Au rapport

« Au rapport »

Le bip sonore de la ligne de communication retentit, indiquant la réception. Un grésillement assourdissant comme prime réponse. L’orateur s’enquit de nouveau :

« J’attends votre rapport quel est-il ?

Un silence fut marqué, puis un balbutiement.

— Négatif.

La stupeur frappa le bureaucrate qui renchérit de sa voix tonitruante.

— Pardon ? Je vous demande un rapport.

Le haut-parleur répondit furtivement.

— Négatif.

La blouse blanche se réprima d’hurler, de vociférer contre les incompétents avec qui on le forçait à travailler.

— Vous vous payez ma tête ? Passez-moi le capitaine… — il marqua un temps avant de reprendre, cherchant ses mots — enfin… passez-moi le responsable de l’équipe d’intervention, est-il avec vous ?

— Négatif. »


Le bourdonnement de ses oreilles couvrait son mutisme. Face au brouhaha du talkie-walkie un seul sifflement sortait de sa bouche, comme un écho de la réponse que lui avait donné la personne qui guidait son équipe, après lui avoir demandé si ils couraient un danger ici : « Négatif ».

Le sol à ses alentours était jonché d’équipements militaires, des vêtements gisaient au milieu de matériel de recherche et d’armes d’assaut, sans aucune trace de substance organique. Autour de lui le calme, et les matières synthétiques, coites, qui brisaient le silence de la nuit.

La brume se dissipant, un nouveau babillement s’extirpa de sa chair :

« Excusez-moi, je n’ai pas compris, de quelle équipe parlez-vous ? »

Après quelques instants, un ultime son fut émit par l’homme au bout du fil.

« Je ne vous ai jamais parlé d’équipe : je vous demande un rapport »

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