Course contre la mort

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Équipe 1 : Frog, Grym, Neremsa et Deous

Grym

Jour 37 après la chute d'Aleph

L'Agent du Chaos. SCP-014-FR. Génial. Au moins un pacifique dans le tas d'hostiles.
Fallait le récupérer. Et je commençais à avancer quand une main attrapa mon bras d'une poigne de fer.

- "Arrêtez-vous. Tout de suite.

La voix de Frog était tranchante. Froide. Inhabituelle.

- On n'est pas encore dans son champ d'action. Le Motherfucker non plus. Mais s'il est à portée de l'un de nous, ou du véhicule, il va chercher notre aide, et plus le véhicule sera à son contact, plus il sera endommagé. Si ça se produit on quittera jamais cette ville. Sans parler de ce qu'il se passera s'il nous touche. Soit on se fait contrôler, soit il va bousiller les composants informatiques du véhicule.
- Donc, on fait quoi ? Pas envie d'attendre que les cannibales nous retombent dessus, grogna Neremsa.

Je cherche une solution. À part éclater la tête du machin rien ne me vient. Et c'est là que mon regard se pose sur le cadavre d'un motard et de son véhicule dans une vitrine.

- Avec un peu de chance…

Bingo ! Les clefs sont sur le contact.

- Okay mes salauds, voilà le plan. Vous faites le tour du pâté de maison pendant que j'attire l'attention de monsieur-tête-de-grillage. On se retrouve dans 10 minutes. Faites vite je risque de faire du bruit. GO !

Pas le temps pour leur approbation, ils bougent leurs culs, heureusement.
Je redresse la bécane, la fais démarrer, et je me place à tout jamais en maître dans les scores Godwin.

- HITLER NAZI HIMMLER FILS DE PUUUUUUUTES !

Évidemment, ça rate pas. Le machin se retourne, l'air intrigué, et se rapproche de moi. J'viens d'insulter son dieu après tout.

- HEY C'EST VRAI QUE LES NAZIS ENVOYAIENT LEUR FEMMES AU FRONT ?

Provocateur pour un pauvre type qui n'avait rien demandé.
Mais c'était nous ou lui…
Je démarre la Triumph que j'enfourche.
Je le sens derrière moi, courir et me chercher, m’appeler, demander de l'aide, mais j’accélère, je slalome entre les voitures, jette un coup d’œil dans le rétro, et je vois le Sphinx qui bouge. Good.
Je tourne, fais le tour du pâté de maison, sème herr-tête-de-fer, et aperçois le Sphinx qui commence à démarrer en me voyant.
Frog tient une portière ouverte, je saute de la moto pour atterrir sur la grenouille.

- Désolé, c'était trop tentant.
- C'EST PAS FINI !

Neremsa avait sacrément gueulé. Même pour la brute épaisse qu'il était. Et c'est là que je les ai vus.
Des 742-1. Partout.
Devant, derrière, sur les côtés, ils convergeaient vers le Sphinx qui traçait à vive allure son chemin à travers Paris et sur des pauvres Clio qui avaient rien demandé.

- NEREM, JE PASSE À LA MITRAILLEUSE ! FROG, TU DÉMONTES TOUS CEUX QUI S'ACCROCHENT AU VÉHICULE !

Joignant le geste à la parole. Ces saloperies étaient tellement nombreuses que la mitrailleuse suffisait pas, fallait que j'aie le colt dans l'autre main.
La conduite de Nerem a toujours été brutale et agressive à souhait, mais là elle atteignit son paroxysme. On envoyait valser aussi bien les voitures que les 742. À un moment on a même eu droit à un :

- GRYM BAISSE TOI ET ACCROCHEZ-VOUS ! JE VAIS LES SEMER EN PASSANT À TRAVERS L'IMMEUBLE À 12 HEURES, L'AUTOROUTE EST JUSTE DERRIÈRE !
- À trav-? OH PUTAIN.

Je l'ai vu maintenir le volant, tout en déclenchant les canons du Sphinx. Et j'ai juste eu le temps de me baisser pour pas finir dégommé par un morceau de plafond qui avançait à 130km/h de moi.
Les 742 arrivaient de partout, quand on a traversé le dernier mur. Et qu'on a fait une chute de 10 mètres sur l'autoroute plus bas.

Je me suis mangé le siège devant moi, et Frog s'est éclaté contre le panneau de contrôle. Nerem a tenu bon, mais c'était pas le cas de l'immeuble qu'on venait de traverser de part en part, qui s'écroulait juste derrière, heureusement qu'on s'est pas arrêtés ni retournés à l’atterrissage.

- EXTRACTION RÉUSSIE ! Ça va ?

Frog leva un pouce en signe d'approbation, l'autre main occupée à contenir le flot de sang qui sortait de son nez. Alors que ce que je considérais comme une fracture crânienne guérissait, je crus bon d'intervenir.

- La prochaine fois, je prends le volant. Allez, maintenant, Moscou. J'vais contacter l'équipe de Benji.

Alors qu'on s'éloignait du Nouveau Grand Cimetière Parisien, je réussis à chopper Benji.

- Alors Samsung, ça roule ?
- On a juste manqué de crever une demi-douzaine de fois chacun, mais ça va, on est dans le bureau ovale, on approche du but. Et vous ?
- Le bureau ovale, sans déc ? Monsieur je-me-ballade-à-poil vous a pas trop gavés avec ses théories du complot ? Nous ça va, on a récupéré une partie du skip.
- Déjà ?
- Ouais, et devine quoi ? On a fait péter le Louvre !
- Tu te fous de moi là.
- Même pas. On a même découvert que le Motherfucker pouvait passer à travers les HLM.
- Le quoi ?
- Ahw, le Motherfucker, c'est comme ça qu'on a appelé le Sphinx. Je vais devoir te laisser, on va essayer de se réapprovisionner là. T'as le bonjour du Belge et de la Grenouille. Bonne chance, on se retrouve à Moscou. Grym, équipe 1, terminé.

On a fait le plein de carburant à quelques dizaines de kilomètres de la capitale. Histoire de. Et de friandises aussi. J'aurai jamais cru que tout ces bonbons seraient pas périmés.
On a choppé quelques CD aussi. Styx, Dropkicks Murphy, Johnny Cash, et des albums de Death Metal pour Frog. La musique ça apaise les mœurs.
Pour rejoindre Moscou, même stratégie que Paris. Les petites routes. On a mis environ 3 semaines pour arriver jusqu'en Ukraine, sans problèmes majeurs. On avait des nouvelles des autres de temps à autre, mais ça se faisait de plus en plus rare. On a croisé pas mal de monde. Et des abrutis de l'Insurrection du Chaos ont essayé de nous attaquer. On a pas compris pourquoi tout de suite, ils sont morts avant que je ne puisse m'occuper d'eux, mais on a reçu un message du Kommissaer peu après. L'Insurrection du Chaos en avait après le skip salvateur apparemment. Génial, on voulait sauver l'Humanité, mais même elle voulait notre peau.
On a croisé un paquet d'instances de 008. Et y'en avait de plus en plus au fur et à mesure qu'on s'approchait de Moscou.

- Ça risque d'être chaud de rentrer dans la ville. D'autant plus que Moscou, c'est pas Paris. C'est une ville qui est faite que pour 30 000 voitures, et y a des millions d'habitants. Enfin y avait. Les rues doivent être remplies de voitures qui gêneront le passage. Si y a de plus en plus de 008…

Inutile que Neremsa finisse sa phrase. On avait compris. Mais il fallait amener la partie du Skip là-bas. Et on allait le faire. Quoi qu'il en coûte.
Alors que j'examinais pour une énième fois le cube, Frog réussi à capter des messages d'urgence de Moscou. Disant qu'il fallait ramener nos fesses en vitesse et qu'ils avaient sécurisé une partie de la ville, mais qu'il y avait encore un paquet de zombies dans le coin.
On avait pas pris de douche décente depuis des jours. Le Motherfucker sentait le fauve. Et évidemment pour pas se les geler, compte tenu du froid ambiant, on aérait pas.
On avait récupéré des fringues chaudes, mais on commençait à manquer de vivres. On a juste profité de la Volga pour se laver un minimum histoire d'être présentables avant d'arriver à Moscou. Putain, je jure que cette eau était le truc le plus froid que j'avais jamais vu. À côté même le caractère du Kommissaer était chaleureux.

On a pénétré dans Moscou. Et putain, on a dû speeder, vu le nombre de 008 qui nous collaient au cul à la périphérie. Mais dès qu'on s'est approchés du centre ville, tout était clean. Pas une bagnole dans les rues. Pas un zombie. Et c'est en croisant une patrouille de la Fondation qu'on a compris pourquoi.

Les types nous ont conduits jusqu'au Kremlin. J'étais pas venu depuis la Guerre Froide, mais même.
Ils avaient récupéré toutes les bagnoles de la ville, et les avaient empilées pour faire un rempart tout autour dans un rayon d'un kilomètre autour du Kremlin. Et à l'intérieur, une vraie ville vivait encore, avec la loi martiale en vigueur.

Dans le Kremlin, les plus hautes instances restantes du monde étaient réunies. Majoritairement des types de la Fondation, mais aussi des généraux de tout pays qui avaient capté la transmission de secours et qui avaient ramené leurs forces dans la dernière ville humaine.

On a croisé quelques gars de la branche anglaise. Bright. Clef. Ils semblaient surpris qu'on soit encore en vie. Pas étonnant remarque.
Un mec du DSI nous fit un topo rapide, après avoir salué Neremsa et m'avoir jeté un regard méfiant. Décidément ma réputation me précédait ici aussi.

- Lors des recherches sur 008, on s'est aperçus que les sujets devenaient ultra-sensibles à certaines ondes. Grâce à votre travail sur 025-FR et sur son système d'attaque par ultrasons, on a pu faire quelque chose de similaire. Une sorte d'émetteur qui balance des ondes sur une certaine portée. Ça fait fuir les 008.
- Pour ça qu'on en a pas vu un seul dans le coin.
- Exact. On travaille encore pour augmenter la portée du truc. Si on augmente assez la puissance, qui sait, ces saloperies finiront par se foutre à la mer. Ils nous ont littéralement décimés au début. Mais on a vite riposté, et si les binoclards avaient pas créé le premier prototype de canon entre temps, on serait déjà tous morts.
- Bien. Et les O5 ?
- Ils sont prévenus de votre arrivée. O5-1 vous attend.

O5-1. Une putain de légende au bout d'un couloir.
Il a très peu parlé. Il a pris l'artefact, l'a regardé longuement, puis nous a dit d'aller nous reposer. On risquait d'avoir besoin de nous à nouveau.

Je sortais de la douche dans ma chambre, dans ce qui devait être un ancien hôtel, quand on toqua à la porte.

- "Ben alors feignasse, déjà à poil ?

Nämu. Ce petit con avait survécu. J'avais parcouru le monde en long en large et en travers avec lui, à l'époque, pour trouver les Quatre. Dire qu'à l'époque il n'était qu'un type qui buvait les paroles de l'Ordre de la Lumière. J'avais réussi à en faire un bon Agent, à force de le traîner avec moi dans mes emmerdes.

- Que veux-tu, les survivantes viennent d'apprendre que le balafré le plus sexy de toute la planète avait survécu, faut bien que je me prépare !
- Très drôle. Alors, c'était comment Paris ?

Je lui racontai comment on avait fait péter le Louvre et survécu aux catacombes. Comment on avait peut-être sauvé quelques civils. Je me demande comment ils s'en sont sortis en fait.

- Voilà, et toi ?

Il m'a raconté qu'il était en mission dans le Caucase quand toute cette merde nous est tombée dessus, et qu'il fut un des premiers sur Moscou. Il a défoncé du 008 pendant un moment, mais les O5 avaient d'autres plans pour lui.
C'était un des derniers agents de terrain disponibles au moment-même, et les O5 avaient besoin de quelque chose de vital, pour assurer des vivres pour tous.

SCP-124. Nämu fut parachuté sur Détroit pour récupérer la fameuse terre, avec quelques renforts.
Aujourd'hui tout le monde se nourrissait plus que de ça.

- Détroit hein ? C'était comment ?
- Bah c'était déjà détruit avant la fin du monde. Pas trop de différence. Il paraît qu'ils cherchent à déplacer tout ça vers SCP-1678, au cas où. Apparemment Londres est détruite, mais y a plus aucun SCP là bas.
- Comment vous savez ça ?
- Habille-toi, je vais te montrer.

J'ai fait le tour du proprio avec Nämu qui me montrait ce que devenait l'Humanité.

- Ici, c'est les habitations civiles. Là, et là, les zones de sécurité en cas de franchissement du périmètre par des hostiles. L'ensemble des productions de vivres est planqué dans le Kremlin, dans des zones plus sécurisées que le derrière de la reine Elizabeth II. Devine quoi ? On a même récupéré SCP-294. On s'en sert pour produire des "tasses d'énergie", ça fait tourner tout le bordel.
- Tu m'étonnes. Mais le site de 294 était pas…?
- Si, mais qui t'a dit que 294 n'existait qu'en un seul exemplaire ? Les O5 ont leurs petits secrets dans leurs réserves personnelles faut croire. Et tant mieux, ça nous a bien aidé pour le coup. Tiens, là c'est les réserves d'armes et de véhicules. On a aussi 3 porte-avions, une flopée de bateaux de guerre divers et une base d'aviation qu'on contrôle en dehors de Moscou. On a même un AC-130.
- Ça j'aime.

Alors qu'on rentrait dans le Kremlin lui-même après quelques contrôles, on passa devant une grande salle, avec des tas d'ordinateurs, de gens affairés, un écran géant représentant le monde, et un autre représentant la Russie. Sur les écrans scintillaient des points verts, jaunes, rouges et bleus. Certaines zones étaient recouvertes par certaines de ces couleurs.

- C'est quoi tout ça ?
- Ça mon pote, c'est tous les SCP dont on connaît l'emplacement. Verts pour les Sûr, jaune pour Euclide, Rouge pour Keter et bleu pour Thaumiel. Les zones c'est en cas d'épidémie ou de phénomène répandu. Grosso modo, on se prépare pour exterminer ce qui est destructible, et pour confiner ce qui ne l'est pas.
- Y'a qu'un point bleu…
- Oui.
- Et il est…
- Cerné par une flopée de Keter. Crois moi c'est même pas la peine de tenter. On a fait aussi un bilan des SCP détruits. Heureusement ces saloperies se sont entretuées un minimum. Bon, on va grailler ?
- Ouais. Ça sera pas de refus. Vous avez de la vodka ?
- C'est peut être la fin du monde, mais on est toujours en Russie mon gars.

On a récupéré Frog et Neremsa, qui reconnut Nämu. Et on est partis grailler.
On profitait de ce qui serait peut-être notre dernière journée tranquille.

Parce que dans les bureaux des plus hautes instances survivantes, certains avaient des plans pour O-23.

Et ça n'incluait pas que les trois types qui buvaient leur première vodka depuis des lustres.

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