26 octobre
12 h 00
À : jobs@s-c..plastique
De : LauraAshrbooke@Cabanesorciere..com
Sujet : Je suis désoléeJe suis désolée.
J'ai créé le Paresseux du Gouffre. Ou il m'a fait le créer. Il a pris mon petit ami et pensait que je ne le remarquerais pas. Si vous le trouvez, aidez-le, s'il vous plaît.
Si vous lisez ça, il m'a probablement déjà attrapé. Je lui ai écrit une faiblesse dans l'une de mes histoires— ce n'est pas grand chose, mais le Paresseux du Gouffre et tout ce qu'il crée ne peuvent pas faire de mal à quelqu'un récitant des prières. Ed l'avait proposé.
Si vous trouvez Ed, dites-lui que je suis désolée.
Laura Ashbrooke
Les personnes rassemblées dans le bâtiment des enchères de la Zone-SCP-097 regardaient le message sur leur tablette. Montgomery Reynolds se gratta la tête alors que Sinclair se penchait sur lui. "Alors, on fait quoi maintenant ?"
"Eh bien, M. Reynolds, nous avons un angle d'attaque." Tofflemire était sur le plateau à l'avant, à côté d'Alison. "… C'est Monsieur, n'est-ce pas ? Comme si vous n'étiez qu'un consultant ?"
"On donne pas de doctorat en alchimie." Montgomery passa un bras autour de la taille de Sinclair.
"Nous avons un moyen de nous protéger." L'Agent Carol se leva. "Le Paresseux du Gouffre est maintenu en vie grâce à ses travaux. Dans l'un d'entre eux nommé 'Le Démon dans le Gouffre'… Eh bien sa faiblesse y est décrite. Il ne peut pas blesser quelqu'un récitant des prières."
"Et nous avons déduit que si nous détruisons tous les travaux excepté 'Le Démon dans le Gouffre', il deviendra bien plus faible. L'histoire doit exister pour qu'il gagne en puissance." Robert agita les bras. "Imaginons que si quelqu'un détruisait votre numéro de sécurité sociale, vous arrêteriez d'exister."
"Mais nous avons bien sûr quelques objectifs secondaires." Alison fit un signe de tête à Melbourne alors qu'il montait sur la scène. "Par exemple, il pourrait y avoir des Contradictions cachées parmi la population de la ville."
Ryan monta sur scène et lança le Projet MacReady sur les haut-parleurs. Tout le monde dans l'assemblée se couvrit les oreilles et gémit, quelqu'un hurla : "Ce serait possible de prévenir la prochaine fois ?!"
"Désolé." répondit Melbourne, gêné, alors que le son stoppa. "Nous prévoyons de diffuser ceci dans toute la ville toutes les deux ou trois heures. Les individus n'y réagissant pas doivent être appréhendés par des agents de Sigma-10 et… l'individu original localisé."
"Ils n'étaient pas au fond du Gouffre." lança Christopher Hastings. "Vous pensez qu'ils peuvent être retenus où ?"
"Dans le meilleur des cas ?" Alice se mordit la lèvre. "Quelque part chez eux. Mais s'ils n'étaient pas dans le gouffre, alors… on ne sait pas."
"Et c'est pour ça qu'on a les Équipes 25 et 10 qui passent la ville au peigne fin." Robert était un peu triste qu'Alice ait volé son idée qu'ils se promènent avec de vrais peignes.
À l'arrière, la Dr Keith Partridge leva la main. "Et si ce plan éch—"
"Ne le dites pas !" Fut la réponse de toutes les personnes présentes. Partridge s'écrasa dans son siège.
"Pour répondre à la question non-posée, nous avons un plan B." Alice joignit ses mains. "Mais nous ne dévoilerons pas sa nature. Robert l'a trouvé et il est dingue."
"Assez dingue pour marcher." fit remarquer Tofflemire. "Mais oui, nous le gardons secret au cas où—" il s'empêcha de prononcer les mots "au cas où cela ne marchait pas". "Quoiqu'il en soit, la Directrice Weiss nous a permis de vous donner vos consignes."
"Donc, ouais." Carol ouvrit les mains. "Fin de la réunion. On y va, on a une ville à sauver !"
Alors que le personnel de S & C Plastiques se dispersait, Alison regarda Robert. "Pas une seule vanne de ta part. Impressionnant."
"Il y a un moment pour le sarcasme et il y a un moment pour l'action." souffla Robert. "Je suis toujours un peu vexé que tu ne m'aies pas laissé l'appeler 'Opération Abat-jour'."
"Tu as perdu à la loyale à pile ou face." Alison sauta de la scène. "Allez, on est le centre de contrôle. Allons voir ce qu'il se passe."
À exactement 13 h 00, le Maire de Sloth's Pit ouvrit la porte de son bureau. Dehors se tenait sa fidèle amie, Nina Weiss, directrice du bâtiment de S & C Plastiques. "Nina !" lança-t-il, enthousiaste. "Tu ne passes plus très souvent."
"Oui, eh bien, le travail ne manque pas, Glenn." Weiss entra dans la pièce. "Nous essayons de trouver un moyen de s'occuper de la boucle spatiale."
"Du nouveau ?" demanda Glen Foster en s'asseyant à son bureau. "Je t'offre quelque chose à boire ?"
"Non, merci." Weiss leva la main. "Et… en fait nous avons eu quelques nouvelles."
"Vraiment ?" Glenn leva un sourcil et joint ses mains. "Que s'est-il passé ?"
"Arbor Street. Il y a une zone qui ne boucle pas. Elle est assez grande pour laisser passer une personne, voire une moto, mais quelque chose de plus gros intercepte la boucle."
"Je vois." Glenn serra les mains. "Eh bien ça pourrait prendre du temps mais si vous pouvez entrer en contact avec les gens en dehors de la boucle, je suis sûr que nous pourrons commencer une évacuation."
"Hmm." Weiss hocha la tête. "Nous avons déjà mis en place les transports, juste à l'extérieur de la boucle. Nous avons commencé à évacuer quelques habitants qui—"
"Quoi ?" Glenn se leva. "Directrice, j'ai été mis à jour sur la… crise. Ces habitants pourraient avoirs ces… vilains singes dimensionnels sur leur dos. Tu penses vraiment qu'il est sage de les évacuer ?"
"Nous avons une méthode afin de vérifier si les gens sont humains ou non." Nina Weiss fouilla dans son sac à main. "Une méthode qui joue dans le système de haut-parleurs du bâtiment depuis que je suis entrée dans la pièce."
Glenn la fixa et pencha la tête. Une paire de mains poilues et griffues émergèrent de son dos et sa voix devint gutturale. "Comment le saviez-vous ?"
"Je ne le savais pas." Nina Weiss sortit un revolver de son sac. "Et je mentais à propos du son. Merci d'avoir joué."
Quatre minutes plus tard, Nina Weiss sortit du bâtiment, se massant les épaules et remplaçant la balle utilisée. Elle hocha la tête en direction de l'équipe de confinement attendant à l'extérieur afin d'entrer et sécuriser le cadavre.
Alors qu'il entrait, l'Agent Alexander Carracos dit à son supérieur : "Weiss est sacrément badass."
Le Capitaine March acquiesça et s'avança dans les escaliers du bureau du maire. "Un jour, quelqu'un a essayé de lancer Weiss dans le Gouffre. Quelques jours plus tard, le Directeur Westphalen mourut mystérieusement en buvant son café. Weiss a été entraînée en tant que parapharmacologue."
Le capitaine ouvrit la porte du bureau du maire. Son cerveau était éparpillé sur la fenêtre derrière lui et une paire de membres poilus inertes pendaient de son dos.
"Je vous laisse faire le lien."
À exactement 2 h 30, alors que les étudiants à l'École du Mémorial Jackson Sloth commençaient à vider leurs casiers, une sonnerie de deux secondes sonna dans les couloirs. Cette dernière envoya tous les étudiants au sol— exceptée Maisie Caryle. Maisie avait été remplacée une semaine plus tôt et même ses parents ne l'avaient pas remarqué ; ils pensaient qu'agir bizarrement était naturel pour une adolescente.
La Contradiction qu'était Maisie Carlyle réalisa ce qui était en train d'arriver alors que les autres étudiants se remettaient de leur expérience. Elle laissa tomber son sac à dos et courut en direction de la fenêtre du laboratoire de chimie du deuxième étage. Une paire de mains poilues et griffues lui jaillirent du dos, déchirant l'Aigle Américain qu'elle arborait. Les mains lui protégèrent la tête au moment où elle passa à travers la vitre. Elles attrapèrent l'herbe alors que Maisie atterrit, puis la firent rouler pour s'arrêter. Elle se leva et commença à courir en direction du bus scolaire, les mains se retirant dans le trou dans son dos.
Elle pénétra dans le bus scolaire et les portes se fermèrent derrière elle. Ce fut à ce moment qu'elle réalisa que le bus était vide, exceptés elle, un être à tête de chèvre et une femme portant un long voile et saignant d'une orbite.
"Alors, voilà comme ça va se passer." lança Jessie la Chantante, levant son voile. "Tu vas nous dire où vous avez emmenés les habitants ou on t'enlèvera les doigts un par un."
La Contradiction regarda en direction de l'avant du bus— elle vit que le conducteur était un homme avec un crochet à la place de la main. Il portait une impressionnante collection de couteaux.
"Je ne ressens pas la douleur." La Contradiction haussa les épaule.
"Vraiment ?" L'Homme-Chèvre se leva et attrapa la main de la Contradiction pour la mordre, lui arrachant un doigt. Elle laissa échapper un hurlement inhumain et le bus fit un écart alors que le chauffeur gémissait de douleur.
"Hou la menteuse." L'Homme-Chèvre sourit. "Où sont les habitants ?"
À exactement 16 h 00, Raymond February posa une question à Joseph Grey : "Alors, pourquoi ici ?"
"Probablement parce qu'il ne penserait pas qu'on regarderait ici." répondit l'Agent Grey en ajustant ses lunettes et posant une masse contre le mur. Derrière ce dernier était là où la Chambre 13 du 3e étage de l'Hôtel Pyramid devait se trouver. Le Pyramid n'avait aucune 13e chambre. "Après ce qui est arrivé l'année dernière entre la jambe déchiquetée de Pike et la disparition de l'Équipe 9, je pense qu'il nous imaginait avoir trop peur de regarder."
Une porte avec un grand "13" inscrit dessus commençait à apparaître derrière la cloison. La peinture était fraîche, contrastant avec les portes délavées à ses côtés. À leurs côtés, Seren Pryce ajustait la prise de son révolver. "OK, on est prêt à entrer ?"
"Prêts," confirma Blake Williams, retirant la sécurité de son fusil.
"OK. Ruby, pénétrez lorsque vous êtes prêts."
Une fois que la porte fut révélée, Ruby Williams visa avec son fusil à pompe et tira sur la serrure de la porte. La balle perforante détruisit le mécanisme, ouvrant la porte vers l'intérieur.
Elle poussa la porte, sa lampe torche illuminant l'intérieur de la Chambre 13. C'était une chambre double et au sol, entre les deux lits, se trouvait une grande tache marron ressemblant fortement à du sang. Mais il y avait aussi une forte absence de corps.
Elle alluma la lampe de son casque et observa le plafond, puis les murs. Elle réalisa qu'elle ne pouvait voir que trois des murs. Le mur opposé, où la fenêtre aurait dû se trouver, laissait place à des ténèbres que sa lampe-torche pouvait à peine percer. "Entrez."
Le reste de l'Équipe 25 s'engouffra dans la pièce en allumant ses lampe-torches. Alors qu'ils approchaient du mur opposé, le bruissement du tapis laissa la place au frottement de la terre sous leurs pieds. Ruby se pencha pour examiner la terre. Elle la frotta entre ses doigts et cette dernière tomba sur le côté, comme si elle se tenait sur le côté d'un gouffre sans fond.
"C'est pas possible." lança February en observant ce phénomène et s'avançant, suivant le chemin de terre. C'est à ce moment qu'il trébucha sur quelque chose.
"Wow !" Grey l'aida à se relever. "Vous allez bien ?"
"Ça va." L'Agent se leva et visa avec sa lampe-torche ce qui l'avait fait trébucher. "Doux Jésus."
Tous les faisceaux lumineux se dirigèrent vers l'obstacle. Raymond avait trébuché sur le corps d'une jeune femme enlacée par des racines, comme la majorité du Site-87 il y avait quelques jours. "On peut les couper ?" demanda Blake.
"Si la gravité fonctionne différemment pour eux aussi alors je ne pense pas que ce soit une bonne idée." Ruby sortit son couteau et libéra l'un des bras. Il tomba contre le sol au lieu de pointer vers là où le mur aurait dû être. "OK. Attachez-les avec des cordes. On les tirera à l'extérieur si besoin."
Grey acquiesça, posa son sac à dos au sol et en sortant les cordes. Alors qu'il s'exécutait, il regardait au dessus de lui et sur les côtés. Sa lampe illumina plus d'un vingtaine de corps.
"Eh bien." Grey déglutit. "On a trouvé notre charge de travail."
À exactement 19 h 00, The Monster Mash jouait dans les haut-parleurs du pub du Jardin Noir.
La sélection musicale n'avait pas été remarquée par la plupart des clients. La majorité des habitués était occupée dans le bien nommé "gouffre", une salle en bas de quelques marches où se trouvaient la plupart des tables, à manger et boire de bon cœur. Au bar se tenaient deux personnes séparées par une chaise vide.
Alison Carol regardait la chaise vide alors qu'elle attendait que Cecil prépare son cocktail. "C'est ici que je l'ai rencontrée."
"Laura ?" demanda Robert en remontant la liste des bières.
"Ouais. C'est une fille bien— elle n'était pas de super bonne humeur. Elle s'était disputée avec son copain et… Je suppose qu'elle est juste venue ici se changer les idées." Elle secoua la tête. "Cette fille n'aimait— n'aime même pas l'alcool."
"Une dispute à propos de quoi ?"
"Quelque chose à voir avec le lycée— principalement car Ed ne pouvait pas y aller." Elle regarda le dessus du comptoir. "J'ai pensé à elle dans le gouffre. C'est pour ça que le Paresseux en avait après elle."
Tofflemire soupira. "Vous étiez proches ?"
"Je veux dire, on buvait des coups ensemble tous les vendredis. Je…" Elle regarda Robert. "Je lui ai peut-être dit que tu étais l'une des personnes les plus agaçantes que j'ai jamais rencontré. Un vrai taré."
Robert resta silencieux. Après un moment, il posa le menu des bières et s'adressa à Cecil. "Je pourrais avoir de ton hydromel ? Les collègues n'arrêtent pas d'en parler."
"Une bouteille d'hydromel, tout d'suite." Cecil versa le contenu de son shaker dans un verre Hurricane et le garnit d'ananas et d'une cerise sur un cure-dent avant de le lui tendre. "Et voilà, Alice."
"Alison." le corrigèrent simultanément les deux agents.
Robert regarda le verre. "Je ne savais pas que tu aimais la piña colada."
Avant de prendre une gorgée, Alison le menaça, "Si tu commences à chanter du Rupert Holmes tu t'habilles en Lady Gaga pour Halloween."
"Ça me parait juste." Robert s'appuya sur le comptoir. "Alison ?"
"Hmm ?"
"Tu penses vraiment que je suis un taré ?"
Elle s'arrêta de boire et soupira. "Après tout ce que tu m'as dit… Je sais pas. En fait, je comprends pourquoi tu agis comme ça, mais tu fais tellement ces choses. C'est comme si… Je sais pas."
"Comme si j'en faisais trop ?"
"Exactement." répondit-elle en remuant sa boisson. "Tu essayes d'impressionner quelqu'un ?"
Robert ne répondit pas et pris la bouteille d'hydromel qui lui était tendue, puis en prit une grande gorgée. "Mon pote."
Alison jeta un coup d'œil pour s'assurer que Cecil n'écoutait pas. "Celui pris par le Vieil Homme ?"
"Ouais." Robert se frotta le visage. "J'ai lu un rapport écrit par quelqu'un ayant été bloqué dans sa dimension. Apparemment l'une de ses tortures préférées est… de montrer comment vont les personnes dans le monde réel. Les amis, la famille. Comment ils font leur deuil et comment ils passent à autre chose. Je me suis dit que si c'était en train de lui arriver, eh bien… peut-être arriverais-je à le faire rire de temps en temps." Il soupira.
"Il s'appelait comment ?"
"Kirk. Kirk Wright."
Alison leva son verre. "À Kirk."
"À Kirk." Robert trinqua avec Alison et se tourna vers la fenêtre, les yeux grands ouverts. "C'est quoi ce bordel ?"
"Quoi ?" Alison se retourna et vit la neige tomber. Ce n'était pas inhabituel en cette saison, mais le ciel était complètement dégagé lorsqu'ils étaient entrés dans le bar. "Mais comment…"
À exactement 21 h 00, Laura Ashbrooke se réveilla. La neige lui tombant sur le visage, elle regarda au dessus d'elle et vit les étoiles briller. En dessous, il n'y avait que les ténèbres. À ses côtés se trouvait Edward.
"Ed ?" appela-t-elle. "Ed, allez, réveille-toi."
Edward Valentine respirait mais n'était pas éveillé.
"Ed ?" Elle grogna. Elle regardait ce qui la tenait attachée contre le mur— des racines. Elle était à peine à plus de 5 mètres de la surface. Elle pourrait grimper, mais une seule erreur et…
"Ed, allez, on doit sortir d'ici." Laura enleva la neige de ses cheveux et commença à retirer les racines la retenant contre la paroi du gouffre. L'une d'entre elles tomba, la faisant descendre d'un mètre avant de se rattraper. "Mon Dieu…"
Elle planta ses pieds dans le mur de terre et regarda Ed. Il ne s'était pas réveillé et elle commençait à lâcher prise.
De l'autre côté, elle entendit un léger toussotement. Elle regarda par dessus son épaule et vit un homme dans un costume en lambeaux et tenant une pelle, debout tranquillement sur le bord du gouffre. "Bien le bonjour."
"Sa-salut." Elle déglutit. "V-vous pouvez m'aider ? Il-il ne se réveille pas. Je… Il va mourir ?"
"Le Paresseux du Gouffre l'a moins ménagé que vous." L'homme s'approcha d'Edward. "Mais si vous le libérez il devrait s'en sortir."
"Le libérer ?" Laura écarquilla les yeux. "On va certainement mourir ! C'est un gouffre sans fond !"
"Et en sortir fera une sacrée histoire." L'homme à la pelle affichait un grand sourire. "Mais dites-moi, comment allez-vous sortir ?"
"Je—" Laura fronça les sourcils. Quelque chose se formait dans sa tête. "Avez-vous déjà entendu parler de Donjons et Dragons ?"
"Le nom me dit quelque chose."
"Eh bien…" Laura commença à grimper le mur. "À un moment, vers ses débuts, il y avait une campagne appelée La Tombe des Horreurs. Il y a au moins un groupe qui avait réussi à se creuser une sortie de la tombe avec de l'équipement minier, en évitant les pièges et récupérant le trésor." Elle fit un trou dans la terre assez grand pour y passer son bras. "J'ai eu un errata plus tard comme quoi les murs de la tombe étaient indestructibles ou quelque chose du genre. Mais avant ça…"
Le mur s'effritait au point où elle pouvait s'y glisser. "On pouvait creuser une sortie de l'endroit le plus dangereux du jeu."
"Excellent." L'homme hocha la tête. Il offrit une pelle sortie de quelque part à Laura. "Cela devrait faciliter un peu les choses."
Laura acquiesça en remerciement et rampa dans le trou, commençant à l'élargir. L'homme lui lança une autre pelle. "Pour Edward." Expliqua-t-il.
Laura Ashbrooke commença à se creuser une sortie hors du gouffre sans fond.
À exactement 23 h 00, Laura Ashbrooke et Edward Valentine étaient de retour en ville. Ils étaient sales, tremblants et Edwards titubait. Ils tenaient chacun une pelle et grognaient alors qu'ils se frayaient un chemin dans la neige qui s'était accumulée pendant les quatre dernières heures.
"Hé oh !" appela Laura alors qu'elle descendait Main Street. "Quelqu'un ? On est blessés !"
Des gens en uniforme noir sortirent de plusieurs bâtiment, des fusils pointés vers eux. Laura leva les mains. "Bordel de merde."
L'un d'eux parla à son poignet. Au dessus d'elle, une sirène d'alerte fit sonner le bruit le plus douloureux à écouter que Laura et Edward n'avaient jamais entendu. Ils s'effondrèrent dans la neige en se couvrant les oreilles. "Putain !" hurla Edward.
"Ils sont réels." confirma quelqu'un s'approchant d'eux pour les aider. Laura reconnu l'homme— c'était la personne qui avait tiré sur quelqu'un dans sa boutique.
"Vous ?" demanda Laura.
"C'est une longue histoire." Robert Tofflemire l'aida à se remettre sur pied. "Allez. Rudy est ouvert jusqu'à tard ce soir et on dirait que vous avez besoin d'un bon chocolat chaud."
Alison Carol aida Edward Valentine à se remettre sur pied, le dévisageant de haut en bas. "Avez-vous… creusé pour sortir du Gouffre Sans Fond ?"
"Ou-ouais." grogna Edward. "C'était l'idée de Laura."
"Il… y avait un type. Il marchait contre le mur et m'a donné une pelle…"
"Sloth." dirent Alice et Bob à l'unisson.
Robert épaula Laura jusqu'à la lueur du café Rudy et l'assit à une table. Caitlin Dyer vint à eux de derrière le comptoir et l'entoura d'une couverture chaude.
"La neige m'a réveillé." dit Laura en déglutissant.
"C'est une sacrée tempête." lança Alison. "Ça pourrait être normal, mais étant donné que c'est Sloth's Pit…"
"Vous pensez que la ville nous a fait nous réveiller ?" demanda Edward en haussant la voix pour couvrir le son du siphon de Caitlin recouvrant deux chocolats chauds de chantilly.
"Eh bien, ça ne me surprendrait pas que Sloth lui-même l'ait déclenché." répondit Robert en regardant par la fenêtre. "De la neige à Halloween. C'est… franchement plutôt joli avec toutes les décorations."
"Comme Noël en octobre. Mais en mieux." Alison se pencha contre lui.
La pièce fut rapidement remplie de l'odeur de chocolat chaud et du son des conversations. Des mots réconfortants furent échangés, des nouvelles furent rapportées et des larmes coulèrent sur des épaules. Une rue plus loin, un homme retira la neige de dessus sa lampe-citrouille de son porche.
À minuit pile, le 27 octobre, une ombre grandit au dessus de Sloth's Pit, petite ville du Wisconsin.
Imogen était morte. Jackson avait résisté à son influence et avait même aidé les Gens de Plastiques— l'appelant une abomination. Jasper détestait ça. Et lui… Il détestait le fait de ne pouvoir parler qu'en vers. Il était fatigué des autres devant faire son travail et échouant.
Il avait besoin de quelque chose. Il ne pouvait rien créer d'original ; il devait donc voler. Pour se faire, l'ombre du Paresseux du Gouffre tomba sur la Tombe Marécageuse, là où les corps de centaines de wisconsiniens reposaient, tués par une grippe centenaire.
L'ombre se formait au dessus de la tombe de Caroline Sloth et son fils Quinn. Un sourire se forma sur son visage, plus grand que n'importe quel sourire.
L'ombre s'effaça et toutes les lumières de la ville s'allumèrent à l'unisson. Il manquait un corps à la Tombe Marécageuse et les empreintes de ce qui l'avait quittée furent recouvertes par la neige fraîche.
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