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Équipe 6 : Arcaël, Cendres, Hylius et Loïc
Arcaël
Jour 42 après la chute d'Aleph
Quand tu étais enfant.
Un champ de fleurs jaunes.
Une amie te tend la main.
Dans sa paume il y a un objet.
Une chose que tu as oubliée.
Garde ce présent disait-elle.
Pourquoi lui demandais-je.
Puis plus rien.
Le champ s'effondre.
Les fleurs meurent.
Les pétales tombent.
Ce ne peut pas être vrai.
Pourquoi me demande-t-elle.
On était en automne.
- Enfin tu te réveilles.
- Hy… Hylius ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Où sommes-nous ?
- Quand que quoi où comment hein ?
- Je te fais le topo, disait une voix à côté, tu as dérivé sur l'océan depuis ton crash. On a réussi à capter le signal de détresse avant qu'il ne s'éteigne. On a chopé un zodiac, fait le calcul de ta position approximative grâce à l'ordi de bord avec tes dernières coordonnées en tenant compte des courants et on est allés te chercher.
Je reconnaîtrais cette voix n'importe où.
- Salut Maf.
- Content de te voir.
- Moi aussi collègue.
- Reste allongé pour l'instant, Hylius te soigne du mieux qu'il peut.
Arcaël regarda autour de lui. Ils étaient sur la terre ferme, un zodiac à côté d'eux et un Hawkei plus loin.
- Dès que tu sera un peu plus rétabli, on repart direction Moscou.
- Moscou ? Attends expliquez-moi d'abord ce qu'il c'est passé, pourquoi les anomalies sont libres ?
Loïc et Hylius expliquèrent au Spécialiste l'alarme, les bunkers. En gros la chute d'Aleph.
- Pourquoi Moscou ?
- Les O5 se sont regroupés là-bas. Ils nous ont donnés l'ordre de chercher des fragments d’artefacts disséminés dans le monde pour revenir en arrière. Faut les ramener là-bas.
- Et pourquoi on va pas chercher ces morceaux d'objets qui peuvent sauver le monde ?
- On a un peu bricolé la radio et on a réussi à entrer en contact avec Benji. On a convenu que tous les survivants devaient y aller. On aura ainsi les ressources nécessaires pour se lancer en quête des artefacts.
- Qui… qui a survécu ?
Le silence est revenu.
Après un moment, ses compagnons lui énumérèrent ceux qu'ils savaient en vie. Cela soulagea un peu le Spécialiste.
- Et…
- Non, ton équipe n'a pas survécu, tout comme la mienne.
- Putain de Keter.
- Relève-toi, sèche tes larmes et bats-toi comme un Homme, dit Loïc en imitant Grym.
Hylius et Arca, surpris, ne purent s'empêcher de rire, détendant un peu l'atmosphère. C'est vrai que l'ancien mentor d'Arca l'avait fait baver.
- Comment vous avez pu tenir vous ?
- Miaou.
Arca vit la petite boule de poils et la caressa. En effet, ça déstresse. Pourquoi ils disent qu'il faut les bouffer quand on est en survie ?
Une heure passa, durant lesquelles Arca se renseigna un peu plus et reprit des forces.
- Il est bon Hylius ?
- Ouais, on peut lever le camp. 1, 2 et 3, on est bon !
- Attendez une minute, il me semblait que… nan, j'avais un gosse sur le canot, où il est ?
Le médecin et son collègue le regardèrent.
- Quel gosse ? Tu étais seul à bord.
Arcaël fut surpris. Il n'arrivait pas vraiment à se rappeler de ces quarante derniers jours. Soudain il se rappela de son petit carnet. Il le reprit et regarda ses notes.
Jour 1 après l'incident.
Je vais tenir un journal, ce sera pratique pour garder des informations, un cap et ne pas "perdre la boule" vu que je suis seul sur ce canot. D'après le petit Nicolas Jean Mike, on serait un jour après le crash. J'ai eu raison d'emporter ce petit livret dans ma trousse, j'ai encore beaucoup de choses utiles à l'intérieur. Le Soleil commence à décroître, je vais nous préparer à affronter la nuit. J'espère que je ne referai pas ce cauchemar… Bien que ce soit un souvenir.
Le Spécialiste chercha encore.
Jour 7.
Cette journée me met sur les nerfs. Tôt ce matin j'ai été réveillé par , le gamin m'a réveillé, un hydravion qui est passé juste au-dessus de nous.
Il tourna encore les pages.
Jour 19.
Je ne tiens plus, je suis seul, je pète un câble. Un copain, non, un gamin. On va dire que c'est le même. Un peu de réconfort. Parler à quelqu'un.
Il comprit que contrairement à ce qu'il pensait, il ne pouvait pas ternir seul.
Première leçon de survie en milieu Euclide : "Entoure-toi d'alliés et d'amis. Ce sont les seuls sur lesquels tu pourras compter à présent".
Il ferma le carnet.
Un rire au loin. Il se retourna, et vit un oiseau gris et blanc sur la voiture.
- C'est quoi ça ?
- Salut le piaf.
- Quoi ?
- C'est une jeune mouette, on a fait connaissance durant la traversée.
- Tu perds pied Arca.
Il sera son carnet.
- Peut-être… Mais elle pourra nous être utile, c'est une anomalie.
- Attends comment ça ?
- Ce piaf peut solidifier ses plumes comme de l'acier et est aussi lourd qu'un humain et plus intelligent qu'il n'y paraît. C'est pour l'instant ce que je sais dessus.
- Allez montez tous les deux, on y va. Direction l'Alsace, Berlin, puis on fonce en passant par la Pologne et l'Ukraine jusqu'à Moscou.
Le moteur démarra, les deux derniers membres montèrent, puis partirent. La mouette volant à leur côtés.
- Qu'est-ce que tu tritures ?
- Hm ? Oh, un collier qu'on m'a offert il y a longtemps, je ne m'en sépare jamais.
- Je l'avais jamais vu tiens.
Un collier avec une gemme noire, sûrement un améthyste sombre. Enfin…
Peut-être un peu trop sombre.
- Reprends des forces Haddock.
Arca sourit. Et il s'endormit.
Jour 49 après la chute d'Aleph
Quand tu étais enfant.
Un champ de fleurs jaunes.
Une amie te tend la main.
Dans sa paume il y a un objet.
Un collier.
Garde ce présent disait-elle.
Pourquoi lui demandais-je.
Puis plus rien.
Le champ s'effondre.
Les fleurs meurent.
Les pétales tombent.
Ce ne peut pas être vrai.
Pourquoi me demande-t-elle.
On était en automne.
Elle rit.
Peut-être confonds-tu deux souvenirs.
Les pétales tombent, le sol s'effondre, le ciel se meurt.
Le jeune fille blonde à la robe bleue s'efface.
- Berlin les gars !
Europe occidentale, Allemagne
Berlin
- On fait une pause. Ça a l'air safe ici.
C'était devenu leur mode opératoire. S'arrêter, regarder les alentours, épier les moindres bruits et si la mouette ne disait rien, aucun danger aux alentours. Enfin ils s'en étaient toujours sortis.
- Un magasin alimentaire ici.
Descendre chercher des provisions.
- Putain il y a que des trucs moisis ici.
Enfin ce qu'il en reste.
- Six conserves.
- Trois par là.
- Un paquet de rasoirs !
- …
- …
- Quoi ? J'en peux plus de cette barbe.
La mouette veille au grain, sur un des toits des alentours.
- Un magasin de flingues ici.
- Quelque chose d'intéressant ?
- Attends je cherc -
L'alarme.
La mouette piaille.
- Faut se barrer les gars, Hylius, fait chauffer le moteur !
- Attend une seconde, je prends un truc intéressant, alerte confirmée ou non ?
Un immense monstre surgit au loin de la grande avenue.
- ON SE KAZE !
Le signal.
- Putain, grouille !
- C'est bon !
- Okay, DÉMARRE !
Le vrombissement de la bagnole et le cri de la mouette, c'est parti pour la fuite.
- C'était quoi que tu prenais put -
Arca lui montra le contenu du sac de toile.
- Ohohoh, on s'était préparé au pire monsieur le vendeur ?
La bagnole atteignit une autre grande avenue et ils purent lire un nom :
Oberbaumbrücke
Ils allaient traverser un des ponts de la ville.
Et pendant que Hawkei fonçait à toute allure avec leur oiseau à leur côté, l'anomalie de plusieurs mètres les avait de nouveau repérés.
- J'espère que ça fonctionnera.
Loïc et Arcaël dispersèrent sur le sol du pont le contenu du sac au milieu du pont.
Un son aussi titanesque retentit. La bête arrive.
- Dans les passages étroits, on arrivait à la semer, mais en ligne droite, on commence à perdre du terrain.
- Et en parlant de perdre du terrain…
Tous se regardèrent en souriant.
- Attention Gribouille, ça va faire du bruit.
Le monstre arrivait au niveau des objets ressemblant à des parpaings.
Arca sorti l'émetteur.
- Prêts pour le feu d'artifice les gars ?
Tandis qu'ils arrivaient à la fin du pont, Hylius regarda dans le rétro, Loïc et Arca sortis par les fenêtres.
- Du C4 dans un magasin d'armes…
- On est jamais assez préparé.
Et il appuya.
Une gigantesque explosion eut lieu, brisant le pont et faisant chuter l'immonde créature.
- YOUHOUUUUUUUU ! BERLIN-EST, NOUS VOICI !
Et partir loin vers une nouvelle destination.
C'était ça le protocole de tous les jours.
Seconde leçon de survie en milieu Euclide : "Si tu peux, fais tout péter. Ça défoule".
Jour 83 après la chute d'Aleph
Quand tu étais enfant.
Un champ de fleurs jaunes.
Une amie te tend la main.
Dans sa paume il y a un objet.
Un collier.
Garde ce présent disait-elle.
Pourquoi lui demandais-je.
Puis plus rien.
Le champ s'effondre.
Les fleurs meurent.
Les pétales tombent.
Ce ne peut pas être vrai.
Pourquoi me demande-t-elle.
On était en automne.
Elle rit.
Peut-être confonds-tu deux souvenirs.
Les pétales tombent, le sol s'effondre, le ciel se meurt.
Le jeune fille blonde à la robe bleue s'efface.
Une dame avec des habits aussi noirs que ses cheveux apparaît dans les ténèbres.
Un son perce l'obscurité.
Un appel à l'aide.
Une feuille d'automne glissant aux côtés du garçon.
Une lumière derrière lui.
Puis s'éteint.
Les ténèbres reprennent le dessus.
La dame en noir repart.
Tant que tu refuseras, tu ne te rappelleras pas.
- Nous sommes arrivés les gars !
Europe orientale, Russie
Moscou
- Ils attendent quoi ?
- Les vérifications sont terminés. Bienvenue, membres de la Fondation, veuillez me suivre.
- P'tain, grouillons-nous, allons au bâtiment.
- Excités de reprendre le travail et de restaurer notre belle planète comme avant ?
- Nan, c'est juste qu'on se les pèle.
Enfin l'équipe pénètre dans un endroit chaud. Cela faisait des jours, peut-être un mois, qu'ils gelaient dehors avec seulement la chaleur du moteur de leur bagnole pour se réchauffer. Les quelques vêtements pour l'hiver qu'ils avaient réussi à dégoter étaient en mauvais état, et tâchés du sang de leur ancien propriétaire, zigouillé par un quelconque Keter ou Euclide enfui de sa geôle.
Un membre russe de la Fondation les prit en charge.
- Bonjour messieurs, je vais prendre vos identités avant de vous mener à vos chambres.
- On peut pas faire l'inverse ?
- Tiens…
- Quoi ?
- Vous ne ressemblez décidément pas à vos photos d'identités de la Fondation.
Il regarda les personnes devant lui : trois hommes maigres avec des vêtements décrépis, tous barbus. Un qui avait une polaire orange et un bonnet noir. Un autre avec un poncho rouge sombre et des cheveux qui lui cachaient les yeux. Le dernier avec une parka rouge vive et des bouts de stalactites. Avec une mouette et un chat sur le bureau.
- Tu trouves ça drôle ?
Après les péripéties administratives, les trois lascars purent accéder à un espace pour se laver, raser, coiffer, et remettre leurs anciens uniformes.
Ils firent ensuite un tour au réfectoire, histoire de reprendre des forces, puis ils allèrent rencontrer les quelques membres du personnels qu'ils connaissaient et prendre des nouvelles des autres membres d'Aleph.
- Ils ont baptisé leur Sphinx le "Motherfucker", et vous votre Hawkei ?
Arca, avec un sourire, le marqua sur un bout de papier et le tendit à leur ami. Il a failli recracher tout son café.
- "Keiter".
Ils se rendirent ensuite dans une salle avec un vidéoprojecteur où on leur fit le topo de la situation et de ce qu'ils allaient devoir faire.
En temps que Spécialistes du Confinement, Arcaël et Loïc seraient restés au Site pour aider les membres présents à élaborer des défenses contre les infectés de SCP-008 et autres anomalies qui rôdaient dans les parages. Hylius quand à lui serait lui aussi affecté dans le Site, section médicale pour soigner les blessés. Il aurait pu partir en mission avec sa formation de médecin et son expérience du terrain avec ses deux compères, mais son état de santé s'était énormément dégradé. Et puis c'est difficile d'emmener un chat au front, surtout si c'est une de ses dernières raisons de vivre. Le piaf restait avec eux, pas le temps de l'étudier, et puis les notes prises par Arcaël étaient pour l'heure suffisantes.
Les deux Spécialistes travaillèrent dans un groupe à Moscou pendant plusieurs jours en compagnie de quelques membres du personnel qu'ils connaissaient comme le Docteur Cendres et celui qui leur servait d'interprète, Artyom. Ils purent au passage voir des amis qui revenaient d'Aleph ou d'ailleurs qui étaient enfin arrivés au dernier bunker de la Fondation, et peut-être même du reste de l'humanité. Certains repartaient aussitôt en quête des artefacts, d'autres restaient aider le personnel présent. Ce train-là continuait pendant plusieurs jours…
Et puis vint une alarme, marquant ainsi le début d'un nouvel acte.
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