"Tout dans la vie se paie tôt ou tard" furent les mots que lui dit un jour sa mère. Ils lui revinrent en tête la première fois qu'il eut des ennuis. Il était à deux doigts de mourir. Mais il réussit à sortir de cette situation, et cela parce qu'il était une personne aux nombreux talents. Des talents qui lui permirent de faire beaucoup de choses que les gens normaux étaient incapables de faire.
"Tout dans la vie se paie" pensait-il, mais ces talents lui permirent de s'en sortir, lui permirent d'avoir une maison décente, et même une femme à ses côtés, une femme qui ne l'abandonnerait jamais, qui serait toujours à lui. Peut-être était-ce le prix pour ce qu'il savait faire. Grâce à ses talents, il réussit à passer inaperçu longtemps, sans se faire remarquer plus que nécessaire ; ils l'aidèrent vraiment beaucoup. Ils l'aidèrent même à sortir de prison quand il devait être condamné pour avoir squatté un logement, pour viol, et pour avoir réduit une femme en esclavage. Tout ce qu'il eut à faire fut de rendre un ou deux services au commissaire, et c'était fini, et cela parce qu'il était une personne aux nombreux talents.
Une fois dehors, il décida d'utiliser ses talents pour rendre des services aux gens influents. Ainsi, il serait protégé. Ce n'était pas quelque chose de très compliqué, il rendait juste quelques services de temps en temps, de cette façon il pouvait se sortir de n'importe quelle situation.
"Tout dans la vie se paie", mais grâce à ses talents, il put éviter ce prix. Ça devint une routine pour lui. On l'attrapait, on l'enfermait, la rumeur courrait qu'il était dans un certain endroit, et alors une personne étrange et mystérieuse venait pour lui demander un service, il l’accomplissait, et il sortait à nouveau.
Même quand on l'attrapa pour vol et meurtre, il réussit à sortir. Même quand on le condamna pour séquestration et viol. Il commençait à aimer pouvoir faire tout ce qu'il voulait, il se croyait omnipotent, il pouvait voler des banques, tuer des hommes, violer des femmes, des fillettes, encore et encore, et personne ne le touchait. Tout le monde le craignait. Même s'il tombait, apparaissait tout simplement un étranger lui demandant une faveur, et tout était réglé. De nouveau en liberté pour continuer à faire tout ce qui lui passait par la tête, il se prenait alors pour un dieu, omnipotent et intouchable. Et tout cela, c'était parce qu'il était une personne aux nombreux talents.
"Tout dans la vie se paie" se remémorait-il parfois avec mélancolie.
Il continua de penser à cette phrase en certaines occasions, avec ironie quand il rendit un autre service et qu'il évita une peine pour avoir incendié un orphelinat.
Il continua de penser à elle avec mépris plus tard, le même mépris qu'il eut pour cette pauvre école, où il commit des actes si aberrants qu'ils ne firent même pas pleurer les médecins légistes qui durent ramasser les restes.
Il continua de penser à elle en riant, après. Le même rire qu'il réservait à la justice humaine et à la famille qu'il obligea à être témoin de la manière dont furent torturé leurs enfants.
Il continua encore de penser à elle en riant toutes les fois où il tomba et toutes les fois où il sortit.
Il continua encore de penser ainsi, quand on l'attrapa et que des foules de gens se réunissaient devant le commissariat, en hurlant ses crimes et en exigeant qu'il ne ressorte jamais.
Il continua encore de penser ainsi, quand se présenta un autre homme mystérieux qui négocia sa liberté et une nouvelle identité en échange d'une autre faveur.
Toujours dehors, avec son nouveau nom et parvenant à ce que ce nom se place encore plus haut que celui qu'il avait avant, dans la liste des hommes les plus recherchés.
Même quand il fut fait prisonnier et que se présenta un nouvel homme étrange lui promettant la liberté.
Même quand on l’habilla en orange.
Même quand il entra dans ma cellule de confinement.
"C'était un homme avec beaucoup de talents", et il en découvrit un de plus dans ma cellule, celui de crier plus fort que tous les autres hommes vêtus d'orange.