Discours d'ouverture par la Doctoresse Mareva Temauri, présidente du Conseil de Déontologie
Démagnétiseurs, memupuncteurs, anarthérapeutes, contre-naturopathes, coupeurs de fae, homéopathes, hemovorologues et autres professionnels de parasanté venus des quatre coins du globe, mes très chers amis, bonsoir. Quel plaisir de vous voir toutes et tous réunis en ce jour, dans ce superbe muséum d'histoire naturelle de Montauban, pour un congrès qui fera date, sans nul doute, dans l'histoire de notre Organisation.
La décennie que nous venons de passer fut, comme vous avez tous pu l'observer, l'une des plus prometteuses que nous ayons jamais connues. En dix ans nous avons éradiqué plus de paramaladies qu'au cours de tout le demi-siècle précédent, et cela grâce à votre travail acharné, votre opiniâtreté et votre détermination. Grâce à vous, aujourd'hui, il devient enfin possible d'imaginer l'avènement d'un monde sain, où l'Humanité enfin libérée de toutes ses afflictions contre-nature sera libre de s'exprimer à son plein potentiel. Ce qui n'était qu'un pieu vœu il y a vingt ans est maintenant inéluctable, et cela, je le répète, grâce à vous. Il ne faut pas bouder son plaisir, aussi ce congrès sera l'occasion de célébrer comme il se doit ce succès.
Bien entendu, ce sera également l'occasion d’apaiser certaines tensions internes, inhérentes au changement. Je sais que plusieurs d'entre vous ont des questions, voire des revendications, concernant notre récente politique. Il y a deux ans maintenant, le Conseil de Déontologie et moi avons dû prendre une difficile mais nécessaire décision : l'instauration d'un système de financement public. Je sais ! Je sais. Je sais que ce n'est pas une nouvelle situation facile à gérer et je sais que certains d'entre vous voient ce changement d'un mauvais œil, cependant j'aimerai essayer de vous expliquer les motivations derrière cette décision.
L'argent est le nerf de la guerre, dans notre secteur comme dans tous les autres. Sans lui rien n'est possible. La Coalition ayant été dissoute, nous devions absolument trouver une alternative viable sous peine de disparaitre. Voilà mes amis pourquoi nous nous sommes tournés vers les États. Et j'ose affirmer que non seulement ce nouveau système égale l'ancien, mais le surpasse même en tout point !
Pour vous exposer mon point de vue de rapide façon, car nous aurons le temps d'en rediscuter, j'aimerai vous raconter une anecdote que les plus anciens connaissent, mais que les nouvelles générations ne doivent pas oublier. Vous savez tous que l'on désigne souvent les années quarante et cinquante comme l'"Âge d'Or" de notre Organisation. Ce surnom n'est pas infondé. Il est vrai que suite à sa création en 1946, l'OMP a connu une exceptionnelle période d’effervescence. Imaginez : des guérisseurs du monde entier, tous experts dans leur propre domaine, travaillant pour la première fois main dans la main et mettant en commun leurs savoirs et techniques pour soigner l'Humanité ! Il y avait de quoi révolutionner le domaine, et c'est ce qui est arrivé.
En moins de dix ans, ils sont arrivés, ensemble, à développer un incroyable produit, qu'ils ont baptisé la panacéline. Il s'agissait ni plus ni moins que de l'aboutissement final de toutes les médecines : un remède universel pouvant guérir n'importe quelle affliction en moins de deux heures ! Ils avaient même les moyens de le produire à la chaine et ainsi sauver définitivement l'Humanité de la maladie.
La chute fut brutale mes amis : cette révolutionnaire invention fut condamnée quasi-unanimement par le Conseil de la Coalition. Encore traumatisés par la Guerre Occulte, ses membres percevaient toute sortie de l'ordinaire comme une dangereuse paramenace devant être supprimée. Sans prévenir, dans la nuit du 5 au 6 septembre 1958, toutes les recherches sur la panacéline ont été brulées et tous les chercheurs impliqués dans sa création exécutés. Le remède universel était perdu.
Notre Organisation n'a plus été dès lors que l'ombre d'elle-même. Nous avons appris à composer avec la politique dogmatique de la Coalition et nous sommes contenté de cataloguer les paramaladies, en envisageant pour seuls remèdes ceux correspondant aux critères de normalité de la Coalition. Autant combattre un virus informatique avec de la pommade.
Voilà, mes amis, ce qu'était la Coalition ! Un frein à la recherche, une superstructure étouffante qui préférait laisser les afflictions se répandre plutôt que d'envisager de nouvelles méthodes de traitement. Alors je vous le demande : pourquoi pleurer la fin de cette tutelle ? Pourquoi ne pas plutôt s'en réjouir ? Après un demi-siècle à nous réfréner, nous voilà enfin libres ! De formidables opportunités se présentent à nous. Nous pouvons enfin reprendre l'active recherche de remèdes efficaces et, pourquoi pas, un jour prochain, recréer la panacéline !
J'entends les craintes de celles et ceux qui pensent qu'en adoptant le financement public, nous ne faisons que sortir d'une tutelle pour tomber dans une autre. Cependant ces deux dernières années nous ont prouvé le contraire : les États partenaires nous laissent complète liberté dans l'usage que nous faisons de leur financement, et nous encouragent même à mener nos recherches comme nous l'entendons. Nous nous engageons simplement à leur fournir un pourcentage de notre production de paramedecine.
Au fils des mois, nous avons passés des accords avec onze pays. Dans l'ordre : les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, l'Indonésie, la Corée du Sud, le Brésil, le Japon, la Russie et l'Inde. De nombreux autres sont en court de négociation, dont le futur Comité Européen, dont le financement s'annonce très important. Plus les États partenaires seront nombreux, et moins chacun pourra nous imposer ses volontés.
Dans chaque État partenaire, nous avons pu construire des hôpitaux de pointe parfaitement équipés qui ont rapidement accueilli de très nombreux patients, jusqu'ici maintenus malades et séquestrés par les pseudoscientifiques de la Fondation SCP voir parfois par les États eux-mêmes.
Même en dehors de ce nouveau programme de financement, notre influence internationale a grandement augmenté depuis la chute de la Coalition. Ainsi, rien qu'en 2018, une trentaine de pays ont rendu obligatoires le recensement des hémovores, permettant enfin d'avoir enfin un contrôle et une vision claire du problème. Nos solutions antilycanthropiques devraient également être intégrées en secret aux vaccins obligatoires de nombreux pays d'ici deux ou trois ans.
Une nouvelle aire commence, mes amis. Nous allons enfin pouvoir apporter au monde les soins dont il a besoin.
Je déclare ouvert ce vingt-et-unième congrès de l'OMP !
Programme du Congrès
Jour 1 (30/01)
10h Discours d'ouverture par la présidente du Conseil de Déontologie
14h Débat : "Quels avantages au recensement systématique des populations anormales ?", animé par le Pr Dirk Abendroth
16h "L'apport de la réalité augmentée dans les thérapies anti-oneiroi" par le Dr Benjamin Wang
Jour 2 (31/01)
10h "Analyse statistique de la ressente vague d'extinctions de paramaladies" par la Pre Marie Vernes
14h Débat : "Quel avenir pour la formation paramédicale ?" animé par le Dr Jules Faguin
16h "Analyse des échecs répétés de la Fondation SCP dans la gestion des épidémies de speculus vampyrus" par la Dre Masako Tanabe
Jour 3 (01/02)
10h "Dix-huit ans plus tard, bilan de l’assouplissement de l’euthanasie forcée des patients incurables" par le Dr Nelson Douglas
14h Débat : "La croyance religieuse doit-elle faire l'objet d'un traitement paramédical ?", animé par le Pr Papp Karsa Débat annulé. Toute personne ayant des informations sur le Pr Karsa est invitée à se présenter à l'accueil du muséum.
16h "Oracles : pourquoi nous devrions craindre l'année 2020" par la Dre Dora Madsen
Jour 4 (02/02)
10h Formation : "Interagir efficacement avec les structures étatiques" par la Pre Majeeda Totah
14h Débat : "Transhumanisme, vers une désacralisation de l'Humain ?" animé par le Dr Lee Min-seo
16h "État des lieux de l'accompagnement post-opératoire des ex-Mekhanites et ex-Sarkites" par la Dre Sarah Schreder
Jour 5 (03/02)
10h "Pistes d'exploitation du vivi mortui dans le développement de traitement contre l'hémophilie" par la Dre Lily Zuyeva
14h Élection du Conseil de Déontologie
16h Clôture du congrès