
En l'occurrence, moi et l’agent Folter, dans ce désert du Névada. Moi, elle, et une entité qu’on classera sans doute Keter dans la brouette, complètement torché au Jack.
Elle ne parle pas. Moi non plus. On ne sais pas dans combien de temps cette saloperie va émerger, et on ne voudrait pas la réveiller. Je la regarde droit dans les yeux. Je vois qu’elle réexamine ses choix de vie, en particulier les récents. Moi aussi.
Bien bien.
Disons qu’on s'était peut être un peu chauffé. Un peu trop.
On avait été missionnés pour trouver un individu anormal, qui se planquait en théorie dans les parages, se cachant dans le chantier abandonné d’un futur casino, en plein désert.
Le type était pas sensé être bien dangereux. Normalement, dès qu’on repère un type de ce genre, on va sur place, on vérifie, et on appelle une FIM, dans le doute. Mais bon, un type tout seul ! Qu’est ce qui pouvait bien nous arriver?
“Vient, j’ai pris des anesthésiants” qu’elle disait, Après ça, on sera des héros!” qu’elle disait! Salope abreuvée aux comics va!
Cela dit, forcé de l’admettre, je l’avais bien suivie…
Bref, on avait trouvé le type, on chargeait tranquillement le fusil hypodermique, quand les connards en blindé sont arrivés. L'Insurrection. Je ne sais pas comment ils ont eu le tuyau ces cons… Bref, on se planque, en espérant qu’ils aient pas vu la voiture, et ces tarés ont attaqué le type.
C’est là que c’est parti en cacahuète. A la première balle, le type est devenu tout vert. Et vachement plus gros.
Il les a défoncés. Littéralement. Quand on prend un blindé pour tirer sur l’autre, forcément, ça fait des dégâts…
On s’est planqués, et on a attendu. Une bagnole nous est passée au-dessus pour atterrir sur la notre. On était pas tranquille tranquille. Au final, après le massacre, il a tapé des trucs dans le vide, et il s’est calmé. Il est redevenu normal. Et c’est là que j’ai entendu le bruit fatidique. La gâchette. Cette conne avait tiré.
Le plus étonnant, c’est que ça avait marché. Le type s'était étalé par terre, inconscient. Sans voiture, et la radio foutu avec, on avait décidé de tenter le tout pour le tout, et de le ramener. Pas moyen de trouver du réseau. On l’avait mis dans une brouette de chantier, le seul truc qu’on avait pu trouver, pour le ramener en zone couverte par le réseau. Au bout de 20 min, il s’était réveillé. La seule chose qu’on avait pu sauver de la voiture, c’était une bouteille de Jack. Dans le doute, on lui a fait boire cul sec.
Bref, il comatait, et nous on flippait. Et putain, toujours pas de réseau…
Site-████, QG de la FIM Alpha-1, 1924
Cher Commandant de la FIM Alpha-1,
Conformément aux plans que l'on avait partagés avec vous, la procédure "Superman" doit avoir lieu aujourd'hui. Avant votre départ du Site, vous devrez récupérer certaines anomalies. En effet, la cloche d'entropie ainsi que l'archange du mépris nous seront fortement utiles pour la suite de nos opérations.
Rappelez-vous que si nous nous soulevons contre cette aveugle Fondation, c'est avant tout pour faire progresser l'humanité. L'anormalité ne doit plus être cachée, enfermée.
Le 21ème siècle se souviendra de nous, l'Insurrection du Chaos. Ce soir nous prendrons notre envol pour sauver le monde de son ignorance.
Après cela, nous serons des héros.
O5-11
Il a bien dû tomber 15 cm de neige. Le blizzard souffle encore, nous transperçant même à travers nos uniformes d'intervention. L'hélico a du mal à tenir le choc. Il faut qu'on descende. Il le faut, sinon c'est le crash. Et comme l'a dit le directeur, faut pas qu'on perde une FIM comme la nôtre.
-Vous les voyez ?
-Affirmatif, je gueule pour couvrir le bruit du vent et des pales vrombissantes de l'engin.
Ce sont quatre personnes, à moitié recouvertes par la neige. De ce que je peux en voir, c'est une famille. Ce qui ressemble au père est en assez mauvais état.
Mais ce qui me cloue sur place, ce sont les enfants. Deux. Des garçons, je crois. Pas bien grands. J'évalue leur âge à moins de dix ans.
-Alpha, commencez la descente.
Je fais signe que j'ai compris, et je boucle correctement mon harnais au câble qui va me descendre.
-Prenez un haut parleur. Au cas où.
La trappe s'ouvre. Le vent me cueille de plein fouet. Je n'ai pas le droit de reculer, même si je le ferais bien.
Alors je passe par cette maudite trappe, lunettes de protection sur les yeux.
Et je les entends. Une voix de femme qui appelle à l'aide. Elle fait de grands signes. Elle porte un uniforme militaire d'un corps d'armée que je ne connais pas, et tient dans ses bras le père des deux garçons.
-Je suis le capitaine Moulin ! Vous m'entendez ?
Elle hurle dans ce qui semble être de l'arabe. Je ne sais pas si elle s'adresse à moi ou aux deux enfants. Elle est blessée au visage, comme si elle avait pris des cailloux dans la figure. Ce qui est dommage, car elle est plutôt belle.
-Je suis là pour vous aider ! Vous m'entendez ?
Elle agite les bras. Je descends le long de mon filin, tel Spider-Man qui se déplace avec ses fils en toile d'araignée.
Et je comprends pourquoi on a pas envoyé des simples secouristes, mais une FIM.
Mais je ne dis rien et j'aide les deux garçons à déblayer leur père coincé sous des décombres, avec deux collègues qui sont descendus par le câble aussi. Ils n'ont pas l'air choqués. Le plus grand a les yeux vairons, le plus jeune a le teint étrangement pâle, et les yeux cernés de noir.
-On va vous remonter par ce câble et vous transporter à l'hôpital le plus proche. Ça vous va ?
La mère hoche la tête. Je fais descendre une civière, sur laquelle on sangle le père. Suivent la mère, les deux gosses, puis nous. Je suis hors du temps et de l'espace. Je me laisse remonter sans comprendre. Première fois que ça arrive. L'hélico repart. Direction Chambéry, l'hôpital le plus proche.
-C'est une famille tout à fait normale ! S'écrie le pilote. Pourquoi on nous a envoyés les récupérer ?
-Deyo, arrête de jouer avec ça ! Hurle soudain la mère, qui éponge le sang sur son visage.
Discrètement, je lui montre les garçons. La mère vient d'en engueuler un. Le plus grand.
Qui fait léviter la putain de civière de son père, sous les rires de son frère.
Voilà pourquoi on a été envoyés. Parce que c'est un gamin de six ou sept ans qui arrive à fait voler des trucs, de la civière de son père jusqu'aux putain de pierres sous lesquelles son père était coincé.
J'ai toujours aimé la mer. J'ai toujours aimé voyager, dans les airs, sur la mer, mais bien sûr aussi sur Terre et dans les poches, découvrir du pays sans me demander quand je vais repartir. J'ai toujours aimé ne rien remettre à plus tard, tout faire de suite, même les choses les plus stupides. Mais là, je pense que j'ai visé trop haut. Faut dire que j'ai pas trop eu le choix.
Assis sur la chaise d'un de ces bars qu'on ne trouve seulement qu'au bord d'une autoroute, sirotant une bière avant de reprendre la route pour le continent, j'étais effrayé. Assis, entouré de… monde, dans un de ces bars frequenté par des motards et autre routiers, voire un père de famille de temps en temps qui voulait se la jouer dur.
Et à l'intérieur de ce bar, je ressemblais plutôt à un de ces gosses que laisse un père dans le flunch d'en face, jetant des regards craignants autour de moi, de fascination aussi. J'étais un peu confus vu que les clients n'étaient, en l'occurrence, pas des motards, mais… un autre peuple.
- Je vous ressert une autre bière Terrien ? dit le bar… truc d'un ton courtois où s'entendait néanmoins une pointe de plaisir. C'est que c'est pas tout les jours qu'il nous en rapporte un.
-Hm… non… non c'est bon. Je vais… juste attendre… qu'il euh revienne. Et qu'il soit plus saint d'esprit votre… chef.
- C'est pas notre chef étranger, c'est un putain d'alcolo qui trouve ça drôle de toucher les nageoires des autres sous prétexte que c'est un super-héros ou un de ces trucs en slibard moulant.
- Hmm.. oui et ce… À quoi Man ? Il fait quoi justement ? Qu'est-ce que je fous là bordel ? Je suis juste un.. gars normal qui se retrouve entouré de… truites et de maquereaux.
S'ensuivit un brusque son de chaise et un cri aigu avant que l'un des clients ne se lève et se dirige vers l'homme.
- T'as dit quoi toi ? On aime pas trop les maquereaux par ici.
- Ouais ! Et pas les requins baleines non plus, même si elles ont un de ces cul frère !
- … Hmm oui… mais… putain je branle quoi ici ? Votre con en slibard m'a amené là et…
Le barfish l'interrompit.
- Quand il baise pas des cignes, l'autre con invite ses potes humains dans ce bar… c'est la première fois que vous le voyez ?
- Ouais… ouais je… je crois. Il m'a juste dit… et il était bourré… "Viens truc, t'as rien à foutre sur Terre."
- … Ow. Truc est le surnom qu'il donne à Jean Bubulle.
- Qui est ?
- Perso je vous trouve plutôt séduisant, mais Jean Bubulle est un thon.
Se tenant la tête avec ses mains moites, il murmura dans un souffle :
- Putain de Croustibat.
Ils luttaient, le temps était contre eux, rien ne pouvait l’arrêter. Leurs mouvements étaient rapides, mais pas assez, aucun d’eux n’était Flash.
Ils avaient pourtant déjà fait ce genre de choses, mais pas avec une pression aussi intense. Ils s’échinaient tous à remplir la tache qui leur avait été transmise. On aurait pu croire à une danse, de l’extérieur, cela aurait sans doute pu paraître beau. De l'intérieur, c'était un enfer. Ils savaient qu’un seul d’entre eux attendrait l’objectif, mais ils donnaient tout de même tout ce qu’ils avaient.
Les doigts virevoltaient dans une course effrénée, comme jamais auparavant. Aucun rapport n’avait été si exigeant, aucun conte n’avait laissé si peu de place à la réflexion.
Mais ils étaient des chrono-challengers et ils iraient au bout quoi qu’il arrive. Car même si un seul d’entre eux finirait au sommet, il n’éclipserait jamais l’aura de ces héros.
L’attente était insoutenable pour l’agent Coulson. Ça faisait quatre putains d’heures qu’il se trouvait dans cet avion cargo. À côté de lui, son coéquipier se roulait une clope, affalé sur le siège.
LARGAGE DANS QUINZE MINUTES
- Dis, comment t’arrive à rester zen en permanence ?
- Hmm ?
- Je veux dire… Avec les choses improbables auxquelles on peut être confronté. Tu n’es jamais stressé.
L’agent Peterson porta sa cigarette à sa bouche.
- Hey, vieux. Stresse pas, de toutes manières c’est qu’une mission de repérage chez un groupe de proto-sarkiques. On entre, on regarde, on sort.
LARGAGE DANS DIX MINUTES
- Putain, je sais pas comment tu fais.
- C’est bien simple. En entrant à la Fondation, tu pensais être le genre de héros qui sauve les populations de choses étranges et dangereuses ? Et bah non mon vieux, t’es qu’une main d’œuvre remplaçable. T’es pas Batman. T’es Personne.
- Le Groupe d’Intérêt ?
- Nan. Juste rien. Alors bosse pour toi-même. Et après ça, nous serons des héros. Mais pour nous.
LARGAGE DANS CINQ MINUTES
- T’es nihiliste.
- Nan, c’est pas ça. Aller, vieux respire un grand coup et prépare ton arme.
L’agent Peterson jeta sa clope. Il se leva et se dirigea vers la trappe. Coulson serra les point, soupira et rejoignit son camarade.
Des sacrifiables, hein.
Pas des héros.
LARGAGE
D-2552 se tourna et se retourna dans le lit dur de sa cellule, impossible de trouver le sommeil après plusieurs heures. Il décida alors de s’imaginer une histoire… Une histoire de super-héros.
Qui allait-il imaginer ? Batman ? Superman ? Spider-Man ? Il se voyait déjà dans un costume de Batman à hurler « I’M BATMAN ». Mais il le dit à voix haute, ce qui lui valut un « TA GUEULE » de la part de ses colocataires de cellule.
Finalement, D-2552 trouva le sommeil, un sommeil plein de rêves, de rêves de super-héros. Mais il fût tiré de son sommeil bien assez tôt, un homme armé ouvrit la porte de sa cellule, et prononça « D-2552, veuillez me suivre s’il vous plait. » Il peina à descendre de son lit, que l’homme armé l’empoigna fermement et le sortit de la cellule. Un autre homme armé ferma la porte depuis un poste de commande à quelques mètres. Un homme avec une blouse et des lunettes s’approcha de D-2552 pendant qu’un des hommes armé le menottait, et dit « D-2552, êtes-vous familier avec le concept de super-héros ? » D-2552 répondit immédiatement « Bien sûr ! J’adore les super-héros !
- Parfait » Dit l’homme avec une blouse. « Suivez-moi, un Agent derrière moi, l’autre qui ferme la marche. » Le petit groupe marcha pendant une bonne petit dizaine de minutes, avant de prendre un ascenseur. Quand la porte s’ouvrit, le groupe continua sa route pendant cinq longues minutes qui semblaient être une éternité pour le pauvre D-2552. L’homme avec la blouse s’arrêta dans un couloir, appuya sur un bouton et une porte s’ouvrit. « Après vous » dit-il, et tout le monde entra.
« D-2552, est-ce que vous avez toujours rêvé de devenir un super-héros ? » dit l’homme en blouse. « Évidemment ! » répondit D-2552. L’homme avec la blouse appuya de nouveaux sur un bouton, et deux portes s’ouvrirent. D-2552 entra dans une pièce, l’homme à la blouse dans l’autre.
« D-2552, est-ce que vous pouvez regarder l’affiche qui se trouve sur le mur à votre gauche ? » D-2552 s’exécuta. C’était une affiche avec un homme pointant du doigt, et avec comme texte « Deviens toi aussi un super-héros ! » La porte de la pièce ou était D-2552 s’ouvrit, et un Agent l’empoigna et le sortit de la pièce pour le mettre dans une autre pièce en face. A ce moment, une seule chose était dans la tête de D-2552, « C’est désormais à mon tour, de réveiller mon potentiel ! »
Les héroïnes de l'ombre :
Un éclat de lumière, un sifflement aigu, un gargouillis puis plus rien. Le corps désormais sans vie de l’agent tomba. Une ombre traversa le champ de vision du deuxième agent de la sécurité. Deuxième éclat, encore un sifflement aigu, un gargouillis puis le bruit sourd d’un cadavre qui s’écroule au sol.
Le sang créa une mare rouge qui s’étendit sur le tapis d’un blanc éclatant. Une main gantelée s’approcha du corps du premier agent et extirpa de la poche de sa veste un pass. La mission était bientôt finie.
« J’ai déverrouillé les deux premières serrures, à toi pour la troisième et la quatrième. »
L’ombre soupira puis sortit un œil ensanglanté de sa poche et l’approcha d’un scan oculaire. Le pass fit taire l’ultime serrure et la porte s’ouvrit.
« Bientôt, tout sera terminé.
- Où en est Ballerine ?
- Elle est bientôt arrivée à la salle de contrôle, tu vas pouvoir sortir sans encombre. »
L’ombre sortit une mallette et s’avança dans la pièce désormais ouverte. Il y avait là tout un tas de fils, de machines dont les lumières pulsaient et vibraient. Au centre de tout cela, un simple tube marqué du symbole « danger biologique ».
Un virus. Mortel. On avait tenté de le voler mais la CMO avait envoyé ses meilleurs éléments sur le coup. Une équipe formée dès la naissance au combat.
L’école des danseuses étoiles.
« Mets-le dans la mallette, j’espère que le stabilisateur va tenir sinon… »
Fort heureusement pour toute l'équipe, la mallette tint bon. Lorsque l’ombre arriva enfin jusqu’au transport, elle put retirer sa cagoule et une masse de cheveux roux flamboyants en sortit :
« Mon dieu, qui a eu l’idée de ses combinaisons ? C’est horriblement serré… »
Cette remarque fut accueillie d'un sourire froid par sa coéquipière.
Quand la CMO détruisit enfin le virus, elle fut félicitée. C’était la première fois que l’école des danseuses étoiles était de sortie. Mission réussie haut la main. Maintenant, elles étaient des héroïnes.
Des héroïnes de l’ombre, rien de plus. Prêtes à servir la lumière pour détruire les ténèbres.
Nous étions une compagnie. Un groupe. Nous nous réunissions en secret avec la plus grande précaution. Comme des ombres, des esprits coincés dans le monde des vivants, les réminiscences de ce que nous avons un jour été.
Ils nous avaient tout pris. Nos propres frères, nos camarades, dédiés à la même cause que nous. Tout était parti d'un désaccord. Une question idéologique. Des débats comme on peut en avoir avec des amis. Mais ils étaient des idéalistes. Comme tous les gens de leur trempe, des gens bornés.
On s'apprêtait à exécuter un plan. Longuement étudié au cours de nos sessions, sur une table austère et entourée de béton humide, éclairée à la simple lumière d'une ampoule simple. Plusieurs d'entre nous étaient présents, des lieutenants. En uniforme et armés, pour la première fois. C'était le signe que l'heure était proche.
La cible était un complexe majeur. Une grande infrastructure, qui pour certains fut une maison, dans un temps désormais révolu. Certains de nos camarades étaient déjà sur place.
Au beau milieu de la nuit, alors que nous étions enterrés dans les feuilles mortes, humides et froides, baissant la tête par occasion pour éviter un faisceau de lumière fatal d'un projecteur, le signal fut diffusé. Une explosion a éclairé la nuit.
Dans la minute, les alarmes, les fusées éclairantes et des coups de feu. L'heure était venue pour nous de réaffirmer notre existence.
Mon commando s'est enfoncé dans la brèche nouvellement créée. Le temps était compté. Il fallait rejoindre notre objectif le plus vite possible. Alors que nous nous enfoncions dans les couloirs, des balles fusaient pour atteindre à la poitrine les malheureux gardes et employés qui étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Après avoir menacé de l'arme un scientifique et gardé une énorme perceuse pendant son labeur, nous trouvions le chemin de la sortie, l'objet de notre attaque sous le bras.
Beaucoup d'entre nous ont péri ce soir-là. Mais la lutte continue.
Car nous avons un devoir, celui de perpétuer la mission. Faire le devoir que les traitres ont refusé d'accomplir.
Nous sommes des ombres. Nous sommes la vengeance. Nous sommes la nuit. Nous ne craignons pas la mort, car notre mission est plus grande que nous ne le serons jamais.
Nous sommes l'Insurrection.
- Ecoute, c’est pas grave.
- Nan, nan. C’est pas grave je te dis. Touche pas à ça, je vais le nettoyer, tu vas juste réussir à te couper avec. Regarde, tu trembles comme une feuille ; déstresse, y’a pas de quoi en faire une maladie.
- Viens, tu prends une chaise là-bas, tu t’assois et t’en profites pour admirer le résultat. Je vais chercher une éponge, bouge pas.
- Tu sais, tu devrais te détendre un peu ; j’ai parlé avec Anguste, il m’a raconté comment tu t’es occupé de l’affaire, t’as fait un très bon boulot. Y’avait bien quelques erreurs au niveau de ton rapport, mais franchement, le seul truc qu’il a eu à redire c’est que t’avais fait des résumés plus volumineux que ce qu’il demandait. T’as vu ? T’as juste fait du meilleur boulot que ce qu’on te demandait : bon, faut quand même que t’apprennes à bien situer les points importants et les informations inutiles, mais ça va, tu vas apprendre.
- Ah ? T’as pas pris de chaise finalement ? Tiens, j’ai ramené quelques apéritifs au passage, t’en fais pas, j’ai remis en place les autres pour qu’on voit pas qu’on en a pris, et c’est pas comme s’ils allaient en manger de ces trucs. J’te parie qu’ils remarquerons même pas la table à la fin de la présentation. Ils auront tellement les yeux comme des merlans frits qu’il remarquerons plus rien d’autre.
- Tu vas voir, avec ça c’est à peine le début d’une super entreprise. Qu’est-ce que je raconte ? Une foutue Organisation mondiale. Ou un Conglomérat, je sais plus le nom. Genre la Ligue des Justiciers, la base spatiale en moins, ou pas, faudra que je demande à Anguste.
- Ah ! Les costumes en moins par contre, ça serait con de passer à la télé habillé comme ça.
- J’ai jamais aimé Superman de toute façon.
Je suis aveugle. Ma vie est basique, nulle maintenant. Je voyais, avant. C'était avant que je ne me couse les yeux. J'ai un certain don… pas terrible. Je vais vous raconter une histoire. La plus belle, pour moi. La description physique des choses n'est évidemment pas de moi mais de mes coéquipiers.
On venait de m'appeler car il y a un léger problème. Beaucoup trop d'enfants capturés par une certaine personne dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Ils étaient une dizaine, on était trois pour les délivrer. C'était perdu d'avance, on ne savait pas où ils étaient. Les sirènes de police retentissaient dans toutes les rues pour localiser ces gosses. Les lumières bleues se perdaient dans les rues. Sans succès. Plus personne n'a entendu parler d'eux pendant des semaines. C'est pas simple de cacher dix gosses. Comme dit plus haut, j'ai un don. La télépathie. C'est comme ça que j'ai pu localiser ces pauvres gamins. On a trouvé par la suite des indices. Ils étaient dans une grotte ou caverne, peu importe. On a foncé dès qu'on a eu l'info. Arrivés là, on a vu personne. On a fouillé la grotte, rien. J'ai trouvé quelques minutes après un tunnel d'accès qui n'avait pas l'air très ancien. Mon don s'est alors activé. J'entendais des cris, des pleurs, de la colère. Au bout de ce tunnel, il y avait de la lumière. Aucun gosse à l'horizon. Il y avait une ombre au loin… qui se rapprochait… lentement… Je reculais avec les deux autres. C'était une masse noire uniforme qui marchait rapidement. Elle me dégoûtait. On a pu trouver seulement deux gosses. A un moment, on était entourés par la masse noire. On ne pouvait plus fuir. C'est grâce à l'un des deux qu'on a pu partir. Il s'est sacrifié pour nous. Le gosse qu'on a récupéré est terrorisé. Il est à moitié transformé… On a pas pu le sauver. Après cela, ils étaient tous, au final, des héros.
Après cela nous serons des héros
Les premières lueurs du soleil levant traversaient la fenêtre lorsqu’il se réveilla. Aujourd’hui était décisif, aujourd’hui lui et ses 23 coéquipiers changeraient l’Histoire. Il se préparait mentalement à la tâche qui l’attendait, il prépara ses affaires et se rendit dans la salle de bain, il se regarda dans le miroir et pris des poses de super héros comme Superman, « Tu vas tout défoncer ! ». Il rejoignit ses camarades pour le déjeuner et tenta un discours pour mes motiver : « Aujourd’hui mes frères est un jour spécial, aujourd’hui, il faudra tout donner, aujourd’hui est notre victoire, et après cela nous serons des héros, aujourd’hui nous marqueront dans l’Histoire ce 15 juillet 2018 ».
Chrono-Challenge n°11 (06/04/2018)
Le thème était : "Au fond du gouffre" et la durée 30 minutes.
Les participant.e.s avaient comme contraintes de commencer leur texte par "Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui" et d'utiliser le mot "dégringolade".
Les votes sont terminés !
C'est le Texte A que la majorité des votants a désigné comme un de leurs deux textes préférés (avec 8 votes), le gagnant est donc Dr Lekter ! Les autres textes peuvent être retrouvés juste en-dessous, classés par ordre de popularité.
Petit bonus pour le bonheur de vos yeux, Une illustration du thème, par Duke Lox.
Au fond du gouffre
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui, j'ai touché le fond.
Partout autour de moi, je l'entends. Tic. Tac. Une sinistre métaphore de ma condition éphémère.
J'étais quelqu'un d'important. J'ai été formé des mois, des années durant pour résister à…
Curieux comme on en revient toujours au temps, n'est-ce pas ?
Tic. Tac. Tic. tac.
Wilson sourit. Il ne tiendrait plus très longtemps.
Dans le doute - il avait toujours été impatient de nature, mais il n'en aurait bientôt plus aucune raison -, il ajouta une horloge aux autres.
Tic. Tac.
Il commençait à se perdre. Bientôt, il craquerait, et il dirait tout.
Et l'homme sans visage deviendrait le nouveau maître de la partie. La dégringolade.
Impossible.
Tic. Tac.
Tic. Tac.
Il se sentait les mailles de son armure mentale lâcher les unes après les autres.
Il tenta à nouveau de se boucher les oreilles, mais il sentait le bruit infernal par vibration, à travers les murs et le plancher.
Il tomba à genoux.
Tic. Tac. Tac. Tac. Tic.
C'était même pas régulier, bordel.
Tic.
Wilson regarda l'homme dans la cellule et sourit.
Bientôt.
Il était conscient de n'être rien à l'échelle de l'univers, mais le temps, lui, était tout.
Et tous les hommes en étaient conscients, au plus profond d'eux-mêmes.
La finalité de cet univers, de ce multivers, peu importait, c'était le temps.
Il suffisait de truquer un peu le processus pour tirer sur cette goupille mentale, que tous enfouissaient le plus profond possible dans leur inconscient.
Il allait craquer.
Tic. Tic. Tic. Tac.
Putain de bordel de merde. Il fallait penser à autre chose.
Tic.
Tac.
Tac.
Surtout pas à ce bruit.
Tic.
Il sentait des larmes couler sur ses joues, sans avoir l'impression que ses yeux étaient humides.
TicTacTicTicTacTicTacTacTacTic.
Le sourire de William Wilson s'agrandit, révélant deux rangées de dents étincelantes.
Une haleine impeccable.
Le plus dur, ç'avait été la taille, qui n'était pas exactement la même.
Mais c'était réglé maintenant.
Toute sa vie, il s'était caché derrière des titres et des mesures de sécurité. Il savait qu'il n'était pas assez fort pour tenir sous la torture.
Tic. Tac.
Mais il avait tout fait pour paraître fort. Envers et contre tout.
Tac.
Tac.
Tic.
Il n'en pouvait plus. Il ne pouvait pas accepter de perdre la raison comme ça.
Tic.
« Arrêtez ! Arrêtez, par pitié. Je vais vous le dire. »
Il appuya sur le bouton. Le bruit s'arrêta.
« Ne vous inquiétez pas, je vous entends. Allez-y. »
« Cinq, six, sept, quatre, quatre, neuf, huit, cinq, neuf, trois, deux, sept, six, neuf, un, quatre, zéro, huit, trois, un, deux, zéro, deux. »
Il venait de perdre son identité. Pour la donner à un inconnu. Tout ce qui lui assurait son existence, son honneur.
Mais ça s'était arrêté.
Les larmes continuaient de couler, mais c'étaient des larmes de soulagement à présent.
Il nota le dernier chiffre et enfila son manteau.
Il pouvait partir.
« Merci, Garrett. »
Garrett était affalé dans un coin, pleurant toutes les larmes de son corps.
Il savait que l'autre était parti, à présent.
Puis il entendit un bruit.
Tic. Tac. Tic. Tic.
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Hier, j’étais au sommet. Aujourd’hui, et bien je le suis toujours, même plus haut !
Je dois dire que la seule chose qui m’intéresse, c’est ce pourquoi les gens se souviendront de moi. Ce qu’ils penseront de moi. Ce qu’ils retiendront de moi. Ce qu’ils sauront de moi.
Tout pour moi. Une fiancée, un futur enfant. Je suis au sommet.
Hier, j’étais au sommet. Aujourd’hui, j’ai un peu descendu. Une petite chute, rien de grave. J’ai découvert une chose assez étrange. Une sorte d’entreprise. Une Fondation. En fait, c’est eux qui m’ont trouvé, ils veulent que je travaille pour eux. Parce que mes travaux sur la physique atomique et nucléaire les intéressent, visiblement. Je ne sais pas quoi penser. Je n’en ai pas parlé à ma femme, car, pour le moment, ce sont les mêmes choses qui m’intéressent.
Hier, j’étais au sommet. Aujourd’hui, je ne le suis plus, mais j’essaye de remonter ! J’ai accepté le travail assez bien, voire très bien, payé de la Fondation SCP. Les anomalies ne me font pas peur, je souhaite les étudier de plus en plus. Ce travail est absolument formidable. À part le fait que je ne peux rien en dire à ma femme. Qui c’est ce qui pourrait lui arriver sinon ?
Hier… Peut-on vraiment dire que j’étais au sommet ? Que je l’ai vraiment été un jour ? Je pense que comparé à maintenant, je peux dire oui. Une véritable dégringolade, c’est ce que ma vie a fait ces derniers mois. J’ai raté la naissance de mon fils, et j’ai passé plus d’une semaine sans même savoir son prénom ! Aujourd’hui, rien ne m’intéresse plus que de quitter la Fondation SCP. Et toutes ces anomalies… absolument exceptionnelles…
Aujourd’hui, je suis au fond du gouffre. Tout ce qui m’intéresse à présent, c’est ce que les gens pensent de moi. Ce qu’ils retiennent de moi. Ce qu’ils savent de moi. Ce que mon fils aura retenu de son père. Il doit avoir six ou sept ans à présent, et je ne l’ai pas vu beaucoup plus de fois que ce chiffre. Ces choses, ne sont même pas humaines. Et je leur ai accordé plus d’importance qu’à ma propre famille. Je les aime. Peut-être pas eux. Je crois que Maiwen s’est remariée, et a un autre fils. Mais je l’aime. Jamais je ne la reverrais.
Je veux sortir.
Aidez-moi.
Cet endroit est horrible…
Rempli de personnes qui ont abandonné l’espoir.
Un jour, je reverrais la lumière du jour.
Un jour, je sortirais du gouffre.
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui je suis devenu un saumon.
Pourquoi ? Juste… Pourquoi. Il n’y avait aucune raison à cela. J’étais un des O5. J’étais O5-1, la tête du conseil. Tous mes confrères étaient admiratifs devant ma sagesse, bien que tous ces regards attentifs et intéressés à chaque fois que je prenais la parole me gênaient.
J’ai pris les décisions les plus importantes, notamment avec la création du Comité d’Ethique.
J’ai fait les plus lourds sacrifices, ceux qui déchirent une partie de notre humanité : je suis le créateur de la tragiquement célèbre procédure 110-Montauk.
Dans la vie j’ai dû faire des choix. Tous. Enfin, je croyais les avoir tous faits. En tout cas je n’avais jamais fait celui de devenir un saumon, animal aussi… aléatoire parmi tant d’autres. Je n’ai pourtant rien fait qui impliquait de le devenir, tous mes calculs étaient bons.
Alors juste… Pourquoi ?
Pourquoi d’O5 je suis passé à saumon. Pourquoi une telle dégringolade ? Je n’ai pas compris cette décision.
Certainement car elle ne venait pas de moi.
Ni d’un des millions d’employés que notre conseil, enfin mon ex-conseil plutôt, régit à chaque seconde, et que je pourrais manipuler sans problème.
Elle venait de ceux que je considérais comme mes semblables. Ceux que je ne pouvais pas manipuler, juste influencer.
Cette nuit, alors que nous discutions pour parler de l’alternative du Site-Alma, décision qui divisait le conseil, bien que j’essayasse d’adopter un point de vue neutre et objectif, le conseil s’est tu. Certes, il pouvait se taire, en cas de vote à main levée, ou quand je parle. Mais pas comme cela. Je n’ai même pas parlé. Aucun vote n’était invoqué. Rien. Ils ont juste subitement arrêté de parler, ou même de bouger. Cet état m’a vraiment perturbé, mais ce n’était pas pire que lorsqu’ils ont tous en même temps tourné lentement la tête vers une direction précise et très surprenante : moi. Jamais ils n’avaient fait ça. Je ne comprenais pas. Nemo et le Nautilus frappaient-ils encore ? Non, nous avions totalement bloqué la menace et endigué 113-B. Un anti-mémétique s’était-il introduit dans la pièce ? Aucun risque, les défenses du conseil O5 sont absolument impénétrable sans être l’un d’entre nous. Je ne saurais toujours pas. Mais ce que je sais par exemple, c’est qu’ils se sont tous levés, toujours en même temps. Je ne comprenais pas. Puis ils ont tous avancé vers moi, avant de s’avancer vers moi, avant de tous m'agripper par les bras, les jambes, le cou… S’en est suivi un échange terrible, qui restera gravé dans ma mémoire :
“- Mais enfin, que faites-vous, mes confrères ! m’exclamais-je.
- Il n’y a plus de confrères pour vous, m’ont-ils répondu, tous d’une même voix, gutturale, non-humaine.
- Mais enfin-
- Vous n’êtes plus O5-1. Vous n’êtes qu’un individu parmi tous les autres, comme vous et tous les autres membres du conseil O5 l’avez toujours été.
- Mais qui êtes-vous donc ?
- Vous ne comprendrez pas. Je ne suis pas un individu. Je ne suis personne. Pardon, je suis Personne. Et il se trouve que votre existence en tant qu’O5-1 dérange mes plans.
- Mais quels plans, à la fin ?
- Hehe… Vous le savez très bien. Les mêmes que vous.”
Alors mes camarades sourirent tous avec un visage mauvais et je perdis connaissance. Et à mon réveil… Voilà.
C’est comme cela que je suis devenu un saumon. Pourquoi un saumon, je ne sais pas. Mais je vais devoir faire avec. Et apparemment, on m’a attribué à un docteur, Salmon je crois. Je l’avais oublié lui. Au moins je vais pouvoir le surveiller. Il a beau être sourd, ce qu’il sait est inestimable.
Mais peu importe cette situation.
Je suis un saumon.
Au fond du gouffre de l’identité humaine.
O5-1 est devenu un saumon.
Hier j'étais au sommet.
Aujourd'hui… j'imagine que c'est une question de perspective.
Moi et mes collègues enquêtaient sur une anomalie qui intervenait sur l'écoulement du temps, dans les Alpes. Toutes précautions étant prises, nous avons commencé nos analyses pour en identifier la cause. Nos semaines de travail nous ont pointés vers un bunker, encastré au plus haut point d'un mont, sans entrée apparente.
Cela va de soi que, FIM et Classes D en soutien, nous nous sommes aventurés dedans. On savait que c'était risqué, mais ça fait partie de notre métier.
Nous sommes tombés sur le bâti à l'architecture familière, mais complètement incohérente. Progresser était difficile. On aurait dû se douter de quelque chose quand on a remarqué que chaque porte avait une marche étrange à leur base, comme sur les bateaux. Ou quand on a trouvé un local rempli de combinaisons spatiales.
Nous avons finalement trouvé l'apparente source de l’anomalie. Une pièce avec un bureau renversé et un carnet collé au plafond. On pouvait lire son nom d'en bas : "La Chute". On aurait dû s'en douter.
Juste avant d'envoyer le Classe D récupérer le carnet, j'ai eu un pincement au ventre. Comme à chaque fois que l'on touche à ce que l'on ne connaît pas. Dès que le D a posé la main sur le carnet, sans difficulté, j'ai compris l'erreur qu'on venait de commettre.
Une seconde je tiens mon calepin à notes, une autre tout est flou. Tout part en vrille. C'est la dégringolade. Nous sommes tous tombés en même temps, éclatés contre le plafond. Un collègue est mort sur le coup, les cervicales cassées net par le choc. Du bunker, on entendait dehors un vrombissement gigantesque, comme une très grosse vague qui se déplace. Nous avons perdu les communications avec le QG. C'était la panique totale.
Après avoir repris nos esprits et s'être rendus compte de l'ampleur de ce qui venait d'arriver, l'architecture de l'abri prenait un sens. Tout faisait du sens. Parce que celui-ci avait été construit exactement à l'envers. Nous avions littéralement changé de sens et à en juger par le son dehors, le monde aussi.
Pendant plusieurs jours, nous avons survécus grâce aux rations qui était désormais accessibles. Mais beaucoup ont pris une autre option. Il sautait par le trou qu'on avait fait pour rentrer. Je n'avais pas osé regarder à travers pour voir à quoi ressemblait l'extérieur.
Après un mois à survivre sur les rations, nous ne sommes plus que deux de la dizaine que nous étions à l'origine. Elle ne veut pas que je fasse comme les autres, mais il faut se rendre à l'évidence : tout ceci n'a littéralement plus de sens.
J'ai attrapé une combinaison spatiale et en amour de la science, un carnet de notes. Et j'ai sauté.
J'ai chuté. Dans le grand abysse.
Dehors, les montagnes étaient vides. Lunaires. Toute la neige avait disparue. Le ciel n'était pas bleu, mais d'un noir complet. J'ai chuté. Et encore.
Après un certain temps, j'ai commencé à croiser des objets. Des immeubles. Des maisons. Des voitures. Des arbres et de la végétation, arrachées. Et des gens. Qui tombaient également, moins vite que moi.
Je ne sais pas ça fait combien de temps que je tombe. Mais j'ai arrêté de compter. Je suis en train de me déshydrater et je pense ne plus en avoir pour longtemps.
En amour de la science, j'écris ce message. Foutu carnet.
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui, je suis au fond de cette cellule, avec trois autres mecs qui me regardent bizarrement depuis mon retour de cette espèce de salle de test. Je préfère ne pas leur dire ce que j'étais avant, même s'ils me l'ont déjà demandé plusieurs fois. Je leur réponds systématiquement que j'ai perdu la mémoire. Je sais très bien ce qu'on peut faire prendre aux Classe-D ici.
Oh, ma dégringolade ! Je ne pourrai jamais l'avouer à qui que ce soit. Et surtout pas à mes nouveaux camarades de chambre. S'ils savaient ce que j'ai pu faire à certains… Ils pourraient me battre à mort ou se m'humilier jusqu'à la fin. Le docteur S, réputé pour la qualité de ses travaux, qui se retrouve en combinaison orange avec un matricule commençant par un D. Ouais, ça vous fait rire, hein ? Attendez, vous avez pas vu la suite.
Mes codétenus si.
Et je ne sais pas s'ils ont peur ou s'ils se retiennent de rire.
Si je leur disais que c'était suite à une expérience ratée ?
Ouais, j'avais la charge d'un poisson. Un putain de poisson avec des putain de dents, qui sourit en permanence. Terrifiant, hein ? Je le regardais tourner à 2000 tours par minutes, tellement que ça m'en foutait la gerbe.
Des fois, il stoppait net, et m'observait en bullant. Ça faisait « blblblb ». C'était marrant, et très bizarre.
Un jour, il a prononcé la lettre D. Je suis allé voir mon directeur et j'ai demandé à faire une expérience sur ce putain de poisson que j'ai cru être intelligent.
Et je suis là. Je ne sais même pas pourquoi. Dans cette cellule. En combinaison orange. A tourner en rond éternellement en portant un putain de bocal, croyant que ça va me donner une promotion.
Un putain de bocal avec un putain de saumon qu'on a pas voulu cuisiner.
On a oublié le docteur S, on l'a appelé D-1202
Le poisson ?
Ces connards l'ont appelé Hinault.
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui, je suis tout en bas. Pas en bas de l'échelle, non, mais vraiment en bas, au sol, au fond d'un foutu gouffre situé en pleine chaîne de montagne des A████.
Tout a commencé lorsque j'ai reçu l'appel. Mon devoir. Ma mission. Un skip à confiner, mon premier. J'espérerais très vite monter en grade avec cette mission. Mais je suis si naïf…
Mes coéquipiers ont disparu. Ils viendront peut-être me chercher, ou ils se sont peut-être fait attraper par le skip. Je n'en sais rien. Ma radio est cassée. Je ne peux pas bouger. J'ai dû faire une dégringolade d'une dizaine de mètres dans ce gouffre. J'ai mal. Il n'y a rien autour de moi, à part de la neige, de la glace et de la roche. On dirait qu'il y a un tunnel.
Il faut que j'essaye de me relever, je dois bouger, les retrouver ou fuir. Ils ont peut-être retrouvé le skip et l'ont peut-être capturé. Je n'en sais rien, je n'entends rien. Mes membres répondent, je peux de nouveau bouger… difficilement, mais c'est déjà ça.
Ma torche fonctionne au moins. J'ai de quoi survivre plusieurs jours mais je dois sortir d'ici. Je n'ai pas envie ni l'intérêt à moisir ici, surtout si une foutue entité anormale est dans les parages. J'ai mon arme au cas où mais d'après les Renseignements, je n'en aurai pas besoin. Par contre… je ne sais plus pourquoi… j'ai juste… oublié. Pourquoi ?
Tiens, c'est bizarre ça, il y a quelque chose au fond du tunnel… de… de l'or ? Ce… c'est de l'or ? Bon dieu, je vais prendre ça, on ne sait jamais. Bordel, c'est bien coincé entre la roche.
Nnngh… nggghhaaa voilà ! Mmmh… elle ne brille plus à la lumière maintenant… elle devient… de la roche ? Qu'est-ce qu'il se passe bordel ? Et qu'est-ce que je fous là en fait ? Je suis où ? Je… comment j'ai atterri là ? Je… j'ai mal… la roche… elle bouge…
Je crois que je vais mourir. Je ne me souviens plus de la raison de ma présence ici, mais je sais au moins mon nom et de pour qui je travaille. J'aurais bien voulu me rappeler de ma famille, si j'en ai une, avant de mourir.
Je suis l'Agent G█████ et je travaille pour la Fondation.
[Enregistrement audio de l'Agent G█████ trouvé par des randonneurs dans les A████]
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui, je me rends compte que je n'y avait jamais été.
70 ans, et le titre de O5-1. Les 4 caractères qui rendent envieux tous les employés qui étaient sous mes ordres. J'étais le régent, celui qui prenait toutes les décisions les plus importantes. Celui vers qui on se tournait lorsque la Fondation tremblait face à une terrible menace. J'avais accès à toutes les anomalies que je désirais. Je claquais des doigts, et on m'apportait sur un plateau d'argent un téléphone contrôlant le climat. Si j'étais arrivé jusque-là, c'était grâce à ma détermination, mon intelligence, et mes capacités hors du commun.
C'est sur cette dernière illusion que je me trompais au plus haut point.
Lorsque j'avais atteint le niveau accréditation 4, on m'avait placé sous surveillance, comme c'était l'usage. Comme tout ces gens, j'étais un potentiel O5. Mais maintenant, je m'en rends compte, je n'y serais jamais arrivé sans un "coup de main" extérieur. Venant d'une vieille connaissance : Marshall, Carter and Dark.
Je travaillais à l'époque en tant que directeur d'opérations sur le terrain sur une affaire impliquant cette organisation. Un robot incroyablement avancé errant dans le Kansas en portant sur son torse une étiquette mise en évidence, le décrivant comme étant la propriété de MCD. Ni dangereux, ni agressif, mais très intriguant. Il déblatérait un baragouin incompréhensible, qui fut plus tard décrypté, pour donner une succession d’algorithmes sans queue ni tête. M'être approché de lui à moins de dix mètres changea ma vie.
Il portait sur lui un dispositif, caché via une anomalie inconnue, dans une strate en trois dimensions parallèles à la nôtre. Le plan était excellent. Ce dispositif, également anormal, sauta du robot pour se coller à ma tête. Cela permit à Marshall, Carter and Dark de contrôler subtilement mon cerveau, pour "booster" mes capacités. J'ai grimpé les échelons à une vitesse phénoménale, avec cette chose collée à mon esprit, jusqu'au trône du plus haut gradé.
Bien sûr, ils n'étaient pas désintéressés. Ils se servaient de ce dispositif pour me faire accomplir inconsciemment des actes qui allaient dans leurs intérêts. Détournement de fond, couverture d'une de leurs transactions qui aurait été découverte.
Leurs manipulations furent découvertes lorsqu'un être en quatre dimensions vint visiter la nôtre, pour y faire des conférences. Il remarqua bien vite ce parasite, et s'empressa de le signaler, puis de le désactiver. Malgré tout, il ne pouvait le retirer.
Mais après, cela fut la dégringolade. Mes privilèges d'O5 furent bien évidemment retirés, et on alla jusqu'à m'enfermer dans une cellule, à cause de cet objet toujours collé à mon cerveau. Moi, qui les avait tous dirigé. Moi qui aurait donner l'ordre de tous les exécuter.
Je suis maintenant au fond du gouffre. Emprisonné comme un rat, mes belles facultés mentales réduites à néant.
Une vie transformée en poussière.
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui, je ne fais que contempler mon inexorable chute vers l’infini. Je regarde ma montre. Cela ne fait que quelques heures que je tombe.
Que quelques heures.
Oui, que quelques heures car je suis loin de mon atterrissage. Qui aurait cru qu’un simple accident, une simple dégringolade ait des conséquences aussi… infinies.
En quelques heures, j’ai eu le temps de penser à beaucoup de choses et je comprends maintenant pourquoi Lewis Caroll a fait dire à Alice des tas de choses insensées pendant sa chute dans le terrier du lapin.
Il est vrai que j’ai essayé de calculer à quel moment je devais arriver au centre de la Terre. Mais j’ai vite abandonné car je suis nulle en maths et en physiques, je n’ai jamais eu mon bac d’ailleurs.
Après ces quelques considérations cartésiennes, j’ai commencé à me remémorer des moments de ma vie.
D’ordinaire, quand on meurt, cela ne dure que quelques secondes qui durent des plombes pour que tu puisses voir défiler ta vie devant tes yeux. Imaginez alors ce qu’il se produit lorsque ta mort ne doit arriver que dans un laps de temps tendant vers l’infini et que ta vie décide de défiler. On a le temps de s’attarder sur chaque détail, chaque minute de son existence. Des souvenirs enfouis ont le temps de remonter vers la surface, délivrés par notre inconscient en panique.
Je me vois dans cet orphelinat où j’ai grandi. Je me vois punie, de nombreuses fois, par la maîtresse parce que je préférais dessiner et écrire des petites histoires sur mon cahier plutôt que d’écouter les cours. Je me revois amoureuse et j’ai alors l’impression de tomber à nouveau sous son charme.
Suis-je en train de pleurer ? Je ne sais pas. Je vais trop vite pour mes larmes.
Je me vois effrayée alors que les forces de l’ordre m’attrapent. J’ai juste eu le malheur de l’aimer.
Oui, je crois que je pleure. Intérieurement, mon cœur répand des larmes glacées dans mon corps.
Enfermée dans des camps, maltraitée, torturée pour être ce que je suis. Puis, condamnée à mort. A la dernière seconde, on me sauve. L’ONU ? Amnesty International ? L’Union Européenne ?
Non. Juste Elle. Elle m’a emmenée de force, Elle a fait revivre pour moi les histoires que je m’inventais et qui étaient désormais couchées sur un cahier détruit par les flammes.
Tout a brûlé. Ma vie aussi. Triste conclusion pour une triste existence.
Mes pensées deviennent étranges. Je regarde autour de moi. J’ai l’impression idiote que ce n’est pas moi qui tombe mais bien l’endroit où je suis qui grandit. Il joue avec mes sens, mes perceptions, mes nerfs.
Je peux pas regarder en bas, je suis dos à ma fin. Je ne pourrai même pas la voir.
Alors ? Quelle longitude ? Ou latitude ? Je ne sais plus. Alice n’a pas su non plus. Mais elle, elle avait au moins un lapin en retard pour l’aider.
Ou alors, peut-être qu’il y en a un en-bas ? Ou une personne qui me rattraperait au dernier moment ?
Peut-être que si je continue à tomber, je finirai par bel et bien traverser la Terre et la gravité s’inverserait. Mais alors ? Je tomberai dans l’autre sens, puis dans l’autre ? Je finirai par flotter au centre de la Terre ?
Non, c’est idiot. On ne peut pas traverser la Terre car elle n’existe tout simplement plus. Ce terrier de lapin m’a amenée dans un autre monde où le temps ne semble pas exister.
Les distances non plus.
En effet, le cri est toujours à la même intensité. C’est bizarre, j’aurais juré qu’il n’y avait que deux cents mètres entre lui et moi.
Au fur et à mesure, ce cri qui m’accompagne et me transperce le corps comme milles lames de rasoir se transforme en une complainte. Une complainte que je reconnais. C’est elle.
« Zoya ! C’est moi ! »
Mais ma voix ne semble pas porter suffisamment loin. Peut-être que si je tombais un peu plus, elle finirait par m’entendre.
« Zoya ! Je suis là ! J’arrive ! »
Mais elle ne m’entend toujours pas. Je répète alors son prénom plusieurs fois. Inlassablement. Jusqu’à en perdre la voix.
Mais rien n’y fait. Elle est toujours là, à pleurer et à crier mon nom.
Au bout de quelques instants, la voix commence à prendre de l’ampleur. Je m’approche…
« Zoya ! Tu m’entends ! »
Mais il semble que ma voix quitte mon corps et reste en suspend alors que je tombe encore plus bas.
La voix gagne en puissance. Je l’entends clairement. Elle a peur dans le noir, elle veut me voir, elle…
Je suis au fond du gouffre.
« Vous avez entendu ?
- Non, docteur. Vous pouvez repasser le moment, s’il vous plaît ? »
Le docteur Seth fit défiler la bande son jusqu’à revenir au bon moment puis appuya sur un bouton. Le Docteur Stanford, accréditation de niveau quatre, se baissa, le visage impassible, et tendit l’oreille. On pouvait bel et bien entendre la voix de Zoya, ou D-2587, qui, tel un simple souffle de vent, murmurait d’un ton menaçant :
« Un jour, tu payeras ta dette, Fondation. »
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui, je sens que la fin approche.
Une journée comme les autres à la Fondation. Tout était normal. Le personnel se comportait comme d'habitude, les tests s'effectuaient sans encombre, les rapports passaient de dossiers en dossiers…
Cependant, ils ne savaient pas quel danger planait sur la Fondation.
Cette fois-ci, ce n'était pas à cause d'un énième assaut d'un groupe d’intérêt. Ce n'était pas non plus une rébellion de Classes-D, ni une brèche de confinement d'un objet Euclide, et encore moins une erreur de Gilbert, le stagiaire…
Et si le personnel ne se doutait de rien, c'est parce que ce danger n'était pas comme les autres…
C'était invisible.
C'était immatériel.
C'était imprévisible.
C'était seulement des chiffres et des courbes.
Et pourtant, c'était l'une des menaces les plus grandes qui pouvait peser sur la Fondation.
Cette fois-ci, cette courbe qui dégringolait, encore et encore au fur et à mesure que les heures passaient, pouvaient bien annoncer une nouvelle période sombre pour la Fondation.
L'état réduit le budget qui nous est accordé.
La courbe dégringole…
Les coûts élevés des deux dernières brèches s'ajoutent à cet immense calcul.
La courbe dégringole…
Le tableau se remplit encore de nombres en tous genres : Actions, factures…
La courbe dégringole…
Cette courbe, montrant l'état financier de la Fondation, est désormais à un niveau extrêmement bas.
Et pourtant, le reste de la Fondation semble paisible, ne réalisant pas du danger déjà présent
J'aurais probablement du mieux gérer l'argent ? D'autres diront que ce n'est pas ma faute ?
Mais à cause de moi, la Fondation est désormais au fond du gouffre.
Hier, j'étais au sommet. Aujourd'hui, me voilà en tenue orange, un fusil presque collé à mon dos tandis que je marche dans des couloirs sombres d'un bâtiment aux airs inquiétants d'asile psychiatrique. Pourtant, je ne suis pas fou. Certes, je l'ai assez été pour confier trois des documents les plus secrets de la compagnie à un sous-traitant qui m'avait pourtant personnellement assuré sa loyauté à toute épreuve. Et très exactement cinq heures et dix-sept minutes plus tard, j'apprends qu'un mandat d'arrêt a été émis à mon encontre. Je l'apprends de la bouche de l'officier venu me passer les menottes, accompagné d'une bonne demi-douzaine de baraqués en casque à visière teintée et gilet pare-balles. On aurait dit le GIGN, alors que ce pourquoi ils m'arrêtaient devait bien être la pire chose que j'aie pu faire de toute ma vie. J'ai juste tué un homme. Un accident lors du test d'un des tous premiers prototypes sortis tout droit du génie de Yannick. Un brave gars, ce Yannick. J'avais eu raison de l'embaucher alors qu'il venait à peine de sortir de son école d'ingé. Je me suis toujours vanté de savoir flairer le génie là où il est encore tout frais. Toujours est-il que la corporation a couvert l'événement, et que Yannick a reçu… une prime pour aide spéciale aux intérêts de la société. C'était il y a, quoi ? Bientôt vingt ans. Le pauvre mec, celui à cause duquel je suis maintenant dans un ascenseur grillagé, en train de lentement descendre dans les profondeurs de cet enfer… il avait été recueilli dans la rue. Je pensais pas que qui que ce soit remarquerait un clochard disparaissant du jour au lendemain. Ça arrive tout le temps, et personne ne se pose jamais de questions. On se contente de se dire, d'un air nonchalant : "ah, tiens". Et encore, seulement quand on y prête attention. Tout ça pour dire qu'il a vraiment fallu que je sois le dernier des abrutis pour confier un dossier de ce genre à une obscure start-up de conseil en innovation, infoutue de raturer dès qu'elles leur parviennent les mentions pourtant clairement dangereuses si jamais elles tombent entre les mains d'un stagiaire trop sensible… Ah, et ces enfoirés de bureaucrates de l'État, en plus de passer à deux doigts de nous arracher la peau des fesses chaque année, ont également été infoutus de ne pas mélanger mon dossier à la pile qui devait sûrement bien être étiquetée en rouge "Terroristes". Se retrouver dans le même fourgon qu'une bande de skinheads tatoués de la tête au fondement, crachant par terre et s'envoyant des insultes plus vides de sens que le blabla des stagiaires fraîchement arrivés, espérant tous qu'on voie le talent qu'ils cachent pour les faire propulser au plus haut dans la hiérarchie (le problème étant que, le plus souvent, il est tellement bien caché que c'est comme s'ils n'en avaient pas)… eh bien, ç'aurait sans doute été la pire partie si ledit fourgon ne s'était pas soudainement arrêté et ouvert dans un souterrain, duquel ont émergé une trentaine de baraqués comme ceux qui étaient venus me chercher… mais portant un logo bizarre, trois flèches pointant vers le milieu d'un cercle, au lieu de l'habituel bleu-blanc-rouge de nos chères forces de l'ordre. La "Fondation SCP", qu'ils ont l'air de se faire appeler, mais impossible de comprendre ce qu'ils attendent de moi. Ah, voilà que la dégringolade s'arrête et que les portes s'ouvrent. On doit bien être tout près du neuvième cercle, maintenant. Ok, ok, calme-toi, le baraqué, pas la peine de m'enfoncer ton canon dans le dos. J'avance, voilà. Encore des couloirs… encore, et encore des foutus couloirs à peine éclairés… tiens, on est enfin arrivés à destination ? Attend- merde, je suis dans le noir. Ils ont ouvert et fermé leur putain de sas plus vite que je ne sais quoi. Attendez, qu'est-ce que c'est que cette m-
Le thème était : "Au sommet" et la durée 30 minutes.
Les participant.e.s avaient comme contraintes de commencer leur texte par "Hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui" et d'utiliser le mot "escalade".
Les votes sont terminés !
C'est le Texte G que la majorité des votants a désigné comme un de leurs deux textes préférés (avec 4 votes), le gagnant est donc Fouin ! Les autres textes peuvent être retrouvés juste en-dessous, classés par ordre de popularité.
Au sommet
Hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui nous y sommes tous.
On dit que l'amertume rend créatif. C'est un peu glauque, comme point de vue. Mais ça s'est bien appliqué à moi. Je me revois encore foncer à travers le labo, documents sous le bras, en direction du bureau du chef de service.
Cela faisait des mois qu'on travaillait sur cette nouvelle sorte d'amnésiques. Un amnésique révolutionnaire, plus subtil mais plus puissant que tous ceux qui ont jamais été synthétisés par les laboratoires de la Fondation. Son effet est multiple. Il permet de faire oublier des souvenirs précis, mais également de rendre l'esprit docile. On pouvait même fabriquer des souvenirs, sans passer par des procédures complexes de manipulation mentale. Facile à transporter et s’inoculait par simple inhalation, aucun effet secondaire, aucune limite à ses capacités. Un rêve pour notre organisation.
Un rêve qui est malheureusement devenu réalité.
Avec cette solution miracle, l'escalade vers la puissance était inévitable. Quand la Fondation s'est rendu compte qu'elle n'avait même plus besoin de se dissimuler, tout est parti en vrille. Ce gaz pacifiant a été répandu sur tous les continents. Tous les centres urbains. Il a réécrit l'histoire et a façonné notre futur. Devant tant de puissance, du mouvement a eu lieu au sein de l'organisation. On dit que de nouveaux directeurs ont été engagés. Même que le Conseil a été dissous puis remis en place.
J'avais gardé la synthèse de l'antidote pour moi. Je ne l'ai jamais communiquée. Je suis le seul à être administré.
Aujourd'hui, je vois le monde tel qu'il est vraiment. Je fais semblant d'être comme les autres et je n'ai pas vraiment à être vigilant. Le gaz est si puissant qu'une police n'est même pas nécessaire pour arrêter ce qui est en train d'arriver.
Je me tiens en face de là où il y'avait une mairie, dans une autre époque. Je vois le symbole de la Fondation et ses flèches gravées de façon monumentale sur les quatre murs de l'édifice. Je vois la bannière, à effigie des 13 dictateurs - dont mon ancien chef de service -, qui couvre toute la face avant de l'édifice.
Le monde n'a pas vraiment changé. Les gens continuent à courir le long des rues et à prendre des selfies. Comme si tout allait bien. Comme si tout ce qui était en train d'arriver était normal. Comme si tout le monde acceptait la présence omniprésente des nouveaux chefs du monde, bienveillants et protecteurs.
Je dispose toujours de l'antidote. Je pourrais tenter de l'administrer au plus de gens possible et essayer de les rallier à ma cause. Créer un mouvement de résistance. Mais de résistance contre quoi ?
En dehors de leurs délires mégalomaniaques, la Fondation continue de jouer son rôle. Pourquoi voudrais-je provoquer la plus grande brèche de confinement de son histoire ? Pour être un sauveur de l'humanité ?
Aujourd'hui, j'ai fini de synthétiser dans mon laboratoire personnel l'antidote… pour mon antidote. J'écris ce document par humanisme, je suppose. Nous n'avons jamais été plus haut, mais j'ai le sentiment que cela ne va jamais s'arrêter. Combien de temps avant que le Conseil décide que la mission de la Fondation n'est plus simplement celui de protéger l'humanité contre l'anormal, mais de la protéger tout court, d'en prendre le contrôle ?
Je ne veux pas vivre avec la culpabilité d'avoir mis en esclavage l'humanité, mais je ne veux pas non plus la détruire en provoquant le chaos global. C'est un non-choix. Que dieu me pardonne.
Les autres participations sont juste ici !
- E : Judas (3 votes)
- B : Holt (2 votes)
- A : Jason Fox (2 votes)
- F : Goupil (1 vote)
- D : Prima (1 vote)
- H : Bender Laxouelta (0 vote)
- C : Gaben (0 vote)
Hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui il n’en est plus rien. Je n’étais qu’un pauvre classe-D. Destiné à servir de croquettes pour lézard géant ou comme papier toilette pour statue bougeant lorsque l’on ne la regarde pas.
Mais j’ai survécu. Pour une raison inconnue, je m’en sors toujours. Tous mes camarades meurent autour de moi. Mais moi, non. Le lézard géant n’avait plus faim, la statue avait décidé de faire un battle de regard avec un cadavre, et le café sans sucre convenait parfaitement au Dr. Grym.
Un incident en pleine mer, lors d’un transfert au site-19 ? Je faisais partie des rescapés.
Un terroriste athée explosant le département des sciences religieuses placé juste au-dessus de ma cellule ? Je me faisais sauver par un ange composé de matière fécale.
Je ne sais pas ce qui me faisait survivre comme ça. Le destin avait envie que je continue ma vie.
À cause d’une simple erreur judiciaire, je fus condamné à mort, et aucune personne de ma famille ne venait me voir. Personne n’a payé ma caution.
Mais l’un jour, on m’a fait sortir, pour en arriver là. Une Fondation “SPC” ou quoi que ce soit. Je subissais les tests les plus infâmes, un garde agressif me faisant avancer à coup de crosse. Mais même lui, pourtant du bon côté de la fenêtre ne survivait pas. Moi si.
Si je devais me mettre à une religion, ce serait l’hindouisme, puisque le karma avait l’air de planer autour de moi. Même lorsque je ne suis pas censé survivre, je le fais.
On m’envoie dans une dimension absolument hostile ? J’en reviens sans problèmes.
Un exemplaire du Coran qui transforme les gens en dinosaures ? Je reviens à ma forme originelle à la fin, bien qu’avec un petit bout de chercheur entre les dents.
Mais le destin n’en avait pas fini avec moi.
Aujourd’hui, j’ai réussi à sauver plusieurs agents et chercheurs en confinant parfaitement un SCP des plus dangereux. On m’a alors accordé une offre qui n’est pas des moindres, et que très peu de classes-D avaient pu recevoir. J’ai réussi l’escalade hiérarchique.
Je suis devenu un chercheur
Le destin est magnifique.
D’ailleurs l’agent qui va me conduire à mon futur domicile devrait bientôt arriver et…
“- Dr. Gerald ? Je vous amène à l’internat 110-M.”
Hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui…
Aujourd'hui, j'y suis toujours.
Je frotte le logo sur l'armure qui protège mon avant-bras. Trop brillant et trop sombre à la fois, je veux l'effacer tout comme je vendrais mon âme pour pouvoir le voir plus clairement.
Avant-hier, j'étais au fond du gouffre.
J'ai essayé de remonter. Mener à bien ma mission, revoir mon fils, revoir ma fille, voir ma femme si elle le veut bien. J'ai essayé de remonter, pour eux.
Il y a une semaine, j'étais au fond du gouffre.
Je suis seul. Seul dans ce gouffre, et le seul à ne pas le comprendre. Je vois des formes regarder dans ma prison comme si j'étais le dernier imbécile du monde. Je lèche mes plaies en espérant être ridicule et attirer la pitié d'une quelconque force, attendrie par mes piètres capacités en escalade, en compréhension, en logique.
Il y a un mois, j'étais au fond du gouffre.
Il y a quelque chose que je ne comprends pas, que je n'ai jamais compris, et ce, depuis que je suis tombé ici. Une prise qui me manque, une pensée qui m'échappe. Un fond de bon sens, ou peut-être, au contraire, un fond de mauvais sens. Une pirouette du cerveau qui me sauverait, mais que mon cerveau refuse catégoriquement d'effectuer, trop frileux de prendre le risque, trop pudique.
Il y a un an, j'étais au fond du gouffre.
Trop pudique, trop intelligent pour tenter. Improviser, s'adapter, tenter. Dans un monde où on ne connait aucune règle, pourquoi ne pas tout essayer ? Ils m'observent, là-haut, j'ai si peur. Qu'ils me jugent, qu'ils me tuent, qu'ils se moquent, qu'ils se repaissent de moi si je fais quelque chose de stupide.
J'ai si peur, Maman.
Il y a une décennie, j'étais au fond du gouffre.
La boucle se boucle, la pensée se pense, la fin se termine et pourtant je ne comprends pas. Les solutions passent et se ressemblent ; car ce sont toutes les mêmes. Les miennes, celles que j'ai apporté ici, qui ne sont plus valables.
Un rire, là-haut. Il me toise. J'essaie de lui cracher au visage, mais mon crachat tombe dans mon pied.
Il y a un siècle, j'étais un fond du gouffre.
J'aurais aimé avoir une copine, une relation amoureuse avant de finir ma vie. J'aurais aimé naître, aussi. Ça paraît stupide, mais c'est vrai. À force de croupir ici, on finit par avoir des envies bizarres. J'ai même rêvé de fonder une famille en mangeant un soupir, hier.
Il y a un millénaire, j'étais au fond du gouffre.
Des larmes fondent sur mon larynx. J'ai l'armure au bord du cœur, le pistolet prêt à dormir près de mon crâne. J'ai toujours détesté ce métier que m'avait conseillé mon ovule. « Creuse-toi la tête ! », qu'elle me disait. « Creuse-toi la tête, et si tu ne trouves pas, recommence tout, et redéfinis ce que creuser signifie. »
Je frémis. Mes os reviennent sous ma peau, pensant que je vais les abandonner. Mon tibia gémit une chanson d'adieu. Il sait. Il a compris que mon futur n'est plus mon passé. Il sait que j'ai compris, tout comme lui.
Il y a hier, j'étais au fond du gouffre. J'ai continué à creuser.
La sortie est en-dessous. Au-dessus, en-dessous. Ma pensée se tortille comme mon flagelle qui reprend vie. J'ai cru qu'on se moquait de moi.
Mais en réalité, on m'empêchait de rebrousser chemin.
Le sommet est au fond. J'ai eu peur, stupidement.
Ma mère, ma femme, ma fille, mon fils, mon patron, mon collègue, ma vague connaissance qui n'osera jamais manger à la même table que moi.
Je ne vous connais pas encore.
J'ai eu peur de vous.
Je m'excuse.
J'arrive.
Hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui, j'en suis sorti. Et demain…
Je racle la mousse de mes ongles noirs, avant de les enfourner dans ma bouche. Je mâche à peine avant de les avaler, mais cela ne change pas grand-chose. Mes dents rongées par la moisissure ne sont plus bonnes à rien. Un peu de terre reste dans ma gorge. Je tousse. L'éclat se répercute sur les parois du puits, effrayant les deux oiseaux qui s'étaient posés sur le rebord. Je ris aux éclats. Des postillons jaunâtres vont heurter les briques.
Le zénith approche, et le soleil se mets à darder ses rayons au-dessus de mon puits, brûlant ma peau cornée. Je me retourne, et m'enfouis dans la vase jusqu'aux cou, en brandissant la loque qui fut ma robe au-dessus de ma tête. Le crépuscule tarde à venir, mais je suis patiente. Et les journées d'hiver ne durent jamais longtemps.
Je déchire une feuille morte entre mes doigts noueux. La sensation est agréable. Je la savoure pendant un moment, avant que le soleil ne soit soudainement caché, et que le bruit d'un millier de pic-vert frappants l’écorce à l'unisson ne résonne au-dessus de ma tête. Un gémissement interrogatif s'échappe de ma gorge. Puis un objet tombe lourdement sur mon crâne. Je tombe dans la vase. Celle-ci emplit ma bouche et mon nez. Je me relève en insultant copieusement la source de cette immersion, à grand coup de "putain d'fils de catin morveux" et de "merdaille d'carcasse pourrissante au soleil" avant de réaliser que cet objet est long, et qu'il semble suspendu au ciel. Je relève la tête en m'essuyant le visage du revers de la main. Un gros oiseau, aussi gros que ma vieille cabane, et tout biscornu flotte au-dessus de mon puits. Et une corde y est suspendu.
"Madame, veuillez attacher cette corde à la hache qui vous retiens"
La voix de l'oiseau porte loin. J'essaye de crier pour lui poser des questions tout à fait légitimes, mais ma voix est couverte par le tintamarre.
"Nous allons vous libérer, mais il faut que vous attachiez cette corde à la hache qui vous retiens"
Là, j'hésite à peine, et je me mets à l'ouvrage. Mes doigts sont gourds et faible, mais les nœuds, ça me connait. Il me faut quand même cinq bonnes minutes pour faire un nœud correct. L'oiseau me demande de tirer deux fois sur la corde pour lui dire quand j'ai fini. Je m’exécute.
"'agne toi sale con de piaf !"
Après un craquement, la lame est extraite de ma chair verdâtre. Je me relève en poussant un râle de triomphe. La corde redescend, et cette fois-ci, l'oiseau me demande de m'y attacher. Tant mieux, si en plus il m'épargne l'escalade.
Je m'envole. La corde remonte, et l'oiseau en même temps. Je suis éjectée du puits, et continue de remonter vers l'oiseau. Des mains gantées sortent de son bide et agrippent mon corps flasque quand j'arrive à sa hauteur. Bon dieu, ce piaf est bizarre. Tout en métal, comme une armure. Et ses ailes sont mal foutues, je me demande comment il peut voler.
Je m'écroule sur le sol froid, à l'intérieur du bide de l'oiseau. Un piaf qui sert à transporter des gens, qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
"Bonjour SCP-277-FR. Ou Jenny. Comme vous voulez"
Un type en noir se penche vers moi.
"Nous sommes l'Insurrection du Chaos. Seriez-vous prête à collaborer avec nous ?"
hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui je remonte à la surface, lentement mais sûrement, enfin je présume. Je crois que j'ai mal manipulé l'enregistreur du journal de bord. Ouais, je crois que j'ai écrasé une partie des données. Pas vraiment le temps de classer cette dernière entrée, débrouillez-vous pour récupérer le reste. Moi, j'escalade les raies de lumière.
10 Juin. 27ème jour de prise de poste. Aujourd'hui était particulièrement chiant, je sais pas pourquoi.
Je crois que j'ai dû me rendre compte qu'il me reste encore 48 jours à rester dans cet habitacle, à regarder de l'eau de mer, des vapeurs noires, et de temps en temps un poisson ou autre monstre marin dont les lumières des phares éclairement fugitivement les yeux vitreux ; ou l'absence d'yeux.
Mauvaise journée.
12 Juin. Le sujet a légèrement bougé. Je crois. Mais il est aussi possible que j'ai simplement confondu les torsions des fumerolles avec un geste de ce truc. Par précaution, j'ai quand même envoyé un rapport d'observation et fait remonter l'information. Pas eu de réponse, mais ça fait à peine deux heures, et s'il y avait vraiment un problème ils m'auraient déjà fait renvoyer un message d'alerte et enclencher tous les systèmes d'urgences de l'appareil. Au pire je présume que je passerais en phase vert et que je devrais aller voir. Ça me fera toujours une activité.
Journée passable.
4 Juillet. Phase verte. 3ème fois en 5 jours. Je devrais finir par trouver ça chiant je pense, mais finalement j'apprécie ces sorties régulières, c'est comme sortir le chien le dimanche. On fait le tour du parc, on voit les voisins qui sont sur le balcon, on croise le coureur qui fait toujours son tout du parc à 9 h 30, on jette un coup d’œil aux arbres pour voir s'ils ont été taillés ; un truc tranquille, reposant, et qui change les idées. Et puis, un peu de compagnie de temps en temps, ça fait du bien. Même si le chien est un peu grand.
Bonne journée
12 Juillet. Mauvaise journée. Je commence directement avec ça, je pense que j'ai le droit : je viens à peine de me réveiller, ou de me faire réveiller plutôt, que je sais déjà que rien ne pourra améliorer ce qui reste de cette période de veille. Je suis passé au rouge. Pendant 12 secondes. Et ça fait 2 h que je suis en orange. C'est pas bon, vraiment pas bon. J'ai braqué quasiment tous les phares sur lui, à part deux, qui ont dû subir le choc un peu plus fortement et qui sont bloqués vers la surface. Enfin, vers le haut.
Je vais sortir. Il faut que je me rapproche pour vérifier le système des accroches du sujet. Il faut que je vérifie.
13 Juillet… je crois. Les amarres ont… lâché, je présume, je pense que c'est le meilleur mot.
Ça ne sert à rien de rester, il est en mouvement.
…Je présume qu'aujourd'hui est un meilleur jour, parce qu'-
Hier, j’étais au fond du gouffre. Aujourd’hui… Je ne sais pas. En fait, je n’ai jamais eu à me poser cette question.
Je suis née, et j’ai été recueillie par une industrie. Enfin, c’est pas une industrie. Les gens dedans aiment bien dire qu’ils sont de la Fondation SCP. Un truc qui confine des gens comme moi. Anormaux. Enfin, eux ils disent que je suis normale dans mon sens. Mais pas comme les humains. Si les humains me voyaient, je crois qu’ils me tueraient.
Quoi qu’il en soit, dans la Fondation, j’ai décidé de faire une révolution. Pas que je les aime pas les gens de la Fondation, mais ils m’ennuient. Je voudrais qu’il se passe des choses intéressantes ! Comme la plupart des adolescents remarque.
Si je faisais sortir un certain garçon de sa cellule, histoire qu’il s’amuse… Ou bien un lapin, je l’aime bien lui aussi. Je dois les libérer. Enfin, c’est ce que je croyais. Maintenant que je sais ce qu’ils peuvent faire, j’ai absolument plus rien à leur demander. Je dois simplement les protéger des humains. Ces charmantes petites choses ont droit à la protection qu’elles réclament.
Ces dernières années, je n’ai connu ni escalade ni dégringolade dans la Fondation. Mais il y a eu du progrès ! J’ai le droit de me promener maintenant. Je crois qu’un mec a fait que les personnes anormales comme moi ont droit à… des droits. Étrange cette phrase…
Hier, j’ai vu un Homme en tuer un autre, parce que leurs projets pour une entité anormale étaient différents. Et j’ai détesté ça. Moi qui pensais que c’était facile à regarder, je crois que j’étais au fond du gouffre.
Mais c’est terminé. Je ne les laisserais plus s’entre-tuer. J’ai demandé à travailler pour la Fondation en tant qu’agent. Je gère pas trop mal la manipulation mentale.
Un jour, je ferais que tout change.
Un jour, je contrôlerais la Fondation, et toutes les entités existantes. Je ferais disparaître les autres personnes qui veulent les entités, et je protégerais ces pauvres petites bêtes, elles n’ont rien demandé.
Un jour, je contrôlerais le futur.
Un jour, je serais au sommet.
Hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui, tout va bien. Pas de problème, pas de soucis. Juste… Tout. Va. Bien.
Aucune attaque hostile, aucune brèche de confinement, aucun skip qui veut tuer l'humanité toute entière. Même les O5 nous foutent la paix. Il ne se passe rien. Genre… absolument rien. C'est limite si on s'ennuie. On a étudié les SCP confinés au point qu'on n'a plus besoin de le faire, on a tout sécurisé et le monde se porte bien. C'est louche, hein ? D'habitude, c'est souvent le bordel, ou on trouve quelques skips à étudier mais là, rien.
J'ai envie de faire de l'escalade sur ce skip géant qui ressemble à un diplodocus tout mignon et coloré pour passer le temps. L'inactivité ici, c'est comme si le temps s'était arrêté, comme si personne n'était là, comme si… tout le monde était mort. C'est glauque. Si ça se trouve, je suis morte et la Fondation est le paradis ! Ou l'enfer ha ha !
Pff, moi et mon imagination… c'est comme ce "skiplodocus", comme j'aime l'appeler, une pure création de mon imagination débordante. La vie est belle. Mes collègues sourient et rigolent. La bonne humeur est présente absolument partout. Même le café est bon. Ahhh, ce café… il me ferait oublier tout problème… oui… tout problème…
Haut-Parleur: [La …*crrrrsshhk*… nucl…*ssshhhhhck*… *czzzt*tonnera dans 3…2…1…]
Hier, j'étais au fond du gouffre. Aujourd'hui je suis en haut de la montagne, la montagne de la connaissance, de la fierté et du mérite. Aujourd'hui si je suis ici, au-dessus de tout le monde et c'est que j'en ai chier. Je mérite ma place au-dessus de tout le monde, ces sbires faisant le sale boulot restant dans l'ombre et qui font face aux autres personnes qui abusent d'eux comme des chiens : l'élite. Celle qui reçoit tous les honneurs, celle qui reçoit le mérite et le respect des autres, enfin de moins de 2% de la population, qui restent enfermés à longueur de journée dans l'eau, sous terre ou juste dans des complexes encore plus sécurisés que ceux des grands pays de ce monde, donc si on parle de mérite ce n'est pas grandiose à cette échelle. Mais même si le mérite est bas, il est satisfaisant pour qu'il qui soit.
L'escalade de cette montagne était dure, ce n'était pas facile tous les jours il est vrai. J'avais été recruté pour laver la merde des autres, je faisais le sale boulot, j'étais les sbires de ces complexes…
Mais c'est de l'histoire ancienne maintenant. Maintenant je suis au sommet, Ouais c'est ça ! Ils sont tous à mes pieds maintenant, tel Henry Hill, je les observe de par ma fenêtre et j'apprends, j'apprends quoi ? Rien. Je suis déjà passé par là de toute façon et puis je reste et resterai toujours le même ! Malgré que je suive, au sommet.
-Oh gros con ?!
-…
-Oh tu m'entends quand j'te parle ?!
-…
L'homme appelé rangea son petit bloc-notes ainsi que de son stylo dans la poche avant de sa tenue bleu marine.
-… Oui ?
-Tu vois ce que je vois là ?
L'interlocuteur pointa du doigt le sol et le plan de travail tout en fronçant les sourcils.
-Oui monsieur.
-Bien et bah tu vas vite bouger ton cul et me nettoyer cette merde ! Compris ?
-Oui… Oui monsieur.
-Et en douceur, je neveux aucune rayure sur ce magnifique plan de travail. Tu as pigé Victor Hugo ?!
L'homme prit un chiffon et une éponge légèrement humidifié et commença l'ordre de son interlocuteur. Il marmonna :
"Un jour je serai au sommet et l'escalade ne sera qu'un jeu d'enfant."