Préambule :
Au plafond de la Chambre ᚠ se trouvait un couvercle incurvé vers le bas d'un diamètre d'environ 2 m, qui ne pouvait être retiré depuis l'intérieur de la pièce et donnait l'impression d'être une partie d'une machine plus grosse à l’intérieur du plafond. La semaine avant le ██/██/200█, le directeur du Site a ordonné que le sol de la Chambre ᚾ2, située juste au-dessus de la Chambre ᚠ, soit ouvert afin d'accéder à la machine supposée s'y trouver. Juste sous le fin sol bétonné de la Chambre ᚾ2 se trouvait une trappe en fer menant à une pièce inférieure dans le plafond entre les deux étages, qui s'est avérée être une zone de maintenance pour la machine en question. De vieux outils, des pièces de rechange et plans de câblage sans annotations ont été trouvés à l’intérieur. Cependant, aucun schéma ou documentation indiquant l'objectif de la machine n'a été trouvé. L'étiquette d'identification avait été retirée. Selon les analyses techniques, elle était structurellement similaire à une Ancre à Réalité de Scranton mais avait été conçue pour émettre des radiations plutôt qu'un champ de stabilisation en utilisant ce qui avait au départ été pris pour un couvercle comme émetteur. Il a été supposé qu'il s’agissait d'un système de sécurité pour la fonction réelle de la Chambre ᚠ, et il a été décidé de la tester et de l'utiliser si possible. Cette machine est désignée par la suite SCP-028-DE-B.
Incident no 028-DE/I2 :
Malgré son âge, elle était techniquement irréprochable et connectée à un terminal, installé dans la salle de contrôle, qui gérait également les autres systèmes de la pièce. Conformément aux standards de sécurité concernant les engins modificateurs de réalité, tout le personnel non-essentiel a été évacué du bâtiment, et l'ensemble des secteurs a été verrouillé. Les ARS étaient à l'époque très rares et n'étaient pas disponibles pour ce test. Il est à noter que toutes les transcriptions radio de l'enregistrement ci-dessous étaient numérisées et cryptées.
Ce qui suit est une transcription de l'enregistrement audio/vidéo de la salle de contrôle :
Sont présents dans la salle de contrôle le Dr Wilhelm Wiesmann (gestionnaire du projet), le Dr Frauke Mejer (physicien), l'ing. dipl. Tobias Gretenkordt (ingénieur électrique), le lieutenant Cem Yilmaz (commandant de la garde) et quatre gardes armés. Derrière chaque porte blindée, deux groupes de 12 hommes des Forces de Réaction attendent, et d'autres Forces de Réaction se tiennent prêtes. La FIM DE8-𝔊 (sans ARS portable à l'époque mais déjà spécialisée dans les plieurs de réalité) est prête et en attente. La salle est équipée de divers instruments de mesure ; faute de compteur de Kant, la déviation de réalité ne peut être mesurée en Hume, mais une grille laser détecte les distorsions et diffraction de la salle.
< DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT >
Dr Wiesmann : Début de l'enregistrement. Bien, les protocoles de sécurité sont effectifs, l'apport en électricité et les liens de données de notre mystérieuse machine sont actifs. La chambre Fehu (nom de la rune ᚠ) est vide. Gretenkordt, rapport ?
Gretenkordt : Tout est prêt. J'ai le doigt au-dessus du gros bouton rouge.
Dr Wiesmann : Eh bien appuyez.
L'ing. dipl. Gretenkordt active la machine.
Dr Meier : Je relève une hausse des radiations électromagnétiques à ondes longues. C'est tout. Ou… attendez, comment dire… ça se répand sur la bande de fréquence. En d'autres termes, il y a une hausse lente des radiations à ondes courtes.
Dr Wiesmann : Pouvez-vous en déterminer la source ? (Les points de mesure sont disposés de façon à pouvoir trianguler la source de toute radiation détectée.)
Dr Meier : Oui, le dôme dans le plafond sans aucun doute. La radiation va atteindre la lumière visible.
Quelques minutes plus tard, le dôme semble émettre une lueur rouge foncé qui semble glisser lentement au rouge clair, au jaune, etc. pour couvrir tout le spectre de couleur jusqu'à dépasser le spectre de la lumière visible.
Dr Meier : Ça a l'air de se répandre. Maintenant ça a atteint le spectre des rayons X. Je ne comprends pas l’intérêt… Attendez, ça s'est arrêté. À ██h██… Maintenant on dirait que ça se dégrade du haut vers le bas, depuis le spectre des ondes longues… comme si ça se concentrait sur sa longueur d'onde actuelle.
Dr Wiesmann : Mais un émetteur de radiation électromagnétique devrait émettre la bonne longueur d'onde dès le début, non ? Pourquoi couvrir tout le spectre ? C'est une perte de temps.
Dr Meier : Willi, on parle d'une machine nazie, là. Dans toutes leurs actions, ils ne faisaient jamais rien juste comme ça, et encore moins le SKP. Il doit y avoir une raison. Peut-être qu'il cherchait une longueur d'onde ou une fréquence, selon des critères que nous ignorons.
La lumière passe au vert, puis au bleu, au violet, puis s’éteint.
Gretenkordt : Qui sait, c'est peut-être une antenne parabolique et maintenant un portail va s'ouvrir avec des zombies-nazis chevauchant des dinosaures et…
Dr Wiesmann : Merde, annulez tout !
Gretenkordt : Hein ? Pourquoi…
Le Dr Weismann pousse un bouton de confinement d'urgence, qui déconnecte SCP-028-DE de son alimentation électrique.
Dr Wiesmann : (Visiblement choqué) C'est vraiment une antenne parabolique. Elle cherchait une fréquence pour communiquer ! Nous…
Dr Meier : Willi, on a un problème. La machine marche encore, et en ce moment elle émet seulement des radiations sur cette fréquence.
Dr Wiesmann : Quoi ?! Gretenkordt ?
Gretenkordt : Nous ne comprenions même pas la moitié de cette machine et l'autre moitié relève d'une technologie qui nous est inconnue. Ce truc a peut-être une batterie ou autre chose.
Dr Wiesmann : Putain de merde !
Dr Wiesmann par radio : Naudis 2, faites immédiatement sauter la machine !
Force de Réaction dans la Chambre ᚾ2 : Bien reçu, destruction de la machine. Court silence Démolition impossible, la trappe ne s'ouvre pas.
Dr Wiesmann par radio : Alors trouvez un moyen, la…
Dr Meier : La machine se concentre maintenant sur cette fréquence. Je détecte une fluctuation au centre de la pièce !
Gretenkordt : Je redémarre la machine. Peut-être qu'une nouvelle opération de recherche interrompt toute autre opération en cours.
Dr Wiesmann : Essayez.
Dr Wiesmann par l'intercom du site : Wiesmann à tout le personnel, nous allons probablement faire face à une rupture de confinement. Préparez-vous !
Une distorsion sphérique est maintenant visible au centre de la pièce, et grandit doucement.
Lieutenant Yilmaz : Docteur, regardez !
Il montre à travers la fenêtre d'observation la distorsion qui mesure maintenant 3 m, et à travers laquelle la même salle est visible, d'une autre couleur.
Dr Wiesmann : Gretenkordt, faites quelque chose !
Gretenkordt : La machine est de nouveau allumée mais elle ne redémarre pas. Elle doit probablement faire tout le cycle à moins de n'avoir plus de courant, ou elle doit être redémarrée manuellement. Je n'en ai pas la moindre idée !
Dr Wiesmann : Alors allez à Naudis 2 et tirez la prise ou l'équivalent.
Dr Wiesmann par radio : Naudis 2, vous allez recevoir la visite d'un ingénieur. Faites en sorte que la trappe soit ouverte. Peu importe comment !
L'ing. Disp. Gretenkordt quitte rapidement la salle de contrôle.
Dr Meier : Hem, la distorsion diminue mais l'anomalie ne rétrécit pas. Willi, cette chose se normalise avec son environnement !
Dr Wiesmann : Qu'est-ce que ça veut dire ?
Lieutenant Yilmaz : On peut voir à travers maintenant, Docteur.
L'anomalie, SCP-028-DE-C, a pris la forme d'une sphère d'un diamètre de 15 m dont le tiers inférieur est immergé dans le sol. De l'autre côté, la même pièce est visible, mais peinte en vert pâle au lieu de blanc, et l'anomalie est entourée par un appareil (similaire au cadre avec les ARS qui sera construit par la suite). Grâce aux caméras montrant différents angles, de nombreuses personnes peuvent être vues en train de se rassembler. Plusieurs groupes d'individus en uniforme gris clair et gilet pare-balles se rassemblent. Quelques plus petits groupes déplacent des caisses à différents emplacements de la chambre.
Dr Wiesmann : Putain de merde…
Dr Wiesmann par l'intercom du site : Wiesmann à l'ensemble du personnel, rupture de confinement imminente, tout individu en uniforme gris doit être attaqué à vue !
Dr. Wiesmann par canal sécurisé avec les O4 : Dr Wiesmann depuis le DE3 aux O4, nous nous apprêtons à possiblement faire face à une invasion par une autre réalité ! Demande le déploiement de plusieurs FIM !
O4-█ : O4 au Dr Wiesmann, de quel genre d'invasion parlons-nous ?
Dr Wiesmann aux O4 : Sans doute un univers plein de nazis.
O4-█ : Courte pause Les renforts sont en route. Retenez les envahisseurs aussi longtemps que possible. O4 terminé.
O4-█ envoie la FIM DE8-𝔊 (arrivée par hélicoptère 15 minutes plus tard), la FIM DE8-𝔅, la FIM blindée DE8-ℭ (toutes deux arrivée 80 minutes plus tard), ainsi que la FIM toujours prête DE4-𝔎 (arrivée 25 minutes plus tard).
< FIN DE L'ENREGISTREMENT >
En attendant l'arrivée des FIM, les Forces de Réaction - et de Sécurité - du Site érigent des barricades et des positions de tir face aux accès à la Chambre ᚠ et dans les couloirs principaux. Les membres du personnel non-nécessaires restants sont évacués du bâtiment. Le bataillon de tank PzBtl 64, l'unité de la Bundeswehr la plus proche du Site, est mise sur le pied de guerre avec un faux entraînement d'urgence.
Le document ci-dessous retranscrit les évènements ayant suivi l'arrivée de la FIM DE8-𝔊 ("8-Gustav") :
< DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT >
La FIM DE8-𝔊 comprend 20 membres et est dirigée par le capitaine Martin Franz. Elle peut être divisée en trois escouades : deux escouades de combat de 8 individus chacune menée par le capitaine Frantz et le lieutenant Nowak, ainsi qu'une équipe technico-scientifique de 4 membres dirigée par le docteur Schmieder.
La FIM DE4-𝔎 ("4-Karl"), divisée de façon similaire, doit arriver environ 10 minutes plus tard et se compose de 14 individus dirigés par le capitaine Rüberg. Tous les membres de cette FIM ont passé un entraînement de résistance mémétique de classe Ψ-3 et sont formés aux opérations commando.
La FIM DE8-𝔊 arrive au Site-DE3 par hélicoptère 14 minutes après son déploiement et se rend à la salle de contrôle de la Chambre ᚠ, dans laquelle le capitaine Franz, le lieutenant Nowak et l'équipe TS entament une discussion avec l'équipe du Dr Weismann.
Cpt Franz : Docteur Wiesmann ? Capitaine Franz, 8-Gustav. Voici le lieutenant Nowak et l'équipe technico-scientifique du docteur Schmieder. Veuillez exposer la situation brièvement mais précisément. Je mets 4-Karl, qui sera ici dans quelques minutes, en communication radio.
Dr Wiesmann : Ça fait plaisir de vous voir. Alors, vous voyez le dôme sur le toit de la salle ? Montre le dôme à travers la vitre blindée À l'intérieur se trouve une machine conçue par le SKP, l'ancienne institution nazie chargée des anomalies. Elle est similaire techniquement à une Ancre à Réalité de Scranton, et nous avons voulu la tester. Normalement, on peut y accéder par la salle au-dessus, mais la trappe s'est verrouillée et nous ne pouvons pas la faire sauter. Nos techniciens ont utilisé ces commandes-là et l'ont activée. Il n'y a presque aucune documentation, nous avons reconstitué tout ce que nous avons pu. Quand nous l'avons allumée, elle a commencé à chercher dans tout le spectre électromagnétique, en commençant par de longues vagues et en se concentrant sur une fréquence de rayons X durs, puis une distorsion est apparue et a grandi pour devenir le portail que vous voyez là, dont la taille n'a pas évolué. J'ai supposé qu'une invasion était imminente et j'ai demandé aux O4 de vous déployer. L'un de mes ingénieurs est en chemin pour redémarrer la machine manuellement, dans l'espoir que la recherche interrompra le portail, pendant qu'une équipe essaye d'ouvrir la trappe, sans succès pour l'instant.
Visibles à travers SCP-028-DE-C, plusieurs équipes armées d'environ 120 hommes au total se sont rassemblées. Devant elles, un homme en uniforme rappelant ceux des officiers de la Wehrmacht semble faire un discours.
Dr Schmieder : Je crois qu'aucune de vos deux équipes n'a d'expert en réalité ni personne maîtrisant l'ingénierie des Ancres à Réalité de Scranton, correct ? Je vais entrer dans cette pièce avec l'équipe TS. J'ai mémorisé les plans de votre bâtiment, nous allons trouver le chemin tous seuls.
Cpt Franz : Faites ça. Au Dr Wiesmann Nous allons prendre position pendant ce temps. Les O4 ont déployé des FIM supplémentaires et, au vu de la force et la quantité supposées de l'ennemi, il va nous falloir tous ceux qui peuvent tenir une arme. Restez ici.
Cpt Franz par l'intercom du site : Ici le capitaine Franz de 8-Gustav, à toutes les Forces de Réaction - et de Sécurité : réglez vos radios sur le canal sécurisé 54. En cas de rencontre avec des individus en uniforme gris clair, ouvrez le feu immédiatement. Mais faites attention à vous, mettez-vous à couvert et changez régulièrement de position.
Cpt Rüberg par radio : 4-Karl à 8-Gustav, nous arrivons. Rencontrons-nous dans l'entrée pour convenir d'un plan.
Cpt Franz par radio : Bien, on s'y retrouve. Pour ce que j'en sais, on a plus beaucoup de temps, alors venez au pas de course.
Les FIM rencontrent Hauptmann Armbruster, commandant de la sécurité du site, dans l'entrée.
Cpt Franz : Alors, on manque de temps, faisons ça vite. Hauptmann Armbruster, capitaine Rüberg, en vertu des protocoles de déploiement 28 et suivants, je prends le commandement de l'opération. Tout le monde connaît les plans du site et a lu le briefing ? Courte pause. Bien. Les Forces de Réaction du site ont sécurisé les deux entrées de la Chambre Fehu. Les portes blindées sont fermées et verrouillées. Dans les principaux couloirs, des barricades et des zones de tirs ont été établies. La sécurité du site patrouille tout le bâtiment, au cas où un second portail s'ouvrirait quelque part, comme lors de l'incident 1. Deux autres FIM arrivent de DE8 par convoi. Elles seront là dans approximativement une heure. L'une est un peloton d'infanterie lourde d'une centaine hommes, l'autre une unité blindée. Si je me souviens bien, ils disposent de quelques-unes des nouvelles armures énergétiques tactiques. Il n'y a pas de plan de mission spécifique, puisque nous ne sommes pas préparés à cette menace, alors on va improviser. Notre mission aujourd'hui est de faire face à l'arrivée imminente d'une invasion, de l'éviter et de fermer le portail. La perte de ce bâtiment, de son personnel, et de ses équipements est acceptable. Pour commencer, 8-Gustav va assister les Forces de Réaction aux portes blindées. Notre équipe technico-scientifique travaille sur la dernière tâche dans Naudis 2. Les deux 8eurs en chemin repousseront les envahisseurs potentiels. 4-Karl, qu'allez-vous faire ?
Cpt Rüberg : On pourrait probablement être utiles aux portes blindées, mais en tant qu'unité commando on conviendra mieux pour une contre-invasion. On va rester à la jonction des couloirs menant à chaque porte. La priorité actuelle est de maintenir le statu quo le temps que les autres FIM arrivent. Si les assaillants ouvrent une porte ou s'ils essaient d'ouvrir les deux portes, lancez une contre-attaque depuis un lieu unique. Détournez leur attention vers vous pendant qu'on arrive par l'autre côté, qu'on essaye de franchir le portail et de détruire les engins qu'ils ont là-bas. on transporte des explosifs avec nous. Si on devait rester coincés dans l'autre monde, pensez à nous faire un petit mémorial.
Cpt Franz : Bon plan, on fait ça. Tout le monde en position ! Lieutenant Nowak, prenez l'équipe 2 et allez à droite.
Cpt Franz par radio : Franz au docteur Schmieder, rapport ?
Dr Schmieder par radio : Schmieder à Franz, nous sommes dans Naudis 2, la trappe semble maintenue fermée par des verrous magnétiques. L'équipe de sécurité qui était déjà là perce un trou depuis une demi-heure en utilisant une lame de plasma, c'est difficile à cause du remplissage en béton de la trappe. Je recommande de ne pas détruire la machine par en-dessous avant de l'avoir vue.
Cpt Franz par radio: Reçu, continuez !
Alors que les équipes se mettent en position et que le capitaine Franz transmet par radio les instructions aux FIM en route, les premières unités étrangères traversent le portail. L'officier qui faisait un discours précédemment les suit. Il sort un téléphone mobile de sa poche et tape un numéro. Le téléphone de la salle de contrôle sonne. Après un instant, le Dr Wiesmann décroche.
Dr Wiesmann : Docteur Wiesmann, Site-DE3 ?
Appelant : Belle journée docteur, ici le major Armbruster de la Waffen-SKP. Je sais que ça n'en a pas l'air, mais nous venons en fait dans un but pacifique. Bien sûr, vous avez des unités postées derrières les entrées, et vous avez sans doute prévenu tous ceux qui pouvaient tenir une arme. Mais avant de commencer les hostilités, je veux négocier avec vous, avec le Directeur de Site ou avec celui qui est aux commandes.
Ce major Armbuster semble très similaire à Hauptmann Armbruster, de la sécurité du Site-DE3. Le lieutenant Yilmaz lève une note manuscrite : "Gagnez du temps !"
Dr Wiesmann : Je euh… Je crains de ne pas être la bonne personne, je… dois parler aux O4…
Maj. Armbruster : Je m'en doute bien. Ne serait-ce que pour donner un peu de temps à vos forces en route. Prenez tout le temps dont vous avez besoin mais n'oubliez pas : vous nous avez pris par surprise. Ce que vous voyez ne sont que les forces que nous avons pu rassembler en peu de temps. Mais au moment où nous parlons, le bataillon de tank 64 de la Wehrmacht sécurise le périmètre extérieur et plusieurs Mobile Einsatzkräfte, des Sondereinrichtung-4 à 8, sont en route.
Dr Wiesmann aux O4 par un canal sécurisé : Wiesmann aux O4, ils… sont ici. Leur commandant veut vous parler…
Courte pause
O4-1 : Ici O4-1, passez-le-moi.
Le docteur Meier relie l'appel du téléphone à l'unité radio.
[ACCRÉDITATION DE SÉCURITÉ DE NIVEAU 3 CONFIRMÉE, ACCÈS AUTORISÉ]
O4-1 : O4-1 à l'appareil.
Maj. Armbruster : O4-1, belle journée à vous. Je suis le major Armbruster de la Waffen-SKP. Je ne maîtrise pas votre terminologie, étant donné que vous nous avez donné de fausses informations lors de notre dernier contact. Pourriez-vous me décrire votre position hiérarchique, je vous prie ?
O4-1 : Je suis le président du conseil de direction de la branche germanophone de la Fondation SCP. Vous êtes des envahisseurs dans notre univers, il est trop tard pour les politesses !
Maj. Armbruster : Je comprends. Est-il possible de me passer une instance supérieure, ou alors chacune de vos Fondations locales est autonome ?
O4-1 : Vous ne parlerez qu'à moi.
Maj. Armbruster : Comme vous voudrez. Bien, comme vous vous en doutez, nous ne venons pas faire des recherches, du commerce ou établir des relations diplomatiques. Oui, nous allons vous conquérir, c'est un fait. Nous sommes bien plus avancés technologiquement que vous. Mais nous ne sommes pas des meurtriers. Nous ne voulons pas la guerre. Si vous vous rendez maintenant et nous remettez ce site comme base d'opération sans résistance, nous éviterons de nombreux bains de sang. Je sais que ce n'est pas une décision facile, mais soyez pragmatiques. Vous avez ouvert ce portail ; notre invasion est inévitable. Résister ne conduira qu'à la souffrance et davantage de morts. Je vous donne 15 minutes pour vous décider.
Le major Armbruster raccroche et donne des ordres à ses unités. Ils déploient des barricades mobiles et des batterie de tir. Les FIM sont encore à 30 minutes du Site.
O4-1 par radio : O4-1 à toutes les forces du Site-DE3. Vous allez sans doute accomplir maintenant la tâche la plus importante de votre vie : empêcher un scénario d'invasion de Classe DK. Vous êtes notre premier, et probablement dernier, bastion contre un ennemi supérieur. Tenez bon jusqu'à l'arrivée des renforts puis repoussez l'ennemi avec eux ! Le Conseil O4 et moi-même plaçons tous nos espoirs en vous.
< FIN DE L'ENREGISTREMENT >
O4-1 informe les O5. Au cours d'une procédure expéditive en consultation avec le Comité d’Éthique, ils publient une première version du protocole "Ragnarök", en cas d'extrême nécessité. Les O5 commencent les préparatifs et ordonnent aux O4 de mettre tous les sites à proximité en quarantaine et de mobiliser leurs FIM. Entre temps, l'équipe du Dr Schmieder dans la Chambre ᚾ2 est parvenue à ouvrir la trappe et, accompagnée de l'Ing. Dipl. Gretenkordt, examine SCP-028-DE-B, qui semble être dans un mode veille et n'émet aucune radiation.
Les événements ayant suivi l'expiration de l'ultimatum du major Armbuster sont relatés ci-dessous :
< DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT >
Le major Armbuster donne des ordres, suite auxquels deux équipes commencent à appliquer une masse semblable à de la pâte à modeler rectangulaire aux portes blindés. Il est supposé qu'il s'agit de charges explosives perforantes.
Lt Yilmaz par radio : Lieutenant Yilmaz à 8-Gustav, on dirait qu'ils s’apprêtent à ouvrir les deux portes blindées.
Cpt Franz par radio : Compris. Nous ouvrons la porte de gauche. 4-Karl, vous allez à droite ! À mon commandement, l'équipe 2 charge la pièce, vous suivez, vous les contournez et franchissez le portail. À toutes les unités, préparez-vous ! Les renforts sont à environ 13 minutes.
Les Forces de Réaction prennent position alors que la porte blindée de gauche s'ouvre lentement. Les troupes du SKP sont à couvert. Depuis la salle de contrôle, on voit un soldat sous couverture en train de préparer un lance-roquette.
Lt Yilmaz par radio : Yilmaz à 8-Gustav, lance-roquette au centre de la couverture ennemie.
Cpt Franz : Compris. Lance-grenade, préparez un jet à fragmentation au centre du déploiement.
La porte blindée est assez ouverte pour qu'un tir soit possible. Les forces du SKP sont toujours à couvert. Le soldat équipé du lance-roquette change de position.
Lt Yilmaz par radio : Déplacement du lance-roquette à gauche, de votre point de vue.
Le major Armbruster fait signe de s'approcher à un soldat équipé de ce qui semble être un DMR1, désigne le Lieutenant Yilmaz derrière la vitre blindée de la salle de contrôle, sans que celui-ci ne le voit. Le soldat pose son fusil sur une boite et vise le Lieutenant Yilmaz. Le Major Armbruster dit quelque chose dans sa radio, et le soldat avec le lance-roquettes change de position. Alors que le Lieutenant Yilmaz porte le micro à sa bouche, le sniper tire une balle qui traverse la vitre blindée et explose dans la tête de Yilmaz. Le soldat au lance-roquettes quitte son couvert et tire la roquette, la Force de Réaction ouvre le feu sur son emplacement avec des grenades à fragmentation.
La roquette explose en l'air derrière la première couverture des Forces de Réaction en une pluie d'éclats. La majorité des troupes à cette position et la moitié de l'équipe 1 de la FIM DE8-𝔊 sont mortes ou blessées. Les grenades à fragmentation explosent sur ou derrière les positions ennemies, en ne causant presque aucun dommage à la barricade. Les éclats des grenades explosant derrière la barricade atteignent quelques victimes, mais ne semblent pas traverser les gilets pare-balles ennemis.
Cpt Franz : Passez en grenades HE, MG, tir de suppression !
Pendant que deux secouristes rampent à travers les positions pour atteindre les blessés, deux tireurs MG mettent leurs MG5 en place et se tiennent prêts à faire feu.
Le soldat au lance-roquettes a rechargé et changé de position. Sur un geste du Major Armbruster, plusieurs attaquants font feu sans viser à travers leurs couvertures. Le soldat au lance-roquettes quitte son couvert et se fait immédiatement tirer dessus par les MG, mais il parvient à tirer une seconde roquette avant de succomber à ses blessures. Elle frappe le plafond en béton du couloir devant la première ligne, et ses éclats ne peuvent se répandre autant que ceux de la première. Néanmoins, les secouristes ayant atteint l'avant et les survivants de la première roquette sont tués, davantage sont blessés.
Cpt Franz : Grenades, feu !
Les grenades hautement explosives ont un impact visiblement supérieur sur les barricades des envahisseurs. Une partie bascule en enterrant quelques soldats. D'autres semblent blessés par l'onde de choc.
Maj. Armbruster : Tir de suppression, flanc droit en avant !
Alors qu'une partie des envahisseurs réalise des tirs de suppression ciblés depuis leur couverture et tue l'un des tireurs de MG, les soldats des flancs de la barricade chargent en avant et prennent position des deux côtés des portes ouvertes. Le major Armbruster contourne directement la barricade pour arriver devant la première ligne défensive. À son signal, les attaquants cessent le feu et se remettent à couvert.
Maj. Armbruster : C'est votre dernière chance. Je ne veux vraiment aucun bain de sang, et je peux comprendre que vous ne vouliez pas vous rendre. Vous avez peur de perdre votre mode de vie. Vous craignez que nous vous amenions un monde de guerre, de répression et de souffrance. Êtes-vous vraiment certains que notre monde est si horrible ? Contrairement à vous, nous n'avons connu que la paix depuis la fin de la guerre dans les années 50. Aucun conflit local n'a dégénéré en guerre civile à cause de superpuissances. Ni capitalisme, ni communisme. La sécurité sociale, la sécurité physique et l'éducation pour tous ne sont pas de vains mots, mais des réalités sociales. Pas de chômage. Pas d'épidémies. Simplement la paix et la santé pour tout le monde. Nous ne venons pas vous conquérir, nous venons vous libérer. Du joug de vos oppresseurs capitalistes et élitistes. Si vous baissez les armes maintenant, vous avez ma parole qu'aucun d'entre vous ne sera blessé.
Le Capitaine Franz bondit en avant et tire une salve de son fusil d'assaut vers le Major Armbruster. Les balles ricochent sur un champ d'énergie sphérique clignotant entourant le Major, et frappent Franz à la tête et au torse. Il s'effondre, mortellement blessé.
Maj. Armbruster : Comme vous voudrez. À ses troupes : Tuez-les !
Le Lieutenant Nowak, qui a suivi l'action par les caméras embarquées des équipes, a déjà fait placer des charges perforantes sur la porte blindée de droite. L'équipe 2 de la FIM DE8-𝔊 est en position avec une partie des Forces de Réaction et la FIM DE4-𝔎, tous prêts à charger.
Lt Nowak: Faites sauter… maintenant !
Les charges perforantes explosent et percent une ouverture nette dans la porte blindée. En raison de l'orientation des charges, la porte penche d'abord un peu avant de tomber dans la salle avec fracas. Les forces en position chargent à l’intérieur, ouvrent le feu sur les envahisseurs proches de l'autre entrée et lancent à la main des grenades sur la barricade leur faisant face. Le sergent qui a pris le commandement des survivants de l'équipe 1 leur ordonne de lancer eux aussi des grenades dans la salle. Les envahisseurs se dispersent puis se rassemblent à nouveau. Le major Armbruster hurle des ordres, alors que toutes les balles le visant ricochent sur son bouclier et repartent d'où elles viennent. La FIM DE4-𝔎 profite du chaos pour traverser le portail, sous les yeux du Major Armbuster qui semble ne pas s'en préoccuper.
Les envahisseurs, mieux armés et protégés, tuent ou blessent rapidement tous les membres de l'équipe 4 de la FIM DE8-𝔊 et de la Force de Réaction. Ils avancent jusqu'à la porte blindée suivante et commencent à y disposer des charges perforantes. Une partie des attaquants reste dans la Chambre ᚠ. Les Forces de Sécurité de tout le site sont envoyées dans le couloir principal pour soutenir les derniers résistants, et toutes les aires secondaires sont verrouillées. Temps estimé avant l'arrivée des renforts : env. 7 minutes.
< FIN DE L'ENREGISTREMENT >
Le document ci-dessous est une transcription des enregistrements effectués par la FIM DE4-𝔎 dans la réalité U-3378-DE. Après avoir traversé le portail, le technicien radio de la FIM a lâché un émetteur espion transmettant en direct les enregistrements de toutes les caméras embarquées ainsi que des radios à travers le portail par signaux infrarouges à larges bandes. Toutes les caméras de la chambre ᚠ ont pu réceptionner ces signaux et les transmettre à l'unité de mémoire centrale.
< DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT >
La FIM a atteint U-3378-DE sans encombre. La Chambre ᚠ n'est ici pas en blanc mais en vert pâle ; le symbole du SKP est peint sur le mur opposé à la salle de contrôle, dans laquelle on voit une variante moderne du Reichsalder avec une croix gammée. Le portail est entouré par une structure sphérique d'environ 20m de diamètre, portant un grand nombre de modules non-identifiés. Les portes blindées sont fermées ; à travers la vitre de la salle de contrôle, une personne ressemblant au Docteur Wiesmann est visible. De nombreux individus en gris clair, visiblement des techniciens, sont présents dans la salle. La FIM DE4-𝔎 ouvre immédiatement le feu et tue toutes les personnes présentes.
Cpt Rüberg : C'est quoi ce truc ? Un générateur de portail ?
FIM-DE4-𝔎/4: Bah, qu'un moyen de le savoir…
FIM-DE4-𝔎/4, l'ingénieur de l'équipe, sort une visseuse sans fil de son sac à dos, enlève les vis d'un des modules, arrache les câbles et le jette dans le portail.
Dr Wiesmann (U-3378-DE) par l'intercom du site : C'est comme ça que vous vous comportez quand vous êtes invités chez d'autres personnes ?
FIM-DE4-𝔎/4 fait un geste obscène en direction de la salle de contrôle.
Cpt Rüberg : Et merde, posez les charges. On utilisera le reste comme couverture.
FIM-DE4-𝔎/7, l'expert en démolition de l'équipe, et FIM-DE4-𝔎/8 commencent à placer des charges explosives à différents emplacements de la structure et à les connecter à un détonateur sans fil. Dans le même temps, une porte blindée s'ouvre - bien plus vite que celles du Site-DE3 -, et un groupe d'individus armés charge dans la pièce. Grâce à leur entrainement d'élite, les membres de la FIM DE4-𝔎 éliminent rapidement ces défenseurs, non sans pertes, dont l'expert en démolition FIM-DE4-𝔎/7. Le Cpt Rüberg laisse le détonateur près de la structure pour que des troupes alliés n'aient pas à le chercher et s'aventure derrière les portes blindées dans le Site. Ils n'y rencontrent qu'une faible résistance ; il semblerait que les envahisseurs sous le commandement du major Armbuster soient les Forces de Réaction du site, ne laissant en arrière que des membres du personnel de sécurité standard moins bien équipés. Ils atteignent rapidement la salle de contrôle protégée par un verrou à code, qui est cependant identique au code déjà connu. Sans hésitation, la FIM DE4-𝔎 élimine les gardes, le Dr Wiesmann, le Dr Meier, l'Ing. Dipl. Gretenkordt ainsi que le Lt Yilmaz qui, contrairement aux autres, ne porte pas un uniforme gris pâle mais doré, avec un insigne rappelant celui de l'Empire Ottoman.
FIM-DE4-𝔎/2 : Putain mec, c'est dingue qu'ils aient toutes les mêmes personnes ici. Tu crois qu'on va se rencontrer nous-mêmes ?
Cpt Rüberg : Je préférerais pas. Les commandes donnent quelque chose ?
FIM-DE4-𝔎/2 : Non, les enfoirés ont tout verrouillé avant qu'on les abatte. Pas le temps de chercher les mots de passe.
Cpt Rüberg : Posez une charge et on va à Naudis 2.
FIM-DE4-𝔎/8 pose une charge sur les commandes et la connecte à un second détonateur. La FIM se rend à Naudis 2 et élimine les gardes.
FIM-DE4-𝔎/3 : Putain de merde. La trappe est verrouillée, comme chez nous !
Cpt Rüberg : Alors mettez ce qu'il reste d'explosif, ça suffira peut-être.
FIM-DE4-𝔎/8 dispose les dernières charges et les connecte au détonateur.
Cpt Rüberg : Allez on se barre ! Direction la Chambre Fehu. Après on leur fait sauter leur mère !
Sur le chemin du retour, la FIM DE4-𝔎 tombe sur un groupe important de soldats, sans doute une partie des renforts. Les agents battent en retraite dans un couloir perpendiculaire, et pendant que le gros des troupes ennemies se dirige vers la chambre ᚠ, une équipe s'interrompt et les suit dans le couloir.
Rüberg (U-3378-DE) : Les voilà, 4-Karl suivez-moi ! À la FIM DE4-𝔎: Nous sommes la MEK 4-𝔎, discutons avant de nous entretuer.
Cpt Rüberg : Sérieux ? Vous voulez parler de quoi bordel ?
Rüberg (U-3378-DE) : Ça va peut-être vous surprendre, mais même ici on ne rencontre pas son double d'un autre univers tout les jours. Et je vois que toi aussi tu as la cicatrice de SKP-███ (SCP-███-DE), simplement de l'autre côté.
Cpt Rüberg : Mais tu te fous de ma gueule ? Bordel, d'abord vous envahissez notre univers en débarquant comme des conquérants, et maintenant tu me sors tranquille des conneries à l'eau de rose genre "Oh - je rencontre mon moi d'un autre monde - taillons un peu la bavette au lieu de nous tirer dessus" !? Va te faire enculer !
Le cpt Rüberg braque son arme et abat son équivalent à travers la visière ouverte de son casque. La FIM DE4-𝔎 et la MEK 4-𝔎 ouvrent le feu l'une sur l'autre et, en raison de sa supériorité numérique et technique, la MEK 4-𝔎 ne subit aucune autre perte tandis que la FIM DE4-𝔎 est éliminée.
À travers la caméra de FIM-DE4-𝔎/2 étendu au sol, une équipe en armure de combat traversant le couloir en direction de la Chambre ᚠ est visible.
< FIN DE L'ENREGISTREMENT >
Au moment où la FIM DE4-𝔎 entre dans la salle de contrôle dans l'univers U-3378-DE, les FIM DE8-𝔅 et -ℭ arrivent en renfort. La FIM DE8-𝔅 est une unité d'infanterie lourde d'environ 100 hommes équipés de gilets pare-balles et de boucliers balistiques. La FIM DE8-ℭ est une unité blindée composée de trois véhicules renforcés avec canons automatiques, d'un camion avec un canon 105 mm dissimulé dans son haillon, ainsi que d'une équipe dotée de la nouvelle génération d'armure blindée, d'une équipe logistique et d'une unité d'infanterie lourde de soutien.
La transcription ci-dessous a été effectuée à partir des enregistrements de la chambre ᚾ2, dans laquelle l'équipe technico-scientifique de la FIM DE8-𝔊 travaillait, au moment où l'ultimatum du Major Armbruster arrivait à expiration (15 minutes avant l'arrivée des renforts) :
< DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT>
Dans la chambre ᚾ2 se trouvent l'équipe technico-scientifique de la FIM DE8-𝔊 sous la direction du Dr Schmieder, l'ing. dipl. Gretenkordt et une équipe de gardes du Site-DE3. L'équipe a ouvert la trappe au sol et le Dr Schmieder, l'ing. dipl. Gretenkordt et deux autres membres de l'équipe technico-scientifique sont entrés dans la salle inférieure pour examiner SCP-028-DE-B.
Gretenkordt : Bon, en vrai vous n'avez aucune idée de ce que c'est que ce truc, pas vrai Docteur Réalité ?
Dr Schmieder : Comment osez-vous !
Gretenkordt : Pardon. Docteur Schmieder.
Dr Schmieder : Je préfère… pour ce qui est de votre question, si, j'ai ma petite idée. Votre première hypothèse qu'il s'agissait d'une proto-Ancre à Réalité de Scranton est globalement juste, mais pour être plus exact, cela ne fait que fonctionner comme une ARS. En bref, il existe une unité de mesure pour la réalité, le Hume. La réalité est d'ordinaire aux alentours de 20 Hm. Plus il y a de Humes, plus la réalité est stable. Les capacités des plieurs de réalité se basent souvent sur la modification de la mesure de la réalité autour d'eux, puis sur son altération selon leur volonté. Les ARS sont des machines qui ajoutent ou retirent de la réalité provenant d'univers morts ou vides, afin de créer des champs de réalité stables, en général à environ 20 Hm. Ici, cette machine fonctionne de la même manière, mais c'est aussi un transmetteur interréel. Le dôme semble dissimuler une antenne parabolique, avec laquelle l'engin focalise ses effets en un point.
On entend des bruits d'affrontement dans la Chambre ᚠ.
Gretenkordt : D'accord, mais vous savez si on peut l'utiliser ?
Dr Schmieder : Ça dépend si mon hypothèse sur son mode de fonctionnement est correcte. Je présume qu'elle commence par chercher la bonne fréquence, raison pour laquelle elle a couvert tout le spectre électromagnétique. Pour faire une transmission interréelle, elle a probablement créé une zone aussi petite que possible de réalité extrêmement faible en un point défini, à travers laquelle la radiation peut quitter notre univers et en pénétrer un autre avec une zone de réalité extrêmement faible similaire à portée, afin d'établir la communication. Je présume qu'elle a été conçue à l'origine pour émettre sans but à travers les "espaces interréels", de la même façon que nous, nous émettons sans but dans l'espace pour voir si quelqu'un répond. Dans l'univers qui se tient grand ouvert juste en-dessous, ils ont dû construire la même machine qui était toujours active. Ils devaient savoir que nous existions et ont peut-être simplement attendu que nous les joignions. Alors, ils ont émis un signal en réponse et cette machine a élargi la zone de basse réalité synchroniquement avec la leur. Ils doivent avoir un autre appareil là-bas pour stabiliser la zone de basse réalité sous forme de portail.
Gretenkordt : Vous croyez que cet engin peut augmenter la réalité au lieu de la diminuer ?
Dr Schmieder : En effet, et je pense que c'est notre seule chance d'en finir. Et comme cette vieille machine n'a pas de contrôles numériques, il devrait suffire de bricoler un peu les câbles.
Les modifications prennent environ 20 minutes. Les renforts sont arrivés des deux côtés et sont engagés dans une bataille déchainée. Le SKP utilise ses troupes en armures tactiques pour sécuriser la Chambre ᚠ tandis que les membres de la Fondation, dont les soldats à boucliers balistiques formant la première ligne, installent des barricades mobiles dans les couloirs et soutiennent les troupes avec leurs armes lourdes. Grâce à leur armure tactique à nano-revêtement, ils sont extrêmement bien protégés contre les tirs de la plupart des armes.
Alors que les troupes du SKP sont repoussées dans la Chambre ᚠ, une fusillade entre les équipes en armure des deux côtés éclate, avec une force apparemment égale, bien que la bataille inclue d'importantes pertes dans l'infanterie. Par SCP-028-DE-C, davantage de troupes du SKP arrivent, tandis que les troupes de la Fondation avancent dans les couloirs. De nouvelles FIM et Forces de Réaction de Sites proches sont en route pour le Site-DE3. La première version du protocole "Ragnarök" est prête à être exécutée.
Dr Schmieder par radio : Ici le Docteur Schmieder de la FIM DE8-Gustav au centre de contrôle ; veuillez répondre !
Centre de contrôle par radio : Major Peters du centre de contrôle à l'appareil. Vous êtes l'expert en réalité, c'est ça ?
Dr Schmieder par radio: Affirmatif, major, je pense que nous avons une chance de déstabiliser le portail, mais il doit y avoir une machine ou un engin de l'autre côté, qui le maintient ouvert. Envoyez nos trouves à sa recherche pour le détruire !
Centre de contrôle par radio : Il y a quelque chose, en effet. Une sorte de structure métallique entourant le portail. C'est de ça que vous parlez ?
Dr Schmieder par radio: Difficile à dire sans le voir, mais comme on n'a pas le choix, je vais dire oui. Détruisez-la.
Grâce à la transmission de la FIM DE4-𝔎, le commandement sait que des charges ont été placées dans la structure et que le détonateur pourrait toujours être au sol là-bas. L'équipe dotée d'armures tactiques est chargée de retrouver le détonateur, de faire exploser les charges sans détonateur ou de détruire les machines avec leurs armes lourdes.
L'équipe en armure tactique parvient à traverser le portail, suivie par l'équipe équivalente du SKP. Le détonateur est introuvable, et les charges ont été retirées, mais sont toujours dans une caisse dans la pièce. Les troupes de la Fondation parviennent à la déplacer au centre de la chambre et la font exploser par tir direct.
La machinerie entourant SCP-028-DE-C est abimée et s’effondre. Néanmoins, le portail ne disparait pas : il "éclate" et s'expand soudain à un diamètre d'environ 50m. Il ne semble pas avoir d'"enveloppe" définie mais s'efface graduellement. Dans la zone affectée, la réalité semble être indéfinie. Les rapports du personnel indiquent que les deux réalités sont perçues alternativement et que la perception peut changer après un clignement d’œil ou un mouvement rapide. Tous les membres du personnel dans la zone affectée semblent exister dans les deux univers en même temps et sont visibles sur toutes les caméras (certaines images en direct de caméras du SKP sont enregistrées grâce à des câbles superposés). Au contraire, les objets inanimés restent apparemment dans "leur" univers. Les signaux électromagnétiques semblent exister dans les deux réalités.
Des gardes du SKP apparaissent dans la Chambre ᚾ2 et sont maîtrisés. Partout dans les couloirs, des hommes du SKP apparaissent et des affrontements musclés éclatent.
Dr Schmieder : Visiblement choqué Putain… Y vient d'où ce panneau de contrôle ?
La caméra d'épaule du Dr Schmieder est dans l'univers normal et ne montre aucun panneau de contrôle.
Gretenkordt : Quel panneau de contrôle ?
Dr Schmieder : Attends, tu vois pas un panneau de contrôle ici ?
Gretenkordt : Non !? Docteur, qu'est-ce qu'il se passe ? Et ils viennent d'où ces mecs ?
Dr Schmieder : Très bonnes questions… Vu le bruit d'explosion qu'il y a eu, les FIM ont sûrement fait sauter quelque chose, et j'imagine que c'était l'engin qui stabilisait le portail. Je ne sais pas comment ça marche, mais je crois que nous sommes dans le portail. Sans stabilisation, les deux univers semblent exister simultanément. Nous risquons en ce moment une synchronisation d'univers, où plusieurs univers fusionnent en un seul, générant un nouvel état permanent, ou un trou qui dévore les deux univers. Dans les deux cas, il faut l'éviter, alors je propose que nous allumions la machine ici en espérant que ça rétablisse la réalité.
Le Dr Schmieder allume SCP-028-DE-B. L'engin commence à chercher.
Dr Schmieder par radio : Schmieder au centre de contrôle, je recommande vivement que la machine dans Naudis 2 soit protégée avec un niveau de priorité maximal ! Je répète : l'anomalie ne doit pas être abandonnée !
Centre de contrôle par radio : Centre de contrôle, bien compris. Restez où vous êtes et tenez vos positions.
Pendant que les troupes non-nécessaires se retirent et qu'une partie d'entre elles est envoyée protéger la Chambre ᚾ2, les troupes blindées et lourdement armées restantes engagent un affrontement statique avec les troupes du SKP dans la Chambre ᚠ, afin de détourner leur attention du dôme. Le major Armbruster du SKP a été tué en mêlée par l'équipe en armure tactique.
SCP-028-DE-B cherche dans le spectre de la lumière visible puis dans celui des rayons X. Apparemment, son équivalent de l'U-3378-DE (SCP-028-DE-B-1) répond automatiquement, et comme le niveau de réalité est diminué, il l'augmente pour compenser. Ce déséquilibre semble avoir un impact négatif sur l'univers U-3378-DE, dont les caméras montrent une expansion de l'anomalie, pendant qu'elle se contracte dans notre univers.
L'expansion de l'anomalie est apparemment détectée par un système de sécurité, car SCP-028-DE-B-1 s'allume et stabilise maintenant lui aussi la réalité, évitant probablement un effondrement de la réalité dans U-3378-DE.
Dr Schmieder par radio non-cryptée : Dr Schmieder à toutes les unités : l'anomalie se referme, cessez le feu et faites ce que je vous dis si vous ne voulez pas finir dans le mauvais univers !
Les unités des deux camps cessent timidement le feu et se mettent à couvert. Le centre de contrôle décide de ne pas intervenir.
Dr Schmieder par radio non-cryptée : Vous avez sûrement remarqué que parfois vous percevez cet univers-ci et parfois cet univers-là. Je ne peux pas garantir que ma théorie est correcte, mais je n'en ai pas de meilleure. Je pense que vous existez toujours dans l'univers que vous voyez. Ça expliquerait au moins l'intérêt d'un portail spatial. Quand la limite de l'anomalie s'approche de vous, clignez des yeux avant qu'elle ne vous atteigne jusqu'à voir la réalité souhaitée. Gardez les yeux ouverts aussi longtemps que possible et évitez tout mouvement. La limite de l'anomalie fluctue ; vous ne remarquerez pas quand vous serez dedans. Si vous clignez des yeux au mauvais moment, vous pourriez vous trouver face à des conséquences bien plus terribles que "juste" atterrir dans le mauvais univers : une agonie éternelle dans le néant entre les mondes.
L'anomalie se contracte et semble enfin se fermer.
< FIN DE L'ENREGISTREMENT >
La plupart des troupes sont parvenues à retourner dans "leur" univers, bien que █ membres du SKP soient restés et aient été arrêtés pour interrogatoire approfondi. La Fondation a perdu █ membres dans U-3378-DE, qui sont considérés comme portés disparus. Les membres du personnel dont les équivalents de U-3378-DE sont coincés dans "notre" univers ont reçu des amnésique en conséquence, afin de prévenir toute tentative de prise de contact.
L'équipement des forces du SKP a été examiné en détail. La plupart du matériel militaire, ainsi que leurs armures tactiques, ont été conçues par la compagnie "Richter und Thiel Industriegesellschaft mbH" qui, étant donné son nom et son logo, semble être un équivalent du Groupe d’Intérêt "Industries Raptor Tech.".
Le même jour, des Ancres à Réalité de Scranton ont été livrées depuis les États-Unis et mises en service. SCP-028-DE-B a été analysé, mais aucune nouvelle technologie similaire n'a pu être développée. Il a été démantelé et est actuellement conservé au Site-DE██. Selon les analyses, l'engin qui a été retiré de la structure entourant SCP-028-DE-C et jeté au travers par la FIM DE4-𝔎 fait partie d'un ensemble d'émetteurs similaires aux Ancres à Réalité de Scranton, générant un champ sphérique stabilisant SCP-028-DE-C. Ils compressent le portail jusqu'à lui donner une forme sphérique avec une enveloppe extérieure "stable", comme il est possible de liquéfier du gaz en le pressurisant.
SCP-028-DE-C a été fermé, mais n'a pas disparu. Il existe toujours sous la forme d'une anomalie de réalité extrêmement faible de la taille de quelques picomètres, à travers laquelle des rayons X très faibles passent en permanence depuis six mois après l'Incident 028-DE/I2. Il est encore ignoré si et comment l'anomalie peut être complètement fermée.
Les Procédures de Confinement Spéciales actuellement en application ont été établies à partir des informations tirées des enregistrements et documents issus de cet incident.
Note :
Puisque le SKP existe toujours dans U-3378-DE, il est possible de supposer que dans cet univers, les nazis ont gagné. Et apparemment, leur univers ne leur suffit pas, puisqu'ils veulent nous faire le don de leur présence. Inutile de vous expliquer pourquoi nous n'en voulons pas.
Le portail qu'ils ont essayé d'ouvrir n'est pas une simple transition d'ici à là. C'est une ancre. Une ancre qu'ils jettent de leur monde au nôtre. S'ils réussissaient, ils disposeraient d'une connexion stable et, à notre connaissance, irréversible, assez large pour faire passer des troupes, des tanks et d'autres machines de guerre. Et nous ne pouvons rien y faire. Nous savons qu'ils nous sont technologiquement supérieurs. Nous savons qu'ils utilisent les anomalies aussi naturellement que nous utilisons des chaussettes et des caleçons. Ils ne sont pas les envahisseurs extraterrestres d'un mauvais film, qu'on pourrait berner grâce à nos failles humaines. Ils sont humains comme nous, mais en mieux.
La seule chose que nous pouvons faire est de les empêcher d'ouvrir complètement ce portail. Si nous échouons, les O5 prendront des mesures extrêmes. Vous savez comme moi que nous n'y survivrions pas.
— Le Directeur du Site-DE3