Arnven brûle

15 marx 709.

Dans d’autres circonstances, ce pèlerinage soudain pour la Cité des Sanctuaires aurait été un événement célébré.

Mais des temps sombres envahissent La Sainte Fondation. Les animaux païens serpentent à nos franges, impatients de détruire l’Église du Seigneur Bright. Les terres maudites des Effacés grandissent chaque jour. L’Insurrection du Chaos s’infiltre dans nos profondeurs et les détruisent avec la rage de trois hérétiques damnés, tuant nos Docteurs et nos Frères.

Pourtant je ne suis là pour aucun d’eux.

Une semaine avant, moi, Frère Jaelen du Monastère de Sainte Grâce, était posté dans le village de Kilser en tant qu'héritier de la Sainte Fondation. Là-bas, je vivais une vie paisible, administrant les rites aux paysans tel un fidèle de l'Église. J'écoutais les confessions, guidais les foules, embaumais les morts. Dans des circonstances normales, ce n’est pas à moi, humble frère, de détruire les païens et de purger les hérétiques - mais nous ne sommes pas dans des circonstances normales. Trois semaines auparavant, j’ai entendu la rumeur qu'une ancienne Sorcière vivait dans les marais près du village de Veken et gagnait sa vie en tant que guérisseuse magique. C’était jusqu’au jour où un homme cadavérique lui rendit visite sous la lumière d’un soleil de mi-journée, et lui chuchota un mot à son oreille, lui rappelant ses souvenirs qu’elle avait oubliés- incluant aussi certains de ses sorts. Avec eux, elle a pu détruire un monastère voisin- mon monastère- tuer mes frères de cœur et brûler ma demeure.

J’étais rempli de chagrin- pas de colère- devant l’atrocité que cette sorcière avait fait subir à mes frères et mes fidèles, mais j’ai également réalisé l’urgence d’alerter le plus tôt possible les Docteurs Cardinaux ainsi que le Conseil des Treize. Avec mon Frère Raleigh, le seul survivant de cette attaque, j’ai envoyé une lettre à la Cathédrale de la Supervision, portant les sinistres nouvelles que j’avais découvertes. Pendant ce temps, je me rendis à toute hâte à la Sainte Cité d’Arnven, afin d’empêcher par tous les moyens le funeste destin que la sorcière allait amener avec elle.

Cependant, plus les jours passent, plus les papistes païens se rapprochent de la Cité des Sanctuaires. Bright seul sait si je serais capable d’arrêter les intentions que la vieille a envers la cité. Nous ne savons pas quel pouvoir elle utilise ou les actions que le réputé Saint Clef lui a fait subir, ayant causé la Brèche du Dix-septième Monastère il y’a de cela des années.

La nuit tombe pour mon premier jour dans la Sainte Cité, et le moral de nos frères et sœurs laïcs est au plus bas. Même maintenant, au crépuscule, nous entendons le hurlements des loups et les rugissements des ours. Ils se rapprochent chaque jour, et j’espère que je pourrai sauver la cité avant que la sorcière ne la détruise. Je peux seulement espérer la trouver dans les jours qui suivent, car je suis certain qu’elle se cache en ce moment même.

Que Bright m’aide dans cette sainte quête.

17 marx 709.

Le Sanctuaire de Sainte Right est en feu.

Alors que je regarde par-delà la Colline d’Agatha, je peux apercevoir les corps de femmes, d’enfants et d’hommes brûlés. Je n’ai pu apercevoir aucun des Docteurs et Frères qui était censés s'occuper du Sanctuaire, et je crains le pire. Les citoyens qualifient le simulacre d’accident- "une lanterne est malencontreusement tombée", ou "un tonneau rempli d’huile s’est embrasé", mais je connais la véritable cause.

La Sorcière est ici, dans la Cité des Sanctuaires.

Je redoublerai d’efforts demain. Les vies et les lieux saints dans la Cité des Sanctuaires dépendent de moi, puisque mes frères ne croient pas aux nouvelles que j’ai apporté et que la Sorcière continue de brûler et de détruire les Sanctuaires Sacrés d’Arnven.

18 marx 709.

Je l’ai trouvé. Elle était là, quand le temple de la Rivière s'est enflammé. Avec sa proximité avec la Heilas, le Temple a pu être sauvé de la destruction que le Sanctuaire de Right a subie. Quand nous sommes entrés, moi et les laïcs étions témoins d’une scène écœurante- des dizaines de Docteurs et Frères de Gears, morts. Aucun d’entre eux n'a survécu. Maintenant, les Frères des autres Sanctuaires seront obligés de me croire, mais je n’aurai plus besoin de leur aide. Quand le temple de la Rivière a été brûlé, j’ai vu une jeune femme, âgé d'entre quinze et seize ans, s’enfuir hors du Sanctuaire. Pendant un moment elle a échappé à mon attention, jusqu’à ce que je l’aperçois me fixer du regard avec ses yeux qui brillaient d’une lueur gris-vert et ses cheveux aux couleurs du soleil s’arrêtant à ses épaules.

C'était comme les Procédures la décrivaient, mais elle n’était pas une vieille dont j'avais entendu parler, ou une jeune fille comme elle était décrite dans mes prières. Elle est Sigurrós, d’une jeunesse éternelle malgré sa vieillesse ; ses yeux se tachetèrent en me reconnaissant.

Elle me parla dans mon esprit à ce moment-là et me demanda si je pouvais l’enseigner. Je ne lui ai pas répondu, mais je suis certain qu’elle a pu entendre mes pensées pendant ce court moment abandonné par la sainteté- car j’ai compris ce qu’elle voulait.

J’ai essayé de lui courir après, afin de l’attraper pour l’empêcher de s’enfuir, mais elle a réussi à me semer. Demain, elle recommencera, j’en suis sûre. Je la capturerai quand le moment sera venu, car les hurlements des animaux semblent invraisemblablement plus proches maintenant, et la Sainte Cité n’a pas de murs. Je dois la tuer. Je dois la détruire et la purger de ses maléfices. C’est la seule chance de la Cité avant que les animaux n’arrivent et nous détruisent tous.

19 marx 709.

Le temps me manque, et je le sais. Les oiseaux ont été aperçus autour de la Heilas, et les hurlements ont continué loin dans la journée. J’ai vu les Gardes d’Omega marcher, portant des hallebardes et des lances, se déployant dans les régions éloignées de la ville en direction de la Heilas. Une bataille se prépare, une que la Sainte Cité pourrait perdre.

Mais le temps qui m’a été accordé n'a pas été vain. La Sorcière se cache dans un taudis dans les quartiers pauvres, selon les dires de quelques paysans. Ce soir, elle n’a pas brûlé de sanctuaires, bien que les animaux pourraient bientôt venir terminer son travail.

Je crains d'être arrivé trop tard, que la mort de la sorcière ne soit pas assez pour sauver la cité. Je crains qu'Arnven ne s'embrase- tout comme les sanctuaires que la Sorcière a déjà détruits.

Mais il n’y a pas de place pour la peur pour les serviteurs du Seigneur Bright, les serviteurs des saints et les héritiers de la Sainte Fondation.

La Sorcière mourra aujourd’hui, et je vais m’en assurer.

20 marx 709.

Je ne sais pas pourquoi elle m’a autorisé à écrire. Elle m’a emprisonné, dans ma chambre, et m’observe. Les animaux nous ont attaqué au milieu de la nuit. Ils n’ont pas fait irruption dans l’auberge, ou brûlé les lieux. C’est à cause de la sorcellerie qu’elle utilise, je le sais. Elle protège l’auberge, car aucun d’entre nous ne peut entendre la boucherie qu’ils doivent mener à l'extérieur au sein de la population et des lieux saints. Ma vie est entre ses mains. Je ne peux pas la tuer. J’ai essayé, mais elle me tient à distance avec un simple mot et un mouvement.

Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas me faire de mal, et malgré le fait que je sais que ses mots sont des mensonges, je la crois. Ses yeux sont honnêtes. J’ai peur pour ma vie, mais elle m’a dit qu’elle me libérerais si je lui apprenait la magie, afin de jeter plus de sorts et mieux exploiter ses pouvoirs. Elle m’a expliqué que les animaux ont été amenés par Seth, l'homme cadavérique, et que le bain de sang qui est en train de se produire continuera jusqu’à ce que je veuille lui enseigner la magie.

Oh, cher Bright. Pardonnez-moi pour ce que je vais faire. Elle pense que je suis le seul qui peut lui apprendre, car moi seul connaît les secrets de ses pouvoirs. Je me répète que c’est pour le bien de la cité, et pour le bien de l’Église- mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle me force à commettre un péché de premier ordre, un crime impardonnable aux yeux de Bright et ses Saints.

Je lui ai expliqué que nous commencerons à l’aube, et que la protection de l’auberge doit être toujours maintenue, nuit et jour. Je pense que le temps est suspendu à l’extérieur, mais pas ici. Sa magie déchue ne connaît aucune limite.

Pardonnez-moi, mes Saints. J’ai échoué, et je dois me soumettre. Pardonnez ma couardise. Pardonnez mes péchés. Je le fais pour vous tous.

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